𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘝𝘐𝘕𝘎𝘛-𝘊𝘐𝘕𝘘 - une pression sur la poitrine
"Qu'est ce que ça veut dire?"
ELIZABETH relut encore, encore, encore et encore les deux petits mots écrits sur ce bout de parchemin insignifiant, comme si c'était une blague. Elle s'attendait presque à voir ses amis surgir autour d'elle, rigolant comme des fous et lui cognant l'épaule ou secouant ses cheveux, se moquant de ô combien elle avait eu peur. Mais le visage sérieux et paniqué d'Erwin montrait que c'était tout sauf une blague.
Sa question était sortie de sa bouche sans qu'elle ne puisse se contrôler. Plutôt, cette question qui avait rempli son esprit était sortie toute seule, trouvant son chemin jusqu'à sa bouche, sans quoi elle ne l'aurait jamais dite. Elle ne l'aurait jamais dite, surtout, si elle avait su quelle aurait été la réaction d'Erwin. Il semblait être au bord des larmes, sa panique s'étant décuplée en comprenant qu'Elizabeth non plus n'avait aucune idée de ce que signifiait ce qui était écrit sur ce papier. Et Elizabeth semblait capter les émotions d'Erwin, puisqu'elle ressentait dorénavant la même chose sans vraiment savoir pourquoi.
Les yeux d'Elizabeth ne se détachèrent toujours pas du parchemin, tandis qu'elle demanda une nouvelle fois, d'une voix tremblante qui ne semblait pas être la sienne, les mots se frayant encore une fois un chemin jusqu'à sa bouche :
"Erwin, dis moi ce que ça veut dire?
-Je ne sais pas!", fit-il en haussant ses épaules, avant de placer ses deux mains dans ses cheveux pour se les triturer. Il attendit quelques secondes, avant de soupirer et de déclarer. "J'espérais que tu puisses me l'expliquer. C'est ton nom qui est écrit, après tout."
Elizabeth Luck. L'écriture sur le papier était presque illisible, et toutes les lettres étaient en majuscules, et Elizabeth remarqua que c'était bel et bien écrit de la même manière que les élèves écrivaient en classe, lorsque le professeur dictait le cours bien trop vite. Elle remarqua aussi que l'ancre était d'un noir corbeau. En vérité, Elizabeth essaya de remarquer tout ce qui pouvait l'aider à comprendre pourquoi son nom était écrit sur ce bout de papier, se concentrant sur les moindres détails. Peut-être était-ce, aussi, un moyen de contrôler le frisson de peur qui grandissait en elle.
Elizabeth, sans réfléchir sortit rapidement sa baguette, inspira un long coup, et la posa sur le bout du parchemin avant de murmurer :
"Revelio."
Rien.
"C'est la première chose que j'ai essayé de faire moi aussi.", expliqua-t-il en la voyant froncer les sourcils face au manque de réaction du papier. Il avait l'air d'être en proie à une immense déception : il avait espéré, du moins pendant un instant, que, même si son sort à lui n'avait pas marché, celui d'Elizabeth marcherait. Il avait espéré que le mystère qui le rongeait allait enfin prendre fin, et qu'il allait pouvoir finir l'année dont il n'avait pas vu passer le début tranquillement. Il se trouvait idiot d'avoir ne serait-ce qu'imaginé cela, dorénavant.
Elizabeth, elle, tentait d'effacer sa peur en se concentrant sur la source du problème. Et ça semblait marcher puisque, bientôt, sa peur n'était plus qu'une boule dans sa gorge.
"Où l'as-tu trouvé?
-Dans mon dortoir, dans la protection de mon oreiller.", répondit-il véridiquement, fermant un oeil pour se rappeler de la scène exacte. Il savait qu'ils auraient besoin de tous les détails possibles pour comprendre, même s'ils n'avaient aucun sens pour le moment. "Ça... ça a fait du bruit quand j'ai voulu changer de position et j'ai juste-... Tu ne vois vraiment pas ce que ça pourrait être?"
Non, elle n'en savait rien, et la simple idée d'être dépourvue d'indice la faisait de nouveau paniquer.
