𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘝𝘐𝘕𝘎𝘛-𝘛𝘙𝘖𝘐𝘚 - entrainement matinal



MALGRÉ tous les événements adjacents, Elizabeth n'avait pas oublié sa mission principale : parler à Erwin. Cependant, la tâche s'était avérée être des plus compliquées. En effet, à chaque fois qu'ils étaient à proximité l'un de l'autre, il fallait que leurs amis soient autour d'eux. Et ils ne pouvaient tout simplement pas s'éloigner d'eux pour aller parler à l'autre, puisque, dès leur retour, ils seraient probablement questionnés sur le sujet de leur discussion, et aucun des deux ne savaient ce qu'il pourrait répondre.

Et puis, il fallait dire que, depuis la dernière Lune Rouge, les amis d'Elizabeth avaient eu du mal à la quitter, surtout James, qui insistait à ce qu'elle les joigne, lui et l'équipe, pour les entrainements de Quidditch (qu'elle réussissait à éviter deux fois sur trois). Ces entrainements étaient épuisants, puisqu'il semblait que James estimait que la forme physique était aussi importante que les aptitudes au Quidditch et qu'il les forçait à courir avant et à la fin de chaque entrainement. Alors, quand Elizabeth rentrait dans sa salle commune, elle se dépêchait d'aller à la douche de son dortoir pour, lorsqu'elle en sortait, tomber dans son lit et s'endormir, peu importait l'heure (même si c'était souvent tard dans la nuit). C'était presque les seules nuits où Elizabeth s'endormait d'un coup pour vivre une nuit sans cauchemar.

Le reste de ses amis aussi la collaient : elle ne pouvait plus compter les nombreux moments qu'elle avait passé avec Sirius, qui s'obstinait à lui montrer des photos d'un gros chien noir tout en lui demandant si il l'effrayait, pour elle ne savait quelle raison; Lily, qui parlait sans cesse de Jules Weiss, surtout lorsque Dorcas était dans les environs, et ne cessait de lui demander si elle avait enfin parlé avec Erwin; Marlène, parlant encore et toujours d'Erwin comme si c'était Merlin ou encore qui l'aidait à trouver la façon d'entrer dans toutes les salles communes de Poudlard (elles avaient déjà trouvé l'emplacement exact de chaque salle sauf celles des Poufsouffles, et avaient réussi -sans avoir vraiment essayé- à ouvrir la porte des Serdaigles, après quoi elles étaient parties en courant et ricanant comme des enfants, main dans la main); Peter, qui tentait de lui apprendre à jouer aux échecs (souvent rejoint par Remus qui les battait tous les deux à chaque fois); Remus, à qui elle apprenait le tricot; ou encore Dorcas, avec qui elle s'amusait à créer des accessoires aussi laids les uns que les autres.

Souvent, elle passait aussi du temps avec plusieurs d'entre eux, comme lorsque James et Sirius avaient tenté de l'incriminer pour un prank dont elle n'avait été que spectatrice (ils s'étaient excusés en promettant de l'inclure dans leur prochain coup, ainsi, elle ne serait pas incriminée pour rien), ou encore lorsque Peter s'était joint aux essais de sortilèges d'Elizabeth et Remus (il avait fini à l'infirmerie avec une paire d'ailes sur le dos), ou bien même lorsque Dorcas, Remus et Elizabeth s'étaient "accidentellement" retrouvés à la bibliothèque en même temps.

Enfin, Remus et Elizabeth s'étaient rendus à la bibliothèque pour lire, réviser et radoter, comme ils aimaient et avaient l'habitude de faire, et Dorcas les y avait trouvé "par hasard", et leur avait demandé de l'aide sur un sortilège de première année qu'elle méprisait parfaitement. Par la suite, sous les supplications d'Elizabeth (mais même sans les supplier, ils l'auraient probablement suivie : elle avait une aura directrice contre laquelle très peu pouvaient se battre), ils s'étaient introduits dans les serres pour observer les plantes -et voler un échantillon d'engrais pour mandragore qu'Elizabeth essayait, depuis, de répliquer pour en envoyer à sa grand-mère.

