chapitre 8

Érétria se réveille à cause d'un seau d'eau renversé sur sa tête. La jeune fille se redresse sous les rires des filles de son dortoir et elle fronce les sourcils, encore endormie. Sa poupée est sur son lit, découpée en morceaux et la brune regarde ses camarades.


— Ce n'est pas gentil, dit-elle, la pauvre, il va falloir que ...


Elle est interrompue par un coussin lui arrivant en pleine face et les autres partent en courant. La petite brune reste un moment immobile, le temps de totalement revenir à elle et elle se lève, prenant les morceaux de sa poupée dans les mains. Soupirant, elle descend jusqu'à la réserve afin de la donner à Miss Teigne qui aime bien les affaires abîmées.


— Tria?


La jeune fille se retourne et elle sourit en voyant Remus. Cependant, lui, il ne rit pas et la dévisage. Les cheveux de Tria sont en bataille, son pyjama est trempé, elle tremble et sa poupée est en morceaux dans ses mains. Fronçant les sourcils, il s'approche encore un peu.


— Qu'est-ce que tu fais dans cet état? Et ta poupée?


— Oh, ce n'est rien, dit-elle. Une petite blague des filles de mon dortoir.


— Mais tu vas prendre froid! s'exclame Remus. Et tu es pieds nus! Tria, il faut que tu ailles te changer, viens, et si jamais je tombe sur ces filles, je vais leur faire regretter de ...


Il se coupe en sentant la petite main de Tria glisser dans la sienne et il s'empourpre, devenant tout timide. Elle lui sourit et il la raccompagne à sa porte avant d'attendre devant. La jeune fille se change pour mettre son uniforme et elle se brosse les cheveux avant de ressortir.


— Voilà, dit-elle, merci monsieur Remus. Je vais aller donner ma poupée à Miss Teigne maintenant.


— Mais tu l'adores cette poupée!


— Elle est fichue, dit-elle. J'en rachèterai une autre. Elles m'en ont déjà cassé sept.


— QUOI? crie Remus avant de rougir, pardon, mais .. Tria! C'est du harcèlement ce qu'elles font, il faut que tu le dises au directeur et ...


Le garçon se pince les lèvres puis il prend la main de Tria avant de sortir de la salle commune et prend le chemin du bureau du directeur.


— Tu vas dire ce qui se passe, dit-il. Tu ne peux pas les laisser continuer à t'embêter, Tria.


— Mais je ne veux pas leur créer de problèmes, Monsieur Remus, dit-elle. Ce n'est pas grave, je rachèterai une poupée et ...


Remus s'arrête si brutalement que Tria est tirée en arrière et il la retourne avant de poser ses mains sur ses joues et il plante son regard dans le sien. Cette fois, il n'y a plus de timidité ni de bégaiement. Elle ouvre grand ses yeux et elle fait une moue triste comme si on la disputait.


— Arrête, dit Remus. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta petite tête, Tria, mais ça, ce qu'elles font, ce n'est pas correct alors tu vas tout dire au directeur, est-ce que c'est clair?


Tria hoche la tête et Remus s'en veut de lui avoir parlé comme ça parce qu'elle a l'air triste et il hésite à rajouter quelque chose, mais il ne dit rien et se racle la gorge avant de la relâcher. Elle le suit en silence et il frappe au bureau de Dumbledore.


— Hum..., professeur, dit-il doucement, je.. Érétria voudrait vous dire quelque chose.


La porte s'ouvre et Remus entre, suivi de Tria. Elle regarde autour d'elle et se précipite sur le petit phénix qu'elle caresse avec un large sourire. Le directeur les observe de son bureau et il tourne la tête vers la Gryffondor.


— Eh bien, dit-il, je vous écoute Mlle Jones.


— Les camarades de chambre de Tria la harcèlent, dit Remus sans attendre. Elles lui cassent ses affaires, elles lui font des blagues qui peuvent la rendre malade et.. et.. elle est embêtée constamment. Elle doit changer de dortoir.


— Mr Lupin, dit Dumbledore avec un sourire en coin, voilà qui est bien charitable de votre part que de vous soucier du bien-être de Mlle Jones. Je ne cautionne pas les actes malhonnêtes et je ferai en sorte que ces filles soient punies. Pour ce qui est du dortoir, si vous avez des copines avec qui vous voulez...