Elizabeth avait pensé avoir trouvé un poil de stabilité, au début de cette nouvelle année scolaire. Elle s'était fait de nouveaux amis, réussissait à suivre les cours, et avait reçu, jusque là, d'assez bonnes notes dont elle pouvait être fière. Elle avait presque réussi à placer son incident dans le couloir inconnu des sous-sols dans un coin de sa tête, et, si la disparition de Peeves la dérangeait atrocement, Nick-quasi-sans-tête avait tendance à toujours être présent au moment où elle avait besoin d'être rassurée, disant que Dumbledore travaillait sur le problème. Plus personne ne l'appelait Flocon, sauf parfois James et Sirius, occasionnellement, mais elle savait que ce n'était en rien pour l'insulter, et plutôt pour minimiser la situation. Bien sûr, elle se réveillant encore et toujours en sursaut dans la nuit, mais elle avait trouvé un certain réconfort à s'assoir devant sa fenêtre pour regarder la cabane d'Hagrid, où les lumières dansaient sans cesse, peu importe l'heure, ou même en lisant son fameux livre tout en prenant des notes.
Cependant, elle avait l'impression que tout s'écroulait petit à petit. Et si Dumbledore n'arrivait jamais à retrouver Peeves? Et si le couloir qu'elle avait trouvé avait quelque chose à voir avec tout le chahut qu'elle vivait? Et si tout était lié, qu'elle ne le savait pas encore, et que le temps qu'elle prenait à lier toutes les pistes mettaient Peeves -ou la mettaient elle- en danger?
Elizabeth n'osait dire à Erwin qu'elle ne savait pas, qu'elle ne voulait et ne pouvait pas l'aider, et qu'il ferait mieux d'aller demander l'aide à un professeur. Elle n'osait pas parce qu'elle savait que jamais il n'aurait la détermination de le faire, et continuerait de se morfondre sur lui-même en se posant encore et encore les mêmes questions, jusqu'à en devenir fou. Elle pouvait discerner, au fond de lui, la honte qu'il avait d'être tant perdu et impuissant.
Elizabeth n'avait nulle envie de briser la petite routine qu'elle s'était formée. Elle ne voulait pas recommencer à paniquer à chaque fis que quelqu'un criait, confondant un éclat de rire avec un cri de peur. Elle ne voulait pas recommencer à ouvrir grand les oreilles quand elle entendait des élèves chuchoter tout bas dans les couloirs, espérant qu'ils parlaient d'une des nombreuses bêtises que Peeves préparait. Et pourtant...
"Ne t'inquiète pas, Erwin. Je vais m'en occuper."
Et pourtant, elle se sentait obligée de l'aider. Après tout, c'était bel et bien son nom qui était écrit sur ce bout de parchemin.
Erwin leva les yeux vers elle avec un espoir nouveau, essayant d'ignorer l'éclat de fatigue intense qui brillait dans les yeux d'Elizabeth, juste à côté d'une touche d'abattement qui semblait s'y être inscrite indéfiniment. Alors, il se souvint de ces nuits passées sans sommeil que lui-même avait vécues, tentant de chercher dans les étoiles des réponses quand la question n'était même pas encore formulée. Il se souvint du temps qu'il avait passé à se renseigner sur Elizabeth pour comprendre pourquoi elle, de tout ce qu'il avait appris sur elle sans qu'elle ne le sache. Il se souvint de l'étude des expressions de son visage rougi par le froid, de sa démarche, de sa façon de parler; enfin, de tout ce qui aurait pu expliquer ce qu'il avait trouvé.
Erwin avait hâte de briser sa routine. Il avait hâte de pouvoir reparler avec ses amis, avec sa soeur, sans qu'un coin de sa tête ne cesse de clignoter en rouge. Il avait hâte de ne plus chercher du coin de l'oeil la silhouette reconnaissable d'Elizabeth dans les couloirs, espérant qu'elle soit l'étoile lui amenant les réponses.
"On.", commença-t-il, presque contre son gré. Il avala difficilement sa salive. "On va s'en occuper."
Et pourtant, il se sentait obligé de l'aider. Après tout, il était bel et bien celui qui avait trouvé ce stupide bout de parchemin.
Les sourcils d'Elizabeth se froncèrent un instant tandis qu'elle regardait Erwin, avant qu'elle ne baisse les yeux et ne sourisse malgré elle, soulagée. Il retourna le sourire, même si elle n'était pas en état de le voir. Il sentait une partie du poids sur sa poitrine s'en aller (se posant sur la poitrine d'Elizabeth), et si tout n'était pas parti, au moins, il n'était plus tout seul. C'était déjà un point important.
Quand Elizabeth redressa la tête, remonta ses lunettes sur son nez, elle inspira et demanda :
"Est-ce que d'autres... choses étranges te sont arrivées récemment?"
