#1 : Je te la prête
-Tu dois te battre, essaya d'articuler Eren.
Mais la poigne de l'homme se resserra autour de son cou.
-Tu as quoi derrière la tête, merdeux ?! pesta son agresseur. Tu vas crever pour avoir tué mon coéquipier.
-Tu ne peux pas gagner sans te battre, continua-t-il en fixant la petite asiatique qui se trouvait derrière eux.
À ce moment, les mots du garçon furent comme un électrochoc pour Mikasa.
Précipitamment, elle se saisit du poignard que leur assaillant avait envoyé valdinguer à l'autre bout de la pièce.
Les bras d'Eren tombèrent mollement le long de son corps. Il arrivait à bout de souffle.
Cette vision provoqua une décharge électrique parcourant violemment ses veines. Ses membres cessèrent de trembler.
Alors sans réfléchir, elle poignarda l'agresseur en plein cœur.
En retombant au sol, Eren se dépêcha de saisir la main de Mikasa, et les enfants sortirent en courant de la vieille maison.
Une fois dehors, ils reprirent peu à peu leurs esprits.
-J'ai froid, soupira la petite fille d'un ton larmoyant.
À ce moment, le garçon aux yeux émeraudes enroula une écharpe rouge autour du cou de Mikasa.
-Je te la donne, fit-il. C'est chaud, hein ?
Mais les yeux de l'asiatique s'écarquillèrent d'horreur. Et avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, le troisième homme qui avait agressé ses parents, mais qui était parti avant l'arrivée d'Eren, fit irruption et assomma le jeune garçon.
-C'est quoi ce bordel ?! pesta-t-il.
Mais la petite fille n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait, car le brouillard envahi rapidement son esprit.
~*~
Quelques jours plus tard.
-Une asiatique ? C'est rare de nos jours...
Mikasa se trouvait dans un bar des bas-fonds, et son agresseur était actuellement en grande négociation avec un potentiel acheteur.
-Comment s'appelle-t-elle ? continua le client en se tournant vers la petite fille.
Elle était terrorisée.
-Bah réponds ! la pressa son agresseur.
L'enfant leva timidement les yeux.
-Mikasa... murmura-t-elle. Mikasa Ackerman.
Un troisième homme, vêtu d'un chapeau et d'un long manteau, qui sirotait tranquillement son Whisky sur une table adjacente, se redressa.
Avait-il bien entendu ?
Il tendit une oreille attentive, mais discrète, vers leur conversation.
-Ackerman, dis-tu ? lâcha le client.
Pas de doute possible.
-Ça sonne pas bien asiatique, ça, continua le potentiel acheteur.
L'agresseur de l'enfant sembla déstabilisé. Il se racla la gorge.
-En réalité, elle est métisse. Seule sa mère était asiatique... Mais cette gamine est désormais la seule descendante de ce peuple ! s'empressa-t-il d'argumenter.
-Hm... Elle est jeune mais c'est vrai qu'elle a du potentiel.
-Elle n'aura qu'à s'occuper des tâches ménagères le temps de grandir, mais d'ici trois ou quatre ans, elle sera parfaite !
-Très bien, je la prends, s'exclama le client, convaincu.
Quelques liasses de billets échangés, et l'acheteur sortit du bar accompagné de Mikasa.
Elle semblait totalement éteinte, et seuls ses yeux renvoyaient la terreur dans laquelle était plongée la pauvre enfant.
Discrètement, l'homme au chapeau leur emboîta le pas.
Après plusieurs minutes de marche, la brune et son nouveau tuteur empruntèrent une ruelle déserte.
-Oï, fit alors la voix caverneuse de l'homme au chapeau.
-Qu'est-ce que tu veux ? pesta le client en se retournant.
-Pas grand chose, juste demander un truc à la gamine.
-Hein ? grogna son interlocuteur.
L'homme au chapeau avança de quelques pas, avant de s'agenouiller devant l'enfant.
Le peu de lucidité qui restait à Mikasa la fit reculer de quelques pas.
-Tu as bien dit que tu t'appelais Ackerman, gamine, c'est ça ?
La petite fille hésita avant d'acquiescer d'un bref signe de tête.
-Bien.
-Qu'est-ce que ça veut dire ?! pesta l'acheteur.
-Ça veut dire que ta vie s'arrête ici, rétorqua l'homme au chapeau en se relevant.
Et avant que son interlocuteur ne puisse réagir, il pointa une arme dans sa direction et lui tira une balle entre les deux yeux.
Cela eut pour effet de faire sortir l'enfant de sa transe, qui, dans un cri, se recula du corps inanimé lorsque ce dernier percuta lourdement le sol.
-Ça, c'est fait, hehe, fit l'homme au chapeau. Maintenant, à toi, continua-t-il en se retournant vers la petite fille.
Mikasa lâcha un petit cri.
Une fois de plus, elle venait d'assister à la mort. Cette mort qui ne voulait pas la quitter, qui lui collait à la peau comme sa meilleure amie.
L'homme s'accroupit.
-Oï, n'est pas peur, gamine, fit-il en lui tendant une main. Je ne te ferai aucun mal.
Mikasa le dévisagea.
C'était assez étrange et elle n'aurait su dire pourquoi, mais cet homme lui inspirait davantage confiance que les deux autres. Et son père lui avait toujours conseillé de suivre ce que lui soufflait son instinct.
Après un temps d'hésitation, elle accepta la main devant elle.
-Je m'appelle Kenny. Suis moi.
Elle acquiesça d'un signe de tête.
Au bout d'une dizaine de minutes, tout deux arrivèrent devant dans une immense bâtisse au crépit abîmé.
Mikasa fut surprise de sentir une délicate odeur de propre en pénétrant à l'intérieur. Cela contrastait tellement avec la puanteur extérieure.
-Livaï, appela Kenny.
Un petit garçon âgé d'une douzaine d'années, brun aux cheveux rasés, fit son apparition.
-Donne-lui a manger, continua l'homme. Je dois encore régler une affaire.
Et avant qu'un des deux enfants ne puisse répondre quoi que ce soit, il avait disparu.
Le garçon dévisagea la petite fille.
-Tch, avant tu vas te laver. Tu pues, c'est dégueulasse.
Mikasa sentit le rouge lui monter aux joues.
L'enfant n'était pas aussi accueillant que l'adulte, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il faut dire que respecter les règles d'hygiènes n'avait pas été dans ses priorités ces derniers jours, ni dans celles de l'homme qui lui avait arraché ses parents.
En silence, elle le suivit jusqu'à la salle de bain. Puis après s'être lavée, elle se dirigea vers la cuisine où Livaï l'attendait.
-Tiens, fit-il froidement en lui lançant un gros morceau de pain.
La petite fille le dévora avec avidité. Elle avait une faim de loup.
Mais ce dont elle manquait le plus, c'était de sommeil. À peine avait-elle engloutit son pain, qu'elle commença à piquer du nez sur sa chaise.
-Oï, tu compte t'endormir dans la cuisine ?!
La voix sévère du garçon la fit sursauter.
-Pardon... murmura-t-elle.
