Chap 4: Marc Dupond
- MAIS PUISQUE JE VOUS DIS QUE C'EST PAS MOI QUE VOUS CHERCHEZ ! hurlai je pour la dixième fois, à bout de souffle, les yeux fixés sur les quatre brutes qui me dévisageaient, l'air aussi intelligent qu'un manche à balais .
L'un d'eux haussa les épaules, l'air de rien .
- Bah... c'est vrai qu'il lui ressemble pas trop, au gars de la photo.
Je pris une grande inspiration, au bord de l'explosion
- VOTRE TYPE SUR LA PHOTO, IL EST CHÂTAIN AUX YEUX BLEUS ! ET MOI, J'SUIS BRUN AUX YEUX NOIRS ! VOUS FAUDRAIT PEUT-ÊTRE PENSER À INVESTIR DANS DES LUNETTES, BANDE DE CRÉTINS !
Les quatre me regardaient, un peu paumés, comme si je venais de leur expliquer la physique quantique. Y'en a un qui se gratte la tête, l'air de réfléchir. Enfin, "réfléchir", c'est un grand mot.
L'un des gars finit par ouvrir la bouche, avec l'air sérieux de celui qui croit avoir une idée de génie .
- Bah... c'est peut-être une teinture, non ? Genre, t'es déguisé pour qu'on te reconnaisse pas ?
Je roule des yeux si fort que j'ai failli me donner une migraine.
- Ouais, bien sûr, je me teins en brun juste pour le kiff, et en prime, je mets des lentilles noires... J'suis comme ça, moi, toujours à fond dans le rôle.
Un autre type s'avance, l'air fier comme un paon
- Ok, ok... mais t'es quand même louche, mec. T'es apparu devant nous, tout seul, et maintenant t'as l'air d'avoir couru un marathon et t'es couvert de boue . Ça fait suspect.
Je soupire, excédé.
- Écoute, Einstein, si j'ai l'air louche, c'est parce que vous m'avez couru après sur trois pâtés de maisons en gueulant comme des dégénérés !
Là, ils se regardent entre eux, comme s'ils commençaient à comprendre. Et puis, l'un d'eux, le plus grand , on va l'appeler Hulk, hein ,lâche
- Bon... Si t'es pas lui, tu nous diras bien qui t'es, alors.
Je prends une grande inspiration, essayant de garder mon calme.
- Eh ben moi, c'est Marc. Marc Dupont. Je vous connais pas, j'ai rien volé, rien cassé, tué personne et là, tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi prendre une douche et une bière. C'est possible, ça ?
Hulk réfléchit. Je vois bien que c'est difficile pour lui, mais il fait l'effort, on dirait. Au bout de quelques secondes, il fronce les sourcils, comme s'il venait de résoudre un Rubik's cube
- Mouais... Marc Dupont, c'est pas un nom qui sonne très crédible, ça.
Je lève les mains, genre "là, vous me tuez".
- Ah bah c'est sûr, ça sonne moins classe que Jean-Kevin ou Brandon le Magnifique. Mais c'est MON nom, alors vous prenez ou vous laissez, les gars.
Ils restent plantés là, hésitant encore un peu, l'air de se demander s'ils doivent appeler des renforts ou juste me laisser tranquille et me remettre dehors pour retrouver cet enfoiré qui devrait actuellement être à ma place .
Les quatre gars se regardent, un peu comme des pigeons qui essaieraient de comprendre une recette de cuisine. Celui que j'ai surnommé Hulk semble hésiter. Finalement, il se tourne vers les autres et murmure, mais pas assez bas pour que je l'entende pas
- Franchement, les gars, ça commence à faire beaucoup d'efforts juste pour un mec qui a pas l'air d'avoir volé un carambar...
Un autre, plus petit mais avec une casquette de travers, répond, en se grattant le menton
- Ouais, et puis, s'il était vraiment le gars qu'on cherche, il aurait sûrement pas attendu qu'on le rattrape pour hurler comme ça... Non ?
Je croise les bras, en essayant de pas avoir l'air trop impatient.
- Bon, c'est pas tout, mais vous comptez débattre toute la journée ou vous allez me laisser filer ? Parce que je vous préviens, ma patience a une date de péremption... et elle est déjà bien passée.
Hulk me jette un dernier regard. On dirait qu'il essaie de lire dans mes pensées, mais vu son niveau d'intelligence, il risque plutôt de se perdre en route. Finalement, il soupire et fait un signe de la main aux autres.- Ok, Marc Dupont, on va te croire pour cette fois... Mais t'as intérêt à pas te retrouver sur notre route encore une fois, sinon là, ça rigolera pas !
Je lève les mains en signe de paix, avec un sourire que j'espère assez convaincant pour clore l'affaire.
