𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 1

Fraîchement garé devant l'immeuble où résidait sa mère, Charles s'empressa de couper le contact de sa voiture. Il espérait que le bruit de son arrivée n'avait alerté personne, ni les résidents, pour ne pas avoir à les croiser et lire sur leur visage la déception de ne pas avoir eu le Grand Prix qu'ils méritaient, et encore moins les membres de sa famille qui l'attendaient très certainement déjà. Avant de monter les rejoindre, il souhaitait utiliser le calme que lui offrait ce quartier paisible et le silence qui régnait dans l'habitacle de son automobile pour réfléchir et surtout pour se préparer mentalement à ce qui allait suivre. Cette soirée promettait de faire des étincelles après tout, il se devait d'arriver prêt à tout encaisser.

Se libérant de sa ceinture de sécurité, le jeune homme jeta un coup d'œil au tableau de bord.

20h01

Il était en retard.

De une seule minute, certes, mais assez pour se faire réprimander par sa mère, elle qui appréciait tant la ponctualité et qui avait mis un point d'honneur à l'enseigner à ses enfants dès leur plus jeune âge. En temps normal, elle ne lui en aurait pas voulu d'arriver après l'heure convenue. Elle comprenait et savait bien que la vie de son fils pouvait être des plus chaotiques et particulièrement chargée. Entre les entraînements à répétitions, les nombreux déplacements, les courses de Formule 1, les réunions avec son équipe et toutes les obligations qu'il avait à remplir envers d'innombrables personnes, c'était un miracle qu'il ait assez de temps à disposition à consacrer à ses proches et à ses propres intérêts. Seulement, ça, c'était avant. Avant qu'il ne se mette à éviter l'entièreté de sa famille pour ne pas avoir à les entendre commenter sur sa vie amoureuse comme s'il s'agissait d'une série télévisée. Il en était certain, les mensonges qu'il avait sorti pour échapper aux récentes retrouvailles n'avaient pas été oubliés et pardonnés. Sa génitrice allait définitivement, et avec tous les droits, le sermonner.

Dans le fond, le Monégasque savait pertinemment que sa famille n'avait en tête que son bonheur et que leurs commentaires ne devaient pas être pris à mal. Malheureusement pour ces derniers, leurs conseils en matière de relation et leurs jugements ne l'aidaient jamais et à la longue, ça l'irritait. Il avait déjà tenté de leur demander d'arrêter, mais ça avait été peine perdue. Seule sa mère, ses deux frères et quelques cousins avaient vraiment pris en considération sa demande, le reste avait continué sur sa lancée. Alors maintenant que la nouvelle de sa rupture définitive avec Tamara Biancheri était tombée, il sentait déjà les « elle n'était pas faite pour toi, Charles » ou encore les « je ne l'avais jamais aimé celle-là », voire même les « je ne la sentais pas sincère de toute façon » de ses tantes et de ses cousines. Son oncle, celui qui ne se gênait pas pour fourrer son nez dans sa vie privée, rajouterait très certainement, sur le ton de la rigolade qui plus est, un « tu es peu chanceux avec les femmes, mon petit » qui le fera grincer des dents en silence. Puis, pour couronner le tout, son adorable grand-père, plein de sagesse et de bonnes recommandations, se tournerait probablement vers lui et lui dirait « Charles, tu es encore jeune, figlio mio, ne te jettes pas à corps perdu dans une relation que tu sens vouée à l'échec. Armes-toi de patience et la bonne personne viendra à toi ».

C'était un excellent conseil, le pilote le savait parfaitement. Et au plus profond de lui-même, il était certain qu'attendre était la meilleure chose à faire pour espérer rencontrer celle qui ferait battre son cœur. Seulement, sa peur de la solitude et son besoin d'être constamment entouré l'empêchaient de profiter pleinement de son célibat. Résultat : il n'était jamais seul. Quand son couple se terminait, après une énième dispute, et que, pour le faire oublier ses peines de cœur, son cercle d'amis le poussaient à sortir, il ne pouvait s'abstenir de chercher une nouvelle compagnie. Aucune des femmes qu'il avait pu rencontrer et qu'il avait fréquenté amoureusement ou intimement n'avaient su lui apporter ce qu'il recherchait, outre des problèmes. Puis quand, une fois de plus, Tamara et lui se réconciliaient, il se jetait à corps perdu dans une romance déjà vouée à l'échec. Il se concentrait intégralement sur une femme qui ne lui faisait aucun bien et qui, en prime, n'avait aucune honte à l'utiliser pour gagner en popularité. Tout ça, toute cette souffrance, pour ne pas avoir l'impression d'avoir rater sa vie et par impatience de trouver l'amour.

De plus, sa façon de chercher l'amour laissait fortement à désirer.