Parce que, lorsqu'elle avait du temps libre, seule (ce qui était très rarement), Elizabeth n'essayait pas -même si elle savait qu'elle devrait- de parler à Erwin. Non, elle préférait écrire dans ses carnets, ainsi que donner des nouvelles à sa grand-mère. Elizabeth n'écrivait que rarement à ses parents, quand c'était nécessaire. Elle savait qu'ils n'étaient pas vraiment amoureux de l'idée de la magie puisque, dès lors qu'elle était chez eux, toute mention de la magie était accompagnée d'une grimace réprobatrice de ses parents. Elizabeth ne pouvait donc être elle tout entière, magie inclue, chez sa grand-mère, cette même grand-mère à qui elle écrivait dès qu'elle pouvait, et qui avalait les paroles de sa petite-fille lorsqu'elle lui rendait, même si ce n'était qu'une répétition de ce qu'elle écrivait dans ses lettres.

Tout cela pour dire que, même si elle passait bien moins de temps seule qu'auparavant, les moments qu'elle avait passé avec ses amis la comblaient de bonheur.

Malgré tout, ce fut un lundi matin qu'Elizabeth envisagea de tuer l'un d'entre eux. Il devait être cinq heure du matin tout-au-plus quand James Potter la réveilla en faisant un vacarme insupportable dans les escaliers devant sa chambre.

Contrairement à d'habitude, Elizabeth commençait plus tard, ce jour là, et elle s'était réjouie en se disant qu'il était enfin temps pour elle de rattraper le temps de sommeil qu'elle avait perdu. Bien sûr, il fallait qu'un idiot de première classe ne défasse ses plans.

James secouait Elizabeth comme on secouait une maracas. Placé parallèlement au lit, il était penché au dessus du visage d'Elizabeth, tandis que ses mains étaient sur ses épaules. Elizabeth garda d'abord les yeux fermés, imaginant qu'il partirait si elle ne semblait pas réveillée, mais ce fut pire : il la tira contre lui avant de la repousser vers le lit, où son corps touchait le matelas. Bientôt, ses cheveux courts et en désordre devinrent électriques, et s'accrochèrent à son oreiller à la manière de tentacules. Bien que pleinement réveillée, elle ne fit rien pour en avertir James jusqu'à ce qu'il l'ait secouée pendant vingt bonnes secondes, trop fatiguée pour faire un mouvement.

"Potter.", grogna-t-elle d'une voix basse et rauque. Cet unique mot fut assez pour que James s'arrête d'un coup, un grand sourire sur les lèvres, comme s'il était fier.

Elizabeth se frotta les yeux avant de les ouvrir, ne faisant pas attention au cil qui tomba sur sa joue. Il faisait noir, mais c'était normal étant donné l'heure. La seule source de lumière sans compter la lune était la baguette de James, coincée entre ses dents.

Elizabeth tendit sa main -se cognant d'abord contre la jambe de James- pour attraper ses lunettes, posées, comme d'habitude, sur sa table de nuit. Elle les enfila doucement, loin d'être prête à affronter l'arrogant James Potter dès le matin.

"Tu as intérêt à avoir une bonne raison de m'avoir réveillée-

-J'en ai une.

-Sinon je-

-Une menace?", demanda-t-il en faisant tourner sa baguette entre ses doigts. "Je deviens habitué. Ça fait quatre, et rien que ce matin.", chuchota-t-il en souriant légèrement. "Si ça peut te satisfaire, Bonnie m'a déjà puni. Ses coups de poing sont inoubliables.

-Bonnie... Bonnie Jones? Pourquoi-

-Pour la même raison que toi, Li.", répondit une voix assez grognonne. Réalisant que d'autres personnes étaient présentes dans sa chambre, Elizabeth remonta, par réflexe, sa couverture sur sa poitrine, même si celle-ci était déjà couverte par une chemise de nuit blanche. Plissant les yeux pour mieux voir, Elizabeth remarqua enfin la silhouette carrée de Bonnie, qui observait la pièce. "Je n'y crois pas. Vous avez une cheminée!