Erwin hésita, se mordant légèrement la lèvre inférieure. Il se demandait ardemment s'il devait faire confiance à Elizabeth si tôt, s'il devait s'ouvrir à elle. Il ne lui avait parlé auparavant que peu de fois. En faite, ce jour-ci, c'était probablement la première fois qu'il avait une discussion seule à seul avec elle. Et puis, il jeta un petit regard en biais au bout de parchemin qui jonchait entre les doigts délicats d'Elizabeth avant de prendre sa décision.
"Oui.", Elizabeth dû se retenir pour ne pas soupirer d'accablement. "Tu vois, le soir où je suis arrivé dans la Grande Salle au milieu du repas?"
Elizabeth frotta son nez en réfléchissant profondément. Non, elle ne se souvenait de rien de tel, rien qui avait laissé une marque dans son esprit. Ses yeux bleus rencontrèrent ceux bruns d'Erwin, et elle secoua la tête en haussant les épaules.
"C'était il y a quelque sem-", il claqua des doigts, semblant se souvenir de quelque chose. "Normal que tu n'aies pas été là, c'était le soir de l'incident de ton dortoir, il me semble.", Elizabeth hocha la tête, lui indiquant de continuer. "Si je me souviens bien-", bien-sûr qu'il se souvenait bien, il n'avait de cesse de se remémorer de cette journée pour tenter de comprendre. "-je m'étais réveillé quelques heures peut-être avant l'heure du dîner, quand il faisait encore jour. Je me souviens avoir vu des tas et des tas d'arbres autour de moi, mais il m'a fallu entendre un grognement animal pour me rendre compte que j'étais dans la forêt interdite.
-La forêt interdite?", s'étonna Elizabeth. Elizabeth avait beau s'être rendue plusieurs fois dans la forêt interdite, elle savait les dangers qui y régnaient. Elle savait aussi à quel point ce serait dangereux d'y être tout en étant inconscient. Erwin hocha la tête pour confirmer.
"Oui. Avant la forêt, il me semblait avoir vu- le château, l'intérieur du château, mais je n'ai aucune idée d'où j'avais pu bien être. Enfin bref. J'étais dans la forêt interdite, sans ma baguette -je l'ai retrouvée plus tard sur ma table de nuit- et mes jambes me faisaient un mal de chien. Cependant, je me suis quand même levé, et ai commencé à courir, courir sans savoir où j'allais, jusqu'à ce que je distingue la cabane d'Hagrid. Le reste- le reste est assez sombre. Je sais juste que je suis rentré dans la Grande Salle au beau milieu du repas.
-Tu es sûr de ne pas avoir reconnu l'endroit où tu étais, dans Poudlard?", le questionna-t-elle, enregistrant toutes les informations peu à peu.
"Certain. Je ne suis même pas sûr que ce... morceau de mon histoire soit correct. Peut-être l'ai-je juste inventé?
-Et rien avant ça?", insista-t-elle, les yeux toujours dans ceux d'Erwin pour y chercher des réponses, sachant très bien, au fond d'elle, que c'était les mêmes réponses que lui cherchait.
"Nada. Juste du Poudlard Express.", il pinça les lèvres, se planant d'avant en arrière sur ses pieds.
Elizabeth tira sur la manche de son uniforme, les sourcils froncés, tandis que ses yeux étaient dorénavant bloqués sur le sol. Il fallut attendre plusieurs minutes avant qu'Erwin, ne supportant plus le silence, Erwin reprit la parole :
"Et toi? Je veux dire, c'est- c'est ton nom qui est écrit. Il t'est forcément arrivé quelque chose- n'importe quoi, non?"
Elizabeth n'osa pas regarder Erwin de nouveau dans les yeux, perdue dans ses pensées. Elle ne savait pas si elle devait être honnête, comme lui l'avait été, ou si elle devait garder ses pensées pour elle. Après tout, Peeves et le couloir étrange qu'elle avait vu ne pouvaient pas avoir de rapport avec l'histoire d'Erwin, si? Et même s'il y avait un rapport (comme Elizabeth, même si elle ne voulait pas se l'admettre, le pensait), tout raconter à Erwin ne le mettrait-il pas en danger? La dernière chose que voulait Elizabeth était de l'impliquer lui dans de nouveaux problèmes.
"Non. Il ne m'est rien arrivé.", elle redressa sa tête et, comme plus tôt, bloqua ses yeux dans ceux d'Erwin. Elle sourit légèrement en haussant les épaules. "Sauf si on compte mon intégration dans l'équipe de Quidditch, bien sûr."
