52 | dirty diana

20 novembre 2019, 09:50 p.m
Hôtel,
Los Angeles, États-Unis



- Hum... Chris ?

Ça m'explosait à la tête comme jamais je ne l'avais imaginé. Et c'était d'une violence hors du commun. Alma faisait les cent pas dans la chambre d'hôtel, alors que Johanna et Cam' essayaient de relativiser la situation. Je voyais bien qu'Alma était embêtée. C'était elle qui m'avait poussée à suivre mes sentiments, mais elle était aussi la leader et là, en l'espace de quelques minutes, l'avenir de son groupe était mis en péril.

- Non mais... tenta Jeen l'air peinée. Ce sont juste des photos, on voit pas très bien...

Elle était gentille, okay, mais j'avais juste envie qu'elles se barrent toutes de ma piaule pour pleurer dans mon coin. Oh pourtant, la semaine avait bien commencé. Durant les deux derniers mois, nous avions tourné une télé-réalité et plusieurs émissions de variétés, et Alma avait même sorti son tout premier EP. On parlait déjà de nos contrats qui devaient se renouveler l'année prochaine, car ils étaient plus courts que les idoles coréennes, tout roulait. On avait voyagé en France et on avait gagné des prix, j'avais même pu voir mes parents dans le carré VIP des NRJ Music Awards, et à quel point la fierté et l'émotion dans leurs yeux avaient été présents. Les American Music Awards nous avait fait une standing ovation, et notre prochain single devait sortir le mois prochain. Jeen voyait Jungkook en secret, Fiona avait des projets de fiançailles avec son copain et tout allait pour le mieux entre Baekhyun et moi.

Je n'avais absolument pas prévu que des connards de paparazzis vendent leurs clichés de lui et moi sur la plage, en Grèce, et que les photos se propagent à la vitesse de la lumière sur les réseaux sociaux. Les fans étaient hystériques, entre ceux qui se réjouissaient et ceux qui m'envoyaient des menaces de morts dans mes DM, tout allait beaucoup trop vite pour moi.

- Ne pleure pas ma puce, on va trouver une solution, fit Fiona en me souriant gentiment.

- Je ne pleure pas.

Elle plaqua son doigt sur ma joue et il en ressortit avec une larme. Okay, peut-être que je ne contrôlais plus rien du tout. Le portable d'Alma sonna et elle soupira de frustration.

- C'est Minhyun. On est dans la merde.

- Décroche pas, malheureuse ! s'écria Jeen en arrachant presque le cellulaire des mains d'Alma avant de taper la touche rouge.

- Mais ça ne va pas ? s'indigna la leader. Tu crois qu'on va arranger les choses en s'enfermant dans cette chambre ? L'avion décolle dans deux heures, il va bien falloir qu'on sorte de là !

Les tons montaient et c'était de ma faute. J'étais assise sur le grand lit, avec Cam à ma droite. Pas besoin d'étreintes ou de longs discours entre nous deux, seule la présence suffisait. Dans ma tête, tout tournait à fond. On tapa à la porte.

- C'est Michael, fit Johanna.

- Fais-le rentrer, décidai-je.

- T'es folle ? Parlons déjà de tout ça entre nous six et on verra avec le staff après, sinon c'est sûr que là c'est panique générale et leçon de morale gueulée par Minhyun, déclara la plus jeune.

- Et alors ? dis-je un peu énervée. S'il y a des leçons à recevoir on me les dira en face, pas à vous. Michael est mon manager et je veux qu'il rentre, point barre.

Je parlais rarement de la sorte aux filles, mais je n'étais pas bien certaine d'être pleinement moi-même ce soir-là. Johanna ouvrit la porte et Michael la referma en se plaquant contre elle d'un coup sec.

- Putain les filles, dehors c'est la guerre, je préviens tout de suite.

Il s'approcha les yeux exorbités, ça restait un gros gamin, mais je suppose qu'il dédramatisait la situation.

- Tout le monde vous cherche, je déconne même pas, limite Minhyun appelle la CIA. Bon, ma grande, je suppose qu'il n'y a rien à expliquer ?

Il me regarda avec un petit air désolé. Je fis « non » de la tête. Il fallait que je l'appelle, que je lui parle. Peut-être que j'aurais moins peur en entendant sa voix.

- Bon, je vais pas te faire un dessin, vous êtes un peu dans la merde. Surtout toi. Ça fait un bad buzz monstre, surtout que les photos datent du début d'année. Tu n'es pas majeure en Corée, enfin... Tu l'es si on joue sur leur comptage bizarre de l'âge, ça voudrait dire que tu as dix-neuf ans au lieu de dix-huit et que tu ferais vingt en février et pas dix-n... Je m'y perds, un instant.