-Une cheminée?", rappliqua une autre voix, masculine cette fois, qui força Elizabeth à écarquiller les yeux. Bien vite, elle reconnut Junior Lacey, l'un des batteurs de Gryffondor. À sa droite, on pouvait voir son jumeau, Thomas, qui essayait de tirer son frère en dehors de la chambre, les joues en feu. Elizabeth commença à comprendre ce que James venait faire ici, et elle n'aimait pas ça. elle n'aimait pas ça du tout. "Salut El, bien dormi?

-Qu'est ce que-", fit-elle, confuse. Elle lança un regard désespéré à James, qui sourit innocemment. "Sortez de ma chambre!", finit-elle par ordonner, d'une voix bien plus aiguë qu'en temps normal.

"Par Merlin! Eli, Rem, allez discuter autre part.", grogna une Lily somnolente, la tête enfoncée dans son oreille comme si elle souhaitait disparaître.

Tout le monde se tourna d'un même geste vers Lily, avant de regarder Elizabeth avec des yeux grands ouverts tandis qu'elle se grattait le sourcil, gênée. Une grimace se peint sur le visage de James, preuve d'une intense réflexion. Elizabeth jugea préférable de parler pour briser sa réflexion. Elle n'avait pas besoin qu'il se fasse des illusions.

"Hum, ce n'est pas Remus, Lils.", dit-elle assez fort pour que son amie l'entende, mais pas assez fort pour réveiller les autres filles dans la pièce. Lily sembla l'entendre et, heureusement, ne sembla pas être plus intéressée que ça quant à qui était présent dans la pièce, car elle répondit seulement par un grognement avant de se retourner dans son lit, tirant rapidement sur les rideaux qui l'entourait pour couper la conversation. Elizabeth entendit les compagnons de Quidditch de James pouffer, tandis qu'ils lançaient de petits regards vers James, attendant patiemment sa réaction.

Elizabeth ne laissa pas à James le temps de réagir, bien sûr. En moins d'une seconde elle sauta hors de son lit pour passer son bras autour de celui de James et le tirer en dehors de la chambre. Elle toisa les autres membres de l'équipe présentes, et dont le niveau sonore des rires augmentait petit à petit. Encore un peu, et elle était persuadée qu'ils allaient réveiller tout le monde -élèves comme professeurs, et mêmes fantômes-.

"Gardez vos remarques désobligeantes pour plus tard.", chuchota Juliet Paul, plaquant la paume de sa main sur la bouche entrouverte de Thomas, le faisant devenir cramoisi. "On n'a pas le temps pour ça."

Elizabeth lui lança un regard gratifiant tout en lui souriant faiblement -mais c'était incertain quant à si Juliet avait aperçu le sourire d'Elizabeth ou non, sachant que le peu de lumière des baguettes allumées n'était probablement pas assez pour éclairer ses expressions-.

Durant le peu de séances d'entrainement auxquelles elle avait assisté, Elizabeth avait fait connaissance avec à peu près tout le monde, et avait même réussi à tisser certains liens avec eux. Malgré tout, Juliet avait toujours été, d'après Elizabeth, la personne la plus dure à lire parmi eux. Il fallait dire que, même si elles avaient beau être dans la même année, le fait que leur dortoir soit différent avait fait qu'elles n'avaient jamais vraiment pris la peine de faire connaissance.

Dans un sens, elles avaient donc tout vécu ensemble. Elles avaient suivi les mêmes cours, traversé les mêmes couloirs en même temps, partagé la même table dans la Grande Salle. Pourtant elles étaient presque inconnues l'une à l'autre.

Jamais les deux filles n'avaient trouvé quelque chose à se dire. C'était pourquoi même Lucienne Gore, la troisième poursuiveuse de Gryffondor -qu'Elizabeth n'avait rencontrée que lors de la dernière séance à laquelle elle s'était rendue : à chaque fois que l'une allait aux entraînements, l'autre n'y allait pas-, était plus proche d'Elizabeth qu'Elizabeth ne l'était de Juliet.