Il était plus petit mais beaucoup plus terrifiant que l'homme au chapeau. D'ailleurs, elle espérait que ce dernier ne tarde pas trop à revenir, car rester seul avec un garçon qui semblait la détester, à peine une heure après son arrivée, n'allait pas être joyeux.
-Tch, suis-moi.
Elle lui emboîta le pas. Après avoir monté les escaliers en bois, Livaï l'emmena jusque dans une chambre.
-Ça sera la tienne, lâcha-t-il avant de tourner les talons sans prêter un regard à la petite fille.
Elle n'attendit pas d'avantage et se précipita dans le lit pour s'endormir presque aussitôt.
Mais bien qu'exténuée, son sommeil fût rapidement assailli de démons, à la fois noirs et rouges, de monstres sanglants à la frêle ressemblance d'êtres humains.
-Oï gamine, réveille-toi ! s'écria Livaï en secouant l'enfant.
Alerté par les cris de la petite fille, il s'était précipité dans sa chambre.
À ce moment, Mikasa se réveilla en sursaut, et sans réfléchir, elle se jeta autour du cou de celui qui se trouvait près d'elle.
-Eh, protesta le garçon. Qu'est-ce que tu fais ?!
Mais ne prêtant aucune attention au monde qui l'entourait, elle se contenta de resserrer son étreinte.
-Papa, maman... gémi-t-elle.
Elle pleurait à chaude larmes. Livaï était totalement désarmé. Mais comprenant qu'il ne pourrait pas se débarrasser d'elle avant que sa crise ne passe, il essaya de la rassurer.
-Calme-toi. Ce n'était qu'un cauchemar, fit-il en lui tapotant le dos, mal à l'aise.
Ses pleurs redoublèrent d'intensité, alors il finit par la prendre maladroitement dans ses bras, afin de la consoler.
Les minutes défilèrent et l'enfant finit enfin par s'assoupir. Alors Livaï la recoucha en faisant attention de ne pas la réveiller.
-T'es une vrai emmerdeuse, toi, soupira-t-il.
~*~
Cela faisait désormais un mois que Kenny avait recueillit Mikasa, mais l'homme était très peu présent.
Cependant, il ne manquait jamais de laisser un liste de choses à faire, toutes plus ou moins légales.
Livaï ne se montrait guère plus bavard qu'au premier jour, mais la taquinerie liée au jeune âge de Mikasa, tout comme au sien, le rendait légèrement plus agréable.
Aujourd'hui, on était mercredi. Et comme chaque semaine, c'était le jour où l'épicier du coin se faisait livrer ses marchandises.
Les deux enfants avaient dû apprendre à travailler en duo pour effectuer, comme il se fallait, les missions que leur donnait Kenny. Et bien que le petit brun conservait toujours son caractère algide et tempétueux, il n'effrayait plus l'asiatique, qui n'avait aucun mal à lui tenir tête.
Ce jour-là, l'objectif était simple. Mikasa allait attirer l'attention du commerçant en prétextant s'être perdue. Pendant ce temps, Livaï en profiterait pour dévaliser quelques marchandises. D'un pas assuré, la petite fille se dirigea vers le marchant, occupé à vider sa charrette. Elle commença à pleurer pour attirer son attention.
Le petit homme rondouillard, intrigué par ses sanglots, se retourna. En apercevant Mikasa, il fronça les sourcils.
-Qu'est-ce que tu fais ici toute seule, toi ? fit-il en s'agenouillant vers l'enfant.
-Je... Je me suis perdue... sanglota-t-elle.
L'homme grogna.
De son côté, Livaï profita que le marchant soit occupé à consoler sa coéquipière, pour dévaliser une partie de sa charrette.
Il s'affaira à remplir son sac en toile, de pain, de fromage, de charcuterie, ainsi que de quelques bouteilles de vin.
Une fois terminé, il ferma son baluchon et se dirigea vers la petite fille.
-Ah, Mikasa, tu es là ! s'exclama-t-il.
L'homme lui lança un regard intrigué.
-Excusez ma petite sœur, continua le brun. Je l'ai perdu de vue en discutant avec un copain.
-T'en fait pas, gamin, répondit le marchant. Mais tu devrais faire plus attention, les bas-fonds sont pas un lieu sûr, soupira-t-il en se retournant vers sa charrette.
C'est alors que l'homme remarqua qu'une partie de sa cargaison avait disparu.
Il se retourna précipitamment vers les deux enfants, et au même moment, Livaï s'écria :
-Cours ! fit-il en attrapant le bras de sa cadette.
Par ce départ furtif, Mikasa manqua de trébucher, et une douleur s'empara de sa cheville.
Mais l'asiatique n'y prêta pas attention, tant elle était happée par sa fuite.
-Au voleur ! s'époumona le marchant en tentant de les rattraper.
Mais les enfants étaient bien trop rapide pour lui.
Ils passèrent de ruelle en ruelle sous les regards indifférents des passants, et après s'être assuré qu'ils étaient sortis d'affaire, Livaï et Mikasa s'arrêtèrent dans une petite impasse pour reprendre leur souffle.
À ce moment, la douleur, jusque là atténuée par l'adrénaline, vint de nouveau frapper la cheville de l'asiatique, qui s'écroula au sol.
-Oï, il t'arrive quoi, gamine ? lâcha Livaï.
-Je me suis fait mal en courant, tout à l'heure.
La petite fille grimaça en remarquant que sa cheville commençait à enfler.
-Tu vas pouvoir marcher ?
Mikasa essaya de se relever, mais à peine avait-elle posé le pied par terre, qu'elle s'écroula de nouveau.
Elle entendit Livaï soupirer.
Avant qu'elle ne puisse réagir, il l'attrapa par le bras et la fit grimper sur son dos.
-Prends le sac, lâcha-t-il en lui tendant l'anse du baluchon.
-Désolée... souffla la petite fille en l'attrapant.
-Tch.
Ils avancèrent ainsi jusqu'à la maison de Kenny.
Une fois arrivés, Livaï déposa sa cadette sur une chaise :
-Bouge pas, lui ordonna-t-il.
Mikasa le vit revenir quelques secondes plus tard, une curieuse boîte à la main. En silence, il s'agenouilla devant elle et attrapa délicatement sa cheville.
Elle l'observa sortir un bandage et soigner sa blessure.
-Merci... murmura-t-elle.
Le garçon ne répondit rien, mais Mikasa n'attendait pas qu'il le fasse. Répondre « de rien » n'était pas le genre de Livaï. Car cela aurait été reconnaître sa gentillesse.
Après quelques minutes de silence, la petite-fille demanda :
-Dis, tu veux bien devenir mon mari ?
Livaï releva précipitamment la tête vers elle, les yeux exorbités.
-Qu'est ce que tu raconte comme merde ?!
Mikasa baissa le regard.
-Maman m'a dit que pour avoir un bébé, il me fallait un mari...
-Tch, t'es trop jeune pour avoir un gosse, idiote.
-Alors quand je serais plus grande, tu voudras bien devenir mon mari ? rétorqua-t-elle en lui lançant un regard plein d'espoir.
Elle paraissait toute naïve et fragile comme ça, et une étrange culpabilité envahi le corps de Livaï lorsqu'il songea à l'envoyer bouler.