On esquissa un sourire nerveux. Il compta sur ses doigts avant de reprendre, les sourcils froncés.

- Oui c'est ça, donc suivant leur logique tu as un an de plus. C'est arrangeant si on voit les choses de ce point de vue là. Par contre, si on se place de notre point de vue à nous en tant qu'étrangers... Baekhyun pourrait être accusé de détournement de mineur.

Ma tête se mise à tourner, alors qu'autour de moi, les filles ouvraient grands les yeux. Et oui, tout prenait un sens au fur et à mesure que Michael parlait. Je sentis les larmes couler de nouveau et ma lèvre se mise à trembler. Mon manager était bien évidemment au courant de ma relation, c'était le seul membre du staff de BigHit d'ailleurs.

- Ne pleure pas ma grande, comme il aimait bien m'appeler, on va forcément trouver une solution. En attendant, aucune, je dis bien aucune déclaration ne doit se faire, que ce soit de toi, de lui ou même de vous cinq. Tout le monde reste cool, aucune photo ni commentaire sur les réseaux sociaux et surtout, on passe en silence à l'aéroport. On en parlera avec Debby et Minhyun dans l'avion.

On hocha la tête. Michael fit sortir tout le monde pour que les filles aillent se préparer pour le départ. Nous devions rentrer en Corée pour la sortie du nouveau single, Scandalous, et surtout pour repartir pour les MAMA à Hong Kong le premier décembre. On resta silencieux un petit moment.

- Tu devrais l'appeler pour voir ce qu'il en pense.

Je ne répondis rien et il m'envoya un clin d'œil suivi d'un petit sourire.

- Sois prête dans trente minutes, je passerai te chercher avant que Minhyun ne se jette sur toi tel un ange vengeur, fit-il en reculant vers la porte et en grimaçant.

Ça me fit sourire et la porte claqua. Je me retrouvais seule, et dans le tourment. Mon téléphone récemment mis sous silencieux était posé à côté de moi et l'envie d'aller regarder ce qu'il se disait sur Twitter et Instagram me démangeait. La sage décision aurait été d'appeler Baekhyun, bien sûr, et de rester calme. Sauf que mes doigts glissèrent tous seuls sur l'application bleue. Mon cœur s'arrêta quelques secondes quand je vis les hashtags en tendance mondiale.

« #BaekCiscoming » et « #itstooobvious » occupaient la première et la troisième position et j'eu du mal à respirer. Je cliquai sur le premier, pas très sûre de moi. Des tonnes et des tonnes de messages étaient postés chaque seconde, chacun y allant de sa petite impression et donnant son avis sur cette affaire. Jamais je n'avais eu autant de notifications, et quand je commis l'erreur d'aller y jeter un coup d'œil, des centaines de DM d'Exo-L me menaçant de me tuer ou de mettre ma carrière en péril apparurent sous mes yeux. Certaines me disaient même qu'elles allaient m'attendre à l'aéroport de Séoul, pour notre arrivée, et qu'elles me frapperaient pour avoir toucher à leur « oppa ». J'étais dans un état second. Ces folles savaient que je lisais leur message à cause du petit signalement dans la conversation, et elles en profitaient pour m'en renvoyer des dizaines, m'insultant de tous les noms en anglais, certaines allant même jusqu'à chercher sur Google Traduction comment m'insulter en français. Tout défilait sous mes yeux mais les insultes ne me faisaient rien, du moins pas encore, ce qui me touchait le plus étaient les messages parlant de la possibilité de fin de carrière de Baekhyun ou encore plus grave, ses futurs problèmes avec la justice si elle s'en mêlait. Et il ne fallait pas se leurrer, nous étions deux « stars », tout le monde nous regardait, alors la justice coréenne pouvait très bien s'en charger. Ça menaçait même ma famille et les membres de mon groupe et j'eu des sueurs froides. Sans compter que mes parents n'étaient pas au courant de cette histoire et qu'il n'allait pas falloir longtemps avant qu'ils ne le soient.

Et puis tout d'un coup, tout s'effaça et l'écran devint noir. Je vis mon reflet dedans, et une photo que j'avais prise de Baekhyun parce qu'il me l'avait demandée le soir où nous étions sortis manger à Paros apparut. C'était lui qui m'appelait, et il tombait au bon moment, comme toujours, pour m'empêcher de continuer à lire toutes ces horreurs. Je décrochai en fermant les yeux.

- Allo ?

Ma voix ne portait pas. La sienne non plus.

- Chris ? Tu vas bien ?

Et pour la première fois depuis le début de notre relation, je su qu'il avait peur.




dirty diana - michael jackson

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top