Chap 2 : L'autre là
Heureusement que la police a disparu depuis les inondations, sinon n'importe qui aurait pu croire à une scène de crime, et j'aurais été le suspect numéro un. Des taches de sang parsemaient le sol de cette grande salle où je m'étais réfugié après l'intervention de l'homme ,qui, à présent, dormait comme une bûche, ou bien était évanoui, j'en sais rien, je suis pas médecin, moi.
Je l'avais soigné comme j'avais pu, avec des morceaux de tissu qui ressemblaient plus à des torchons ayant connu les balbutiements de l'humanité, mais faut bien se débrouiller avec ce qu'on trouve, pas vrai ? D'ailleurs, peu importe qu'ils datent de la Guerre de 14-18 ou même du déluge de Noé, ils semblaient réussir à freiner l'hémorragie pour le moment.
Je l'observais, allongé là, aussi immobile qu'un cadavre , mais bon, pas un mot là-dessus, ça porte malheur, il a l'air de respirer encore. J'ai jamais eu à m'occuper de quelqu'un d'autre que moi, et franchement, c'est pas ma spécialité. Je l'ai retourné, vérifié s'il avait d'autres blessures que celles que j'avais déjà bidouillés avec mes vieux torchons, et tout ça en retenant mon souffle, parce que mine de rien, il commence à sentir la viande faisandée.
Dans ce vieux bâtiment, tout est crade, délabré, et y'a des odeurs qui flottent... bref, c'est pas l'endroit le plus glamour pour faire un rétablissement. Mais bon, c'est toujours mieux que de moisir dehors et de finir comme dîner pour une bestiole mutante.
Je me suis donc installé à côté de lui, prêt à lui tendre mon aide... ou le pied, si jamais il essaie de me mordre. Va savoir avec les types qu'on croise dehors .Je me dis qu'au moins, s'il reprend conscience, je pourrais enfin lui demander deux trois trucs sur sa petite vie de survivant modèle ,histoire de comprendre comment il fait pour s'en tirer aussi bien. Parce qu'à voir l'état de ses nombreuses cicatrices et le nombre de fois où il a probablement frôlé la fin, il doit être blindé de secrets utiles.
Mais pour l'instant, il est là, raide comme une planche. Et moi, j'attends.
Pourquoi je ne rentrerais pas, me demanderiez vous ?
Mais vous m'imaginez vraiment revenir les mains dans les poches, en laissant derrière moi l'occasion en or d'en apprendre enfin un peu plus sur notre notre monde disparu ?!
C'est pas tous les jours qu'on tombe sur un bout d'histoire encore intact, un vrai trésor en pleine ruine, alors non, je vais pas passer à côté de ça comme si de rien n'était !
De plus j'ai misé mon unique chance de m'échapper de ce trou à rat, de m'offrir un peu de liberté loin de la moisissure et des gens qui tournent en rond. Alors maintenant que je suis là, pas question de rentrer comme une fleur ,surtout pour me faire renfermer direct dans notre boîte de conserve souterraine !
Je suis là, assis à côté de ce type qui a l'air de faire une sieste de trois semaines, et je réfléchis. En vrai, j'espère qu'il va pas crever, parce que, bon, déjà, ce serait dommage , un sauvetage pour rien, génial ! Et ensuite, j'ai vraiment besoin de ses conseils.
Je jette un coup d'œil autour de nous : des murs à moitié écroulés, du sol couvert de poussière et des traces de boue qui sentent un peu le vieux champignon. L'odeur de moisissure me rappelle les bunkers, sauf qu'ici, y'a pas de vieux grincheux pour me dire de faire moins de bruit. C'est peut-être pour ça que je me sens presque... chez moi. Enfin, façon de parler...
J'attrape un morceau de bois par terre, et je le triture entre mes doigts. En vrai, je me demande si ce mec va se réveiller avec un mot de remerciement ou un coup de poing. Parce que franchement, vu son allure , il doit en avoir vu des vertes et des pas mûres, et je suis pas sûr qu'il soit du genre " team câlin ". Mais bon, c'est pas comme si j'avais le choix. Tant qu'il reste inoffensif et pas en mode zombie, ça me va.
Un gargouillement sonore retentit, et il me faut quelques secondes pour réaliser que c'est mon estomac. Le problème du monde post-apo, c'est pas juste de survivre aux monstres et aux catastrophes naturelles, c'est aussi de trouver de quoi bouffer autre chose que des champignons radioactifs. J'aurais bien aimé me dénicher un truc potable à manger, mais c'est pas vraiment comme si le coin regorgeait de restos. Alors, je me contente de boire un peu d'eau de ma gourde, même si elle commence à avoir un goût de métal rouillé. Ah, la grande vie.
