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Sept jours. C'était le laps de temps qu'ils avaient prévu, bien qu'en réalité il s'en soit écoulé dix ; sur leur programme mortuaire, j'ai gagné soixante-douze heures à tes côtés. En dix jours, il peut se passer un millier de choses, pourtant je crois qu'il s'en est passé un milliard. Mon cœur a subi bien trop d'émotions contradictoires, mes joues ont enduré des larmes de joie et des sanglots de douleur. Surtout de la peur.

Je crois que j'ai éprouvé au cours de ces dix journées bien plus de sentiments divers et variés qu'au cours de ma vie entière. Le pire était peut-être que dans tout ce capharnaüm, j'ai presque failli perdre le plus précieux, celui qui se nomme « amour ». Celui que je te portais a hurlé de douleur en se cachant, et celui que j'aurais dû m'adresser s'est effiloché, étiolé, pour finalement disparaitre. Je me suis détesté. J'ai haï la vie qui m'était accordée et la mort qui planait au-dessus de toi, comme si ton âme avait été damnée.

Je me suis sentie coupable d'être encore là, encore debout, encore complètement vivante. Moi, j'étais toujours une virgule, et toi, presque un point final. Et j'ai détesté ce sentiment, celui de mon cœur battant dans ma poitrine. Son bruit martelait mon crâne comme une punition, comme pour me narguer. J'ai haï ce sentiment d'être en vie. J'ai sincèrement souhaité ne plus jamais exister.

Les trois premiers jours ont été les pires. Ton état s'est amélioré le premier, avant de se dégrader radicalement dans la même journée. Le lendemain, ils ont trouvé de quoi apaiser ton corps souffrant. J'ai regagné espoir, j'ai retrouvé le sourire et j'ai cru voir la lumière au bout du tunnel.

Et puis le jour suivant, cet idiot de cinq février, ils m'ont annoncé que tes reins avaient lâché ; si tu venais à te réveiller, alors toujours il te faudrait vivre sous dialyse. Lorsque je suis venu te voir tu n'as pas bougé, mais j'ai vu une larme rouler sur ta joue quand je t'ai dit que ta famille entière t'aimait. Moi aussi je t'aimais, du plus profond de mon cœur amoché.

Et je crois que ce jour-là j'ai eu peur que ce sentiment disparaisse avec toi.

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Van Gogh, Iris (mai 1889)