Dans le domaine de la séduction, Charles n'avait aucune difficulté à approcher une demoiselle et à happer son attention. Son sourire et ses beaux yeux verts faisaient des ravages auprès des femmes. Il savait parfaitement entretenir la conversation et se montrer galant dans chaque situation. De ce côté, pas de soucis à se faire. En réalité, c'étaient les lieux qu'il fréquentait qui posaient problème. Ou du moins, il le pensait. Jusqu'à ce jour, les endroits déjà visités ne lui avaient rien apportés à part de mauvaises rencontres. En 2017, après la course de Formule 2 d'Abu Dhabi, dans un restaurant de renom, il rencontre Tamara Biancheri avec qui il entretiendra une longue relation de quatre ans parsemée de plus de bas que de hauts. Sa première déception amoureuse. Les soirées mondaines l'avaient amené à rencontrer Astrid Kristiansen, sa plus grande erreur. Plus tard, dans une boîte de nuit branchée de France et sous l'influence de l'alcool, il fait la connaissance de Catherine Marechal, un véritable embarras. Et finalement, rencontrée dans un club bien particulier, Giulia de Angelis se force une place dans sa vie. Encore une fois, un désastre.

Alors oui, le jeune homme devait s'armer de patience, mais il sentait qu'il devait également changer ses lieux de fréquentations pour avoir la chance de rencontrer la femme de ses rêves.

Je pourrais peut-être tenter le coup, songea-t-il, une nouvelle fois.

Le plan se dessina rapidement dans son esprit : rester célibataire pendant un long moment et par la suite, modifier ses habitudes pour espérer atteindre son objectif. En théorie, cela semblait facile. Il sentait qu'il pouvait le faire, qu'il en était capable. Mais aussitôt, le doute se mit à l'envahir. Le pouvait-il vraiment dans le fond ? Son dernier essai s'était avéré si désastreux qu'il avait finit chez le psychologue trois mois seulement après le début de son expérience. Tout ça, parce qu'il s'était mis en tête de rester seul, sans contact amoureux ou intime avec la gente féminine.

J'ai vraiment un problème.

Charles soupira lourdement, enfouissant son visage dans ses mains. Ses yeux se baignèrent de larmes, trace évidente de son désespoir. Pourquoi était-il comme ça ? se demandait-il constamment et jusqu'à ce jour, il n'avait pu trouver de réponse à sa question. Pourquoi la solitude lui faisait autant peur, il l'ignorait. Ou préférait le nier, car l'ignorance était plus supportable que la réalité.

Je suis fatigué.

Soudainement, la sonnerie de son téléphone retentit, brisant le silence dans lequel il s'était volontairement plongé. Il sursauta au son strident de son portable et s'extirpa du fond de ses pensées. Sur l'écran de l'appareil s'affichait la photo de son jeune frère, signe évident que sa famille s'impatientait de le voir arriver. Un rapide coup d'œil sur le tableau de bord lui fit comprendre la raison de cet appel et de tous les messages envoyés précédemment : il était vraiment en retard.

20h15

C'était le moment de monter, s'il ne voulait pas voir sa mère sortir en trombe de son immeuble avec l'intention d'aller le chercher par la force. Sans attendre, le pilote Ferrari s'essuya les yeux pour s'assurer qu'aucune trace de tristesse n'était visible et quitta l'habitacle réconfortant de sa luxueuse voiture de sport, claquant derrière lui la portière. Il se dirigea expressément vers la porte d'entrée avec une seule pensée ne tête :

La soirée allait être longue.

🏎

Voilà maintenait deux heures qu'il dînait en compagnie de sa famille. Deux longues heures venaient de s'écouler sans qu'une seule et unique mention de son ex-compagne n'ait été faite. Un véritable exploit pour ses proches qui aimaient tant parler de cette dernière. Tamara par-ci, Tamara par-là... Les premières questions ou les premiers commentaires ne sauraient tarder, Charles le savait parfaitement. Et il pariait même l'intégralité de sa fortune que s'était son oncle, celui avec lequel il avait perdu son affinité, qui amènerait le sujet sur la table. Ce dernier aimait attirer l'attention sur son neveu que ce soit en se vantant auprès de ses collègues de travail, en exposant à la presse des informations privées contre une bonne somme d'argent ou encore en commentant sans vergogne sur des affaires qui ne le concernaient pas.

Dans le courant de la discussion qui s'était portée sur la carrière en sport automobile d'Arthur, sa tante, curieuse d'avoir ses impressions sur les courses à venir, se tourna vers lui, un large sourire sur les lèvres, et lui demanda :

— Et toi, Charles, comment tu sens cette saison ?

Mal, pensa-t-il aussitôt.