Erwin hocha la tête, la croyant sur parole. Après tout, il ne pouvait pas faire autrement que de la croire. Bien vite, Erwin proposa d'aller chercher à manger dans la Grande Salle afin de manger dehors, histoire de réunir toutes les informations qu'ils avaient pendant le temps qu'il restait avant le début des cours, environ une bonne heure. Elizabeth accepta sans oser dire qu'elle avait déjà mangé, pensant véridiquement que, si elle le disait, Erwin proposerait d'aller parler directement tout en se laissant mourir de faim.
Le trajet débuta dans le silence, un silence qui ne semblait pas déranger Elizabeth mais qui frustrait Erwin, plus habitué au silence à force de vivre avec sa soeur. Rapidement il prit la parole, et s'ensuivit une longue discussion durant laquelle ils apprirent à mieux se connaître : ils ne pouvaient pas enquêter ensemble s'ils ne se savaient rien l'un sur l'autre.
La vérité était que, tout ce qu'Elizabeth raconta ou presque, Erwin l'avait d'ores et déjà appris lors de ses recherches sur elle. Il ne dit rien cependant, appréciant de les ré-apprendre de la bouche d'Elizabeth elle-même. Il apprit aussi d'autres choses, comme le fait qu'Elizabeth tenait beaucoup à ses amis -si elle ne l'avait pas dit directement, la façon dont elle parlait d'eux le montrait très bien-.
Tous furent surpris en voyant Erwin et Elizabeth discuter ensemble en entrant dans la Grande Salle, notamment parce que jamais ils n'avaient été vus ensemble auparavant. Il ne restait sur les grandes tables presque que des fruits malgré l'heure, montrant les préférences des élèves en matière de petit-déjeuner.
Après quelques pas dans la pièce, Elizabeth se retourna vers Erwin :
"J'y vais ou tu y vas?" demanda-t-elle, jetant un coup d'oeil aux tables de Serdaigle, la maison d'Erwin, où Rowan leur souriait, et Gryffondor, où tous les amis d'Elizabeth les fixaient.
Erwin se retint de lever les yeux au ciel en voyant l'air espérant de sa soeur. Il fallait dire que Rowan parlait souvent d'Elizabeth à son frère, même si elles n'étaient pas très proches, et Erwin ne pouvait qu'imaginer tous les scénarios qui pouvaient s'être créés dans la tête de sa soeur. Ô! Il savait déjà qu'elle était en train de fantasmer sur son début de relation avec Elizabeth! Alors, Erwin fit rapidement son choix, et montra d'un signe de tête la table des Gryffondors. Après tout, la dernière chose qu'il voulait était que sa soeur ne l'humilie devant une future amie.
Dès lors qu'elle avait fait un pas en avant, Elizabeth remarqua le visage d'Erwin changer drastiquement. Le garçon dont le sourire avait naquit durant leur longue discussion perdit son sourire tandis que ses sourcils s'affaissèrent, lui donnant un air introverti et sérieux, timide, même. Tout de suite, Elizabeth comprit que la simple idée d'être seul devant tout le monde terrifiait presque Erwin. Elle aurait pu lui proposer de l'accompagner, mais elle se doutait que l'idée d'être face à un tas de gens qu'il ne connaissait pas était encore pire.
"Tu peux m'attendre dehors, si tu veux. Je ne serai pas longue.", le rassura-t-elle en posant sa main sur son épaule. Erwin hocha la tête avec un petit sourire soulagé, et la salua de la main avant de sortir l'attendre derrière la porte.
Elizabeth leva la tête, ses yeux orientés vers ses amis, qui la fixaient tous étrangement. Elle ricana doucement, et s'approcha d'eux, pensant leur parler un petit peu en prenant de la nourriture. D'un pas léger, elle partit les rejoindre, remarquant que James, malgré ce qu'il lui avait dit plus tôt, n'était pas avec eux. Cependant, Sirius n'était pas avec eux non plus, ce qui indiqua à Elizabeth qu'ils étaient probablement ensemble, elle ne savait où dans le château.
"Salut Eli.", la salua Lily d'un sourire doux. Elle était en train de siroter une boisson dans un calme spectaculaire, aux antipodes de tout le reste du groupe qui paraissait surexcité. "Où es-tu partie, ce matin? Je pensais que Remus était venu te chercher, mais apparemment non.
