3. Alex

Un jour, je me suis énervée.

Je crois que je n'aurais pas du.

Les messes basses dans les couloirs n'étaient jusqu'alors pas justifiées...

...

Comme vous pouvez le voir, je suis quelqu'un qui rumine beaucoup. Souvent, le soir, je me remémore pendant des heures des souvenirs d'enfance, joyeux ou non. Plus souvent non que joyeux.

Cette fois-ci, je tente de me rappeler le jour où tout a basculé dans ma vie...

*~*

Depuis le CP, j'ai une étiquette collée sur le dos : Intello, Dictionnaire, Singe Savant... Cette marque a pris de nombreuses formes par le passé.

Cette mascarade a durée de nombreuses journées, semaines, année... Jusqu'à ce que j'en aie assez.

Cette fameuse journée, j'avais 12 ans. J'étais en 5ème, et il faisait peut-être beau dehors, mais mon cœur était empli de noirceur.

Une fois de trop, le mot "Intello" avait été utilisé à mon égard.

Frustrée, j'avais lâché :

- Pourquoi serais-je une intello ?? Je ne fais rien différemment de vous !

Je n'aurais pas dû. S'ensuivit un débat donc je ne connaissais pas les règles, à part la suivante : il n'y en avait pas.

- Tu es trop intelligente pour être vraie ! Mon père dit que tu es surdouée, que c'est pour ça que tu es plus intelligente. Tu fais aucun effort !

Les larmes étaient montés jusqu'à mes yeux. 

" Avaient-ils ne serait-ce qu'une idée de  comment je faisais pour retenir autant d'information ? 

Ma mémoire, je ne la tiens pas de mes gènes mais de mes parents.

J'ai bossé dur pour obtenir ce 18 de moyenne que vous enviez tous. 

Quand vous rentrez de votre petit 8h 17h, vous vous asseyez pour prendre votre goûter, puis vous allez vous allonger pour faire défiler des vidéos sous votre pouce ? 

Moi je révisais déjà mon brevet en 5ème.

Je n'ai pas sautée 2 classes grâce à mes " capacités " mais à cause des heures que j'ai passés, pleurant sur ma copie car rien n'était jamais assez pour mes parents.

Saviez-vous que si je ne connaissais pas déjà tout le programme pendant les grandes vacances je devais en plus apprendre celui de l'année prochaine ?

Alors oui, j'aimais le collège. Pourquoi ? Parce que c'était mon havre de paix. Que des deux maux, je choisissais le moindre. Et vous avez décidé d'en faire un enfer. Comme si ce n'était pas déjà assez. "

Et toute cette tirade, je l'ai dit à voix haute devant mes camarades.

Comme certains diraient, j'ai pété un câble.

Les autres ne me surnomment maintenant plus la bête de foire, mais la folle qui ne sait pas gérer sa colère.

Les parents recommandent à leur précieuse progéniture de rester loin de moi.

J'ai apparemment des problèmes de frustration à contenir.

Depuis ce moment, on ne m'a plus jamais insulté, on m'a juste laissé à l'écart. En soi, c'était une victoire, surtout que l'année d'après je me suis trouvée une amie.

Une amie, vraiment ?

C'est ce que je croyais... Mais c'est une autre histoire. Comme celle que je me suis racontée apparemment.

Parce que les péripéties ne s'arrête pas là.

En 3ème j'avais repéré un garçon. Populaire, de deux ans mon aîné, je n'ai jamais osé rêver de lui. Trop inaccessible.

Je crois que j'aurais préféré qu'il le soit...

Mais c'est encore une autre histoire.

Aujourd'hui est mon premier jour de seconde.

Je n'en espère rien. A part le fait d'être encore ignorée par mes pairs.

Tout ce que je veux, c'est de la tranquillité.

Je choisis donc dans ma pile mes vêtements minutieusement. Une chemise ( car mes parents ne m'autorisent que ça ) et un jean oversize.

Le but ? Avoir le moins de couleurs possibles tout en gardant un style passe-partout.