Lucienne était une personne discrète, si discrète que même en étant célèbre de par son rôle dans l'équipe de Quidditch, elle ne se faisait que très peu remarquer dans les couloirs de Poudlard.

Malgré tout, à peine Elizabeth s'était-elle présentée à Lucienne que cette dernière était parvenue à lancer une discussion, insistant sur le fait qu'Elizabeth lui rappelait quelqu'un. Bien vite, la discussion s'était tournée sur Clarence Page, le garçon qui remplaçait officiellement Théodore au poste d'attrapeur. Il s'était par la suite ajouté à la discussion, appelant Elizabeth "l'attrapeuse de substitution" pour l'embêter. James était bien vite arrivé pour couper leur conversation, les pressant pour venir commencer l'entrainement.

"Tu l'as dit!", renchérit Bonnie. Sa voix, plus élevée que celle de tous les autres personnes présentes dans la pièce, fit sursauter Elizabeth, attirant sur elle le regard surpris et amusé de James.

James, comme les anciens membres de l'équipe, avait l'habitude de l'attitude de Bonnie, et il devait avouer que, à chaque fois qu'une nouvelle personne rejoignait l'équipe de Quidditch, il aimait s'amuser à les observer s'habituer à la bête féroce qu'était Bonnie. Jusque là, il trouvait qu'Elizabeth s'en sortait assez bien.

"Allez hop, James ne nous a pas réveillés pour rien! Au boulot!"

Après un petit rire, Elizabeth décrocha finalement son bras de celui de James -qui ne remarqua qu'à ce moment précis que la chaleur habituelle de son corps avait été remplacée par le froid habituel qu'emportait Elizabeth avec elle, juste au niveau de son biceps-. Elizabeth décala Bonnie en dehors de sa chambre et, bien vite, l'équipe de Quidditch descendait les escaliers menant aux dortoirs des filles dans un calme subjectif.


Elizabeth aimait se lever assez tôt, en général. Enfin, plutôt, elle n'aimait pas tellement se lever tard : se lever à dix heure du matin maximum était un must; peu importait l'heure à laquelle elle s'était endormie la veille -du moins, si elle avait dormi-. Cette manie qu'elle avait de se lever tôt était, certes, très avantageuse lorsqu'elle avait cours. Pendant les week-ends, jours de congés ou même les vacances, c'était une autre histoire, puisque la fatigue qu'elle ressentait lorsqu'elle sortait, ou même lorsqu'elle parlait avec des amis du coucher du soleil à son retour dans le ciel, était alors inouïe.

Malgré tout, même Elizabeth savait que cinq heure du matin était bien trop tôt, surtout quand on savait le peu de temps qu'elle passait à dormir ET le fait qu'elle avait cours quatre heures plus tard. C'était pourquoi Elizabeth était dans un état des plus étranges, parcourant Poudlard avec ses amis joueurs de Quidditch. Les escaliers qu'elle descendait lui paraissaient bouger plus que d'ordinaire, si bien qu'elle avait dû se rattraper mainte et mainte fois à ses coéquipiers pour ne pas tomber. La moitié d'entre eux semblait s'être remis de leur réveil -ceux habitués à avoir James en tant que capitaine, sûrement-. Clarence Page, par exemple, était dans le même était qu'Elizabeth, si bien qu'il s'accrochait presque à elle, le visage blanc comme un linge.

"Évite de me vomir dessus, Clarence.", lui requerra-t-elle, lui tapotant le dos. C'était très hypocrite de sa part de lui demander ça, surtout sachant qu'elle était dans le même état que lui.

"Arrête, je sais que ça te ferait plaisir.", rigola-t-il avant d'avaler difficilement sa salive. "Ça te donnerait enfin la possibilité de me voler ma place dans l'équipe.

-Crois le ou non, c'est la dernière chose que je souhaite.", soupira-t-elle, posant sa main sur l'épaule de James pour éviter de tomber.

"Je sais, je sais. Pas la peine de me cracher ta réussite à la figure.", fit-il en levant les yeux au ciel, avant de lui tapoter le dos. "Je rigole. Je suis déjà content d'être dans l'équipe. C'est.... fun.

