꒰☁️ 𝓟𝓪𝓽𝓻𝓸𝓾𝓲𝓵𝓵𝓮 𝓗𝓲𝓿𝓮𝓻𝓷𝓪𝓵𝓮 . . .

Rendu du concours de @MurmureDuGeai

☁️▻ᴛʜᴇ̀ᴍᴇ ɴ°1 - ғᴀɴғɪᴄᴛɪᴏɴ

☁️▻ʀᴇɴᴅᴜ ʟᴇ 01/05/2023

☁️▻9444 ᴍᴏᴛs (ᴛᴇxᴛᴇ ᴜɴɪǫᴜᴇᴍᴇɴᴛ)


꒰☁️꒱ؘ


𝓟𝓪𝓻 𝓾𝓷𝓮 𝓫𝓮𝓵𝓵𝓮 𝓶𝓪𝓽𝓲𝓷𝓮́𝓮, à l'aube d'une Mauvaise Saison particulièrement froide, se trainaient déjà dans l'enceinte d'un camp de pierre, bordée de ruisseaux et de rivières, quelques silhouettes félines qui foulaient de leurs pattes graciles le sol verglacé par la rosée du matin. L'humidité régnait dans cette combe caillouteuse dont les tanières se taillaient approximativement dans des roches grisonnante aux reflets lustrés par le sel. Le ciel, lui, se teintait peu à peu d'azur, délaissant son drap nuitée qui disparaissait peu à peu à l'horizon, ses nuages cotonneux arborant leur teinte habituelle, rosée ci et là par l'éclat de l'astre solaire levant. Dans ses alentours, les quelques arbres qui dessinaient leurs ombres floues dans l'aurore levante se couvraient peu à peu de poudreuse blanchâtre, tout comme les maigres bosquets et les quelques brins d'herbes qui parsemaient le sol, figeant leurs feuilles autrefois verdoyantes en la position qu'elles occuperaient jusqu'à la fin de cette saison froide, bien trop froide aux goût de la plupart des chats habitant le Territoire.

𝓔t notamment au goût d'une demoiselle à la flamboyante toison rousse déclinante vers l'or, marbré sur les côtes de stries plus sombres, qui, assise devant une tanière de pierre d'où s'échappaient quelques bâillements discrets, tentait tant bien que mal de résister à la fatigue qui engourdissait ses muscles déjà endoloris et au froid mordant dont les rafales glaçantes s'engouffraient dans le camp comme une horde de chats enragés, venant transpercer la fourrure pourtant si épaisse de la jeune femelle qui patientait en pestant. Ses surprenantes iris céruléennes vagabondaient calmement sur les alentours du camp, essayant de faire oublier à leur propriétaire la chaleur réconfortante de sa tanière qui lui manquait cruellement et qu'elle avait quitté bien top tôt pour prendre le temps de l'apprécier à sa juste valeur.

𝓣out en grognant tout bas, remâchant avec hargne la façon dont on l'avait tiré de son nid de mousse et d'ajoncs si douillet quelques moments plus tôt, murmurant quelques insultes qui se matérialisèrent dans l'air en cristaux gelés, créant dès qu'elle ouvrait la gueule un nuage de chaleur qui lui donnait encore plus envie de terminer cette foutue patrouille pour laquelle on avait osé la réveiller de si bon matin, principalement pour pouvoir ensuite passer sa journée à rattraper sa nuit de sommeil bien trop courte dans la sombre tanière où régnait une ambiance chaleureuse exquise, ou bien à lézardé dans un coin du camp, sous le soleil glaçant de cette saison des neiges.


«—𝓢alutations, Eclat Azuréen» Apostropha une voix sereine et froide en un murmure bien audible, sans plus d'émotion qu'une politesse plate et habituelle que la rouquine reconnut bien vite, s'orientant vivement vers la provenance de ce bruit aussi froid que la bise mordante qui arrachait à la femelle alors assise quelques tremblements. Aussitôt, son regard perçant se heurta à une silhouette longiligne et haute sur patte, couverte d'une toison charbon parfaitement lustrée et qui se teintait sous cette lueur particulière de l'aurore de reflets vaguement bleutés. Si la dite Eclat Azuréen ne connaissait pas si bien ce matou aux airs cérémonieux et sérieux, elle aurait presque pût le trouver attirant avec ses iris abyssales d'un bleu sombre et son fin museau aux traits pincés.

