Chap 3 : Malpropre

Le moment tant attendu est enfin arrivé.

Est-ce qu'il a vraiment réussi à combattre ce monstre avec un ridicule bout de métal, comme un héros de pacotille ?

Alors, la réponse est... oui et non. Oui, il l'a bien affronté, mais il a triché en sortant de je ne sais où une arme que je n'avais jamais vue de ma vie ! Le voilà maintenant allongé par terre, à bout de souffle, la sueur dégoulinant de partout comme s'il venait de traverser un désert.

Mais bon, on est vivant, c'est l'essentiel, non ?

Je dis ça comme si j'avais participé à l'élimination du mutant, alors que, soyons honnêtes, pas du tout ! Moi, j'étais en mode spectateur, bien content d'avoir une scène d'action gratuite sous les yeux. Il manquait juste le pop-corn, mais bon... on ne peut pas tout avoir dans la vie, surtout en pleine apocalypse .

Alors qu'il reprend son souffle, je m'approche, genre, l'air de rien, comme si j'avais vraiment participé à cette baston épique. Je pose un regard faussement admiratif sur lui, un peu comme si j'avais pas passé les cinq dernières minutes planqué derrière un rocher, les mains moites et le cœur prêt à exploser.

- Eh ben, t'as fait du bon boulot, dis donc !  que je lui sors, avec mon plus beau sourire hypocrite. Lui, il me jette un regard qui crie " t'étais où, toi, pendant que je risquais ma peau ? " , mais il dit rien. Sans doute trop occupé à ne pas s'évanouir sur place.

Je l'aide à se relever, même si on est d'accord : c'est surtout pour que je me sente un peu moins coupable de n'avoir rien fait d'utile. 

Une fois debout, il me balance un " Faut qu'on bouge avant qu'un autre nous tombe dessus. " Ah, super ! Je voulais justement rester un peu pour admirer les nuages radioactifs et, qui sait, peut-être sympathiser avec un second monstre ?

On se met en route, lui en boitant légèrement, moi essayant de ne pas me tordre la cheville sur le moindre caillou. Et en moi-même, je me dis que l'apocalypse, c'est quand même un drôle de film d'action. Pas de pop-corn, pas de pause, et surtout, pas moyen de changer de chaîne quand la scène devient vraiment flippante.

Après quelques minutes de marche, dans un silence pesant, parfois brisé par le clapotis des grosses flaques d'eau qui traînent par-ci, par-là, le leader de notre petite expédition finit par ouvrir la bouche.

- Alors, tu comptes me guider ou je dois mettre mes narines en mode "détection de ta puanteur " pour te ramener chez toi ?

Je relève enfin les yeux du sol, complètement estomaqué, et je le fixe sans bouger, les yeux écarquillés.

- Pardon ?

- Je suis sûr que t'as très bien entendu ce que j'ai dit. Dit t'il en se retournant .

- Mais... si je suis ici, c'est justement parce que je veux pas retourner là-bas !

Il me fixe avec cet air blasé, genre " t'es sérieux, là ? ", puis lâche 

- Donc, ce que tu me dis, en gros, c'est que tu préfères crever ici ?

Ah, on y est. La délicatesse même..

Je le fixe encore, un peu perdu entre le sarcasme et l'envie de lui balancer une grosse vérité.

- Bah... mourir, mourir... c'est peut-être un peu extrême, tu trouves pas ?

Il lève les yeux au ciel, genre "mec, t'es en pleine apocalypse, faut arrêter de rêver"

- Alors dis-moi, c'est quoi ton plan de génie, monsieur l'aventurier ? Tu comptes te balader à l'aveugle jusqu'à ce qu'un mutant t'adopte ou quoi ?

Je soupire. Le gars a un point, même si je suis pas prêt à lui donner raison comme ça, direct.

-Non, écoute, j'veux juste voir ce qu'il y a dehors. Me sentir... libre, tu vois ?

Là, c'est son tour de me regarder avec cet air incrédule qui dit " mec, t'as craqué ".

- Libre ? Dans ce merdier ? Il éclate d'un rire sec.  Ah ouais, t'as choisi l'endroit parfait pour te faire un petit trip découverte. C'est Disneyland ici, t'as bien raison !

Je lâche un sourire nerveux. Ouais, bon, c'est peut-être pas l'idée la plus brillante que j'ai eue, mais entre crever d'ennui enfermé et crever dehors, j'ai fait mon choix.

-T'as pas tort, mais franchement, si j'en prends pour perpète dans ce bunker, c'est moi qui vais finir par me transformer en mutant .Ses yeux bleus me scrutent ( NDL: Révélation 😶‍🌫️) , et là, son visage se détend un peu. Il soupire et marmonne :

— Ouais, bon, ça se tient. Mais ça veut pas dire que t'es pas complètement taré.

Je hausse les épaules. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non.

