꧁ Chapitre 2 ꧂

𝐌𝐮𝐬𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐞́𝐜𝐨𝐮𝐭𝐞́𝐞𝐬 :

- 𝐂𝐞𝐧𝐭𝐮𝐫𝐢𝐞𝐬 𝑑𝑒 𝐹𝑎𝑙𝑙 𝑂𝑢𝑡 𝐵𝑜𝑦
- 𝐓𝐡𝐞 𝐒𝐡𝐚𝐫𝐩𝐞𝐬𝐭 𝐏𝐚𝐫𝐚𝐝𝐞 𝑑𝑒 𝑀𝑦 𝐶ℎ𝑒𝑚𝑖𝑐𝑎𝑙 𝑅𝑜𝑚𝑎𝑛𝑐𝑒


<~•°☆°•~>

Le bruit des talons en cuir résonnait dans la ruelle. En rythme, comme si ce n'était qu'une entité qui avançait. Cela empêchait des potentiels ennemis de déterminer leur nombre. Le silence, lourd de méfiance, pesait sur l'épaule du petit groupe. Sur leur chemin, les rares passants détournaient les yeux, dès qu'ils voyaient la lanière noir autour de leurs cous. Cet accessoire était autant une couronne qu'une muselière. Il signifiait à la fois leur supériorité et leur soumission.

Soudain, un poignard siffla dans l'air. Naya hurla quand celui-ci lui écorcha l'épaule. C'était douloureux ! Elle porta la main à la plaie, alors que le reste de la fratrie dégainaient leurs katanas, plus rapidement que la foudre. Même Cassandra, qui tenait encore Talia, brandissait sa lame d'une main. Une voix brisa le silence menaçant :

《Trop lents.

De l'ombre, sortit un adulte aux yeux de sang et aux cheveux brun foncé. Son regard était venimeux et froid, comme si ses interlocuteurs n'étaient rien d'autre que des ennemis à abattre. Azélie lâcha son arme et s'enthousiasma :

- Papa !

Pourtant, elle ne se risqua pas à approcher. Son père roula des yeux, lui faisant baisser la tête.

Aussitôt, le seul garçon albinos cracha sans vergogne :

- Tu pourrais être plus gentil !

- Ta gueule Lyam.

L'intéressé lui jeta un regard haineux. Du haut de ses 5 ans, il avait déjà du répondant et haïssait déjà son géniteur.

- Sale chacal.

- Lyam !

L'aîné, au même cheveux que son paternel et aux yeux émeraudes de sa mère, attrapa son cadet par l'épaule. Il fronça les sourcils et siffla :

- Le respect c'est en option chez toi ?

- Et les couilles ? C'était payant à la naissance ?

- Ça expliquerait le fait que t'en ai que quand t'es avec nous.

Les deux frères se jaugèrent un moment. L'instant d'après, ils se jetaientaa à la gorge mutuellement, sans que personne, à part le couinement de Naya, ne les en empêche. Ils délaissèrent les longs katanas pour sortir des couteaux crantés. Si Ézéchiel, le plus âgé, était rapide, son frère était agile. Ils avaient la même taille, pourtant il faudrait un gagnant.

Ils se battirent un moment dans la boue, s'ouvrant la peau à plusieurs endroits, avant que Lyam ne plante sa lame dans l'épaule de son frère. Celui-ci riposta en la lui enfonçant dans le bras. Ils furent alors interrompus par le coup de pied de leur père.

L'adulte les toisait. Ézéchiel et Lyam se séparèrent alors que le dernier tenait son nez qui saignait, presque autant que son épaule.

- Vous faites parti du même camp. Ne l'oubliez jamais. Alors arrêter de vous foutre sur la gueule pour des conneries pareilles.

Lyam gardait le regard rivé sur les pavé alors que l'autre se relevait en s'époussetant.

- Morgan ? fit Cassandra, On devrait rentrer, non ? Talia va choper la crève.

- Vous avez accompli votre mission ?

- On est pas tes clébards ! pesta Lyam

- Non, vous êtes mes gosses, c'est pire.

Les deux regards sanglants s'échangèrent des éclairs avant que le petit ne baisse le sien. Il ne tenait pas à se faire battre. Pas encore. Son épaule le tiraillait.

Morgan reporta son attention sur Cassandra :

- Tu penses que Talia n'est pas assez forte pour résister à l'hiver ?

- Ce n'est qu'un bébé.

- Tous tes cadets ont été des bébés.

Il y eut un silence. Finalement l'adulte fit claquer sa langue :

- Elle passera la nuit dehors.

- Quoi ?!

