49 • FOR LIFE

davia sters


TORSDAG
06:00

Nous sommes tous les deux allongés sur son lit aux draps blancs et frais, l'un à côté de l'autre, sans bouger ni parler. Cette scène me rappelle l'épisode du vieux motel quand nous avons "fui" Oslo après l'enterrement. Dehors, les oiseaux s'éveillent au fur et à mesure que le jour fait son entrée, les premières lueurs de l'aube teintent le ciel encore endormi et je suis là, à contempler ce spectacle plein de vie par le biais d'une fenêtre entrouverte.

Chris caresse lentement la paume de ma main, j'ignore ce qu'il regarde de son côté mais mes yeux restent fixes sur les quelques nuages qui s'en vont docilement pour laisser place à un ciel aussi pure qu'une rose en été. C'est une sorte d'accalmie avant la tempête qui se prépare dans ma tête et mon coeur. J'ai tellement peur de ce qu'il va se passer quand mon regard va rencontrer celui de Diana.

Il ne faut plus y penser. Il faut penser à Chris. Il n'a pas dormi de la nuit simplement car je ne trouvais pas le sommeil et a tenu à me tenir compagnie. Est-ce que je le mérite vraiment ? Il est tellement... tout. Sous ses apparences de bad boy immature, il cache quelque chose de tellement plus beau... Quelque chose d'aussi pur que ce pale ciel. Il est tellement fort, il n'a jamais besoin d'aide, ne s'effondre pas en public, il sait maîtriser sa colère et ses émotions, il dit les mots justes pour réconforter ses amis et est toujours là quand on a besoin d'aide. Et à côté de lui, je me tiens là, avec mes éclats de vie brisée et les montagnes russes qui me servent d'émotions. Je suis froide, je suis certaine que je ne paraît même pas sympathique de toute façon. Je m'énerve facilement pour de la merde, je frappe les gens et monte sur mes grands cheveux avec ma mère. Je ne sais pas comment me venger correctement, je fais conneries sur conneries, je fais confiance aux mauvaises personnes et j'insulte. Je ne suis bonne qu'à m'effondrer face à mes démons et appeler Chris à l'aide, sans cesse. Je ne le mérite pas, pas lui.

La vérité est que je ne mérite personne, même pas Solveig et Eva. Même pas ma mère, encore moins mon père et mon grand-père. Je devrais m'éloigner de Chris, je suis tellement néfaste pour lui... Il devient faible, il est vulnérable quand il est à mes côtés et passe son temps à me secourir physiquement ou mentalement. Ai-je déjà fait quelque chose pour lui ? Rien, absolument rien. Alors que lui est toujours là pour moi, quoiqu'il arrive dans sa vie.

Je tourne lentement la tête vers le brun, qui fixe le plafond sans émotion particulière. Il est tellement beau. Mon coeur palpite un peu trop vite dès que je pose mes yeux sur lui.

- Qu'est-ce que tu fais avec moi ?

Il ne réagit pas tout de suite, mais quelques secondes plus tard, son visage si parfait se tourne vers le mien si détruit et il fronce les sourcils.

- Pardon ? demande t-il doucement.

Mes lèvres se pincent et je baisse instinctivement les yeux, n'osant même plus le regarder en face.

- Qu'est-ce que tu fais avec moi ? Pourquoi m'aimes-tu ? J'ai fais tellement de conneries Chris... Et je suis en train de devenir folle. Tu ne devrais pas m'aimer, pas moi. Il y a tellement de filles cent fois mieux que moi... Tu passes ton temps à me relever quand je tombe et je passe mon temps à t'entraîner dans mes chutes infernales. Je ne fais rien pour toi, je suis tellement désolée...

Ma voix se brise et les larmes roulent toutes seules sur mes joues pales. Je ferme fortement les paupières, tentant de retenir les perles salées, mais mon coeur a déjà beaucoup trop lutter et mon esprit n'est plus en état de se battre. Tout mon corps s'affaisse et je deviens une véritable épave bonne à rien, je tombe une fois de plus sous les yeux interloqués de Chris qui va sûrement tout faire pour me rattraper, encore.

Des secondes, peut-être des minutes ou bien de longues heures s'écoulent lentement, dans un silence mortel, alors que je n'ose plus bouger de honte. Je l'aime tellement que j'en ai mal.

- Okay.

Sa voix me fait presque sursauter tant elle est près de mon oreille. J'ignore s'il est loin ou proche de moi, mais je n'ose toujours pas rouvrir les yeux.