«—𝓢alut frérot » Répondit plus malicieusement la guerrière, affichant un petit sourire sarcastiquement ironique au félin noirâtre qui, suite à la réplique de sa sœur, lança un regard courroucé à cette dernière, ne laissant transpercer sa mine sérieuse qu'une vague moue exaspérée durant un maigre instant, chose qui fit jubiler intérieurement la rouquine qui ne put s'empêcher de laisser son sourire s'agrandir, devenant bien plus sincère. Quelle joie de pouvoir faire enrager ce prétentieux qui, malheureusement trop porté sur l'étiquette, ne se permettrait jamais de lui répondre comme elle le ferait. Quel dommage pour toi, mon cher frère. Songea alors la demoiselle de flamme avec un nouveau sourire pétillant.


𝓛e félin se contenta de répondre en faisant claquer sa langue contre son palais alors qu'il ne laissait ses iris abyssales quittées la fourrure de la féline rousse, toujours aussi agacé par ses attitudes bien trop gamine et enfantine à son goût. Voilà bien des lunes que ces deux là se supportaient, et ils le faisaient très bien savoir à leur entourage. Pourtant entre les deux jeunes chats qui avaient déjà vécu leur enfance ensemble, il n'y avait pas de haine ou une quelconque colère mutuelle. Non, il semblait juste qu'une sorte de rivalité se soit créer entre eux, c'est toujours à qui sera le meilleur, à qui chassera la meilleure proie, à qui fera enrager l'autre en premier... Au fond ils s'entendaient même plutôt bien, pourtant ils se laissaient tout deux portés par la compétition à laquelle ils avaient été confrontés dès l'âge de la pouponnière.


«—𝓣u ne changes donc pas ? Toujours aussi aimable et accueillante dès le matin » Ajouta il avec un sourire faussement poli, adressant à sa sœur un de ces regards dont elle avait horreur, un qui lui soufflait clairement "vas-y, continue". Ah oui, il était doué à ce jeu de fausses politesse, à cette manipulation des mots pour faire passer ses piques pour de simples remarques, à savoir camoufler ses véritables pensées sous une montagne de manières et de simagrées.

«—𝓐u moins, je montre des émotions, moi.» Répliqua elle sans se laisser démonter, fixant son fraternel avec son air de chatte hautaine, presque aussi hautaine que ce dernier d'ailleurs, enfin, lorsqu'il daignait montrer quelques émotions sur son faciès de marbre sombre ou à travers ses orbes abyssales, toujours si froids et stratèges, semblant toujours entrain d'essayer de percer le moindre secret, de lire dans les mouvements et l'attitude de ses interlocuteur.

«—𝓙e me demande bien à quoi cela peut te servir, hormis être infecte avec tout les chats qui ont le malheur de te croiser en matinée, en soirée et en journée, à et sans oublié la nuit aussi. D'autant plus que tu exposes ainsi tes pensées à la vue des autres chats.» Lâcha alors le grand félin charbonneux en esquissant un léger sourire taquin, moue qui disparut bien vite alors qu'il replaçait son masque impassible et calculateur sur son minois serein, lançant un vif regard à sa sœur avant de le déposer sur l'horizon, observant le soleil levant qui se reflétait sur l'étendue du Grand Lac.

«—𝓙e sais pas, peut être à paraitre vivant ?» Lança elle à son tour, laissant échapper de sa gorge un bruit oscillant entre le ricanement et le feulement. Oh oui, il était fort ce cœur de renard. Il savait toujours appuyer sur les points sensibles, même avec sa propre famille, et pour ça, Eclat Azuréen le détestait. Était ce seulement de sa faute si elle avait du mal à contrôler ses émotions ? Oui, elle s'emportait vite. Oui, elle avait parfois -souvent- du mal à se canaliser. Mais tout de même.

«—𝓥ous n'allez pas commencer à vous battre dès le matin tout de même ?» Les interrompit une voix douce et cristalline, venant stopper Eclat Azuréen avant qu'elle ne réplique quelque chose au grand félin à la sombre fourrure. Emplit d'une gentillesse sans nom, la rouquine reconnut aussi très clairement la détentrice de cette voix, son expression féroce s'adoucissant presque immédiatement alors qu'elle pivotait ses iris azuréennes vers une petite femelle à la douce toison noir de jais, éclairci par-ci par-là de tâches immaculées au niveau du poitrail et du front. Candeur de la Rivière. Pensa alors instantanément la jeune guerrière au flamboyant pelage crépusculaire alors qu'elle détaillait le pelage identique de la jolie femelle charbonneuse, identique à celui de son insupportable frère, Quiétude de l'Océan.