Je soupire, l'air de dire que je suis prêt à tout, mais j'ai surtout pas envie de le laisser. Ce gars-là, il a beau avoir un caractère aussi agréable qu'une brique dans la figure, il sait comment survivre. Et, ok, je vais pas mentir, y'a ce petit côté mystérieux qui m'attire, même si je donnerais pas cher de ma peau s'il décidait de me planter là.

- Bah alors , laisse moi rester avec toi, je lance en tentant un sourire. À deux, on a plus de chances de survie, non ?

Il secoue la tête, l'air exaspéré, comme si j'étais un gamin qui insiste pour un dernier tour de manège.

- Hors de question, dit-il. J'ai pas signé pour jouer les nounous, et encore moins pour traîner un boulet.

Je sens mon sourire fondre aussi vite qu'une glace en plein été. C'est quoi son problème ?! Je fais pourtant mon maximum pour pas trop l'encombrer, enfin, mis à part ma tendance à ne rien foutre pendant les combats, mais il y en a eu qu'un seul pour le moment , peut être que le prochain je pourrais faire autre chose que me chier dessus ! Mais il est vrai que ça, ça peut jouer en ma défaveur...

-  Allez, ça te coûtera rien, je continue, un brin suppliant. Je suis même prêt à... je sais pas, faire des trucs chiants, genre monter la garde. 

Il éclate d'un rire sec, sans même me regarder.

- Toi, monter la garde ? Il me jette un coup d'œil moqueur. Mon vieux, avec ta tronche, les mutants viendraient te bouffer juste pour le fun. 

Sympa, l'encouragement. J'aurais bien répliqué quelque chose de cinglant, mais je me contente de grommeler .

- Ok, je suis pas Rambo, mais je peux être utile... de temps en temps...Il hausse les épaules, l'air de dire qu'il s'en fout. 

Puis il reprend la marche sans même vérifier si je le suis. Et évidemment, je le suis, malgré tout.

On marche encore quelques minutes en silence, et moi, je me dis que même s'il est réticent, il va bien finir par accepter que je reste. À force, il verra bien que je suis pas si inutile... Bon, peut-être pas un héros, mais bon, chacun ses talents, quoi.

Et là, sans prévenir, il s'arrête net, me pousse en arrière, et se jette derrière une vieille carcasse de voiture rouillée. J'ai à peine le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il me tire à sa suite, m'écrasant presque dans la boue.

- Mais t'es complètement cinglé !? je râle en essayant de dégager mon bras pris sous son poids.

Il me plaque une main sur la bouche sans même me regarder, son regard fixé sur quelque chose dans la distance. Je bouillonne, mais je suis curieux, alors je tends l'oreille. Et là, j'entends des voix qui se rapprochent. Des gens qui patrouillent, d'après ce que j'arrive à distinguer.

Je chuchote, irrité .

- T'as pas envie de me dire pourquoi on se cache, là ?

Il lève les yeux au ciel, l'air de dire que je devrais savoir. Mais bon, entre nous, ça fait à peine deux jours que je traîne avec lui, alors des secrets de sa vie passée, j'en connais pas des masses.

- Y'a des types d'un bunker situé à quelques kilomètres de là qui patrouillent pour me retrouver, lâche-t-il finalement, visiblement à contrecœur.

- Hein ? Sérieusement ? Ils sont venus te chercher ? Genre, comme des fans qui traquent leur idole ?

Il me jette un regard noir. Évidemment, le sarcasme est perdu sur lui.

- Ce sont des agents de sécurité, crétin. Et s'ils me retrouvent, ils vont me forcer à rentrer.

Je fronce les sourcils, perplexe. Il a fuit un bunker ? Comme moi ? Mais pourquoi ? Là-bas, au moins, t'as un toit, à manger, et des murs épais pour te protéger des mutants. Franchement, c'est un peu bizarre, mais bon, j'ai fais exactement la même chose . Et puis, une autre question me frappe.

Attends... ils te cherchent toi, mais moi, ils me laisseront tranquille, c'est ça ?

Son regard passe soudainement sur moi, et là, je vois presque l'ampoule de dessin animé s'allumer au-dessus de sa tête châtain . Et, bizarrement, je m'attends à rien de bon.

- C'est pour ta survie, dit-il, avec un sourire qui n'inspire rien de rassurant.

J'avais raison de me méfier. Il me pousse avec son pied, et il y va pas de main morte ! Je me retrouve propulsé hors de la cachette, direct sous le nez des agents, qui me fixent avec des yeux ronds.

Putain, ce chien m'a vendu pour sauver sa peau !

Je tourne la tête vers la carcasse de la voiture pour l'apercevoir, mais... rien. Monsieur a déjà pris la fuite, m'abandonnant comme un malpropre.





A suivre ...

Avis :

Si il y a encore des gens qui savent pas qui est en PDV , je peux plus rien pour vous 🫡

Nan en vrai demandez si vous avez des doutes 

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