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Léger Warning pour une petite crise d'angoisse. Ce n'est pas du tout détaillé mais je préviens quand même. Mention de violence aussi. Ou disons qu'on devine qu'il y en a eu.






Vivre seul, et quand je dis vivre seul, je ne veux pas seulement dire que j'habitais seul, je veux dire que du matin au soir, du lundi au dimanche, et quel que soit le nombre de personne qui se trouvaient dans la même pièce que moi, qu'on me regarde, qu'on me parle, quoi qu'on me dise, j'étais seul depuis que j'étais au monde."

Lolita Pille





Seul.

Yoongi avait toujours été seul.

Surtout au milieu de la meute qui s'agitait, chacun faisant sa vie, en l'ignorant totalement.

Il avait l'impression d'être dans un film, ou un clip. Que tout tournait autour de lui, en vitesse accélérée, les membres de son clan, réduits à des silhouettes colorées.

Comme toujours, il était à l'écart, invisible à ceux, censés être sa famille.

Ça avait toujours été comme ça.

Yoongi n'avait que douze ans, mais il ne se souvenait pas, que les choses aient, un jour, été différentes.

Il était à part.

Défaillant.

On s'en était rendu compte dès la naissance et sa mère avait dû se battre, pour qu'on ne se débarrasse pas de lui.

Pourquoi avait-elle fait ça ?

Pourquoi l'avoir gardé en vie, si c'était pour l'abandonner juste après ?

Yoongi ne comprenait pas.

Il comprenait l'indifférence de sa meute, leur désir de le voir disparaître et même l'abandon de celle qui l'avait mise au monde.

Mais pas le souhait de cette dernière, de le voir absolument rester en vie.

C'était stupide.

Stupide et cruel.

Sa défaillance le condamnait à la solitude.

À ne pouvoir créer de lien avec personne, pas même sa propre meute !

Pas même avec l'homme qui avait accepté de l'élever comme s'il était son fils, alors qu'il était toujours dans le ventre de sa mère.

Et plus tard, il ne pourrait jamais avoir de compagnon, cette personne, censée ne voir que vous, pour le reste de votre existence.

Yoongi trouvait le concept plutôt stupide et pas vraiment attirant, mais il rêvait, pourtant, d'avoir cette chance, comme tous les autres.

Il rêvait d'être normal.

Parce qu'être comme tout le monde, signifiait ne pas être seul.

Avoir une famille, des amis, du soutien.

De l'amour.

Sa meute était petite, tout le monde connaissait tout le monde, pourtant, beaucoup ignoraient son nom.

La plupart ne le faisaient même pas par méchanceté.

Étrangement, c'était sans doute encore pire.

Savoir qu'ils n'essayaient pas de l'ignorer pour le blesser, mais qu'ils oubliaient réellement son existence.

Sa défaillance pouvait paraître minime pour d'autres espèces, mais pour un loup, c'était ce qu'il y avait de pire.

Il était là, parlait, respirait, existait !

Mais pour les siens, il était invisible.

Celui qu'on remarque parfois, sursautant presque, comme si on venait de rentrer dans un fantôme.

Celui qui met mal à l'aise, qu'on est pressé de fuir et qu'on utilise pour illustrer des histoires effrayantes ou pathétiques.

Lui. L'autre. L'erreur.

À quand remontait la dernière fois que quelqu'un avait prononcé son prénom ?

L'avait regardé dans les yeux ?

Ou simplement remarqué ?

Yoongi avait pensé qu'en faisant des efforts, il pourrait créer des liens avec sa meute, qu'il pourrait surmonter sa différence.

Qu'il pourrait partager leur vie.

Être accepté.

Il avait fait des efforts depuis sa plus tendre enfance et, malgré ses pensées sombres, de plus en plus insistantes, il continuait.

L'espoir et l'envie, le besoin même, de ne plus être seul, d'être enfin aimé, était toujours le plus fort.

Frissonnant, il revint sur terre, pour remarquer que tout le monde était rentré.

Relevant la tête vers la lune, il ferma les yeux, priant pour que ses efforts soient récompensés.

Lorsqu'un nouveau coup de vent s'engouffra sous son pull, il se décida à bouger.