«𝓒'est sa faute !» Répliqua alors du tac-au-tac la femelle rousse d'une voix faussement vexée, coulissant un regard vers un Quiétude de l'Océan outré, mais ne pouvant tout de même masqué son sourire doux alors qu'elle ramenait son regard posément sur la deuxième membre de sa fratrie qui s'avançait doucement vers elle de ce pas sautillant et enjouée qui lui collait si bien. Venant par la suite coller son flanc à celui de sa sœur enflammée après avoir franchit la distance qui les séparait, un sourire placé sur son ravissant minois alors que ses iris bleutées pétillantes de vie affichaient une lueur apaisante et naïve qui savait calmer le courroux de Eclat Azuréen lorsque celle ci s'emportait trop rapidement, assez souvent en soit.


𝓣oujours aussi calme, la petite femelle à l'épaisse toison noir de jais, colla son museau rosâtre contre l'épaule touffue de sa sœur, un geste affectueux qu'elle utilisait pour la saluer, plongeant ensuite ses douces prunelles nuitées dans celles azurées de sa sœur de lait. Contrairement à sa relation avec Quiétude de l'Océan, la rouquine avait toujours eu une affinité fusionnelle avec la jolie Candeur de la Rivière.

𝓔t ce depuis l'âge de la pouponnière, elles s'étaient toujours montrées si proche, toujours inséparables, il était quasiment impossible de voir la noiraude sans ensuite apercevoir le museau flamboyant de sa sœur et vice-versa. Il en avait toujours été ainsi, chatonnes lorsqu'elles se baladaient dans tout le camp en piaillant, quémandant des histoires aux anciens ou des démonstrations aux guerriers disponibles ou aux apprentis, s'aidant de l'adorable bouille qui était propre aux tout jeunes chats pour obtenir ce qu'elles convoitaient humblement.

𝓟uis vint le temps des novices et de la terrible tanière des apprentis où défilaient bon nombre de cas étranges, des tyranniques félins aux presque invisibles jeunes chats, en passant bien sûr par tout les autres étrangetés qui pouvaient peupler cette terre. Ainsi les deux demoiselles s'étaient encore plus rapprochées, la rousse et son caractère enflammé protégeant farouchement l'autre et son air exquisément naïf. Et enfin, depuis à peine quelques lunes, elles partageaient la tanière des guerriers.


«𝓑ien le bonjour, Candeur de la Rivière.» Fit alors doucement Eclat Azuréen à l'adresse de sa chère sœur, se délectant tout comme la dénommée de prononcer le nom réservé aux guerriers et si admirablement bien choisi par leur chef, Etoile Rutilante, un fin sourire taquin venant orné son doux museau roussâtre. Moue aussitôt rendue par la joyeuse femelle d'encre, ses iris nuitées toujours profondément ancrées dans le regard pétillant de sa sœur.

«𝓑onjour à toi aussi, Eclat Azuréen.» Répondit alors la candide femelle noirâtre en souriant de plus belle, appuyant de sa voix cristalline avec soin sur le nom de la rouquine. Cette dernière soupira d'aise à l'entente de son nom, tout aussi ravie que Candeur de la Rivière lorsque cette dernière prononçait son patronyme si unique à ses yeux.

«𝓓ites, les jeunes, vous comptez la faire votre patrouille ou vous allez continuer de nous casser les tympans avec vos simagrées ?» Feula alors une nouvelle voix, coupant court à leurs discussion alors qu'une silhouette puissante se profilait à l'entrée du tanière, fixant d'un air mesquin les trois jeunes guerriers qui conversaient matinalement au beau milieu du camp, Galet du Lac, indéniable vétéran au caractère bien trempé et qui chérissait plus que tout rembarrer les chats plus jeunes que lui, se tenait vouté en pestant à l'orée de la grotte des guerriers. Derrière lui, dans la semi pénombre de la tanière des guerriers, on distinguait également l'ombre du museau revêche de Feuille Aquatique qui, peu à peu, s'avançait afin de dépasser le vieux chats aigri pour rejoindre les trois jeunes guerriers.