Il soupira.
-Ouais, on verra, fit-il en lui caressant le haut de sa tête.
~*~
Encore une fois, Kenny ne se montra pas de la journée. Il allait sûrement rentrer tard. Alors après avoir dîné, Mikasa monta directement se coucher. La mission l'avait exténué.
Cependant, il était rare que l'enfant passe une nuit sans agitation. À peine avait-elle fermé les yeux, que des songes noirs lui les firent ouvrir rapidement.
Haletante, elle tenta de calmer sa respiration, mais impossible. Elle se sentait oppressée.
Alors à pas feutrés, elle sortit de sa chambre et se dirigea vers la terrasse.
Sans surprise, elle y découvrit Livaï, le regard plongé dans la ville endormie.
-T'es pas censé dormir, morveuse ? lâcha-t-il en entendant la petite fille approcher.
-J'ai fait un cauchemar... murmura-t-elle en s'asseyant près du garçon.
Ce dernier ne répondit rien. Que pouvait-il lui dire, de toute façon ?
Qu'ils soient éveillés ou endormis, cette vie restait un éternel cauchemar.
Cependant, pour qu'elle préfère vivre un mauvais rêve éveillée plutôt qu'un autre endormie, c'est que ses songes devaient être sacrément maudits.
-J'ai rêvé de papa et maman, expliqua-t-elle, comme pour répondre à sa question muette. Je... Je les ai revu se faire tuer... continua-t-elle les larmes au yeux.
Comme pour se rassurer, elle enfouit son visage dans l'écharpe rouge qui ne l'avait pas quitté depuis qu'Eren la lui avait donné.
Livaï lui lança un regard en coin.
Tch, ce monde est vraiment merdique, pensa-t-il.
Il ne savais pas comment l'asiatique avait terminé ici, mais de ce qu'il avait compris, ses parents avaient été trucidé sous ses yeux, par simple cupidité.
Le garçon repensa à sa mère, morte dans l'indifférence la plus totale de ses clients les plus fidèles et autres membres du bordel.
Si tous avaient peur des titans, c'était pourtant de l'Homme dont il fallait davantage se méfier.
-Dis...
La voix de Mikasa le sortit de ses pensées.
-Pourquoi t'appelles pas Kenny, papa ? demanda-t-elle innocemment.
Livaï haussa les sourcils.
-Parce que c'est pas mon père.
-Ah bon ?! s'exclama la jeune fille en écarquillant les yeux.
Elle avait toujours pensé qu'il l'était, pourtant. Mais peut-être que l'homme au chapeau avait recueilli Livaï, comme il l'avait fait avec elle, après tout.
-Mais alors, il est où ton papa ?
-J'ai pas de père.
Mikasa fronça les sourcils. Sa mère lui avait pourtant certifié qu'un papa était indispensable pour avoir un bébé.
Mais vu la froideur par lequel le garçon lui avait répondu, elle ne préféra pas insister.
-Et ta maman ? demanda-t-elle.
-Elle est morte, répliqua Livaï en baissant les yeux.
Bien que le ton employé par le brun était froid, il était beaucoup moins algide que d'ordinaire.
Mikasa remarque sa mâchoire se contracter. Il semblait triste et cela contraria l'asiatique. Elle avait été trop curieuse et la culpabilité enserra son petit cœur d'enfant.
Alors sans réfléchir, elle enleva son écharpe et la fit glisser autour du cou de Livaï.
-Qu'est-ce tu fous ? lâcha-t-il en fronçant les sourcils.
-Je te la prête, répondit la petite fille. C'est pour te consoler.
-Hein ?! Mais je suis pas triste, pesta le garçon.
-Ne me mens pas, s'énerva Mikasa. Maman m'a toujours dit qu'il ne fallait pas mentir sur ce que l'on ressentait.
Livaï se contenta de faire claquer sa langue de désapprobation.
Ils restèrent un moment silencieux, puis après une dizaine de minutes, il sentit quelque chose tomber mollement sur son épaule.
Mikasa venait de s'assoupir.
Livaï soupira.
Il se leva et la prit dans ses bras pour la porter jusqu'à son lit.
Mais à peine avait-il refermé la porte de sa chambre, qu'il entendit des pas dans la cuisine.
-Kenny ? fit-il en se dirigeant vers la pièce.
-Oï, salut gamin, répondit l'homme de sa voix caverneuse. Où est la mioche ?
-Elle vient de s'endormir.
-Bien, soupira Kenny.
Il avait l'air préoccupé.
-Un problème ? lâcha Livaï en s'accolant contre l'embrasure de la porte.
-Je viens de retrouver où elle habitait, avant. Le docteur de ses parents accepte de s'en occuper.
Le petit brun fronça les sourcils.
-Pourquoi elle reste pas avec nous ?
-Tch, elle est née à la surface. Cette gamine n'est pas d'ici, sa place est là-haut.
Livaï acquiesça. Kenny avait raison. Si Mikasa avait la chance d'avoir une famille, même adoptive, qui lui offre la possibilité de grandir dans un endroit sain, il ne fallait pas lui en priver.
Inconsciemment, il enfouit son nez dans l'écharpe rouge qu'il avait encore autour du coup.
-Il m'a donné une seringue de somnifère, indiqua Kenny. Je vais lui injecter, histoire qu'elle se réveille pas durant le trajet. Puis je l'emmènerai jusqu'au district de Shiganshina.
-Il vit là-bas ?
L'homme hocha la tête.
~*~
Mikasa se réveilla en sursaut.
Instinctivement, elle chercha son écharpe autour de son cou, mais elle ne la trouva pas. Privée de son réconfort, son cœur s'emballa de plus belle.
Livaï, pensa-t-elle. Je l'ai prêté à Livaï, c'est vrai.
Elle s'apprêtait à sortir du lit, quand elle prit soudain conscience de son environnement. Plongée dans le noir, sa chambre, tout comme l'atmosphère, semblait différente.
De nouveau, sa respiration s'accéléra.
Elle n'étais pas dans la maison de Kenny. Elle n'étais pas chez elle.
Au même moment, la porte s'ouvrit sur un petit garçon.
-Papa ! cria-t-il. Elle est réveillée !
Un homme plutôt grand fit son apparition.
Paniquée, la petite fille se recroquevilla contre le coin supérieur de son lit.
-Ouvre les volets, indiqua l'homme au petit garçon.
Ce dernier hocha la tête avant de s'exécuter.
Une douce lumière envahie alors la pièce.
Mikasa put ainsi aisément dévisager les visages des deux inconnus.
Elle s'aperçut alors que le petit garçon n'était autre que celui qui avait tenté de la sauver cette nuit là.
Elle fut soulagée de voir qu'il allait bien.
Elle porta ensuite son attention sur l'homme qui venait de se rapprocher.
-Mikasa, fit-il d'une voix douce. Tu te souviens de moi ?
La petite fille fronça les sourcils. Son visage lui disait quelque chose.
-Je me nomme Grisha Jäger. J'étais le médecin de tes parents, continua l'inconnu, et voici Eren, mon fils.
Les yeux de l'enfant s'écarquillèrent.
Elle se rappelait de lui. Cet homme avait toujours été très gentil avec elle, et était un bon ami à ses parents.