Je regarde de nouveau mon " patient " improvisé, toujours inconscient. Au fond, ça m'arrange qu'il soit KO, au moins il pose pas de questions, il me prend pas pour un dingue à vouloir m'aventurer dehors, et surtout... il a pas l'air de vouloir m'égorger. Pour le moment.
Puis, alors que je m'apprête à le secouer un peu pour voir s'il réagit, j'entends un bruit venant de l'extérieur. Un genre de frottement, comme si quelque chose se déplaçait sur les gravats. Génial, pile le moment où je m'étais détendu. J'ai même pas de vraie arme pour me défendre, à part un caillou pointu et mon sens de l'humour (qui, soit dit en passant, a jamais sauvé personne). Je me crispe, prêt à déguerpir à la moindre alerte, mais aussi un peu curieux. Après tout, c'est peut-être encore une de ces créatures, ou pire, quelqu'un d'aussi paumé que moi.
Je jette un dernier regard au type toujours assommé. Il a beau être increvable , enfin, je crois , là, s'il nous arrive des ennuis, c'est moi qui vais devoir gérer. Ah, ça y est, je me retrouve à jouer les baby-sitters pour un type dont je connais même pas le prénom. Ironique, non ?
J'attends là, figé, à écouter ce qui gratte à l'extérieur, espérant que ça se décide à passer son chemin. On dit que les mutants sont attirés par l'odeur du sang. Or, vu l'état du gars allongé à côté de moi, on pourrait presque appeler ça une invitation. Super ambiance.
Le bruit devient plus fort. Cette fois, ça racle carrément contre la porte. Mon cœur commence à taper aussi fort qu'un marteau piqueur , si c'est une de ces saletés de créatures, je suis dans la panade. Les options s'empilent dans ma tête : rester là et espérer que ça passe, m'enfuir et laisser mon nouvel ami inconscient en pâture, ou... ouais, c'est tout.
Le type commence à remuer légèrement, juste ce qu'il faut pour me rappeler qu'il est toujours vivant. Sauf que, même s'il ouvre les yeux maintenant, je doute qu'il soit en état de nous défendre. Et moi, honnêtement, je sais pas trop comment je pourrais affronter un monstre mutant avec un bout de bois et mes bonnes intentions.
Alors, je me glisse doucement vers la porte, me dissimulant derrière un vieux meuble renversé. En avançant, je m'aperçois que mes mains tremblent. Bien sûr, c'est là que l'autre décide enfin d'émerger du royaume des rêves et de lancer, d'une voix grave et encore un peu pâteuse.
- C'est quoi ce bruit ?
Je lève les yeux au ciel. Le timing parfait, bravo champion.
- Oh, juste... probablement un mutant en quête d'hospitalité , tu sais, rien de bien méchant ! Je souffle, tout en essayant de me faire le plus discret possible.
Il grogne, se redresse tant bien que mal, et attrape instinctivement un bout de métal rouillé qui traîne par terre. C'est pas beaucoup mieux que mon bâton, mais au moins ça a l'air pointu. Il jette un regard rapide sur la porte, évalue la situation en une demi-seconde, puis se tourne vers moi.
- T'as déjà affronté une bestiole dehors ? qu'il me demande, avec un demi-sourire.
- Oh ouais, bien sûr, je fais ça tous les dimanches matins, avant le café et les croissants
Il me dévisage, puis laisse échapper un ricanement un peu rauque. Et bizarrement, ça me détend un peu. On est tous les deux aussi paumés l'un que l'autre, et même s'il a sûrement l'expérience des combats, je sens que ce mutant là va pas être une promenade de santé.
Alors que le bruit à la porte se transforme en coups sourds, il se met en position, l'air concentré. Il me lance un regard, sérieux cette fois-ci .
- Reste derrière moi. Et si ça tourne mal... tu cours, compris ?
Je hoche la tête, bien que l'idée de me sauver en solo m'emballe pas trop. En vrai, j'espère juste que je serai encore vivant pour courir.
Et là, comme pour nous rappeler que l'apocalypse a ses manières bien à elle, la porte cède d'un coup. Un truc énorme, tout en griffes et en crocs, se glisse dans l'ombre. Je retiens mon souffle, priant pour que mes réflexes soient à la hauteur.
A suivre ....
Avis :
D'après vous , sur qui est le PDV pour le moment ?
Vous le saurez le chapitre prochain , alors pour ne pas le rater mettez l'histoire dans votre Bibliothèque , et encore mieux abonnez vous je fais une annonce à chaque publications 😉
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