-James a mis en place un entrainement matinal.", répondit Remus, la seconde personne la plus calme du groupe (seconde, car Remus n'était jamais entièrement calme). "C'est étonnant qu'il n'ait pas réveillé tout Poudlard en même temps, d'ailleurs.
-Oh, j'avais peur qu'il le fa-", commença à rigoler Elizabeth, avant de se faire couper par Dorcas qui s'était presque jetée en avant.
"C'est bien Erwin Shadows que j'ai vu rentrer avec toi?", la questionna-t-elle, un grand sourire malicieux sur les lèvres. Lily, la seule au courant de l'envie qu'avait le garçon d'adresser deux trois mots à Elizabeth, ne dit rien, prenant une nouvelle gorgée de sa boisson. "Je veux dire, le Erwin Shadows?
-Lui-même. Pourquoi?", Elizabeth répondit-elle nonchalamment en attrapant une tartine grillée. Elle se sentait bête de ne pas avoir préalablement demandé à Erwin ce qu'il voulait déjeuner, puisqu'elle n'avait alors aucune idée de ce qu'elle devait prendre. Alors, elle opta pour prendre un peu de tout, sûre et certaine quel garçon ne ferait pas la fine bouche et mangerait tout.
Dorcas regarda Elizabeth comme si sa question était bête, avant de jeter un regard vers Marlène qui n'avait, étonnamment, pas encore dit un mot, et bougeait les aliments dans son assiette sans pour autant les manger.
"Moi qui pensait que tu allais t'arrêter à Colin! Tu comptes détruire l'équipe de Serdaigle de l'intérieur, c'est ça?", blagua Dorcas, et Elizabeth leva les yeux au ciel, captant le second degré. Le bruit des couverts contre l'assiette de Marlène devint un poil plus bruyant. "Ça doit commencer à marcher, regarde à la table des Serdaigles."
Elizabeth obéit innocemment, rencontrant les yeux perçants de Colin. Pendant un instant, elle se sentit se perdre dedans, si bien qu'elle eut l'impression qu'une main s'était emparée de son coeur pour le serrer. Finalement, elle secoua légèrement la tête et le salua d'un coup de main. Il répondit rapidement avec un petit sourire avant de retourner parler avec ses amis.
"Ne raconte pas n'importe quoi.", fit calmement Remus. Elizabeth allait le remercier de raisonner Dorcas, mais il continua : "Elle ne compte pas détruire l'équipe de Serdaigle. Pas seulement, en tout cas. Ça ne m'étonnerait pas qu'elle commence à parler à Louis Volant, de Serpentard, ou même Marianne Bore de Poufsouffle!
-Je vous déteste.", conclut Elizabeth en enfournant une pomme dans sa bouche.
"T'inquiète pas Eli, je suis certain qu'ils rigolent.", la rassura amicalement Peter, lui tapotant le dos. Elizabeth le gratifia d'un sourire tout en lui ébouriffant les cheveux, le faisant grogner d'ennui (mais son ennui se transforma bien vite en joie, puisqu'il éclata bientôt de rire).
Mais, alors qu'Elizabeth attrapait un croissant, le bruit sec de couvert tombant sur une assiette retentit. Tous se tournèrent vers Marlène, qui regardait alors Elizabeth droit dans les yeux, comme si elles étaient seules au monde. Elizabeth avala difficilement sa salive, déjà anxieuse à l'idée de ce qu'allait bien pouvoir dire son amie.
"Non Peter, je ne pense pas qu'ils rigolent.", lâcha Marlène d,'un coup, sans même regarder son interlocuteur. Il était certain que les mots qu'elle venait de dire, même si d'apparence orientés à Peter, étaient en fait lancés à Elizabeth.
"Mar?", fit Lily d'une petite voix, comme pour tenter de la calmer, tandis qu'Elizabeth fronçait les sourcils. Elle sentit son rythme cardiaque s'accélérer sans vraiment comprendre pourquoi.
"Rien. Rien, c'est bon.", répondit Marlène d'un ton sec, retournant vers son assiette. Dorcas la regarda longuement, avant de se tourner de nouveau vers Elizabeth.
"Dis moi Eli, de quoi vous avez parlé avec Erwin?
-Je me posais la même question.", compléta innocemment Peter. "Je l'ai vu descendre il y a un petit bout de temps et directement se diriger vers le stade. Ça veut dire que vous avez fait tout le trajet ensemble, non?"