Jetant, malgré lui, un regard vers les lumières de la maison centrale, là où la meute était en train de dîner, il s'imagina, un instant, assis à cette table, partageant les discussions, petites disputes et les rires.

Le cœur lourd, il prit la direction opposée à cette image de bonheur, vers le silence et le froid, du coin où il avait été exilé.

Yoongi se réveilla avec un mal de crâne atroce, un gémissement de douleur lui échappant, lorsqu'il se tourna sur le dos.

Pourquoi avait-il soudain rêvé du passé ?

Ça n'était jamais arrivé depuis son départ.

Enfin, depuis son bannissement.

Il avait été chassé à ses seize ans, pour comportement immoral.

La meute Stellaire, avait enfin eu ce qu'elle voulait, lorsqu'il avait commencé à fréquenter des personnes pour qui, il n'avait rien de défaillant.

Des êtres humains.

Ils avaient pu utiliser cette excuse, pour se débarrasser, enfin, de l'abomination qu'il était, sans avoir le mauvais rôle.

Tout était de sa faute.

Il était défaillant et dégoutant !

Frissonnant sur le carrelage glacé, il se décida à ouvrir les yeux.

Il n'avait pas le choix, il devait, malgré tout, faire face à la réalité.

Du moins, à la sienne.

Il faisait sombre dans la pièce et, pour une fois, il se s'en plaignit pas.

Pourquoi avait-il fini par terre déjà ?

Ce n'était pas vraiment important, Han Bin le mettait régulièrement à la porte de la chambre, lui laissant le sol pour seul matelas.

Le canapé lit était dans le petit bureau, occupé par Tyler, un grand roux, qui ne payait aucun loyer, mais fournissait le brun en cachets.

Yoongi préférait rester le plus loin possible de lui et de ses produits.

La seule fois où il avait essayé, presque forcé par Han Bin, il s'était retrouvé à accepter et faire des choses...

Secouant la tête, malgré la douleur, il repoussa les souvenirs.

Il n'avait pas envie de penser à ça !

Se relevant, d'abord à quatre pattes, puis, en se tenant au rebord de la table, il inspira et expira profondément, testant prudemment son équilibre.

Son corps entier lui faisait mal, mais l'énorme marque violacée, qui couvrait quasiment toute sa hanche droite, lui coupait littéralement le souffle.

Respirer était laborieux.

Un sifflement le fit sursauter et il grimaça en ramenant machinalement ses mains vers lui.

- Ne cache pas cette jolie marchandise, tu sais que j'ai déjà tout vu ! S'exclama Tyler, son regard glissant sur son corps nu, un rictus aux lèvres.

Sentant son estomac vide se retourner, Yoongi l'ignora, cherchant rapidement parmi le tas de vêtement posé sur une chaise, quelque chose à enfiler.

Il évita les tee-shirt de Han Bin, son petit ami ne l'ayant jamais laissé porter ses vêtements.

La seule fois où il avait essayé, ça s'était mal fini.

Jiho avait raison, ils avaient vraiment des goûts de merde en matière d'homme !

Malgré la situation, penser au blond le fit sourire.

C'était son seul ami.

Au départ, il s'était méfié, comme toujours. Se souvenant de Seokjin, son premier amour.

Celui qu'il avait suivi, en se faisant chasser de la meute, pensant avoir, enfin, trouvé quelqu'un qui l'aimerait pour ce qu'il est.

Celui qui lui avait brisé le cœur.

Mais, ce n'était pas grave, Yoongi comprenait.

Loups ou humains, tous le considéraient comme défaillant et étrange.

Il n'était pas assez bien, quelque soit l'espèce.

D'une certaine façon, il était reconnaissant envers Seokjin, grâce à lui, ses stupides rêves d'amour lui étaient passé !

Du moins, c'est ce qu'il se répétait en boucle, depuis que ce dernier avait disparu de sa vie, sans prévenir, le laissant à nouveau seul et sans toit sur la tête.

Jiho, qu'il appelait, Clochette, n'avait rien à voir avec Seokjin, et entre eux, il n'était question que d'amitié.

D'amour fraternel presque.

Le blond avait mis du temps, mais il avait gagné la confiance de Yoongi.

