🅇🅇🄸🅅.𝑂𝑛 𝑣𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑚𝑜𝑛𝑡𝑒𝑟 ç𝑎 𝑒𝑛𝑠𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒

Après ce qui semble une éternité, l’officier m’informe que nous sommes enfin autorisés à partir. En sortant du bureau, je sens la lourdeur du poids sur mes épaules diminuer, mais il reste un goût amer d'inquiétude. Mes parents échangent quelques mots avec l’officier avant de nous diriger vers la sortie. L’air frais de la nuit tombe sur nous comme un voile apaisant.

Alors que nous passons la porte, je lève les yeux et aperçois une silhouette familière de l’autre côté de la route : c'est la Jeep de Taehyung. Mon cœur s’emballe, chaque battement résonnant comme un cri silencieux dans ma poitrine. Mes sentiments pour lui, enfouis sous des couches de peur et de secrets, refont surface, plus puissants que jamais, mais aussi plus compliqués.

Je me tourne vers mes parents, la voix d'un enfant à l'intérieur de moi les suppliant. Dans un geste frénétique, je commence à signer, espérant qu’ils comprendront mon besoin urgent :

« Laissez-moi rentrer avec Taehyung. S'il vous plaît ! »

Ma mère hésite, ses sourcils se fronçant alors qu’elle essaie de comprendre la situation.

« Jungkook, nous devons rentrer ensemble et discuter de tout cela. C'est important... » dit-elle, l’inquiétude teignant ses mots.

« Mais je veux juste être avec lui, j'en ai besoin ! » Je ne peux pas m’empêcher de m’exprimer avec force dans la langue des signes. Taehyung représente tant pour moi, son soutien silencieux a toujours été une ancre.

Heureusement, mon père intervient, sa voix calme mais ferme. « Écoute, je comprends que tu sois inquiète. Mais Taehyung est là sûrement pour lui. Laisse-le ramener Jungkook à la maison. Nous parlerons ensuite. »

Mon cœur fait un bond de gratitude. Je n’ose pas montrer à quel point ces mots m’apaisent. Je capte le regard de Taehyung, qui s'approche, son visage empreint d’inquiétude et de curiosité.

« Tout va bien, Jungkook ? » demande-t-il, sa voix douce se perdant dans le fracas de la circulation après avoir salué mes parents.

Je hoche la tête, mais je sais que mes yeux parlent pour moi. L’anxiété que je ressens encore est perceptible dans mon regard, et je ne peux pas échapper à l’angoisse de ce que je pourrais lui révéler. Nous avons toujours été plus que voisins ; il est mon amour secret. Nous partageons tant de souvenirs, mais l'idée de lui parler de mes véritables sentiments reste prohibée.

Mon père lève la main, saluant Taehyung. « Peut-être que tu pourrais le ramener au plus vite à la maison ? Nous avons besoin de discuter de certaines choses relatives à son bien-être. »

« Bien sûr, je… » commence Taehyung avant de regarder ma mère, réalisant l'ampleur de la situation.

Ma mère acquiesce, mais son expression reste soucieuse. « Rentre à la maison tout de suite, Jungkook. Je veux que tu me racontes tout, d’accord ? »

Je réponds en signant : « Je le ferai. » Je sais que mon cœur s’alourdit sous les secrets cachés, mais pour l'instant, Taehyung est là, un soutien dont j'ai besoin désespérément.

Nous traversons la route, et je m’installe sur le siège passager de sa Jeep. La familiarité de cet endroit quand je monte dans la voiture me réconforte, mais il y a une tension palpable dans l'air. Taehyung tourne le clé dans le contact, et le moteur ronronne, tout comme le tumulte dans ma tête.

« Alors, qu’est-ce qui se passe, vraiment ? » demande Taehyung, scrutant le chemin avec sérieux.

J’essaie de trouver les mots, mais ils se dérobent à moi. Mes pensées s’embrouillent et se confondent, incapables d’enfiler une histoire cohérente. Alors je me tourne vers lui, scrutant ses yeux sombres à la recherche de réconfort.

« Tu sais, ça a été une journée vraiment longue… » J'écris lentement, essayant de mettre de l'ordre dans mes idées. Ses yeux s’illuminent d’une compassion sincère une fois qu'il a lu en s'arrêtant à un feu rouge.

« Je suis là pour toi, Jungkook. Quoi qu’il arrive, je suis là. »

Sa promesse me touche profondément, et je me demande une fois de plus ce que je devrais faire avec mes sentiments pour lui. Mais je me mords les lèvres, encore hésitant à tout lui confier.