- Pas de souci, les gars. Croyez moi, c'est la dernière fois que vous verrez ma tronche. Vous pouvez même prendre une photo souvenir, si vous voulez.
Ils me lancent un regard de travers, comme si j'avais proposé une idée révolutionnaire, puis finissent par se détourner. Le dernier, celui avec la casquette de travers, me lâche un dernier avertissement pour la route
- Fais gaffe quand même, on sait jamais où on traîne...La sortie c'est au fond à droite .
Je lui fais un petit salut militaire, juste pour le plaisir de le voir lever les yeux au ciel, et je me dépêche de m'éloigner avant qu'ils changent d'avis. Une fois que je les entends plus, je souffle enfin, un sourire en coin
- Bande de génies...
Je m'éloigne, tout content d'avoir échappé à cette bande de génies du mal. Franchement, si c'est ça les mecs chargés de la sécurité, le reste du monde n'a plus qu'à bien se tenir . Je m'apprête à tourner au coin du tunnel pour me diriger vers la sortie quand j'entends des pas derrière moi. Mon cœur fait un bond. Pas encore eux, quand même ?
Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, prêt à m'enfuir s'ils ont encore des doutes. Mais non, ce n'est pas les quatre champions de tout à l'heure. C'est juste une petite mamie avec son sac de courses. Ouf.
Je continue d'avancer, tout en marmonnant pour moi-même :
- Sérieusement, Marc Dupont... ils ont cru que j'allais leur sortir quoi comme autre prénom ? Super Dupont ? Ils en tiennent une couche, ces types...
En passant devant un reste de vitrine, je jette un coup d'œil à mon reflet, juste pour vérifier. Brun, yeux noirs, un peu de boue sur le visage, mais rien d'anormal. Je m'esclaffe tout seul. Franchement, faut être aveugle pour me confondre avec leur "châtain aux yeux bleus".
Je continue de marcher, un sourire moqueur aux lèvres, en imaginant la scène s'ils s'étaient décidés à me retenir. Ça aurait fini en débat sur les couleurs .
- Mais non, c'est pas bleu, c'est marron foncé ! J'aurais presque voulu rester pour voir ça.
Je continu de marcher , je sais pas où je vais mais je continu . Il faut que je retrouve ce chien qui m'a envoyé à sa place .
- À ce que je vois, ils ont pas été convaincus par ton charme. Ou par ton... hum, autre atout.
Je me retourne reconnaissants cette voix . Je le fusille du regard, hors de moi.
- Alors, c'était quoi ça, hein ? "C'est pour ta survie" ? T'as cru que j'allais te remercier ?
Il soupire, l'air blasé, comme si je venais de lui demander un truc super pénible.
- T'as survécu, non ? J'ai jamais dit que ça serait confortable. C'est ce qu'on appelle être égoïste mon cher . Dit il en haussant les épaules l'air de rien
Je le fixe, un peu incrédule.
- Ah ouais ? Et moi, j'ai survécu à quatre abrutis qui croyaient que je m'étais teint en brun pour échapper à leur génie supérieur. Super, merci. J'en parlerai aux petits-enfants !
Il se retient de sourire, mais je vois bien qu'il se marre intérieurement. Monsieur le stratège, franchement. Comme si j'avais pas assez de problèmes, voilà qu'il se croit malin en me refourguant aux gorilles à sa place.
- Tu devrais pourtant me remercier , tu auras au moins un truc à raconter de ta misérable vie
Je m'approche, pointant un doigt vers lui et son regard condescendant .
- La prochaine fois que tu dis un truc du genre "C'est pour ta survie", fais moi signe si ça implique que moi, je sers de diversion, parce que là, j'étais pas super bien briefé ! T'es vraiment un enfoiré ! Crachais je
À peine ma phrase finie, son sourire s'éteint et il me lance un regard noir, du genre à faire frissonner un cadavre. Il s'approche de moi d'un pas lent mais assuré, avant de m'agripper par le col avec une poigne de fer, presque à m'étrangler.
- Tu oses traiter d'enfoiré celui qui t'a empêché de finir en steak de mutant ? Et après, tu veux me suivre, toi ? Mais t'as vraiment un sacré problème mental, mon vieux ! Faudrait peut-être envisager une petite thérapie !
Il me secoue un peu pour que ça rentre, ses yeux plantés dans les miens, sans cligner une seule fois. La tension est palpable, et je commence sérieusement à me dire que j'ai peut-être poussé le bouchon un peu trop loin.
- Donc, si t'es pas foutu de tenir ta langue, il poursuit d'une voix glaciale, tu ferais mieux de retourner dans ton vieux bunker moisi. Au moins là-bas, y'a personne pour écouter tes jérémiades.
Il me relâche enfin, et je titube en arrière, essayant de retrouver mon souffle, le cœur battant.
A suivre .....
Avis :
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