Même si elle se sentait maintenant rassurée, une question la taraudait. Où se trouvait-elle ? Et surtout, qu'étaient devenue Livaï et Kenny ?
Grisha remarqua l'incompréhension marquer les traits de l'enfant.
-Un homme t'as retrouvé dans la ville souterraine et a eu la gentillesse de te ramener ici, lui expliqua-t-il dans un sourire. Les bas-fonds ne sont pas un endroit pour les enfants.
Mikasa le dévisagea. Alors Kenny et Livaï avaient profité de son sommeil, qu'elle suspectait artificiel étant donné qu'elle ne s'était pas réveillée de tout le trajet, pour se débarrasser d'elle, comme ça, du jour au lendemain, sans un au revoir ?
Son cœur se serra à cette constatation.
-Tu vas vivre avec nous, maintenant ! intervint Eren dans un sourire chaleureux.
La bienveillance qu'elle put lire dans les yeux émeraudes du garçon, allégea quelque peu sa peine.
Ses lèvres se relevèrent tristement, sa gorge toujours nouée.
Après tout, Grisha n'avait pas tord. Elle serait sûrement mieux à l'extérieur, avec une famille accueillante, qui ne semblait pas l'avoir recueilli par défaut.
~*~
Sept ans plus tard.
-Je n'arrive pas à le retirer de son titan, se lamenta Armin.
Il avait beau tirer de toute ses forces, Eren restait coincé dans la chaire fumante.
-Son corps a fusionné, continua le blond.
-Je viens t'aider ! s'écria Mikasa.
À deux, ils réussirent enfin à libérer Eren au bout de quelques minutes. Mais c'est alors que des ombres inquiétantes s'étendirent au dessus d'eux.
En se retournant, ils découvrirent avec horreurs, deux titans de cinq mètres s'approcher.
Armin était pétrifié, Eren inconscient, et il était trop tard pour que Mikasa puissent tenter quoi que ce soit.
En observant ces monstres avancer leur immense mâchoire, le trio savait qu'il était trop tard.
Ils allaient mourrir là, à peine leur premier combat en tant que soldat terminé, alors que la première victoire de l'humanité sur la malédiction dont elle était affublée, venait tout juste d'avoir lieu.
Mais soudain, un éclair fendit le ciel et les titans furent rapidement anéantis.
Tranquillement, un soldat se posa sur la tête immonde de l'un d'entre eux, dos au trio.
-Mikasa... souffla Armin, les yeux écarquillés. C'est...
Captivée par la cape verte qui flottait sur les épaules de leur sauveur, l'asiatique ne prêta pas attention à qui en était le propriétaire.
-Les ailes de la liberté... continua-t-elle, les yeux happés par le symbole qui dansait au grès du vent.
~*~
Cela faisait désormais plusieurs jours que l'attaque du mur Rose avait eu lieux. À la suite de cette maigre victoire, qui avait tout de même coûté la vie à plus de deux-cent soldats, Eren avait été enfermé dans les cachots sous le tribunal.
-Il vont faire quoi ?! s'emporta Mikasa, horrifiée.
Elle prenait tranquillement son déjeuner dans le réfectoire, quand Armin lui avait annoncé qu'Eren allait subir un procès.
-Je n'en sais pas plus, continua le blondinet. Mais de ce que j'ai compris, c'est pour décider s'ils souhaitent le garder en vie ou non.
-Mais ils n'ont pas le droit de décider de sa mort comme ça ?! s'insurgea l'asiatique en se levant de sa chaise.
Au même moment, la porte s'ouvrit bruyamment sur deux soldats des brigades spéciales.
-Mikasa Ackerman, Armin Arlet, clama l'un d'entre eux. Veuillez vous pressentez au tribunal. Immédiatement.
Les deux meilleurs amis échangèrent un regard inquiet, avant de se diriger vers l'immense bâtisse.
Après plusieurs minutes d'attente, Eren fit enfin son entrée dans la cours du tribunal militaire.
Il avait l'air désorienté et ses yeux s'écarquillèrent en réalisant où il se trouvait.
-Accroupis-toi, lui ordonna un soldat des brigades spécial.
À peine s'était-il baissé, que le militaire planta un poteau derrière lui, empêchant le brun aux yeux émeraude de bouger.
Cette vision était insoutenable pour la jeune Ackerman. Voir sa famille, son frère, se faire traiter comme un chien galeux, fit bouillonner ses veines.
Armin le remarqua et tenta d'apaiser son amie en effectuant une petite pression sur son épaule.
Il ne fallait pas que Mikasa fasse de vague. Ça ne ferait qu'empirer les choses.
Une fois avoir confirmé à Eren où il se trouvait, Daris Zeckley donna la parole à Nail Dork, chef des brigade spéciales.
Ce dernier affirma vouloir récupérer le garçon afin de le disséquer, persuadé que son corps aurait des informations capitales à fournir.
Après lui, ce fût au pasteur Nick de s'exprimer, s'insurgeant sur le fait que Jäger n'était qu'un monstre devant rapidement être éliminé.
La religions du mur au tribunal ? s'étonna Eren. Il y a cinq ans, personne ne les prenait au sérieux.
Puis, ce fût au major Erwin Smith, de prendre la parole.
La veille, il était venu rendre visite au jeune garçon, et lui avait assuré son soutien pour le sortir d'ici.
-Je pense que grâce à son pouvoir de titan, nous pourrions, tout comme à Trost, reconquérir le mur Maria.
-C'est n'importe quoi, s'insurgea un marchant. Nous en avons marre que le bataillon essaye de jouer aux héros !
-Tu es bien bavard, gros porc, intervint soudain une voix calme mais terrifiante.
Des murmures se firent entendre.
-C'est le caporal-chef Livaï...
À l'entente de ce nom, Mikasa tiqua. Elle se tourna alors précipitamment vers le petit homme qui venait de parler.
Non, c'était impossible.
Le Livaï qu'elle connaissait vivait sûrement encore dans les bas-fonds. Peut-être même, était-il mort dans la fange et la puanteur de ce lieu maudit. Et puis, s'engager dans l'armée pour défendre les riches qu'il méprisait, ne lui ressemblait pas.
-Ce nous dont tu parles, est-ce lui qui vous protège quand vous vous empiffrez bien au chaud ? continua le noiraud. Ceux qui n'ont rien à manger, vous vous en fichez ?
-Ce n'est pas ça, rétorqua le marchant, mal à l'aise.
Mais la voix sévère du haut commandant Zackley résonna.
-Silence, vous débattrez de vos opinions ailleurs, annonça-t-il sur un ton intransigeant. Une expédition pour reconquérir le mur et ainsi retrouver des terres cultivables ? continua-t-il, songeur. Eren, es-tu seulement capable de te contrôler ? On m'a dit que tu avais essayé d'écraser une de tes camarades.
Mikasa lança un regard furieux à Rico.
-Mentir dans le rapport n'aurait servi à rien, se défendit cette dernière.
-Mikasa Ackerman, l'appela la voix forte de Daris. Confirme-tu les faits ?
-Pour le bien de ton frère, je te conseille de ne pas mentir, chuchota Rico.