Je pense que l'objectif est réussi. J'attrape donc mon sac et sors de la maison, non sans agiter ma main en direction de mon père qui boit un café.

Je marche environ dix minutes vers mon lycée, puis m'engouffre dans le bâtiment avant de rejoindre ma classe.

Comme chaque année, je pensais prendre la place tout au milieu, sans mur, ni fenêtre ni radiateur. Celle que personne ne veut en somme.

C'était sans compter ma prof principale, qui décide de nous placer par ordre alphabétique.

Elle me désigne une place juste à côté d'une fille arborant un immense sourire.

J'esquive son regard, et me concentre sur le cours. 

Me concentrer vraiment ? Sans que je ne la contrôle, ma main armée de son crayon se glisse vers ma page blanche, et esquisse un visage inconnu au bataillon.

Après quelques minutes, j'entends ma voisine se tortiller sur sa chaise :

- J'adore ton dessin !

Elle chuchote mais garde un air enjouée. Il n'a même pas l'air forcé.

Intriguée, je lui chuchote un vague :

- Merci.

Elle paraît satisfaite et se rassoit dans son siège. Nous passons l'heure suivante à s'ignorer superbement. Enfin, je l'ignore. Elle, je ne sais pas.

Le lendemain, à l'heure de déjeuner, je m'apprête à faire exactement comme le jour d'avant, à savoir manger seule.

Je range mes affaires, lorsqu'elle se tourne tout à coup brusquement vers moi :

- Eh ?

Je sursaute imperceptiblement et hoche la tête, signe qu'elle peut continuer :

- Ça te dirait de manger avec moi ? Ma pote me lâche aujourd'hui, elle rentre chez elle donc... Voila.

Elle débite cette phrase avec un air si gêné que j'ai automatiquement de la peine pour elle, alors que c'est elle qui doit en avoir pour moi.

Je l'ai un petit peu observée ces derniers jours ( un seul donc puisque nous nous connaissons depuis hier ) et elle semble très populaire. Assez pour checker trois dizaines de personnes le jour de la rentrée.

Elle pourrait très bien manger avec l'une d'elles. Et pourtant, elle m'a choisie... Signe qu'elle doit vraiment avoir pitié. Peut-être a-t-elle vue que j'ai mangée seule la veille ? Qu'elle ne s'en fasse pas, je suis habituée depuis le temps. C'est même reposant de se retrouver avec soi même !

- Euh... Oui si tu veux.

Elle affiche un sourire ravi et m'entraîne dans son sillage, tout en babillant à propos de la prof de physique apparemment très sévère mais beaucoup plus intelligente qu'il n'y paraît.

Mais alors que nous marchons vers la cantine, un gars arrive par derrière et nous lance :

- Salut Alex !! Je mange avec vous ?

Son ton de voix ne laisse pas place à l'hésitation. La question semble posé là seulement pour la forme. Ni une, ni deux, le voilà à nos côté dans la queue. Je vois ma voisine de classe me lancer un regard du style " Tu le connais ? " mais je secoue la tête. La seule fois où je l'ai vu, c'était en classe, et seulement de dos puisqu'il est devant nous.

- Euh, salut. Tu t'appelles comment ? demande-t-elle à l'inconnu.

- Noah ! Et toi c'est Lia, n'est-ce pas ?

Elle hoche la tête, visiblement surprise qu'il le sache. Pourtant, à sa place, je ne douterais pas. N'importe qui ici semble la connaître, même les plus âgés !

Mais je ne me réjouis pas si vite...

Si la vie m'a donné des amis, c'est qu'elle me prépare un coup dans le dos, et qu'il me laissera plus bas que terre.

Croyez moi, j'ai déjà expérimenté cette théorie plusieurs fois.



Heyyy !! Ca faisait longtemps que j'avais pas écris ^^ mais chus heureuse de m'y être remise : ) Vous en pensez quoi ? Je la laisse dans mes brouillons ? Ou je continue ?

Merciiii d'avoir lu, et n'oubliez pas la petite étoile s'il vous plaît ^^

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