- Ouais, je passe mon temps à "te relever", comme tu dis. Crois-tu que je ferai la même chose avec d'autres personnes ? Même avec mes plus proches amis ? C'est toi qui ne me mérites pas Davia. Si je savais bien m'y prendre, tous tes soucis ne seraient déjà que de lointains souvenirs amers. Au lieu de ça, je te vois sombrer jour après jour et j'ignore comment t'aider correctement. Tu as l'impression que tu es un fardeau mais c'est moi qui suis un fardeau pour toi. Je suis certain qu'avec une autre personne tu serais déjà guérie de toutes tes blessures. Je ne suis pas assez rapide pour te soigner et tu te refais mal, encore et encore. C'est moi qui suis désolé, pas toi. Vraiment.

Mes yeux s'ouvrent tout d'un coup, je n'arrive pas à en revenir. Ma vue brouillée par les larmes tombe sur un visage bien plus blanc que celui que j'ai vu avant de fermer les yeux, un visage ravagé par les larmes et mon coeur se brise un peu plus.

- Ne... ne pleure pas... soufflé-je comme si cette vue me couper la respiration.

- Je peux pas m'en empêcher, je suis désolé. Tu n'es pas un poids qui m'entraîne dans tes chutes avec toi Davia, tu es... tu es tellement importante pour moi tu sais... Le soir où je t'ai amené pour la première fois ici, après être aller avec Eva aider William, le lendemain matin j'ai eu la force de parler face à mon père, et de lui dire combien il m'avait fait du mal. Pas physiquement, je m'en fous, mais mentalement. J'étais détruit et je ne pensais qu'à baiser à droite à gauche pour m'éviter de rentrer chez moi, de peur de croiser mon père et sa bouteille dans la main... Tu m'as donné du courage, même si je ne te l'ai jamais dit. Tu n'as pas besoin de voler à mon secours comme tu le penses, tu n'as eu qu'à m'envoyer ce premier message le matin après la fête chez moi pour m'aider d'ors et déjà. Toutes nos disputes et nos confrontations, nos mésententes et nos moments rien que nous deux, ils m'ont tellement aidé. J'ai appris tellement de choses Davia... Tout ça grâce à toi.

Les larmes redoublent sur mes joues mais ce ne sont pas des larmes de honte, je suis émue comme jamais auparavant. La voix de Chris ne se résume qu'à un vibrant chuchotement, parfois interrompu par un sanglot qui m'arrache le cœur.

- Tu m'as appris ce que "aimer" signifiait, reprend t-il en serrant un peu plus ma main. Tu m'as appris que boire et baiser ne faisaient en rien un bonheur et que ça ne signifiait pas "être adolescent". Tu m'as appris à affronter mes peurs, comme tu le fais si souvent... C'est toi qui est forte, extrêmement forte même... Combien de gens auraient craquer devant tout ça ? Combien auraient laissé tomber et se seraient renfermés sur eux-même alors que tu es toujours ici avec moi ce matin ? Combien Davia, combien ?

Je renifle doucement et tente de stopper mes pleurs, mais voir ceux de Chris font automatiquement redoubler les miens.

- Si je suis encore là ce matin avec toi, c'est uniquement parce que tu étais avec moi pour traverser tout ça. Je ne suis... je ne suis rien sans toi, soufflé-je en le regardant cette fois-ci dans les yeux. C'est cliché mais c'est la vérité... J'ai tellement besoin de toi, c'est presque maladif tu sais. Je suis droguée à toi...

Ses mains tremblantes viennent lentement encercler mes joues humides, et ses doigts froids stoppent mes larmes du mieux qu'ils peuvent. Nos regards sont aimantés et nos âmes liées, rien ne pourra jamais briser ce matin-là, ses six heures du matin là, ce ciel si pur et cette douloureuse douceur dans laquelle est plongée cette chambre. Jamais.

- Alors ne dis plus jamais que tu ne me mérites pas. Moi aussi j'ai besoin de toi, chuchote Chris. Je t'aime comme jamais je n'ai aimé quelqu'un. Je t'aime tellement que certains soirs, j'en ai mal. Est-ce que tu comprends ça chérie ? C'est également maladif. Je ne veux que jamais tu ne me quittes.

- Et je veux rester pour toujours ici, avec toi, chuchoté-je à mon tour. Je suis désolée d'être aussi faible et de te faire du mal sans même le savoir...

Ses lèvres salées rencontrent les miennes baignées de larmes et c'est un baiser désespéré et maladif qui nous unit ce matin-là. C'est un baiser traversé de doutes, de promesses et de sentiments ardents, c'est un baiser important et pas si important à la fois, c'est un baiser entre Chris et moi.

- Et je suis désolé d'être autant amoureux de toi, souffle le brun quand nos lèvres se séparent enfin.

- Je t'aime.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top