L'Asiatique sembla hésiter quelques instants, avant d'avouer :
-Oui.
Elle surprit le regard effondré que lui lança Eren.
Alors il avait voulu tuer Mikasa ?!
Il était totalement amnésique de ce qu'il s'était passé à Trost. Mais d'apprendre qu'il avait faillit lui faire du mal lui broya les entrailles.
Il était peut-être dangereux, finalement. Et la mort était surement l'issue la plus sage à emprunter.
-Mais, la voix de sa sœur résonna de nouveau. Je tiens à préciser qu'avant cela, Eren m'a sauvé la vie deux fois sous sa forme de titan. Je voudrais que ces éléments soit également pris en compte.
-Son jugement est influencé par ses sentiments ! l'interrompit Naile. Mikasa Ackerman est la soeur adoptive d'Eren Jäger, depuis que ses parents ont été assassinés. Et nous avons également appris que, lorsqu'ils étaient enfants, ils avaient tué de sang-froid leurs agresseurs. Certes, c'était de la légitime défense, mais toute de même. Le rapport précise comment les cadavres étaient défigurés.
-Ce sont tous les deux des démons, vociféra le pasteur Nick. Si ça se trouve, elle aussi est un titan !
Le sang d'Eren ne fit qu'un tour. Que lui soit considéré comme un monstre, il le comprenait. Mais qu'on s'en prenne à sa sœur le mit hors de lui.
-Arrêtez vos conneries, s'injuria-t-il. Mikasa n'a rien à voir là dedans ! Et puis, vous n'avez jamais vu de titans, alors je ne devrais même pas vous en dire plus, déclara le garçon. Vous proposez que les hypothèses qui vous conviennent ! Vous qui êtes si puissants, pourquoi ne combattez vous pas ?! Bandes de lâches !
Apeuré par la colère du brun au yeux émeraudes, Naile s'écria :
-Attention !
Un soldat se mit alors à braquer un fusil sur Eren.
Mais avant qu'il ne puisse tirer, la botte du caporal chef Livaï percuta violemment la tête de l'effronté.
Une suite de coups, tous plus agressifs et brutaux les uns des autres, suivirent.
Mikasa sentit une force belliqueuse pulser son sang. Elle allait s'élancer au secours de son demi-frère, quand Armin la retint par le bras.
-N'y vas pas, murmura-t-il. Cela ne fera qu'empirer les choses.
L'asiatique se stoppa. Elle savait que son meilleur ami avait raison. Alors elle resta pétrifiée, à regarder la scène atrabilaire et cruel qui se déroulait devant elle.
Définitivement, cette homme abject ne pouvait pas être le garçon qu'elle avait connu quand elle était petite.
Elle se souvenait que Livaï était froid, mais jamais il n'aurait tabassé un innocent.
-Comme je le disais, lâcha le caporal, élever à la dure, y'a que ça de vrai. Ce dont tu as besoin n'est pas d'être éduqué, mais dressé.
-Attention Livaï, intervint Naile. Il pourrait se transformer.
-Tch. On m'a rapporté que sous sa forme de titan, il en avait tué une vingtaine. Son intelligence serait redoutable, si elle était notre ennemie. Mais face à moi, il n'aurait aucune chance.
-Commandant Zeckley, intima le Major Erwin. Je propose de confier la garde d'Eren à Livaï.
-Hm, serais-tu capable de le tuer en cas de besoin ? demanda le commandant au caporal.
-Aucun problème. Le plus dur sera de ne pas le tuer.
Sur ces mots, Livaï lança un bref regard vers les tribunes où se trouvait Mikasa. Il ne loupa pas la fureur qui valsait dans les prunelles de la jeune femme.
Tch, alors tu t'es enrôlée dans l'armée, merdeuse ? pensa-t-il intérieurement. Je pensais pas te revoir un jour, gamine. Encore moins ici.
Le petit brun se demanda si elle l'avait reconnu. Mais vu le jeune âge qu'elle avait à l'époque, et n'ayant passé que peu de temps ensemble, elle l'avait sûrement oublié. Et c'était peut-être mieux ainsi.
-Bien, la voix de Daris le sortie de ses pensées. Je vais rendre mon jugement...
~*~
Quelques jours plus tard.
Les soldats de la 104ème brigades d'entraînement avait enfin rejoint le corps d'armée qu'ils désiraient, et à part Annie, partie chez les brigades spéciales, les meilleurs de la promotion avaient choisi de s'enrôler dans le bataillon d'exploration.
-C'est dingue le nombre de soldats qui se sont engagés, cette fois ! s'exclama Hanji, toute excitée. Tu trouve pas ça trop génial, Heichou ?!
Les deux chefs d'escouade étaient chargés de superviser l'entraînement des nouvelles recrues.
-Ravi, de la nouvelle chaire à titans, ironisa froidement Livaï.
-Roh, que tu es rabat-joie, Shorty !
-Tu m'appelles encore une seule fois comme ça, quatre yeux, et je te jure que je te fait bouffer tes lunettes.
La folle lâcha un rire amusé.
-Plus sérieusement, reprit-elle. On a les meilleurs éléments de la 104ème brigade. Cette Mikasa Ackerman est juste stupéfiante. Major de sa promotion, quand même !
En entendant son prénom, l'asiatique se retourna vers les vétérans. À peine avait-elle posé ses yeux sur le petit brun, qu'une décharge de haine se déversa dans tout son corps.
-Outch, grogna Jean qui se battait contre la jeune femme.
Aveuglée par sa colère, elle avait rapidement mit à terre le jeune homme, de manière un peu trop violente pour un simple combat d'entraînement.
-Excuse-moi, fit-elle en lui tendant une main pour l'aider à se relever.
-Kirschtein, pesta la voix glaciale du caporal. Bouge-toi le cul à te remettre debout.
Mikasa foudroya son supérieur du regard, mais ce dernier l'ignora.
-C'est que tu es vraiment bougon ce matin, toi, le taquina Hanji. T'as même pas mit ton écharpe rouge porte porte-bonheur !
La chef d'escouade n'en avait jamais su la raison, mais depuis qu'elle le connaissait, jamais l'étoffe n'avait quitté le cou de l'homme. À l'époque, même Farlan lui avait avoué qu'il ne savait pas pourquoi elle était si importante à ses yeux.
-Qu'est ce que tu racontes comme merde, avec tes histoires de porte bonheur, pesta Livaï. Et t'as vraiment cru que c'était un temps à porter une écharpe ?!
-Hanji a raison, intervint Mike qu'aucun des deux autres n'avaient entendus arriver. D'habitude, elle ne quitte jamais ton cou, même en été.
Mikasa se redressa. Avait-elle bien entendu ?
Elle pâlit.
Cette fois, aucun doute possible. C'était bien lui.
La tête ailleurs, elle ne prêta plus attention à son combat avec Jean qui tenta de la déstabiliser.
Cependant, ses réflexes toujours en alertes, l'asiatique envoya valdinguer une fois de plus son adversaire.
-Merde, pesta ce dernier. J'y était presque !
-Ne soit pas déçu, répondit Mikasa. Tu t'améliores.