La réponse de Cassandra avait croisé l'exclamation de Lyam mais aussi de sa jumelle Naya. Les trois dévisageaient leur père, sans y croire. Pourtant celui-ci se contenta d'hausser les épaules :

- Pour info, vous y êtes tous passés. 》

Il se remit soudain en route, les mains dans les poches, sifflotant. Les enfants hésitèrent un instant, mais cessèrent de protester. Qui pouvait dire ce dont ce père sans pitié et d'une violence terrible était capable ? Ézéchiel ouvrait la marche, en se tenant l'épaule. Les autres le suivirent bien vite, plus par habitude que par vraie envie.

Le petit groupe arriva bientôt dans un bar connu des Bas-Fonds entier : le Faucheur. L'enseigne, au F rouge et scintillant étaient identifiées comme le repère de la famille Fayard, qui habitaient juste au-dessus, mais aussi comme le QG des Sanglants, ce gang qui travaillait de temps en temps avec la mafia - jamais pour - mais qui traînaient le plus souvent dans des magouilles peu rassurantes et illégales. À la botte de Morgan Fayard, ils étaient les sujets des 6 enfants même si certains de leurs membres les traitaient aussi mal que leur père, ce que celui-ci cautionnait, voir encourageait.

Sauf que, soyons honnêtes, face à des gamins qui connaissent votre adresse, le noms de chacun de vos enfants et qui manie leurs poignards plus habilement que vous avec vos 3o ans d'expérience... Moyennement envie de mal leur parler.

Le père de famille entra dans sa grotte, où étaient attablés beaucoup de Sanglants, mais aussi quelques inconnus, mafieux ou habitants qui avaient besoin des services des mercenaires. Ses rejetons le suivaient comme la meute suivraient son alpha : têtes basses, silencieux. Morgan agita l'index dans un mouvement circulaire par dessus son épaule, signe que les petits avaient quartier libre. Cela leur remonta un peu le moral.

Azélie et Naya coururent vers l'arrière-boutique, probablement pour grimper dans leurs chambres et dessiner. Cassandra les suivit à pas plus mesurés. Elle devait habillés chaudement Talia pour lui éviter de mourir cette nuit...

Les deux garçons restèrent près de leur père par choix. Après tout, ils avaient tous les deux des chances d'hériter de la couronne. Ézéchiel était l'aîné, c'était vrai, mais il était timide et rechignait à commettre des actes immorales. Quand à son cadet, Lyam, il se battait à merveille, était futé et savait guider des troupes. Son seul défaut était d'être né deuxième. Il existait donc une véritable rivalité entre les deux enfants. Et cela se sentait dans les regards venimeux qu'ils échangeaient.

Mais attention, n'allez pas croire qu'ils n'étaient que les deux seuls prétendants au titre d'héritier. Cassandra n'était pas mal positionnée non plus. Elle avait du caractère, de bonnes aptitudes martiales, une grande capacité d'obéissance mais aussi une certaine éloquence et un grand charisme. On ne pouvait pas ignorer l'aura de prédateur qu'elle dégageait.

Ils étaient donc 3 sur 6 à vouloir hériter des titres de leurs pères. Sans compter tous les bras droits de celui-ci. Morgan leur avait déjà dit plusieurs fois : Quand viendrait le jour de sa mort, il leur faudrait éliminer les meilleurs éléments du gang en premier. Sinon, leur règne ne sera que de courte durée.

Morgan s'assit lourdement, en commandant un verre d'alcool dont ni Ézy ni Lily ne jugèrent utile de retenir le nom. Les deux enfants restèrent debout, ombres menaçantes et chiens de garde. En face de leur paternel, trois hommes aux profils caractéristiques. De gauche à droite on avait Jules, Evan et Anatole. Les trois "généraux" de Morgan. Les deux petits ne savaient pas comment il les avait rencontré et ne tenait pas plus que ça à le savoir, pourtant ces 3 hommes étaient... étonnants.

Le premier, Jules, était très agile et surtout très futé, à la manière d'un serpent venimeux. D'ailleurs il s'y connaissait en poison et fournissait les Sanglants en ce que les adultes appelait le V-J-DM. C'était une substance bleue ciel très, très toxique qui brûlait la chair de ses victimes... de l'intérieur.

Le deuxième, Evan, avait une force incomparable. Sa tête et ses poings lui suffisaient comme arme et ses os étaient plus solides qu'une barre en acier - Lyam pouvait témoigner quand il avait tenté de le balayer... Cet homme n'était pas des plus malins, mais il avait de quoi persuader ses interlocuteurs....