— Il y a Marlene, coupe Remus. Et Marie. Steviah est chez Serpentard, mais Marlene et Marie ont déjà proposé à Tria de venir dans leur dortoir.


Dumbledore a un regard amusé en observant le jeune homme qui semble parler à la place de Tria et son regard se pose sur la brune qui semble ne plus être parmi eux. Elle sourit au phénix qu'elle caresse et il se racle la gorge.


— Mlle Jones, dit-il, cela vous convient-il? De partager une chambre avec..


— Marlene et Marie, dit-elle, oui Monsieur le directeur, j'ai bien envie d'être dans leur chambre. Je les aime bien, elles sont gentilles.


— Très bien, dans ce cas, c'est chose faite, termine l'homme. Merci Monsieur Lupin pour votre prévenance.


Remus hoche la tête tandis que Tria dépose un baiser sur la tête du phénix puis elle suit Remus dans les escaliers. Le jeune homme se retourne alors vers la petite brune et il lui désigne le hall d'entrée.


— Va chercher une veste, Tria, dit-il. On va aller à Pré-au-Lard. Attends-moi dans le hall.


— Ah bon?


La brune n'obtient pas de réponse et elle remonte dans sa chambre pour prendre une cape. Remus ignore ses amis et se jette sous son lit afin de prendre une boîte et James saute sur son lit pour le regarder curieusement.


— C'est quoi l'urgence? demande James. T'as besoin d'argent?


La boîte ne contient pas énormément d'argent, juste les économies maigres de Remus et les garçons savent qu'il puise dedans pour les urgences. Il attrape tout et fourre les pièces dans son gilet avant de secouer la tête.


— Non, t'inquiète pas, répond Remus. Je ne peux pas aller à la bibliothèque, j'ai un truc à faire, à plus.


Tria est la première dans le hall, elle tourne sur elle-même avant de s'approcher d'une araignée et elle lui sourit. Remus la trouve en train de lui parler et il se retient de rire, il ne veut pas qu'elle pense qu'il se moque. Sans un mot de plus, il ouvre la porte du château et Tria sort.

L'air est froid et elle remet son écharpe, enfonçant son bonnet jusqu'à ses yeux et Remus a un petit sourire en la voyant ainsi. Tria marche en sautillant, ce qui lui permet de rester à hauteur de Remus et de ses grandes jambes. Passant son bras sous le sien, elle sourit avant de relever la tête vers lui.


— Je suis contente qu'on passe un moment ensemble, dit-elle. C'est gentil. Est-ce que ça veut dire qu'on est amis? J'ai dit à Steviah que je pensais qu'on était amis, mais je ne sais pas.


— Hum, oui, je suppose, répond Remus.


Le jeune homme se retient de lui dire qu'il veut plus, mais il ne veut pas la faire fuir, bien qu'il se doute qu'elle ne sache même pas ce que ça veut réellement dire d'aimer quelqu'un. Érétria accélère le pas en voyant le petit village et Remus cherche des yeux la boutique qu'il évite depuis toujours parce qu'elle le terrifie.

Il pousse un profond soupir avant d'ouvrir la porte et un frisson le parcourt alors que Tria fonce dans la boutique, aux anges. Elle a les yeux qui brillent et Remus sursaute quand la porte se referme. Tout est sombre et les étagères sont remplies de choses terrifiantes. Une femme surgit devant lui et il pousse un cri aigu avant de rougir.


— Bonjour Madame Irma, dit Tria. C'est Monsieur Remus, il a un peu peur des choses bizarres, mais il est gentil.


La femme observe Remus d'un regard perçant et le jeune homme ressent un frisson. Il a l'impression qu'elle pénètre son âme et il n'aime pas du tout ça. La vieille finit par se tourner vers Tria et lui sourit gentiment.


— Bonjour, ma petite Tria, dit-elle. C'est rare que tu m'apportes un de tes amis, je suis contente de voir que tu n'es pas seule.


— Oh, Monsieur Remus m'a emmenée ici, aujourd'hui, répond la brune. D'ailleurs, pourquoi tu as voulu venir dans la boutique de Mme Irma? Je croyais que tu n'aimais pas les choses différentes.