-Je ne peux pas être d'accord avec toi sur ce coup là.", murmura-t-elle, le faisant pouffer.

"Arrêtez de discuter, vous allez réveiller tout le château!", les gronda James en se retournant vers eux, les sourcils froncés tandis que ses mains se posaient sur ses hanches. Au même moment, Bonnie poussa un grand cri en courant vers la sortie menant au stade, laissant l'air frais la frapper en pleine face. Elizabeth ne put s'empêcher d'éclater de rire. Peut-être être de bonne humeur allait être plus facile que prévu, surtout si elle était entourée de personnes pareilles.

Cependant, un sourire bien plus grand naquit bientôt sur les lèvres d'Elizabeth, et ce ne fut pas graphe à ses coéquipiers, cette fois. Non, maintenant qu'elle était dehors, elle pouvait observer le ciel, et ô combien il était beau en ce doux matin d'automne. Il brillait d'un rose fuchsia qui illuminait le visage de tous d'une jolie couleur. Quelques nuages blancs, discrets comme des fées, se prélassaient dans les airs. En d'autres circonstances, Elizabeth aurait insisté pour s'allonger sur le sol humide de rosée, quitte à en mouiller son pyjama, et l'observer jusqu'à ce qu'il perde cette couleur inoubliable pour s'habiller de son bleu bébé.

Il ne fallut qu'une minute pour que James ne tire Elizabeth de sa rêverie, tirant la manche de la chemise de nuit d'Elizabeth pour détourner son attention de ce spectacle de la nature.

Sous cette nouvelle lumière colorée, opposée aux tons sombres et bruns de Poudlard, qui semblaient attirer une ombre protectrice sur les élèves, Elizabeth put enfin voir le visage de James correctement. Ce fut avec surprise qu'elle remarqua qu'il n'avait pas menti, lorsqu'il avait déclaré avoir été frappé par Bonnie. Sur sa joue droite se formait un hématome bleu et, si il n'avait pas été protégé par ses lunettes, Elizabeth ne doutait pas qu'il aurait hérité d'un coquard à la place.

Un pouffement moqueur s'échappa des lèvres d'Elizabeth, un rire amical qui fit sourire James malgré lui -avant, bien entendu, qu'il ne pince les lèvres de part la douleur que lui infligeait sa blessure de guerre-. Elle approcha son pouce de bleu pour l'effleurer, d'abord. James s'empêcha de soupirer, la fraicheur de la peau dElizabeth soulageant sa douleur.

"Il me semblait qu'on ne frappait pas une personne avec des lunettes?

-À moi aussi.", grogna James avec une grimace, avant de reprendre un air davantage jovial. Il donna une pichenette de sa main gauche dans le pont des lunettes d'Elizabeth, la faisant sursauter légèrement sans qu'elle ne lâche pour autant la joue de son ami, et il répondit au tac-au-tac : "Tu devrais faire plus attention maintenant, aucun bigleux n'est à l'abri."

Elizabeth ricana et appuya sur le bleu de James, le faisant crier. Aussitôt, elle plaqua sa main sur la bouche de James pour étouffer son cri.

"Potter!", s'exclama-t-elle. "Tu vas réveiller tout le château!

-Tu veux mourir, c'est ça?

-Tu me menaces, maintenant?", s'offusqua-t-elle, posant dramatiquement sa main au dessus de sa poitrine en reculant d'un grand pas, rentrant dans le torse de Junior, placé derrière elle, qui faillit faire tomber tout ce qu'il tenait entre ses bras.

"Bien sûr que non! Remus me tuerait.", conclut James. Il fit une courte pause, avant de faire une moue enfantine : "D'ailleurs, qu'est ce que Lily Fleur voulait dire ce matin?"

Elizabeth fronça les sourcils, faisant mine de ne plus s'en souvenir. Elle porta sa main à son menton pour le gratter avant d'hausser les sourcils, posant une main sur ses hanches.

"Je ne vois pas ce que tu veux dire.