Enfin, le troisième, était Anatole. Celui-là était le pire de tous. Il était fourbe, vicieux et affreusement silencieux. Ses sens semblaient surdéveloppés et c'est presque s'il pouvait capter les mouvements de ses adversaires avant que ceux-ci ne les amorcent. Morgan le comparaît souvent à une musaraigne sans que personne ne trouve une vraie justification à cette comparaison.

Morgan commanda quatre verres d'un whiskey écossais que les deux plus jeunes ne connaissaient pas et demanda :

《 Bon, alors, de quoi vous causez ?

Les trois échangèrent un regard mal à l'aise. Jules se lança, hésitant :

- Peut-être que tes deux limiers devraient retournés à la niche... ?

Lyam se tendit. Il haïssait le surnom que lui et son frère avait gagné... Quand à Ézéchiel, il se contenta de baisser les yeux. Leur père attrapa son verre, qu'une jolie serveuse déposa avec soin et haussa les épaules :

- Je n'ai rien à leur cacher.

- Ah bon ? siffla Anatole en plissant les yeux, Tu en est vraiment sûr ? Je croyais pourtant que l'entièreté de leur éducation reposait sur une jolie cachoterie...

L'air fût soudain plein d'une tension palpable. Ézéchiel releva la tête fronça les sourcils, curieux, tandis que son frère en haussait un. Voilà quelque chose de bien intéressant... Malheureusement, ils n'eurent pas le temps d'en apprendre davantage, Morgan fusilla son homme de main du regard et grinça :

- La ferme.

Anatole se calma immédiatement, se renfonçant dans son siège avec un air sombre. Jules reprit la parole, pressé de détendre l'atmosphère. Il insista :

- Morgan, je ne penses pas qu'ils aient besoin d'entendre ce qu'on va dire. On aimerait te parler de la succession.

Le chef du quatuor n'eut qu'un moment d'hésitation, avant qu'il n'ordonne, sans même se retourner :

- Cassez-vous les mômes.

- Mais Père ! s'exclama Ézéchiel, C'est de notre avenir qu'il est question ! Je pense que-...

La gifle amena un silence totale dans le pub. La force du coup avait projeté la tête d'Ézy de côté et les larmes humidifiaient déjà ses yeux d'enfant. Il serra les poings, attendant le second coup. Pourtant, il ne vint jamais. Alors il ouvrit les yeux, etonné.

À quelques centimètres devant lui, Lyam tenait fermement le bras de son père. 5 ans et demi et un foutu caractère. Le cadet aux cheveux de neige persifla :

- Si j'étais toi, je ne recommencerais pas.

Ézéchiel eut un haut-le-cœur. Non ! En manquant de respect à son père de la sorte, Lyam s'exposait à une punition sévère. Morgan ne pouvait pas se laisser tenir en respect par un de ses fils...

Celui-ci échangea les prises, attrapant les mains du cadet et lui envoya son pied dans l'estomac, chassant l'air de ses poumons frêles. Lyam s'écrasa contre une table, dans un fracas de bois, alors que son aînée sentait les larmes de peur et de désespoir s'écouler de ses yeux vert-feuille-d'ortie. Il couina, suppliant, en voyant que son frère se relevait avec cette fichue lueur dans les yeux :

- Lyam, arrête !

Son cadet lui lança un regard carmin rempli de haine. Pourtant, il se força à baisser les yeux, avec un grognement peu volontaire.

Il tourna les talons sans un mot et Ézéchiel le suivit, sans oser croiser le regard de son père.

Le jeune enfant aux cheveux bruns passa le rideau de l'arrière-salle... et fut plaquer au mur. Lyam le tenait fermement par le col, même s'il faisait une tête de moins. Il avait un air mauvais. Ézéchiel lui attrapa les mains en toussant, surpris et étouffé. Son frère cracha :

- Arrête de le défendre la lopette !

- Ce n'est pas lui que je défends crétin, mais toi ! Il te réduirait en charpie !

- Menteur !

- Lâche-moi, abruti, tu me fais mal !

- Et tu vas faire quoi, chialer ?

- Lyam !

Les deux enfants jetèrent un regard par-dessus l'épaule du plus jeune. Une jeune femme aux longs cheveux blancs et aux yeux d'un doux verts se tenaient là. Immédiatement, les deux petits s'unirent dans leur haine à son égard :

- Lâche ton frère.