Mais avant même qu'il n'ait eu l'opportunité de répondre à la question, voire même de réfléchir à quelle réponse donner qui n'exsuderait pas une forme de pessimisme, son oncle Marcus, installé à l'extrémité de la table comme une personne d'importance, s'esclaffa bruyamment.

— Je ne crois pas que la question soit adéquate aujourd'hui, Simone.

Un lourd silence tomba sur la pièce. Ce n'était pas tant le commentaire qui gênait les autres membres de la famille, il y avait bien une part de vérité dans ces dires, mais le ton employé. Les Grands Prix de Monaco étaient un sujet difficile à aborder, car cela rappelait au pilote son incapacité à remporter une course à domicile. Il se sentait blessé par ses défaites et par la même occasion, ses proches se sentaient tristes aussi. Pour lui et pour leur pays. Alors l'entendre plaisanter si haut et fort d'un tel moment, devant le concerné qui plus est, les mettait définitivement mal à l'aise. Mais ce n'était pas surprenant non plus, cet homme ne s'embarrassait de rien, encore moins de faire des remarques désobligeantes sur la carrière et les moments éprouvants que pouvait traverser son neveu.

L'épouse de son oncle lui pinça brusquement le bras, d'une manière qu'elle voulait discrète mais qui ne l'était pas. À voix basse, elle le sermonna d'agir ainsi. Surtout aujourd'hui et maintenant. C'était son intervention dans une conversation où il n'était même pas invité à participer qui était inappropriée, lui répétait-elle, tandis qu'il tentait par tous les mouvements de bras possibles de la faire lâcher sa prise sur sa peau déjà bien rougie.

Vas-y plus fort tata. Intérieurement, il jubilait de voir celui qui lui causait tant de désagréments souffrir sous les coups de sa femme.

Du coin de l'œil, il remarqua sa mère, assise à sa droite et en tête de table, déposer avec lenteur ses couverts sur la table. Son regard assombri et fixé avec insistance sur celui qui osait commenter sur les événements tragiques de la journée, laissait comprendre son envie d'en découdre avec lui. En temps normal, Charles se serait installé confortablement et aurait profité du spectacle que sa maman lui aurait offert en remettant le frère de son défunt époux à sa place. C'était jouissif. Mais après tant de temps éloigné de sa famille, par sa propre faute, et à un dîner auquel elle tenait tant, le jeune homme préférait prendre la parole pour éviter tout drame possible. De plus, répondre à la question que lui avait posé sa tante sans s'arrêter sur son intervention inutile, donnerait l'impression qu'il n'était pas le moins du monde affecté par le comportement de son oncle et il souhaitait à tout prix renvoyer une telle image, car intérieurement il bouillonnait de rage envers lui, mais ne voulait pas qu'il remarque à tel point il pouvait se sentir touché par son attitude.

— À vrai dire, tante Simone, je ne sais pas trop quoi en penser de cette saison, répondit-il avec honnêteté. Elle a relativement bien débutée, mais il reste encore beaucoup de choses à perfectionner. Dans tous les cas, j'espère pouvoir réussir. Nous travaillons tous très dur pour y arriver.

— Je suis certaine que tu viendras à réaliser ton rêve, l'assura avec douceur Louise, la femme de Marcus. Tu es un pilote fantastique et très talentueux.

Le Monégasque lui sourit, appréciant les mots réconfortants de sa tante.

— Merci tata, c'est très gentil.

Ce fut sans compter sur la nouvelle intervention de son oncle.

— Un pilote merveilleux, je suis d'accord. Maintenant, en matière de femmes, il faut se le dire, il est tout sauf extraordinaire.

Bien évidemment, il fallait qu'il l'ouvre.

Il avait mentalement parié sa fortune que ce serait lui qui en parlerait en premier et il s'était avéré correct. Peut-être devait-il jouer au loto, la chance semblait être de son côté aujourd'hui.

Un râle général s'éleva dans la salle à manger. Tout le monde semblait en avoir marre d'entendre les remarques indiscrètes de son oncle. Son frère aîné, Lorenzo, paraissait prêt à bondir sur l'homme en question pour le faire taire et ainsi sauver ce qui pouvait être encore sauvé de ce repas en famille. Arthur,  quant à lui, se contentait de le fixer, le regard noir et les poings serrés sur ses couverts. Sa mère ne s'était, cette fois-ci, pas retenue pour se plaindre qu'il gâchait une soirée qui avait pourtant si bien commencé et qui se passait à merveille.

Pour dissiper le brouhaha qui s'était créé, Charles décida de s'expliquer sur sa dernière relation, espérant que cela serait suffisant pour faire taire toutes leurs interrogations :

— Tamara et moi avions prévu de nous séparer il y a quelques temps déjà, c'était évident que notre relation ne fonctionnait plus comme nous le voulions. Ça fait plus de cinq mois que nous avons rompu, il serait peut-être temps que l'on trouve un autre sujet de conversation.