-Oh, allez Eli! Je suis peut-être -et je dis bien 'peut-être'- moins intelligent que vous autre, têtes d'ampoules, mais je ne suis pas simplet. Il vient souvent dans votre dortoir, eh?", il fit un clin d'oeil suggestif à Elizabeth tout en tirant étrangement. Elizabeth réagit tout de suite, posant sa main sur son visage pour le pousser en arrière, prenant soin de ne pas appuyer sur son bleu ou mettre ses doigts sur ses lunettes.

Elizabeth avait cru, au début de leur discussion, que James avait oublié ce que Lily avait dit, dans son état presque inconscient. Elle en avait été plutôt satisfaite, d'ailleurs. Cependant, malgré ses attentes, ce n'était pas le cas, et si James s'en souvenait, il y avait de grandes chances pour que l'équipe y pense aussi. Et, si elle pouvait facilement expliquer à une personne, l'un de ses amis proches, la vérité elle doutait pouvoir faire de même avec sept personnes sans faire une réunion.

"C'est mon meilleur ami, Potter. Bien sûr qu'il vient souvent dans notre dortoir.", rétorqua Elizabeth en fronçant les sourcils, rigolant presque.

"T'as une autre place de meilleur ami ouverte?", questionna-t-il en faisant un pas vers elle. Aussitôt, elle lui frappa l'arrière de la tête, tous deux éclatant de rire.

"Eli, café ou thé?", entendit-elle derrière elle, attirant son attention sur autre chose que James.

Elizabeth se retourna vers Junior, qui avait posé ce qu'il tenait jusqu'alors dans ses bras au sol.

Un quart d'heure plus tôt, James avait demandé si quelqu'un avait le courage d'aller chercher de la nourriture aux cuisines -sans quoi il l'aurait fait-, afin de manger ne serait-ce qu'un bout de pain avant de s'entrainer. 'On ne veut pas d'une autre situation E, n'est-ce pas?', avait-il rajouté plus bas, gagnant un coup de coude d'Elizabeth.

La fameuse "situation E", plus connue sous le nom de "code E", était une toute nouvelle invention de James. En effet, si on disait le nom du code dans son intégralité, ç'aurait été "code Elizabeth", faisant allusion à son petit incident lors des élections de Quidditch. Elizabeth détestait que ce nom soit utilisé. Tous les autres adoraient.

Enfin, après la demande de James, Junior et Clarence s'étaient tout de suite proposés, le premier en profitant pour clamer haut et fort qu'il connaissait bien deux trois elfes de maison, là bas. Il avait reçu, comme réponse, une claque derrière la tête de la part de son frère.

Junior et Clarence étaient désormais présents -enfin, ils l'étaient depuis cinq bonnes minutes, mais Elizabeth avait été tant obnubilée par sa conversation avec James qu'elle ne les avait pas réellement remarqués, et vice versa-. Et puis, il fallait dire qu'ils avaient été bien cachés par le reste de l'équipe, qui s'était jeté sur la nourriture comme des lions féroces.

Prêtant davantage attention aux autres autour d'elle, Elizabeth remarqua avec grande joie qu'elle n'était pas la seule à encore être en pyjama. Plus tôt, elle n'avait même pas eu le temps de se changer en tenue d'entrainement, ou encore en uniforme, si bien qu'elle avait quitté sa chambre dans sa petite robe de nuit blanche, presque transparente sous le soleil, donc un petit fil blanc pendait, preuve de la vieillesse du bout de tissu. Non, elle avait juste eu le temps d'attraper son uniforme avant de s'en aller.

Enfin, la seule personne qui n'était pas en pyjama était James, l'auteur de tout ce remue-ménage, et il s'avérait être d'ores et déjà vêtu de sa tenue d'entrainement. Ce n'était même plus surprenant : il était presque évident pour Elizabeth que James gardait sa tenue sur un cintre dans sa chambre, et non dans les vestiaires, là où tout le reste du monde laissait sa tenue. Après tout, James Potter était James Potter.

"Un café, s'il te plait.", sourit-elle en abandonnant James, se rapprochant du petit groupe qui s'était formé.