Elizabeth évita la question, ne sachant ce qu'elle pouvait répondre. La réponse évidente aurait été de dire qu'ils avaient parlé de l'une des seules choses qu'ils avaient en commun à sa connaissance, le Quidditch, mais la panique qui avait été mise au monde lors de l'explosion de Marlène avait totalement décontenancée Elizabeth.
"C'est exactement ce à quoi je pensais.", rajouta Remus, son oeil espiègle posé sur Elizabeth. "Dis, tu ne nous cacherais pas quelque chose, Eli?"
Elizabeth sourit maladroitement avant de tousser dans son poing, faisant presque tomber la totalité de ce qu'elle avait dans ses mains. Ses yeux divaguèrent sur Marlène, qui lui lançait de temps à autre des petits regards noirs, ne la faisant que se sentir encore plus mal.
Si, Elizabeth leur cachait quelque chose, et elle se demandait combien de temps allait passer avant de s'en rendre compte. Elle se demanda alors ce qu'elle allait bien pouvoir leur sortir. La vérité? Non, ça ne ferait que leur donner de nouveaux problèmes, et elle ne voulait pas les embêter avec ça. Elle se sentait piégée, forcée à mentir ou à omettre des détails pour ne pas déranger la vie tranquille de ses amis tout en surchargeant la sienne. Qu'allait-elle pouvoir bien faire? Elizabeth sentait sa cage thoracique rétrécir, enfermant ses poumons pour rétrécir son souffle. Sa gorge suivi le même mouvement, et, bientôt, elle passa sa main dessus pour tirer délicatement sur le col de son haut, comme si ça allait l'aider à se sentir mieux. Elle se sentait bête de penser à ça à ce moment précis, mais elle ne pouvait l'empêcher. Comme un carousel, cette idée de secret, mensonge, danger partait et revenait sans cesse, et ce aux pires moments.
Elizabeth laissa tomber le contenu de ses mains sur la table et, sans dire un mot, elle se retourna, prête à quitter la Grande salle en espérant que l'air lui reviendrait. Cependant, à peine avait-elle fait dos à ses amis que ses yeux se placèrent sur la table des Serpentards, ou plus précisément sur un des élèves, qui la regardait d'un regard demandant, la faisant se sentir à la fois inconfortable et jugée.
Jamais les yeux de Severus Rogue ne lui avaient paru si sombres, si intimidants. Elizabeth comprit tout de suite ce qu'il voulait : elle lui avait promis il y a un petit bout de temps déjà qu'elle allait tenter d'arranger les choses avec Lily, mais rien ne semblait avancer. Et pourtant, Elizabeth avait déjà parlé à Lily de la situation, et lui en parlait même assez souvent afin d'arranger les choses, et elle sentait qu'elle ne pouvait rien faire d'autre à part attendre, sauf que Severus ne semblait pas comprendre cela, et ça avait le don d'à la fois énerver mais aussi faire paniquer Elizabeth. Que pouvait-elle faire de plus? Pourquoi était-il attendu d'elle qu'elle résolve tout, et qu'elle finisse tout ce qu'elle avait commencé, ce en faisant tout correctement, parfaitement et rapidement?
En deux-en-trois mouvements, Elizabeth commença à se précipiter vers la porte de la Grande Salle, bien trop dépassée par tous les événements qui advenaient en même temps. Elle avait simplement envie d'être seule, toute seule, libre de faire tout ce qu'elle voulait, et que tous ses devoirs ne quittent définitivement son esprit.
Poussant la porte, elle tomba sur la silhouette calme d'Erwin. Bien vite, il s'inquiéta de son état mais, avant qu'il ne puisse dire un mot, elle bégaya :
"Désolé, je- j'ai oublié quelque chose en haut- dans mon dortoir. On parlera un autre jour?"
Elle n'attendit pas sa réponse et continua son chemin, se frottant le visage de ses deux mains.
Poudlard était vraiment un lieu incroyable. Par là, Elizabeth ne parlait pas de toute la magie qui y régnait, mais du fait que, plus on voulait arriver vite à un endroit tout en croisant le moins de monde possible, plus le contraire arrivait. En cinq minute, elle avait croisé trois de ses connaissances, avait eu une courte conversation avec l'une d'entre elles -Clément Scamender, avec qui elle aurait volontiers parlé si elle n'avait pas cette étrange pression sur sa poitrine, bien différente de celle qu'elle avait ressentie en croisant le regard de Colin-, et avait dû changer quatre fois de chemin à cause de ces fichus escaliers et de ces fichus élèves qui étaient toujours là où elle voulait aller.
