11 • MAD SOUNDS

davia sters


FREDAG
22:03

- Regarde Eva, elle est à demie-morte par terre, soupire Noora en s'appuyant contre le mur à côté de moi.

En effet, Eva et Vilde sont bien amochées, elles dansent dans le salon en faisant n'importe quoi et en criant et riant beaucoup trop fort pour que personne ne les remarque.

- C'est incroyable, Vilde nous a bassiné pour que l'on n'attire pas l'attention sur nous et elle en est presque à faire un striptease pour obtenir l'attention de William, grogne la blonde platine.

- Mais où est Sana ? demandé-je en ne quittant pas mes deux amies des yeux.

Noora hausse les épaules, l'air blasé.

- Elle ne voulait pas venir, elle aussi elle se contredit. Tout le monde se contredit Davia, c'est incroyable encore une fois.

J'acquiesce simplement en buvant lentement une gorgée de ma boisson. A vrai dire, je n'ai plus aucune idée de ce que je bois depuis une heure mais tout ce que je sais, c'est que je ne suis plus tout à fait sobre. Les paroles de Chris repassent en boucle dans mon esprit, c'est limite contre mon gré que je le cherche du regard.

- T'es amoureuse de William et William l'est de toi non ?

Quel tact Davia, bravo. Déjà que je n'en ai pas beaucoup, quand j'ai bu tout devient encore moins doux.

- Hum... Non, pourquoi tu dis ça ?

- Parce qu'il ne te lâche pas des yeux malgré le fait que Vilde fasse tout pour se faire remarquer. C'est toi qu'il veut. Il ne veut même pas Solveig, et pourtant ils ont couchés plusieurs fois ensemble.

Noora se tourne vers moi, les lèvres pincées.

- Ça se voit tant que ça ? demande t-elle d'une petite voix.

Je souris légèrement en levant la tête vers le plafond.

- Ouais enfin... Oui. Oui ça se voit. Tu devrais mettre les choses au clair avec Vilde, parce que de mon côté j'en ai parlé à Solveig et elle a très bien compris mais Vilde se fait de faux espoirs, va lui parler.

- T'as vu comme elle est à fond sur lui ? Je vais lui briser ses rêves et puis... William n'est pas un type bien. Pour nous deux. Même pour Solveig.

- Ouais en tout cas il attire toutes les gonzesses, la preuve trois de mes potes sont sur lui, ça c'est incroyable Noora.

Quand Eva tombe par terre et que Vilde la suit, nous relevons la tête et soupirons.

- Je pense qu'il faudrait rentrer, surtout si on tient au peu de dignité qu'il nous reste, explique Noora en se rhabillant.

- Je suis d'accord. Je vais chercher Solveig.

- Okay, moi j'appelle Sana. Il faut bien qu'elle serve à quelque chose celle-là.

Je pouffe de rire et pars de mon côté à l'étage, car je sais très bien que Solveig est en train de s'envoyer un gars en ce moment-même. Les portes des chambres sont toutes fermées, je n'ose pas vraiment les pousser de peur de trouver un couple d'un soir en pleine action. Des gémissements viennent de toutes parts et je soupire.

Moi: Sol t'es où ? Eva et Vilde sont mortes, il faut partir si on tient à notre vie sociale.

Elle ne répond évidemment pas à mon message et au bout de cinq minutes, j'en reçois un de Noora.

Noora: Sana a trouvé Sol, on part toute les cinq, ça ne te dérange pas ? comme ça tu peux rester si tu veux mais comme Sol est déchirée, on doit aussi aller la coucher.

Ça me fait un peu chier de savoir que ce soit les filles qui s'occupent de Solveig et pas moi, ouais, je suis un peu jalouse.

Moi: okay, ça marche. j'vais pas tarder à partir aussi, ça pue le sexe et la drogue ici.

Et c'est vrai. Je tente de trouver la salle de bain mais, comme dans tout bon cliché, je tombe sur une chambre plongée dans la pénombre, seul quelqu'un est assit sur le lit, regardant son portable. Et pour poursuivre dans le cliché, il s'agit bien évidemment de Christoffer Schistad. Je lâche une insulte avant de vite refermer la porte.

Quelques secondes après, elle s'ouvre de nouveau et je suis tirée à l'intérieur de la pièce par le bras. Je tente de me défendre mais comme j'ai bu, je n'ai plus tous mes réflexes. La porte se referme et je suis poussée contre elle, emprisonnée contre un corps brûlant.

- Tu me cherchais Davia ?

Sa voix est rauque et j'avale difficilement ma salive.

- Non, pas du tout. Je cherchais les chiottes figure-toi. Et c'est la vérité.

- Oh, très bien.

Je suis plus qu'étonnée qu'il se détache de moi et reparte s'assoir sur le lit, calé contre le mur. Il reprend son portable et je suis tellement choquée de sa réaction que je ne bouge pas d'un poil, me contentant de l'observer attentivement. Il semble assez contrarié. Le peu de lumière qui émane du téléphone me permet de distinguer ses traits creusés et son expression déroutée face à son écran. Il finit par relever la tête vers moi et un léger sourire se dessine sur ses lèvres fines.

- T'es subjuguée par ma beauté babe ?

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.

- Bien sûr, t'es mon modèle ça va de soit.

Il sourit, laissant apparaître une rangée de dents blanches parfaites, visiblement satisfait de lui, puis il tapote doucement la place libre à côté de lui, m'invitant à m'allonger avec lui. Je dois avouer que je suis tentée mais j'hésite horriblement.