À mesure que nous roulons, je sens mon cœur se serrer, pas seulement à cause de la crainte de ce que mes parents découvriraient, mais aussi à chaque instant où je suis partagé entre l’envie de lui dire tout et la peur de le perdre.


°


La Jeep de Taehyung s'arrête doucement devant ma maison, le moteur ronronnant et s'éteignant lentement, rompu par le doux silence de la nuit qui tombe. Je reste assis un instant, le cœur encore battant, partagé entre un océan de soulagement et une mer tumultueuse d'incertitudes. Même lorsque le bruit se tarit, le tumulte de mes pensées continue de tourbillonner en moi.

Je regarde les lumières de notre maison, ce phare que je reconnais si bien, mais qui, ce soir, semble étrangement menaçant. L'atmosphère qui règne ici est chargée d’un autre poids : celui du secret, de la douleur non exprimée.

D'un geste décidé, je sors mon carnet de ma besace, ayant profité du trajet pour noter tout ce qui s’était passé au poste de police. Je sens encore l'encre glisser sous mes doigts, traçant les mots avec une intensité qui traduit le tumulte de mes émotions. Je tourne vers Taehyung, une boule dans la gorge, et lui tends le carnet.

« Lis, s'il te plaît, » lui fais-je comprendre, mes yeux cherchant les siens.

Il prend le carnet, ses doigts se frayant un chemin jusqu'à la couverture. Je vois son visage passer par toute une palette d’expressions : surprise, incompréhension, puis inquiétude. Il tourne les pages, l'une après l'autre, absorbant mes mots, ma réalité, mon histoire.

« Jungkook... » murmure-t-il, la sincérité émanant de lui comme un souffle chaud.

Je sens un frisson parcourir mon échine en entendant le murmure sans un mot, résonnant dans mon appareil auditif. Chaque vibration atteint une corde sensible, mais je n’ai pas besoin de les entendre pour ressentir la profondeur de son souci. Cela éveille en moi une chaleur que j'avais oubliée, une chaleur que je souhaite tant ressentir sans la nuire par mes propres appréhensions.

L’angoisse se mêle à une vague d’émotions enfouies dans le coin de mon cœur. Je regarde Taehyung, ses sourcils froncés alors qu'il lit les passages sur l'accident et le harcèlement, le poste de police, les questions auxquelles j'ai dû répondre, la plainte que j'ai dû déposer. Chaque mot écrit semble le frapper, et j'ose espérer qu'il comprenne le poids que cela a eu dans ma vie.

« Je suis désolé, Jungkook, » dit-il finalement en levant la tête du carnet, son visage empreint d'une agitation que je n'avais jamais vue auparavant. « Pourquoi ne m’as-tu pas dit quelque chose plus tôt, ? Ou alors à ton frère ou même tes parents, on aurait pu arrêter tout ça avant... »

Je déglutis, incapable de répondre à voix haute. Mes doigts se nouent lentement, cherchant du réconfort. Je devrais lui avouer que j’avais peur, peur de perdre ce que j'ai, peur que les gens se détournent de moi. Et surtout, peur d'inquiéter mes proches. Je prends une profonde respiration, ma main se posant sur mon cœur, essayant d’exprimer mes émotions sans mots.

« C’est si compliqué... » j'écris, essayant de mettre des mots sur mes peurs muettes. Je vois la compréhension passer dans son regard, une lueur de soutien.

« Tu sais que tu peux toujours parler avec moi, n'importe où et n'importe quand, non ? » Il s'approche, ses yeux s’illuminant d’une lueur protectrice, mais il y a aussi une ombre de tristesse. « Je sais que tu as peut-être peur, mais je suis là, Jungkook. Je ne te demanderai plus pourquoi tu n'as rien dit plus tôt. Je ne suis pas le mieux placé pour le faire. »

Je hoche la tête, déterminé à ne pas pleurer encore, pour une fois.

« Merci, Taehyung. Tu es vraiment le meilleur. » Je montre le carnet, pointant vers lui, comme pour signifier que, malgré la douleur, il est celui qui fait briller une lueur dans l’obscurité.