~*~
Mais rapidement, une expédition extra-muros fut annoncée aux nouvelles recrues. Devant les lourdes portes qui les séparaient d'une ironique liberté, l'anxiété étendait ses bras à tous les soldats.
Après une dernière accalmie, le major Erwin Smith ordonna l'ouverture du mur :
-Soldats, offrez votre cœur à l'humanité !
Sa voix résonna aux oreilles de ses subordonnés, comme le tocsin inquiétant d'une future hécatombe.
Mais tous se mirent à crier, en s'élançant, déterminés, dans la mer de verdure qui leur était offerte.
La 57ème expéditions extra-muros commençait.
Les minutes défilèrent, au début dans le calme, puis de premiers titans apparurent.
Grâce à la stratégie du major, les formations purent facilement les éviter.
Cependant, il arrivait quelques fois que la détection de ces monstres stupides, soit freinée par le reste nostalgique d'anciennes bâtisses.
Sasha galopait entre les ruines morbides quand un titan se précipita sur elle.
Masqué par les carcasses des maisons et malgré son instinct, à cause de la peur qui écrasait ses intestins, elle ne l'aperçut que trop tard.
-Braus ! l'interpella Darius. Décale-toi vers moi, je me charge de lui.
La mangeuse de patates ne se fit pas prier.
À peine avait-elle changé de trajectoire, qu'un bruit sourd lui indiqua que la créature venait d'être abattue.
-Merci, chef ! s'exclama Sasha.
-Continue à gauche, lui ordonna l'homme en remontant en selle. Je me charge de ce côté.
La jeune femme acquiesça avant d'exécuter ses ordres.
Darius élança sa monture. Mais à peine avait-il fait quelques mètres, qu'un titan attira son attention.
Bordel, mais ils foutent quoi à l'aile droite, pesta-t-il. Je vais pas pouvoir l'éviter, en plus, celui-là. C'est bien ma veine !
L'homme évalua le terrain sur lequel il se trouvait.
Plat et dépourvu d'accroche.
Ça n'allait pas être facile.
Il soupira, puis estimant que le titan était assez proche de lui, actionna son équipement tridimensionnel.
Au même moment, le monstre protégea sa nuque de sa main, et de l'autre, attrapa Darius.
-Que... lâcha l'homme, horrifié.
Venait-il vraiment de comprendre ce qu'il avait prévu de faire ? Venait-il vraiment de faire preuve... d'intelligence ?!
Mais Darius n'eut pas le loisir de se poser plus de question, et la créature resserra sa poigne ; une giclée de sang pour seule trace de ce corps broyé.
De son côté, Armin commençait à s'inquiéter.
Le relai des fumigènes semblait interrompu.
Pourtant, il n'avait pas loupé la fumée rouge tirée à l'autre bout de la formation, mais deux personnes devaient relayer le message avant que ce ne soit son tour.
Le mutisme de l'aile droite était plus que préoccupant.
Puis soudain, il le vit.
Après avoir sournoisement écrasé Darius comme un vulgaire moucheron, le titan haut de quatorze mètres, courait d'un pas vif dans sa direction.
C'était un déviant.
Voilà pourquoi le message n'avait pas été relayé. Il avait dû décimer toutes les formations qu'il avait croisé sur son passage.
Pétrifié, Armin puisa dans les dernières parcelles de courage qu'il lui restait, attrapa un fumigène noir, et tira.
Au même moment, l'immonde créature accéléra le pas.
Le blondinet allait mourir.
Il le savait.
En sentant l'ombre inquiétante du monstre le surplomber, Arlet pensa à ses amis.
Peut-être son tir aurait-il permit d'alerter à temps ses camarades, et de sauver ses amis.
Prêt à accueillir la faucheuse, il éleva son regard vers l'assaillant.
Ses yeux s'écarquillèrent.
Le titan était entrain de l'éviter en passant juste au dessus de lui.
Cependant, le pied colossal du monstre le frôla, éjectant ainsi le blondinet de sa monture.
Et dans sa chute, son capuchon se rabattu sur sa tête.
C'est alors que, de nouveau, une ombre vint le protéger du soleil.
Armin éleva le regard.
Il ne bougea pas.
Captivé, ou plutôt, pétrifié par les yeux bleus algides qui le dévisageaient.
Doucement, les doigts cyclopéens de la créature abaissèrent sa capuche.
Le titan l'observa quelque seconde, puis se releva avant de reprendre sa course.
-Armin ! intervint Reiner qui venait d'arriver. Tout va bien ?!
Le blondinet ne répondit pas tout de suite, encore sous le choc de ce qui venait de se passer.
-Ce... Ce titan... Ce n'est pas un déviant, lâcha-t-il enfin. C'est un humain, comme Eren.
Il était accablé par cette constatation.
~*~
Mikasa galopa en direction de la forêt, comme convenu.
En arrivant à la lisière du bois, elle se dépêcha de se hisser en haut des arbres.
-Sasha, fit-elle en se posant près de la mangeuse de patate. Où est Eren ?
Son amie la dévisagea.
-Je ne sais pas, il n'était pas dans l'aile droite ?
-L'aile droite ? répéta l'asiatique en fronçant les sourcils. Sur ma feuille il était indiqué à l'aile gauche.
Braus écarquilla les yeux.
-Tu es sûre ? Sur ma feuille il était positionné à l'ai...
Mais un énorme rugissement, suivit d'une violente lumière, interrompit la brunette.
-Eren ! s'écria Mikasa.
C'était le titan de son frère. Elle aurait reconnu ce cri entre mille.
Avant que son amie ne puisse l'en empêcher, l'asiatique s'élança entre les arbres.
-Eren ! cria-t-elle a travers les branches.
Pour vu que ce ne soit pas trop tard, pensa-t-elle avant d'accélérer la cadence.
Mais en arrivant enfin près de l'endroit où le cri titanesque avait retentit, Mikasa se stoppa net.
Elle aperçut le titan féminin ouvrir sa bouche béante afin d'arracher Eren de la chair dont il était prisonnier.
-Eren... souffla l'asiatique, interdite.
Mais cette accalmie dans son cœur fut de courte durée. Très vite, la rage remit en route son corps, et en s'élançant, elle s'écria :
-Rends-moi Eren !
La colère accéléra ses mouvements, et sans hésiter, elle attaqua le titan féminin à plusieurs reprises. Elle déchiqueta son genou droit et la créature tomba à terre.
Je suis sûre qu'Eren est encore en vie, soupira Mikasa en se suspendant à un arbre pour reprendre son souffle.
Elle jeta un regard abject au monstre devant elle.
-Je vais le découper en morceau et te sortir de ce truc dégueulasse, cracha-t-elle, attends-moi, Eren !
Au même moment, le titan féminin se releva et tenta d'écraser l'asiatique, avant de reprendre sa course.
Mikasa l'évita de peu. Elle s'apprêtait à la suivre, quand quelqu'un la rattrapa en plein vol.
-Eloigne-toi de lui, déclara froidement le caporal.
-Lâchez-moi !
La colère d'Ackerman redoubla d'intensité en voyant l'homme qui l'avait attrapé.
Livaï, agacé par les gigotements de sa cadette, consentit à obéir. Mais à peine avait-il relâché la jeune femme, que cette dernière s'élança à la poursuite du titan.