"À votre service, milady.", répondit-il avec un clin d'oeil provocateur. Elizabeth en fut surprise, si bien qu'elle pouffa discrètement.

"Wow, qui aurait cru? Junior Lahey est-

-Sexy?", finit-il innocemment en lui tendant sa tasse, commençant à la remplir. À côté de lui, Juliette et Thomas durent reculer et se cacher derrière leur main pour ricaner, recevant un regard noir de Junior.

"Arrogant, Junior, arrogant. On dirait bien que Potter a du soucis à se faire."

Cette fois, ce fut James lui-même qui se moqua, mais d'un petit rire sec qui dura moins de deux secondes. Entourant les épaules d'Elizabeth de son bras, et sans faire attention au soupire qui s'échappa des lèvres de son amie, il croisa ses jambes, créant une posture qui aurait été des plus confortables s'il avait été assis, mais qui semblait tout sauf normale debout.

"Pff, moi? Du soucis à me faire?", il recoiffa ses cheveux en arrière. "Im-po-ssible.

-Eh James!", James regarda Bonnie d'un air intéressé, sans pour autant perdre celui hautain qu'il avait emprunté. "T'as vu que Lily passait vachement de temps avec-

-Allez hop, mangez vite!", la coupa James en frappant dans ses mains, reprenant son sérieux. "Pas de temps à perdre ici!"

Suivant ses propres ordres, James se baissa pour attraper deux tranches de pain. Il les fourra rapidement d'un peu de tout, ne faisant que très peu attention à ce qu'il y mettait, avant de plaquer les tranches l'une contre l'autre et de mordre dans son sandwichs. Tous les membres de l'équipe se regardèrent avec un même regard dégoûté avant d'éclater d'un grand rire communicatif qui sembla ne pas pouvoir s'arrêter. James, perdu fronça les sourcils un instant, avant de regarder sa nourriture, comprenant quelle était la source de ce chaos, et d'arborer un petit sourire en coin. Il observa le visage heureux de chacun de ses coéquipiers, de ses amis, et repartit joyeusement à la dégustation de son petit-déjeuner.

De son côté, Elizabeth but en vitesse son café, retrouvant cette sensation de brûlure qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. Elle hésita avant de s'emparer de la dernière gaufre restante, se persuadant que cette journée était -et allait être- spéciale, et la fourra dans sa bouche, juste avant que James ne leur ordonne d'aller se changer, faisant tomber d'un niveau la bonne humeur qui s'était installée. Il dut même pousser la plupart d'entre eux jusqu'aux vestiaires, gagnant un geste des plus impolis de la part d'Elizabeth, des insultes encore pires de Bonnie, un coup de pancake de Junior, et même Lucienne s'y était mise, lui lançant quelques bouts de pain.


Étrangement, il fut plus simple pour Elizabeth d'enfiler sa tenue de Quidditch qu'il ne l'avait été de sortir de son lit douillet. Le café devait sûrement faire son effet! Enfin, elle ne s'en plaignit pas, et profita de son état presque dynamique pour parler avec ses coéquipières, qui enfilaient leur dernière couche de vêtements. Elles semblaient toutes s'être faites à la presque arrivée d'Elizabeth dans l'équipe -plus, d'ailleurs, que la concernée, qui ne comprenait toujours pas tout-, et la traitaient malgré tout comme l'une des leurs.

Ce fut d'une humeur des plus légères qu'Elizabeth sortit finalement des vestiaires, sa pâleur matinale presque totalement effacée de son visage pour donner place à un porcelaine rosé, parfaitement hétérogène avec la rougeur de ses joues. Presque sautillante, elle se tâta d'aller à la réserve de balais, mais un bras se posa sur le sien, l'empêchant de l'ouvrir. Elizabeth se retourna, interloquée, pour croiser le regard amusé et malicieux de James. Son bleu, auparavant bien voyant, semblait disparaitre peu à peu, preuve que la crème ramenée par Clarence marchait.

"Pas de balais pour aujourd'hui, Eli.

-Comment veux-tu faire du Quidditch sans balais, Potter?

-Qui t'as dit que nous allions faire du Quidditch?"

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