— Non ! Ce n'est pas que je n'aime pas les..., enfin je... La poupée, bafouille Remus. Tu as besoin d'une nouvelle... poupée.


— Encore ? Ne me dis pas que ces petites chipies t'ont encore cassé une poupée, Érétria, lâche la femme.


La jeune fille rougit doucement alors que la sorcière face à elle soupire longuement. Son regard se pose de nouveau sur Remus et il se racle la gorge, certain qu'elle réussit à sonder son âme. Elle est aussi terrifiante que sa boutique et heureusement, Tria lui attrape la main et entraîne Remus parmi les allées.


— Oh, regarde ! Elle est jolie celle-là, s'exclame la brune.


Tria attrape une poupée au teint verdâtre avec des boutons à la place des yeux. Une poupée de chiffon qui a une cicatrice sur la joue et ses cheveux semblent avoir reçu un coup de jus. Le jeune homme se recule lorsqu'elle lui colle au visage et il cherche une échappatoire.


— Je l'aime bien elle, dit Tria. Je vais la prendre. Merci Monsieur Remus de m'avoir emmenée là. C'est très gentil de ta part. Tu es un gentil garçon.


— Oh ben, c'est rien, murmure Remus.


Tria se met sur la pointe des pieds pour lui embrasser la joue et il écarquille les yeux en rougissant alors qu'elle s'éloigne vers la caisse. Elle pose la poupée sur le comptoir et la femme l'emballe avant que Remus pose l'argent et la petite brune fronce les sourcils.


— Qu'est-ce que tu achètes ? demande-t-elle.


— La poupée, répond Remus en rougissant. C'est... ben, j'ai de l'argent alors...


Mentir, ce n'est pas son fort, mais il ne veut pas que Tria achète encore une poupée et la femme l'observe, le mettant de nouveau mal à l'aise. Elle fixe ses cicatrices et il détourne les yeux, son cœur battant la chamade. Tria récupère la poupée et salue la vendeuse avant de se diriger vers la porte et Remus, qui s'apprête à la suivre, sursaute lorsque la femme lui attrape le poignet.


— Le monstre n'est pas loin, dit-elle lugubrement avant de le lâcher et de reprendre une voix normale. Tria est aussi innocente que peut l'être quelqu'un. Fais attention, jeune homme, car la pureté et l'innocence peuvent être vite détruites et changer une personne à tout jamais.


Remus frissonne, il ne sait pas comment, mais elle sait qui il est et il déglutit avec peine. Comment peut-elle savoir sa nature ? Le jeune homme veut prendre ses jambes à son cou, fuir le plus loin possible, mais il ne peut pas, pas quand il s'agit de Tria.


— Qu'est-ce que vous voulez dire? demande Remus, vous savez ce que je vais lui faire? Eh, attendez!


La femme disparaît derrière le rideau et Remus sent son cœur s'emballer. Il tourne les talons, quittant cet endroit sombre et il trouve Tria assise par terre, qui l'attend. Elle se relève avant de passer ses bras autour de sa taille et elle pose sa tête contre son torse, le serrant fort contre elle.


— Merci Monsieur Remus, dit-elle, j'adore ma poupée, je l'ai appelée Remusa, c'est Remus, mais en fille.


— Oh, euh je .. suis content qu'elle te plaise, répond le brun mal à l'aise.


En rentrant au château, Tria s'empresse d'aller à la rencontre de Marlene afin de lui apprendre la nouvelle et lui montrer sa poupée tandis que James apparaît derrière Remus et pose une main sur son épaule.


— Sérieusement ? dit-il, t'as utilisé tes économies pour lui acheter une poupée ?


— Elles lui ont cassé la sienne ! se défend Remus.


— Ouais, et toi t'avais besoin de cet argent pour acheter un nouveau pull, soupire James.


Remus le sait très bien, mais tant pis, le jeune homme préfère tomber malade d'un gros rhume et voir un sourire sur le visage de Tria plutôt que de savoir qu'elle souffre bien qu'elle ne le montre pas parce que Remus ne peut plus faire marche arrière. Remus Lupin est amoureux d'Érétria Jones, mais la mise ne garde de cette femme lui trotte dans la tête, que va-t-il faire à Tria?

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