Pitié qu'ils comprennent qu'il ne faut plus parler d'elle !

— Les cinq mois où tu nous a évité, comprit sa jeune cousine, dégustant toujours son plat malgré le chaos qui régnait autour d'elle. La presse a dit que vous aviez rompu il y a trois mois seulement.

— La presse ne reflète pas la réalité, Charlotte, éclaircit Lorenzo. Tu ne devrais pas te fier à ce que tu lis dans les magazines.

L'adolescente se renfrogna, appréciant peu la remarque de son aîné.

— Je tenais à m'excuser pour mon comportement, ajouta le Monégasque à l'intention de ses proches. Mon intention n'était pas de vous blesser, j'avais uniquement besoin de temps et je me suis très mal pris pour en réclamer.

Son cadet s'empressa de le rassurer, comprenant l'étape difficile qu'avait traversé son frère. Il avait été à ses côtés durant son moment le plus dépressif et le plus angoissant, il savait que cette rupture, en plus de leur couple à Tamara et à lui, avait laissé de très grandes et profondes traces dans l'esprit du jeune homme. 

— Ne t'inquiètes pas pour ça, nous savons que nous pouvons nous montrer...Trop intrusifs la plus part du temps. 

Charles lui sourit grandement, reconnaissant pour son attention et son pardon.

— Et nous tâcherons de ne plus nous mêler de tes -

— Donc, je suppose que tu t'es déjà trouvé une nouvelle nana, Charlie ? coupa subitement Marcus, empêchant Arthur de terminer sur sa lancée.

Je vais lui sauter à la gorge, ce n'est pas possible d'être énervant comme ça. Il prenait fortement sur lui pour ne pas montrer sa colère, il voulait renvoyer cette image de confiance et donner l'impression de n'être affecté par rien de ce qui sortait de sa bouche. Les poings serrés sur ses cuisses et ses mâchoires contractées à en faire grincer ses dents, le pilote de Ferrari fit craquer sa nuque pour évacuer sa rage.

Louise réprimanda son mari une nouvelle fois pour son attitude. Un brouhaha monstre s'éleva alors dans la salle.

— Ne soyez pas comme ça, râla Marcus. On sait tous pertinemment que le gamin saute de gonzesse en gonzesse.

— Ce n'est pas une raison pour être aussi indiscret ! s'emporta Pascale, sa mère. La vie de mon fils ne te regarde pas, je te l'ai déjà dit mainte fois. Alors tâche de ne plus recommencer.

— Et aussi d'utiliser un meilleur vocabulaire pour parler des femmes, ajouta le cadet de la famille Leclerc.

Le concerné roula des yeux, les remontrances lui passant au-dessus de la tête.

— Ne faites pas comme si vous n'étiez pas curieux non plus de savoir si il a quelqu'un.

— Peu importe si nous savons envie de savoir ou non, rétorqua aussitôt sa tante Simone sur un ton des plus sérieux. Ce ne sont pas nos affaires et Charles nous donnera, s'il le souhaite ou non, les détails de sa vie amoureuse. Nous avons déjà trop abusé de notre curiosité et ça l'a poussé à s'éloigner de nous, tâchons d'apprendre de nos erreurs.

— Nous savons bien que le gosse ne dira rien !

Une cacophonie de sermons débuta aussitôt. Chacune des personnes présentes à table se plaignait à Marcus de ses agissements continus. Charles, lui, resta de marbre dans son coin, observant et écoutant chaque commentaire fait à l'intention du frère de son père. Ce dîner commençait de plus en plus à lui plaire. Un sourire en coin qu'il tentait tant bien que mal de cacher avec sa main naquit sur ses lèvres. En plus d'avoir ressenti un grand manque lorsqu'il évitait d'apparaître aux retrouvailles de famille et d'avoir eu peur de ce que lui réservaient ses proches, il se rendait finalement compte qu'il avait eu peu raison d'angoisser. La soirée de passait à merveille. Il appréciait tout particulièrement la tournure qu'elle prenait et principalement de voir son oncle se faire corriger comme il le méritait.

— De cette manière, c'est à se demander comment il fait pour ne pas avoir déjà trouvé l'amour de sa vie ! s'exclama l'indiscret de service dans le courant de la dispute comme pour justifier sa curiosité maladive.

Aussitôt et sans réfléchir aux conséquences de ses actions, le Monégasque sauta sur l'opportunité pour le faire taire définitivement.

— Enfaîte, je l'ai déjà trouvée.

Mensonges.

Toujours et encore des mensonges. 

Quand allait-il apprendre ?

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J'espère que ce premier chapitre vous aura plu ! N'hésitez pas à me faire part de votre avis, ça fait toujours plaisir.

Sinon, rendez-vous la semaine prochaine pour la suite !

claudia_mtc

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