Il sourit doucement, un sourire chaleureux qui fait danser une étincelle d'espoir dans mon cœur. « Vas-y. Ils doivent s’inquiéter. »

Je sors de la Jeep. Le vent frais balaye mon visage, et je sens une bouffée d'air apaisant me traverser. En entrant dans la maison, je sais que mon cœur est toujours lourd, mais je suis aussi content que tout ceci soit enfin dévoilé. Chaque pas que je fais vers l'intérieur rime avec la promesse d'un nouveau départ, une chance de se reconstruire, même si la route est encore pavée d'incertitudes.

La porte se ferme dans un léger claquement, et je lance un dernier regard à Taehyung, qui s'éloigne, sa silhouette se fondant dans l’obscurité de la rue. Il a pris soin de ne pas trop s’attarder, de me laisser seul avec mes pensées, mes craintes. Une partie de moi aurait voulu le retenir, lui demander de rester, mais je sais qu'il est temps d'affronter la réalité qui nous attend à l'intérieur.

En franchissant le seuil de notre maison, un frisson me traverse. Même si l'environnement est familier, l'atmosphère est d'une lourdeur palpable. Dans le salon, la lumière est tamisée, mais elle révèle une tension sombre. Je n’ai pas besoin de chercher longtemps pour trouver mon frère, Junghyun. Il est là, planté au milieu de la pièce, avec un air que je ne lui ai jamais vu auparavant. Il a dû rentrer de Séoul à la minute où mes parents l'ont appelé, et à son expression, il sait déjà ce qui s'est passé.

Ma mère est assise dans un coin du canapé, se rongeant les ongles avec une anxiété désespérée. Mon père, quant à lui, reste figé, l'air perdu, cherchant une réponse qui ne semble pas venir.

Junghyun s’avance vers moi, et je m’attends à le voir m'engueuler, comme il le fait chaque fois qu'il s'inquiète pour moi. Mais à ma grande surprise, il ne dit rien. Ses yeux s'emplissent de larmes, et tout à coup, je suis submergé par la puissance de son émotion. Il fond dans mes bras, pleurant à chaudes larmes, et c'est à ce moment-là que je comprends à quel point cela l'affecte.

« Je suis tellement désolé, Kook… » tremble-t-il. Les mots lui brûlent la gorge, et il s'accroche à moi comme si sa vie en dépendait. C'est un moment inattendu et complètement dévastateur. Junghyun, mon frère protecteur, celui qui sourit toujours et refuse de montrer sa vulnérabilité, est en train de pleurer. Je sens une boule se former dans ma gorge.

Je n'avais pas réalisé à quel point son amour pour moi était profond, à quel point il a toujours cherché à me protéger des dangers, même lorsque ces dangers sont si insidieux que je ne pouvais pas les lui décrire. Les souvenirs affluent, me rappelant les nombreux moments où il a veillé sur moi, m'aidant à surmonter mes peurs, à m'inventer des histoires pour embellir le monde.

« Pourquoi tu n'as rien dit ? Pourquoi tu n'as pas demandé de l'aide ? » Sa voix est brisée, mais je peux sentir dans son étreinte toute la douleur d’un frère qui se sent impuissant.

La colère et l'inquiétude dans ses mots résonnent en moi. Chaque question fait écho aux raisons qui m’ont conduit à garder le silence. Je m’apprête à expliquer, à m’ouvrir à lui, mais les mots se bloquent, prisonniers d'un mélange de honte et d’angoisse. Au lieu de cela, je le serre contre moi, tentant de lui transmettre tout ce que je ressens.

« Je suis là, Junghyun. Je suis encore là. »  murmuré-je intérieurement.


Mes larmes commencent à couler, et je sens que je ne suis pas seul dans cette douleur. Dans ce cocon d’enroulement, je comprends que, même après toutes ces années, les liens qui nous unissent, lui et moi, restent indéfectibles.

Peu à peu, il se calme, mais son visage reste marqué par la douleur et l'inquiétude. Je vois mes parents au loin, impuissants dans la confrontation de leur propre culpabilité, mais je n'ai pas le cœur à les regarder. Ce moment, c'est notre moment, et peu importe la tempête qui fait rage autour de nous, nous sommes unis dans la douleur et l’amour.

« On va surmonter ça ensemble, » murmure-t-il, ses mots résonnant dans mon cœur comme une promesse sacrée. Je hoche la tête, me sentant réconforté, même au milieu du chaos. Parce qu’aujourd'hui, dans cette étreinte, je sais que je ne suis pas seul.

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Voilà, j'espère que vous avez aimé, je vous dis à demain pour un nouveau chapitre ✨

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