59 • TENDER LOVE
davia sters
LØRDAG
11:00
Je suis sur le pas de ma porte, alors que mes parents parlent tous les deux dans le salon. Toutes mes affaires sont déjà chargées dans le coffre de la voiture de mon père. Je n'ai pas pu prendre grand chose, et de toute façon je n'avais presque rien à part des fringues et des CDs, car nous prenons l'avion. Notre vol part dans deux heures précises, et même si je ne laisse rien paraître, je suis nerveuse. Je suis en train de tout quitter, toute mon enfance et mon adolescence passées à Oslo, et ça me fait un peu peur, mais je sais que j'ai besoin de changement.
Solveig se charge de toute façon d'être nerveuse pour moi. Depuis ce matin (Eva et elle ont tenus à venir m'aider à tout emballer), elle court partout et s'assure que je ne manquerai de rien une fois arrivée en France.
- Et tu vas faire comment pour la langue ? me questionne Eva, assise sur les marches du perron entre Solveig et moi.
Je hausse les épaules, sans vraiment trop réfléchir à sa question.
- J'ai pris des cours au lycée, c'était en option. Je me débrouillerai.
- J'espère que tu arriveras à suivre les cours.
- Ne me parle pas de cours pendant deux mois, nous sommes en vacances et je ne veux plus en entendre parler, ricané-je en tendant les bras devant moi, comme pour saisir chaque rayon de soleil.
Celui-ci brille haut dans le ciel, c'est un bel été qui s'annonce, il est porteur d'espoir et de renouveau. Solveig, elle, est beaucoup moins détendue qu'Eva et moi, elle ne cesse de se ronger les ongles.
- Sol, arrête, ris-je en lui prenant les mains. C'est pas si loin après tout, je reviendrai vous voir.
- Beh y a intérêt ouais ! s'écrit-elle presque offusquée que j'ai pu penser le contraire une seule seconde. Et ceux dès août ma poule !
- Pas si tu continues de m'appeler comme ça.
Elle lève les yeux au ciel et Eva rigole en lui tapant dans le dos.
- Aller, moi j'reste ici, et puis, maintenant t'as Alec, et il est plutôt mignon.
Solveig rougit un peu et s'empresse de taper le bras d'Eva car elle est gênée, ça me fait rire. C'est une bonne matinée, je le sens. Diana a été renvoyée en hôpital psychiatrique car elle a essayé de blesser maman avec un couteau, et je pense qu'elle va y rester encore très longtemps. Maman va mieux mentalement et n'a rien eu physiquement, heureusement, mais je sais qu'elle est très inquiète par rapport à mon départ.
- Tu penses que Chris va venir te dire au revoir ? demande Eva.
Mon sourire s'efface un peu, alors que je commence à jouer avec les lacets de mes baskets.
- Hum, non. Il a dû partir dans la famille de sa mère plus tôt que prévu.
Solveig s'indigne.
- Et j'espère au moins qu'il t'a fait un "au revoir" digne de ce nom !
Nous rions avec Eva car elle a prononcé "au revoir" en français. Je reprends vite mes esprits en pensant à la nuit que nous avons partagé hier soir.
- Oui, c'était bien.
- Vous vous êtes envoyés en l'air quoi, dit simplement Eva.
C'est à mon tour de la frapper sous les rires nerveux de Solveig.
- En fait, il n'était plus là à mon réveil, et c'est ce matin que j'ai appris qu'il était parti, dis-je le cœur serré.
Disons que je m'attendais à autre chose venant de lui. Quelque chose d'officiel, je n'en sais rien, mais pas seulement ça. Je ne pensais pas que les derniers mots que je lui dirais seraient "à la vie à la mort", avant de m'endormir contre lui.
- Bon, mais vous allez vous revoir dans peu de temps, comme tu l'as dit, tu vas revenir assez souvent ici, déclare Eva en notant ma baisse soudaine de moral.
Je hausse simplement les épaules et me lève quand mes parents arrivent sur le perron. Mon père m'adresse un grand sourire et m'embrasse la joue avant d'aller parler avec les filles. Je me retrouve face à ma mère, qui visiblement, est aussi gênée que moi.
- Tu... Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?
M'attendant à un monologue infernal, je lève les yeux au ciel et réponds que oui, c'est bien ça que je souhaite.
- Alors fonce, dit simplement ma mère dans un petit sourire.
Je n'en reviens pas, elle accepte finalement ma décision. Sans réfléchir et comme signe d'adieu, je la prends dans mes bras. C'est la première fois que ça nous arrive en deux ans, mon coeur bat vite car je ne suis pas habituée à montrer des gestes d'affection quelconque.
- Tu vas me manquer chérie.
Elle me serre peut-être un peu trop fort pour que je ne comprenne pas qu'elle risque de pleurer, et je me contente de lui frotter le dos.
- Moi aussi tu vas me manquer.
On se sépare et elle m'adresse un petit signe de main avant de rentrer dans mon ancienne maison. Je rejoins Solveig, Eva et papa sur le perron et leurs souris.
- Aller jeune fille, c'est le moment d'y aller, déclare mon père en adressant un signe de main aux filles et de monter dans la voiture.
Sans réfléchir, Eva nous prend en même temps dans ses bras et on éclate toutes les trois en sanglots simultanément.
- Putain j'aime pas pleurer les gars, souffle Solveig entre deux sanglots.
- Ouais moi aussi, renifle la rousse.
- Aller, arrêtez sinon je risque de céder et de rester avec vous.
Solveig se remet à pleurer à chaudes larmes, mais cette fois en exagérant et on éclate de rire.
- Vas-y Eva lâche-toi on va la faire rester !
- Sale mongole va. Je te remercie de m'avoir traîner à cette fête en début d'année car sinon, certes, on aurait pas eu tous ces problèmes mais j'aurai jamais rencontré Chris. Prends soin de toi.
- Arrête avec tes discours là j'vais chialer encore plus, boude ma meilleure amie en me serrant fort dans ses bras.
- Et merci à toi de m'avoir suivi dans mes plans tordus et de m'avoir autant fait rire, je suis très heureuse d'avoir rencontré une fille en or telle que toi.
Eva couine et me serre à son tour dans ses bras. Quelques larmes plus tard, des signes de mains et des baisers envoyés, la voiture démarre pour l'aéroport. Deux heures après, je plane dans les airs, papa à côté de moi, et c'est la première fois que je prends l'avion.
J'arrive, pour une nouvelle vie, un nouveau espoir, mais toujours avec le même amour, parce que ça ne s'arrêtera jamais, jamais, jamais.
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