-Bordel ! jura le caporal en la rattrapant.
Violemment, il la rattrapa par le bras et la força à se poser sur une branche d'arbre.
-Ackerman, je t'ai dis de garder tes distances ! pesta-t-il.
-Mais je dois sauver Eren ! vociféra-t-elle en foudroyant l'homme du regard.
-Si ça se trouve, il est mort.
-Il est vivant. Ce titan est une cible intelligente, elle aurait pu le tuer si elle le voulait. Eren est en vie et je ne l'abandonnerai pas, car lui ne m'a jamais abandonné.
Livaï plissa les yeux en comprenant le sous-entendu de la jeune femme.
-Mikasa, fit-il sur un ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu. Ce n'est pas le moment de parler de ça.
L'asiatique le foudroya du regard. S'il avait compris son reproche muet, c'est qu'il l'avait lui aussi reconnu.
Mais de toute manière, cela n'avait aucune importance, car elle ne souhaitait pas reparler de cette vielle histoire. Kenny et lui s'étaient débarrassés d'elle du jour au lendemain, sans un au revoir, et elle les en remerciait. Les Jägers s'étaient davantage comportés comme une famille accueillante, que l'homme au chapeau et le garçon au tempérament glaciale.
-Elle voulait peut-être dévorer Eren, reprit le caporal. Dans ce cas, il est mort.
-Il est en vie, affirma la jeune femme, sur un ton sans appel.
L'homme la dévisagea. Cette morveuse avait bien grandi, mais c'était toujours la reine des emmerdeuses. Et son obstination ne l'avait pas non plus abandonné.
-Eh bien, espérons le, soupira-t-il.
-Tout ça ne serait pas arrivé si tu l'avais protégé, pesta la jeune femme.
-Tch, lâcha le caporal. En tout cas, nous devons renoncer à abattre ce titan.
-Mais cette enflure a tué beaucoup de nos camarades...
-Écoutes, la coupa-t-il, j'ai bien compris que tu ne me portais pas dans ton cœur et c'est ton problème, mais tu dois te soumettre à ma décision. Ce titan a la capacité de durcir sa peau, rendant sa nuque intouchable.
Vu le comportement de la jeune femme, il avait conscience qu'elle le détestait. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir. D'autant plus qu'avoir frappé son frère adoptif, qu'elle semblait chérir comme la prunelle de ses yeux, n'avait sûrement pas dû jouer en sa faveur.
Mais peu importait. Le plus important à ce jour, était de sauver le gamin avant qu'il ne quitte la forêt.
De son côté, la colère à l'égard de celui qui avait, jadis, partagé un bout de son enfance, ne faisait que s'accroître dans la poitrine de Mikasa. Cependant, elle était obligée d'admettre que son expérience contre les titans était non négligeable. Alors elle consentit à obéir, pour le bien de son frère.
-Je m'occupe de tailler cet enfoiré, indiqua le caporal. Toi, attire son attention.
La brune acquiesça avant de se remettre à la poursuite de la créature. Une curieuse impression de déjà vu s'insinua dans son esprit.
Effectuer une opération avec Livaï, elle détournant l'attention, pendant que lui s'affairait sournoisement.
Elle secoua la tête, contrariée. L'heure était mal choisie pour se plonger dans une ridicule nostalgie.
Elle pressa de plus belle ses manettes pour augmenter le débit de gaz sortant de son équipement. Ainsi, elle rattrapa rapidement le titan et commença à s'agiter devant sa vue.
De son côté, Livaï attendait patiemment.
Pour avoir déjà vu la créature à l'oeuvre quelques minutes plus tôt, lorsque Erwin et son escouade avait tenté de la capturer, il savait de quoi ce titan était capable.
Après quelques secondes, le monstre stoppa sa course et se retourna violemment pour faire face au caporal. Ce dernier sut que c'était le bon moment pour l'attaquer, et lorsque l'immonde créature tendit le bras pour l'attraper, Livaï commença à tourner sur lui-même pour lui tailler l'ensemble de son membre thoracique.
Tel une tornade, l'homme continua de lacérer chaque parcelle de chaire fumante.
Mikasa écarquilla les yeux.
Il est rapide, pensa-t-elle. Si rapide que le titan n'a pas le temps de durcir sa peau.
Cisaillée ainsi, la créature vint s'échouer contre un arbre.
L'Asiatique remarqua alors que le talon d'Achille du monstre était à découvert.
Je peux viser sa nuque, souffla-t-elle à elle-même.
Et sans réfléchir, elle se précipita sur le bout de chaire alléchant.
-Arrête ! s'écria le caporal en comprenant ce que sa subordonné avait en tête.
La voix de Livaï alerta Mikasa qui évita de justesse la main cyclopéenne qui s'élevait vers elle.
En voulant prendre son élan pour s'élancer vers la menace, le caporal sentit sa cheville droite craquer. Mais cela ne l'empêcha pas de taillader ses doigts à la taille démesurée, avant de découper la mâchoire du monstre pour libérer Eren.
Une fois fait, il alla se cramponner à un tronc d'arbre.
-Oï, on bouge de là, lâcha-t-il.
-Eren ! s'écria la jeune femme en apercevant son frère.
-Je crois qu'il n'a rien, il est en vie, l'informa Livaï avant de jeter un regard de dégoût vers la mixture dont le garçon était recouvert.
Tch, c'est dégueulasse.
-Laisse tomber le titan, on se replie, continua-t-il en se tournant vers sa subordonnée.
Bien que l'envie de lui faire la peau brûlait ardemment dans la poitrine de Mikasa, elle acquiesça et emboîta le pas à son supérieur.
Machinalement, Livaï se retourna une dernière fois vers l'immonde créature à moitié sonnée. Son sang se glaça.
Il aurait juré qu'une larme coulait sur sa joue.
~*~
Comme à l'accoutumée, c'est sous la huée des villageois que la 57ème expédition extra-muros sonna son glas.
Pris en chasse par une horde de titans, le bataillon avait même était contraint d'abandonner les corps des défunts.
Dans la charrette vidée de ses dépouilles, Mikasa veillait sur son frère encore inconscient.
Soudain, une discussion attira son attention.
-Caporal-chef Livaï, s'écria un homme à l'âge avancé. Je suis le père de Petra, continua-t-il en arrivant à la hauteur du petit brun. J'aimerais vous parler, mais je voudrais que notre conversation reste secrète.
Monsieur Rall avait l'air heureux. Le pauvre homme n'avait pas encore remarqué l'absence de sa fille.
Le cœur de l'asiatique se serra. Elle n'avait pas eu beaucoup l'occasion de côtoyer la rousse, mais elle n'avait pas pu ignorer la joie de vivre qui émanait de la jeune femme. Et dans le corps militaire le plus morose de l'armée, un tel souffle de bonne humeur passait difficilement inaperçu.
Son regard se porta sur Livaï. Elle remarqua alors l'air dépité qu'affichait le petit brun.
Mikasa déglutit péniblement. Elle n'avait pas non plus manqué l'affection qui semblait s'être formée entre les deux soldats.
~*~
Les survivants regagnèrent leur QG en silence.