Il était d'ailleurs, le seul humain à connaître sa vraie nature.

À tout savoir de lui en fait.

Et lorsqu'ils séchaient les larmes de l'autre, ou pansaient ses plaies, ils se répétaient, qu'un jour, ils partiraient loin, former une mini meute.

Une bulle coupée du monde.

Sans loup et sans humain.

Entendant son petit ami râler de la chambre, Yoongi revint sur terre, enfilant rapidement son jean roulé en boule sous la chaise, avant de se précipiter dans l'entrée.

En tee-shirt, il pesta lorsqu'il vit qu'aucune veste à lui n'était entassée sur le petit meuble, qui jouait le rôle de "porte manteau".

"Tant pis !" Songea-t-il, en enfilant rapidement ses converses grises.

Mieux valait mourir de froid que faire face à Han Bin tout de suite!

Il se souvenait de la raison de son bleu à la hanche et de sa nuit sur le carrelage, il ne voulait donc, surtout pas, subir un nouveau face à face.

C'était stupide!

Il savait qu'il ne pourrait pas fuir cette discussion, qu'espérer que son petit ami change d'idée était peine perdue!

Mais jamais il ne pourrait accepter ce que le brun lui avait demandé !

Et en refusant, il allait se retrouver à la rue.

Comme à chaque fois que ses amants se lassaient de lui.

Yoongi était en colère.

En colère et terrifié !

Comment l'avaient-il retrouvé ?!

Comment osaient-ils venir lui ordonner de penser au bien de la meute ?!

C'était eux qui l'avaient chassé !

Qui l'avait abandonné sans ressources, alors qu'il n'était même pas encore majeur !

Ils n'avaient pas hésité une seconde !

Quatre ans étaient passés et pas une seule fois il n'avait eu de leur nouvelle !

Personne n'avait cherché à savoir s'il était encore en vie, s'il allait bien, ou les choses qu'il devait faire pour survivre.

Et aujourd'hui, ils venaient lui donner des ordres, comme s'il était encore l'un des leurs ? Comme s'il avait, déjà, été l'un des leurs ?

Yoongi était furieux !

Mais face à Boa, son regard hautain et sa mine écœurée, il n'avait pas pu laisser exploser sa colère.

À nouveau, il s'était senti comme l'erreur de la nature qui ne vaut absolument rien et qui n'a pas son mot à dire.

Pitoyable. Pathétique. Faible.

La gorge serrée, luttant du mieux possible contre son angoisse, il s'était senti tout petit.

Insignifiant.

Boa l'avait toujours détesté et les années ne semblaient pas avoir adouci ses sentiments.

Perchée sur ses talons vertigineux, rouges, assortis à ses lèvres, la brune l'avait, comme toujours, regardé de haut.

L'appelant par tout un tas de "surnoms" loin d'être affectueux, sans jamais prononcer son nom.

Comme s'il était aussi sale que lui.

Que le simple fait, de laisser les lettres franchir ses lèvres, allait la contaminer.

Elle avait parlé sèchement, avec mépris, ses répliques toujours aussi cruelles.

Ordonnant sans même le saluer et sans poser la moindre question sur lui.

Yoongi avait senti la pièce rétrécir autour d'eux.

La vielle boutique de magie, qu'il adorait, lui donnant toujours l'impression d'être coupé de tout, dans une bulle hors du temps, lui avait soudain paru terrifiante.

Les mur avaient eu l'air de se rapprocher toujours plus, réduisant l'écart entre Boa et lui, avançant doucement pour l'écraser, tel le parasite, qu'il était aux yeux de la brune.

Paniqué, il avait eu l'impression de mourir.

De se noyer.

Tremblant, tenant difficilement sur ses jambes, il avait fui.

Haletant un "non" plaintif à l'alpha, avant de courir aussi vite que son état lui permettait.

Il était rentré dans des gens, tombé plusieurs fois, mais il avait lutté contre l'envie de se rouler en boule au sol, poussé par l'urgence de mettre le plus de distance possible, entre Boa et lui.

Et des heures après, caché comme un lâche dans l'un de ses endroits favoris, il était fou de rage.

Contre cette meute. Contre les loups en général.