Encore cinq minutes, et elle avait croisé six fois Nick-quasi-sans-tête, l'évitant à chaque fois. Cependant, au bout de la septième fois, il croisa son regard et se précipita vers elle.
"Elizabeth!
-Bonjour, sir.", fit-elle poliment en grattant son torse, juste au dessus de sa chemise d'uniforme. Un sourire fatigué se dressa sur ses lèvres. Elle savait déjà de quoi, de qui, il allait lui parler.
"Toujours pas de nouvelles de Peeves?
-Non, sir.
-Je commence à vraiment m'inquiéter, tu sais. Même le Baron Sanglant a commencé à le rechercher.", déclara simplement Nick, laissant Elizabeth à court d'air.
"Je m'inquiète aussi, sir, mais-
-C'est à se demander si on le reverra un jour!", blagua-t-il d'un air macabre. Elizabeth hocha rapidement la tête en pinçant les lèvres avant de partir sans rien dire, contournant le fantôme.
Le pas d'Elizabeth s'accéléra et, plus vite que prévu, elle se retrouva devant la porte de sa salle commune, fixant la Grosse Dame qui attendait un mot de passe dont Elizabeth ne pouvait même plus se rappeler. Par Merlin, elle devait se souvenir de tant de chose, elle n'avait pas besoin, en plus de tout ça, de se rappeler d'un stupide mot de passe! Elizabeth passa nerveusement sa main dans ses cheveux, son pied tapant sur le sol tandis qu'elle cherchait ce mot de passe qu'elle avait écrit dans un coin de sa tête à défaut de l'avoir écrit sur un papier -elle savait qu'elle aurait dû l'écrire sur un papier, ainsi, elle n'aurait pas eu à affronter ce genre de situation-.
Soudainement, la porte s'ouvrit devant elle, et si Elizabeth crut pendant un instant que la Grosse Dame, captant sa détresse, s'était ouverte, mais c'était trop lui demander. Non, de derrière la porte apparut le visage familier de James Potter, distrait à tripoter la cravate détachée autour de son cou. Quand il leva la tête pour voir qui lui bloquait le chemin, il sourit, d'abord, en voyant Elizabeth, avant de froncer les sourcils.
"Tu vas bien?"
Elizabeth le décala pour passer, faisant de grandes enjambées pour atteindre sa chambre plus vite, mais elle fut de nouveau arrêtée par une main attrapant la sienne.
"James, pas maintenant!", le gronda-t-elle, et il la lâcha automatiquement, étonné par le ton utilisé et le flocon qui se posa sur son nez, et sans faire attention au fait que, pour une fois, elle avait utilisé son prénom.
"Mais la dernière fois que-
-Je vais bien, d'accord?", fit-elle, un peu plus calmement. "J'ai juste besoin d'aller dans ma chambre."
James, même si réticent, finit par hocher la tête. La regardant monter les escaliers, il lui cria :
"Si t'as besoin d'aide, crie! Je serai en bas.", et il fit demi-tour pour aller s'assoir sur le canapé, vite rejoint par Sirius.
Elizabeth se sentit respirer pleinement lorsqu'elle mit un pied dans sa chambre, l'univers familier la réconfortant comme le ferait un pot de glace ou une étreinte. Elle se jeta sur son lit pour serrer son oreiller entre ses bras, la tête fourrée dedans, tentant de calmer les battements ardents de son coeur. Elle fit cogner ses pieds contre son lit en poussant un cri étouffé puis se tourna pour s'allonger sur le dos. Au même moment, une personne entra dans la pièce.
"Potter, j'ai dit que- oh, Dork."
Dorcas lui sourit presque timidement, et vint s'assoir à coté d'elle, au bord du lit. Elizabeth sentit son pouls se calmer encore un peu.
Les deux filles ne dirent rien pendant quelques minutes, Dorcas posant sa main dans les cheveux d'Elizabeth pour les lui tripoter, ne la faisant que plus se calmer.
"Tu sais que James et Sirius t'attendent en bas, n'est-ce pas?', finit par demander Dorcas avec un petit pouffement. Elizabeth sourit légèrement en secouant la tête, comme si elle n'en revenait pas. "Je leur ai dit qu'ils pouvaient partir, mais ils n'ont pas bougé.
-Incroyable.
-Pas vrai? On a bien fait de les accepter dans notre cercle d'amis.
