23 - Le potager.

    — lacuna.
    (n.) A blank space, a missing part.

Pdv externe :

Quatre longues semaines s'étaient écoulées en ces temps d'automne. Le mois d'octobre commençait déjà, et dû à celà, les arbres autrefois verdoyants devenaient ternes et perdaient leurs feuilles. Pour ce qui était du côté personnel et non saisonnier, c'était une courbe constante amoureusement, mais exponentielle sur le point combatif.

Chaque soir c'était le banquet offert où vous jouiez les gourous des bêtes. Avec Dōma, c'était plus l'échange de gestes que de paroles qui comptait finalement. Peut-être parce que le bougre de démon ne s'exprime jamais vraiment sincèrement. Ce n'est pas faute d'avoir tenté, à faire des allusions romantiques pour lui faire cracher ces deux mots fatidiques. Mais plus le temps passait, plus l'espoir de les entendre se faisait petit. Une peur, au contraire, naissait et grandissait en toi. Une peur d'amour non réciproque. Dōma était à ta connaissance, doté d'une pierre à la place du cœur. Et peut-être que tu n'étais pas la personne qui lui redonnerait ses sentiments. Cette pensée te terrifiait, l'idée que c'en soit une autre et pas toi, ça t'était inconcevable.

- C'est ta fin matelot. Annonçais-tu au pourfendeur que tu affrontais.

À cinq dans une rivière, les pieds dans l'eau, les techniques s'enchaînaient. Dōma d'un côté contre deux tueurs de démons aguerris, et toi, séparée par un petit pont en bois, te trouvait de l'autre côté en duel.

Le garçon contre qui tu combattais retenait sa respiration, il ne voulait pas ingérer une goutte de ta brume gazeuse. Un nuage de fumée bordeaux rôdait entre vous deux, c'était magnifique pour les yeux. Et ce qui était plus beau encore, c'était l'attaque qui suivait. D'un mouvement des bras, une sorte de marionnette trois fois plus grande que toi apparaissait au dessus de ta tête, en train de flotter. Chaque geste que tu exécutais, la marionnette le reproduisait. C'était un splendide pouvoir sanguinaire que tu as eu la chance d'acquérir.

Ainsi donc, en deux coups le pauvre jeune homme tombait raide mort sur la rive.

- J'ai terminé ! Tu t'exclamais satisfaite de ton travail.

Tu allais te tourner vers Dōma pour voir où en était son combat, mais en réalité il l'avait déjà terminé, et il t'avait regardé achever le garçon.

- Ah ! Tu t'écriais en le voyant debout sur le pont à t'observer avec un mince sourire. Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un truc sur le visage ?

Le démon gardait son faible sourire, et tu décidais de le rejoindre étant donné qu'il ne t'offrait pas de réponse. Tes pas faisaient grincer le vieux bois du pont, et un vent froid soufflait.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu lui répétais, remarquant que la curiosité le démangeait, il voulait à tout prix te poser une question, tu en étais certaine.

- Est-ce que tu m'aimes ?

- Dans quel sens ?

- En amour (?).

Tu avais rarement vu son visage aussi terne et aussi vrai. Pour une fois, il paraissait sincère dans sa démarche, tu avais l'impression qu'il voulait réellement connaître ta réponse.
Tu soupirais.

- Ce serait mentir de dire non. Avouais-tu en détournant le regard. Pourquoi ?

- C'est comment la sensation ?

Une expression de désarroi s'emparait de ton visage, Dōma te surprenait de plus en plus avec ces questions inédites.

- Eeeuh... Ça dépend des gens déjà. Le ressenti de l'amour est différent pour chacun en réalité... Tu commençais en inspirant une grand bouchée d'air frais, pas vraiment préparée à cette conversation. Certains te diront que c'est indescriptible, ou que c'est quasiment impossible de savoir quand est-ce que tu ressens enfin ce sentiment d'amour. À mes yeux c'est très simple, quand on est amoureux, on ressent des choses qu'on ne ressent pas naturellement pour quelqu'un. Pour ma part, c'est une émotion profonde. Je pense tout le temps à cette personne, dès qu'elle est loin mon ventre se noue, je deviens jalouse à m'en torturer l'esprit, et j'ai ce sentiment de sérénité et de pure joie quand je suis avec elle. Et aussi, évidemment mon cœur bat plus vite en sa présence, sans oublier la sensation de manque qui est omniprésente quand on est amoureux.

- C'est précis.

- C'est normal puisque je suis amoureuse de toi.

Face à cette première déclaration, on pourrait penser que c'était un moment exceptionnel et romantique, alors qu'à l'inverse, c'était un moment pour le moins vide d'émotions. Autant toi que Dōma connaissaient l'amour que tu lui portais, ton aveu n'était guère une surprise. Quant aux chances de réciprocité, c'était déjà fichu. À cet instant de la nuit, tu savais parfaitement ce qu'allait être l'issu de la conversation, et ce ne serait certainement pas une déclaration de sa part.

- ... Le silence du démon aux yeux arc-en-ciel te retenait de poursuivre, après ta confession, c'était à lui et à lui seul de parler.

- ...

- Merci de ta réponse, maintenant rentrons, le soleil ne va pas tarder à se lever. Te disait Dōma fermement.

Tu lâchais un soupir et le suivais, retournant au domaine.

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Pdv interne :

- Hana ? Je demande en ouvrant la porte de sa chambre après avoir frappé, sans réponse.

En scrutant la pièce, je remarque qu'il n'y a personne. Cependant je décide de quand même entrer dans son dortoir. Je n'y suis jamais allée, et pour être honnête, ça m'intrigue un peu.

- C'est vide, venant d'elle je m'attendais à un peu plus de "fantaisie"... Je lâche, quelque peu déçue du manque de meubles et d'affaires.

Un futon, une table avec une chaise, une petite commode et c'est tout. Ayant visité d'autres chambres d'adeptes par ennui, je pouvais affirmer que celle-ci était définitivement une des plus minimalistes.

Et me penchant un peu plus sur la table, j'y vois une morceau de papier déplié. C'est une lettre, déjà ouverte et lue.

- Tant que j'y suis, ce serait bête de me gêner. Je dis et saisis la feuille.

Mes salutations Hana. Je suis plus que ravi de savoir que le déroulement de la formation du potager se déroule bien ! J'avais peur qu'en mettant des carottes dans la terre, le pauvre légume meurt étouffé, mais au final l'intégration de la carotte s'est apparemment bien passé ! Les patates sont prêtes à germer, nous pourrons bientôt profiter du potager. Prépare-toi à les accueillir.

Et n'oublie pas de ramasser des graines pour nos futurs plantations.

Aki.

En lisant cette lettre, mes sourcils se fronçaient. Je ne comprenais strictement rien à cette histoire de potager. Est-ce que Dōma a un potager même ? Et c'est qui Aki ?

J'avais beaucoup trop de questions, et pour le moment, aucune réponse.

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Je poste le chapitre suivant de suite !

~ Maë ♡ ~

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