Et surtout, contre lui même.

Pourquoi rien n'avait changé ? Pourquoi se laissait-il encore intimider ?

Il était toujours aussi faible au final.

Incapable de prendre sa vie en main.

De s'en sortir seul.

Et tout était de sa faute.

La meute Stellaire n'avait pas complètement tord.

En plus d'être une erreur de la nature, il n'avait aucun amour propre et s'accrochait à toute forme d'affection.

Voilà pourquoi il était avec Han Bin.

Et qu'avant lui, il y en avait eu beaucoup d'autres.

Tous pareils.

Conscients de sa peur de la solitude et de son insatiable soif d'amour.

Est-ce que sortir avec le premier homme voulant bien de lui, pour avoir un toit sur la tête et surtout, combler son manque d'affection par du sexe, ne faisait pas de lui, l'être sale et abject décrit par la meute ?

Seokjin lui avait fait croire que, même s'il était condamné à ne jamais avoir de compagnon, il pourrait être heureux avec un humain.

Être aimé.

Mais au final, lui aussi l'avait laissé, dès qu'il avait trouvé mieux.

En partant, il avait repris ses câlins, ses baisers et son attention.

Tout ce que Yoongi n'avait jamais connu avant lui.

Tout ce dont il avait rêvé.

Jamais il n'aurait cru que connaître un tel bonheur, puisse être plus horrible que n'y avoir jamais goûté.

Avant Seokjin, il était malheureux.

Depuis lui, il était vide et prêt à tout, pour combler l'abysse de son âme.

Se prendre en main et tenir tête aux autres, alors qu'il mendiait de l'attention et se laissait maltraiter pour quelques doux mensonges chuchotés à son oreille ?

Impossible !

Yoongi était conscient de sa faiblesse, de sa lâcheté.

Il se savait trop effrayé par la solitude et le froid des petits coins exilés, semblables à ceux de son passé.

Voilà pourquoi il était en colère contre lui même.

Voilà pourquoi il se détestait !

Il savait ce qui n'allait pas, mais ne faisait absolument rien pour changer les choses.

Han Bin sourit à la brune, l'énorme enveloppe, pleine de billets, fermement serrée contre son torse.

Pour une fois, Yoongi lui servait réellement à quelque chose !

En se levant, il était encore de mauvaise humeur, à cause du refus de ce dernier, de se montrer enfin un peu utile.

Mais là, tous ses problèmes semblaient avoir trouvé une solution.

L'argent.

L'argent allait tout résoudre.

Il allait pouvoir payer Min Sik, et ainsi éviter de se faire arracher un membre, puis faire le plein de pilules et d'alcool pour un moment, sans avoir à se soucier de quoique ce soit.

Cette femme, tombée du ciel, lui offrait une pluie de billets, sans qu'il n'ait à fournir le moindre effort.

Tout ce qu'il devait faire, c'était virer Yoongi.

Tâtant, presque inconsciemment, l'enveloppe, il rit à nouveau, incapable de cacher son excitation.

C'était tellement facile !

Une vraie bénédiction !

- N'oublie pas, si tu le reprends ou que tu l'aides, alors tu n'auras pas l'autre moitié ! Lâcha Boa.

Elle n'avait pas quitté son manteau et ne demandait qu'à sortir du taudis de l'abruti qui lui faisait face.

Traîner chez des humains, dans des quartiers minables, ce n'était pas digne d'elle.

Mais, ils avaient impérativement besoin que l'autre abomination coopère et vienne rapidement se montrer chez la meute Ô.

Si elle revenait sans un plan solide, avec le simple non pathétique du dégénéré, Him Chan n'allait pas la lâcher de la soirée !

Hors de question qu'elle supporte une crise du leader !

Heureusement, trouver une solution et convaincre cet abruti d'humain, avait été aussi simple que rapide.

Après tout, loups ou humains, ça importait peu.

Personne ne voulait vivre et supporter une erreur.

S'en débarrasser, était toujours un soulagement.

Remettant son rouge à lèvre, face à son miroir de poche, elle sourit, en se souvenant de la première fois où elle avait remis l'autre à sa place.

Malgré les années, elle en retirait toujours autant de plaisir.

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