-Dans notre duo d'amis, plutôt.", blagua Elizabeth, faisant pouffer Dorcas. "Trio, tout au plus.
-Meh. Remus ne passait pas tant de temps que ça avec nous.
-Je comprends pourquoi, maintenant.", affirma Elizabeth, avant de lancer un regard moqueur à Dorcas. "Et tu sais, je sais que t'as toujours été un peu jalouse de lui?
-Moi? Jamais!", s'esclaffa-t-elle. Elizabeth la fixa en haussant un sourcil. Dorcas leva les yeux au ciel avant de pincer le pouce et l'index pour ne laisser qu'un petit espace entre eux. "Qu'un tout petit peu, alors. Je savais que vous partagiez un secret, et je savais que j'en était exclue.", Elizabeth parut mal à l'aise.
"Oui, désolé pour ça.", aussitôt, Dorcas secoua les mains.
"Non non, ne t'inquiète pas. Je comprends, maintenant.", elle réfléchit un instant. "Mais si Remus apprend un autre de tes petits secrets avant moi, ça va barder."
Elizabeth rigola encore, mais moins, cette fois, une ombre d'air anxieux prenant place sur son visage. Dorcas le remarqua, et se tourna vers elle.
"Eli. Je sais que, ces temps-ci, tu n'es pas au meilleur de ta forme mentale.
-Tes cartes te l'ont dit?", tenta Elizabeth, gagnant une petite frappe sur le front.
"Ahah, très drôle.", fit-elle sans un sourire. "Enfin, j'espère que tu sais que, si t'as besoin de moi je suis là. Tu peux tout me dire. Ou ne me dire qu'une partie des choses. Ou ne rien me dire, mais-
-Erwin m'a demandé de l'aider pour quelque chose.", finit par lâcher Elizabeth en fermant les yeux et serrant les dents.
"Je ne voulais pas dire que tu pouvais me le dire là, maintenant-", ce fut au tour d'Elizabeth de la frapper en pouffant. Dorcas reprit bien vite son sérieux. "Et j'imagine que c'est quelque chose dont tu ne peux pas me parler, et qui est hyper important?
-Oui, et je ne sais pas encore.", avoua Elizabeth. Elle se sentait déjà un peu mieux, d'avoir dévoilé la surface de l'un de ses secrets. "Désolé, je ne peux vraiment vraiment pas t'en parler.
-Je comprends. Mais si t'as besoin d'aide-
-J'irai voir Remus.
-C'est la meilleure solution.", les deux femmes acquiescèrent d'un même geste avant d'éclater de rire. Dorcas se frotta le nez avant de sourire étrangement.
"Quoi?
-La meilleure chose, dans tout ça, c'est que tu peux passer un peu plus de temps avec Erwin!", Elizabeth tira la langue, mimant un air de dégout. "Oh allez, il n'est vraiment pas mal.
-Vrai, mais Marlène a déjà ses griffes sur lui, et jamais je ne lui volerais.", Elizabeth fit une pause, penseuse. "Tu penses qu'elle m'en veut?
-Oh tu sais, c'est Marlène. Elle s'est sentie mal dès que tu es sortie, et ça m'étonne qu'elle ne nous ait pas encore rejoint pour te parler et mettre les choses au clair. Mais je pense qu'elle va comprendre que tu ne veux rien avoir à faire avec Erwin.", Dorcas fit une pause. "Avec Colin par contre..."
Elizabeth la poussa légèrement en rigolant pour la faire oublier cette idée.
"Il n'est pas mal non plus.", déclara Dorcas après quelques secondes de reflexion. Elizabeth hocha la tête.
"Pas mal du tout même.", elle soupira en fronçant les sourcils. "Il a juste- cette chose qui le rend à couper le souffle, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce que c'est.
-Par Merlin, toi aussi tu as remarqué! Je pensais être la seule.
-Non, il est définitivement hors du commun.
-Peut-être que c'est parce qu'il est à moitié Vélane.
-Il est à moitié Vélane?", s'étonna Elizabeth en se redressant sur son lit, se posant sur ses coudes. Dorcas ferma les yeux en acquiesçant.
"Du côté de sa mère.
-Ça explique tout."
Les deux filles regardèrent divers endroits de la chambre, perdues dans leurs pensées, quand, soudain, Dorcas sortit :
"T'as aussi Sirius ou James-"
Elizabeth la fit taire en lui lançant son oreiller dessus.
[word count : 5390]
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top