- Ouais, ouais, c'est bon.》

Il laissa Ézéchiel libre et se jeta dans l'escalier, bientôt suivit par son aîné. Ils n'étaient pas les seuls à détester leur mère... Une fois à l'étage Lyam et Ézéchiel coururent jusqu'à leur chambre. Toute la fratrie dormait ensemble. Les deux frères déroulèrent au milieu des lit superposés. Les 4 filles dessinaient en babillant. Azélie fût la première à les voir, elle fronça les sourcils quand Lyam s'immisça dans leur cercle. Il poussa le tapis sur lequel elle dessinait, malgré leurs cris de protestation et attrapa la latte en dessous. Il y avait un jeu entre elle et la suivante. Elle bougeait. Et, oh quel hasard ! C'était une des lattes, juste au dessus de la table de leur père !

Ils se glissèrent dans un silence stratégique, sans poser de questions, entre le sol de leur chambre et le plafond du pub, parmi les canalisations. Dans ce double-fond était caché un sac. Ézéchiel extirpa des verres du tissus et les tendit à chacun de ses frère et sœurs. Tour à tour, ils posèrent le verre sur le sol et leur oreille par-dessus. Ainsi, ils pouvaient entendre très distinctement ce qui se disait en bas, sans être vu.

Ce fût Evan qui prit la parole :

- ...prends pas. Pourquoi tu ne remets pas le pouvoir à Ézéchiel ? C'est l'aîné !

- Ézéchiel ? Ne te fouts pas de moi. Il est aussi fragile qu'un brindille.

- Quoi ? Mais... tu vantais ses exploits il y a deux jours !

- Je sais... Seulement... Ézy est trop sensible, malgré ses grandes capacités. Il... Il est doué, c'est certain. Mais... Je ne sais pas...

- Il faut lui briser le coeur, cingla Anatole

- Je sais. Quand ce sera fait, ce sera un monstre, une véritable machine à tuer... Mais je n'en ai pas le courage...

Il y eut un silence. Pas le courage ? Pourtant Morgan était l'homme le plus courageux et le plus violent de tout Néolus ! Les regards convergèrent vers le plus grands de la fratrie. Celui-ci était mal à l'aise.

- Et Cassandra ? fit Jules, Elle est éloquente et elle n'a pas froid aux yeux !

- Cassandra ? Non. Pas question. Cassandra... est ambitieuse, certes, mais... c'est une femme, et bien que ça me désole, elle aura du mal à se faire respecter. En plus, elle s'occupe trop de ses petites sœurs, pas assez d'elle-même...

- Hmmm... Mais... En grandissant, ça s'arrangera !

- Pas sûr, elle est déterminée à les protéger "toujours".

- C'est ce que tu leur a inculqué, non ?

- Oui, je sais... Mais elle se retrouve soumise à ses sœurs. Or, moi je veux offrir le pouvoir à celui qui commande aux autres.

Les enfants n'eurent même pas le temps de réagir. Anatole émit un rire grinçant et jeta :

- Dans ce cas, choisis Lyam.

- Oui, c'est vrai, reprit Evan, Ce gamin est plus futé que n'importe quel adulte ! Il a de la ressource !

- Et du cran ! insista Jules, Avec un peu d'entraînement, tu peux en faire le chef dont tu as besoin !

Lyam eut un sourire satisfait. Enfin on reconnaissait sa supériorité ! Pourtant la suite lui fit l'effet d'une douche froide.

- Pas question, cingla Morgan, Lyam est un démon.

L'intéressé manqua de s'étouffer.

- Vous n'avez pas vu la lueur dans ses yeux ? Il me terrifie...

- Toi ?! Wow, et bien...

- C'est la même que dans les yeux de ces connards de scientifiques. Il veut ta peau. Mais tes cris et tes supplications en plus.

Il y eut un nouveau silence. Azélie jeta un regard en coin à son frère alors que personne n'osait le faire. Oui, elle voyait exactement ce que son père voulait dire...

- J'ai engendré ma propre mort, gloussa Morgan avec une apparente nonchalance.》

Cassandra ouvrit la bouche, mais Lyam se leva et remonta dans la chambre. Les autres, par solidarité, laissèrent leurs verres et le rejoignirent. Pourtant, quand ils arrivèrent entre les lits, il avait disparu. Naya se précipita à la fenêtre. Au bout de la rue, Lyam et son écharpe rouge sang disparaissaient. Elle soupira. Le pauvre. Lyam ne faisait que les défendre, et voilà comment on le remerciait ?

Elle appela les autres et leur désigna le lieu où il avait disparu. Cassandra et Ézéchiel n'échangèrent qu'un regard pour se mettre d'accord. Ils attrapèrent leurs manteaux et dévalèrent l'escalier pour rattraper leur cadet. Chez les Fayads, on se serait les coudes, même quand c'était la vérité qui avait ouvert nos plaies.

"Soit vous tombez ensemble, soit vous ne tombez pas. Compris ?"

Oui, Père.

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