Tous étaient meurtris.
Un frère, un ami d'enfance, un amour, chacun était touché par les pertes de la journée. Et même s'ils avaient eu la chance de garder leurs proches auprès d'eux, l'horreur de voir des corps déchiquetés n'avait épargné aucun soldat.
Très peu eurent la force de dîner le soir venu, et le réfectoire n'accueillit aucun militaires pour jouer aux cartes après le souper.
Mikasa décida de se coucher rapidement. Elle était exténuée. Mais pendant plusieurs heures, l'asiatique se tourna et se retourna sur sa couche.
Impossible de s'endormir.
Même si la faucheuse était presque devenue une amie à force de la côtoyer, jamais elle ne pourrait s'habituer à son horrible passion.
La brune soupira en se redressant.
Il fallait qu'elle aille prendre l'air.
Elle se dirigea machinalement vers la terrasse, et fût étonnée d'y apercevoir une ombre.
Lorsqu'elle reconnut Livaï, son sang se glaça.
Elle allait renoncer à s'aérer, quand la voix du brun la retint :
-T'es pas censé dormir, gamine ?
Toujours aussi peu discrète, constata l'homme.
Le sang de la femme commença à bouillir dans ses veines.
Comment faisait-il pour toujours déceler sa présence, alors qu'elle ne faisait pas le moindre bruit ?!
C'était la même histoire quand ils étaient petits. Et déjà, à l'époque, cela l'agaçait. Le fait qu'il continue de l'appeler gamine avait aussi le dont de la mettre hors d'elle.
Démasquée, Ackerman soupira avant de s'assoir près de lui. Cependant, elle garda le silence, plongeant son regard dans les étoiles.
Cette scène n'était étrangement pas anodine pour les deux bruns. Néanmoins, cette nuit là, Odin et Njörd leur tenaient compagnie. Et c'était bien plus agréable que de contempler un ciel de terre.
Après ce motus aucunement gênant, Mikasa prit la parole :
-Qu'est devenu Kenny ?
-Aucune idée, lui répondit calmement Livaï.
La jeune femme lui lança un regard interrogateur.
-Il est parti quand j'avais quinze ans, et il est jamais revenu, expliqua le brun.
L'asiatique resta interdite.
-Il lui est peut-être arrivé quelque chose ?!
Elle était agacée par le stoïcisme du petit brun. C'est vrai qu'elle n'avait connu Kenny et Livaï que peu de temps et qu'elle leur en voulait de l'avoir abandonné du jour au lendemain, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour l'homme au chapeau qui l'avait tout de même épargné un sombre avenir.
Mikasa sentit sa fierté en prendre un coup à cette constatation. Cela lui coûtait de reconnaître son inquiétude à l'égard des deux hommes, car c'était aussi reconnaître son affection.
Mais le rire sans joie que lâcha Livaï la sortit de ses pensées.
-Si Kenny était mort, la nouvelle se serait rependue comme une trainée de poudre. C'est pas le genre d'enflure à crever en silence.
La jeune femme sentit son cœur s'alléger. Il n'avait pas tord.
De nouveau, Vidar insinua son souffle dans la discussion des deux bruns.
Après un nouveau temps de latence, ce fût à Livaï de rompre le silence :
-Tu fais encore tes cauchemars ?
L'asiatique crispa sa mâchoire. Il était hors de question qu'elle fasse preuve de faiblesse devant lui.
Alors elle répondit négativement de la tête.
-Je croyais que ta mère t'avait dit que c'était mal de mentir sur ce que tu ressentais, maugréa le petit brun.
-Si tu connais la réponse, rétorqua-t-elle, pourquoi tu me poses la question ?
-Tch.
En faisant claquer sa langue, Livaï se releva.
-Bouge pas, lâcha-t-il avant de tourner les talons.
Mikasa fronça les sourcils. Elle détestait qu'on lui donne les ordres. Néanmoins, n'ayant toujours pas sommeil, elle décida de rester.
Quelque minutes plus tard, elle sentit une étoffe s'enrouler autour de son cou.
-Qu'est-ce qu...
-C'est la tienne, la coupa-t-il.
Mikasa baissa le regard pour apercevoir l'écharpe rouge. Une odeur citronnée vint alors lui chatouiller les narines.
-Tu l'as gardé tout ce temps ? s'étonna-t-elle. Et pourquoi tu me la rends maintenant ?
-Tu me l'avais juste prêté, répondit Livaï d'un ton indifférent, avant de regagner sa place.
Mais en se rasseyant, il força involontairement sur sa cheville lésée.
Mikasa ne loupa pas la grimace qui balaya furtivement son visage.
-Tu as soigné ta cheville ? demanda-t-elle, suspicieuse.
Le brun lui lança un regard interrogateur.
-Ne me mens pas, je sais que tu t'es blessé en sauvant Eren, continua la jeune femme.
-Tch, c'est rien, grogna l'homme. Ça se soignera tout seul.
L'asiatique fronça les sourcils.
-Ça ne se soignera pas tout seul, se fâcha-t-elle. Suis-moi.
Elle se leva pour appuyer ses propos, et ne laissa guère la possibilité au caporal de la contredire.
Une fois à l'infirmerie, Mikasa entreprit de bander la blessure.
Livaï assit sur une chaise, elle soignant sa cheville. Cela lui rappela un souvenir où leurs rôles étaient inversés. La jeune femme se souvint également de la conversation enfantine qu'ils avaient avait eu à l'époque, et ses joues s'enflammèrent.
-Qu'est-ce qui t'arrive ? lâcha le brun en remarquant le trouble de la brune.
-Rien, répondit-elle en n'osant pas élever le regard vers lui. Ça me rappelle juste des souvenirs.
-Tch, tu veux parler de la fois où tu m'as demandé en mariage ? rétorqua Livaï, un sourire moqueur aux lèvres.
-Je... J'étais qu'une gamine, se défendit Mikasa. Et je te rappelle que tu avais accepté.
-T'es toujours une gamine, gamine, répliqua-t-il. Et j'ai accepté uniquement pour pas que tu te mettes à chialer.
Au même moment, une douleur le fit grimacer.
-Pardonnez-moi caporal, s'excusa faussement Mikasa, un regard plein de malice. Il semblerait que j'ai serré un peu trop fort votre bandage.
-Sale peste, grogna-t-il en la foudroyant du regard.
~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~
Hello toute le monde !
Voici le premier chapitre de cette courte fanfiction ( ce sera un Three-Shot ).
J'espère qu'il vous aura plu !
Je sais que Mikasa et Livaï se rencontrant petits n'est pas très original, car j'ai déjà vu de nombreuses fanfictions sur ce thème, donc j'ai longuement hésité à écrire cette histoire.
Mais l'idée met venue il y a très longtemps, quand j'ai remarqué que Livaï portait toujours une écharpe noir dans les manga Birth of Livaï. Il n'en a pas fallu plus à mon petit coeur de shippeuse Rivamika pour s'emballer, et ordonner à mon imagination une histoire !
Sur ce, je vous fais de gros bisous, et à la semaine prochaine~ ❣
▪︎ Merci à andreajustwrite pour la correction et le synopsis <3
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