"Oh et puis merde Davia, t'as bu et tu t'en fous de ce que qui pourrait arriver demain, profite. Ai confiance en lui."

Mouais. Je finis par m'approcher timidement, et voyant sûrement que j'hésite alors que je suis devant le lit, Chris pose son portable, nous plongeant dans une obscurité totale et m'attrape rapidement par la taille en riant tandis que je sursaute de surprise.

Il me fait tomber sur le lit froid et il me monte au dessus tandis que j'essaie de me défendre, mais franchement, nous rions tous les deux et je ne cherche pas vraiment à me défaire de son emprise. Son rire envahit la pièce et je me rends compte que c'est la première fois que je l'entends véritablement rire, et pas que ses petits ricanements joueurs qu'il m'adresse habituellement.

Il finit par se stopper et son nez touche le mien, il s'est complètement allongé sur moi ce connard.

- Bouge ! T'es lourd ! râlé-je en le repoussant comme je peux par les épaules.

Il rit une nouvelle fois.

- Allons chérie, tu es une petite fleur toute fragile qui vient à peine d'éclore, que vas-tu faire face au grand méchant loup ?

Je reste interdite face à sa réplique quelques secondes, le regardant droit dans les yeux. Je distingue ses traits car ma vue s'est habituée à la pénombre ambiante de la pièce.

- Tu es le grand méchant loup ? chuchoté-je.

- C'est ce que tu penses non ?

J'ai l'impression que nous sommes dans une bulle hors du temps, alors que la fête continue de battre son plein dans le salon de William.

- Je... Avoue que tu ne me facilites pas la tâche. Je ne devrais même pas être là avec toi alors que tu as une copine.

- J'ai le droit de fréquenter qui je veux. Et puis, nous ne faisons absolument rien alors tout va bien.

Ses lèvres se posent furtivement sur le bout de mon nez et je grogne une insulte qui le fait rire, évidemment. Il bouge enfin et s'allonge sur son côté, à ma gauche, contre le mur.

- Alors Davia, raconte-moi un peu ta vie.

- Pourquoi je ferais une chose pareille ?

- Parce qu'il est bientôt minuit, que nous ne sommes plus tout à fait sobres, que nous sommes dans une chambre tous seuls et qu'une chanson d'Arctic Monkeys vient de commencer.

Je souris.

- T'aimes Arctic Monkeys ?

- J'adore. Et toi ?

- Oui, c'est un bon groupe. Une chanson préférée ?

- Hum... Sûrement One For The Road, répond t-il en regardant le plafond sombre. Et toi ?

- Mad Sounds.

- Magnifique chanson, approuve Chris. Idéal pour parler.

Je rigole. Les premières secondes de "I Wanna Be Yours" retentissent du salon et je dois avouer que sa donne à cette chambre un côté assez mystérieux et... sexy.

- Quoique maintenant que j'entends cette merveille, j'hésite à dire que One For The Road est ma préférée.

Je souris en tournant la tête vers lui. Il me regarde aussi, la tête appuyée sur sa main, son corps s'appuyant lui-même sur son coude.

- Alex Turner est un génie, soufflé-je.

- J'suis d'accord. Ecoute... Je sais que tu ne me comprends pas. Enfin... Je veux dire, ma façon d'agir envers toi et Ava et... les filles en général, tu ne la comprends pas et c'est normal, je suis très compliqué mais... je n'aime pas vraiment Ava, c'est tout ce que je peux te dire. Je t'ai déjà dit que je restais avec elle juste parce qu'elle est populaire et qu'elle est folle amoureuse de moi alors elle fait tout ce que je lui demande. Mais moi je ne l'aime pas. Je n'aime pas grand monde tu sais, j'suis pas le genre de personne à sortir des "je t'aime" à tout bout de champ, je déteste ça et je le dis jamais, sauf à ma mère parce que... et bien parce qu'elle est ma famille et que je... je l'aime ?

Il semble réfléchir mais je préfère dire ce que j'ai à lui dire, je crois que c'est le moment.

- Je suis un peu comme toi, je ne dis pas "je t'aime" facilement tu sais. Mais le problème c'est que... je n'aime personne, pas seulement "pas grand monde". Je ne dis jamais "je t'aime" à ma mère, parce que je suis toujours en conflit avec elle. Enfin, elle n'est pas souvent à la maison, et le peu de fois où elle rentre elle fout la merde dans ma vie. Alors je n'ai personne pour dire "je t'aime". Je ne le dis même pas à Solveig.

Chris hoche simplement la tête.

- Et ton père ?

Je me racle la gorge, mal à l'aise.

- Il est parti.

- Okay.

Un long silence assez reposant s'installe et Chris reprend la parole:

- Il faut que tu trouves quelqu'un pour le dire, même s'il ne s'agit que d'une seule personne. Ça fait du bien de rentrer chez ce quelqu'un et de savoir que l'on ne va pas être juger et surtout qu'on est aimé pour ce que l'on est, tu vois où je veux en venir ? Il y a forcément quelqu'un qui peut endosser ce rôle dans ta vie.

- Sauf que ci ce n'est pas si simple. Solveig est ma seule amie depuis des années, et je n'en ai pas d'autres tout simplement parce que je fais du mal aux gens, alors ils ne peuvent pas m'en faire en retour. C'est comme une sorte de carapace, mais c'est chiant à porter certains jours. Y a des fois où j'aimerai bien parler avec quelqu'un d'autre que Sol, puis je fais une rapide analyse et je me ravise, j'préfère souffrir seule plutôt que d'être mal réconforter.

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