𝓛a vétérane à la toison nacré s'avançait d'un pas gracieux et agile, ses longues pattes touffues semblant à peine fouler le sol granuleux du camp alors que l'on distinguait aisément ses muscles puissants rouler sous son dense pelage immaculé. Ses prunelles vertes, aussi froides que l'eau du Lac, étaient durement posées sur la fratrie, son museau dur n'affichait aucune expression si ce n'était une vive politesse feinte avec peu d'efforts. Montrant à merveille son peu d'investissement habituelle dans les relations sociables.


«𝓜erci de m'avoir attendu, nous pouvons y aller à présent.» Lâcha d'une voix grave la grande féline blanchâtre en arrivant à la hauteur des jeunes chats, saluant ces derniers d'un signe de tête bref, ses prunelles verdâtres se déposant sur les trois guerriers alors qu'elle appuyait bien sur chacun de ses mots, coulant un regard glacé à son semblable qui, pestant toujours de plus belle, regagnait son nid de mousse au fond de la tanière des guerriers, rechignant quelques jurons qui devinrent vite des murmures à peine audibles.


𝓔n ce début de Mauvaise Saison, les malheureux félins désignés pour patrouiller dès l'aube dans le territoire humide et rocailleux du Clan du Lac se tenaient désormais au centre du camp, orientant d'un mouvement presque fluide leurs corps svelte vers la sortie -et entrée- de la combe. Choisie avec son frère et sa sœur, Eclat Azuréen ne pouvait s'empêcher de pester contre la décision de leur chef de l'envoyer ainsi de bon matin se geler les coussinets aux abords des frontières. Surtout que, d'ordinaire, un ou deux apprentis étaient toujours ajoutés à la patrouille, mais on avait décidés que le temps seraient trop dur pour les plus jeunes novices. Comme si le temps n'était pas assez dur pour n'importe quel chat. Continuait de pester la demoiselle crépusculaire, ressassant les évènements précédents.

𝓛a petite patrouille se mit alors en route, se formant instinctivement en deux groupes. A l'avant avançaient fièrement Feuille Aquatique et Quiétude de l'Océan, simplement, les deux grands chats marchaient avec calme et rigueur vers l'arche de roches et d'ajoncs qui délimitait l'enceinte du camp. Et juste derrière ce fier duo, trottinaient vivement les deux plus petites demoiselles du camp, la rousse collée contre la noiraude et inversement, mêlant leurs fourrures denses en grelottant sous l'assaut des puissantes rafales glacées qui couchaient les roseaux et serpentaient entre les roches grisonnantes.

𝓢i le temps n'était pas si exécrable, Eclat Azuréen aurait presque put apprécier la beauté du paysage givré qui se déroulait sous ses iris céruléennes. Car malgré le bise qui lui gelait les os, la demoiselle de flammes distinguait parfaitement les courbes gracieuses des quelques arbustes et bosquets aux écorces grisée et dont les branches pendaient sous le poids de la neige, dépourvues d'un quelconque feuillage verdâtres si ce n'est les cadavres de feuilles terni de brun et figé dans un cocon de glace fragile, le sol rocailleux finement couvert de poudreuse immaculée, granuleuse sous les coussinets de la petite patrouille, et le ciel terne et grisâtre, nuancé ci et là de quelques nuages discrets, nacré ou anthracite, oui, la nature pouvait se montrer aussi belle que fougueuse. Son calme autrefois haché par les gazouillement joyeux des oiseaux et les éclats de voix provenant du camp ne se troublait plus que par le tumulte des quelques ruisseaux encore en activité qui striaient le territoire du Clan du Lac.


«—𝓢i cela vous convient, je pensais que nous pourrions commencer la patrouille auprès de la frontière forestière, puis longer le territoire jusqu'aux marécages et finir par les plaines en passant à l'Île des Assemblées.» Fit la voix froide et rauque de Quiétude de l'Océan, brisant le silence si agréable qui s'était abattu sur la petite patrouille. Sous ces airs cérémonieux et courtois, la rouquine se doutait bien de deux choses au sujet de son frère en cet instant. Premièrement, le vouvoiement ne devait s'adresser qu'à Feuille Aquatique et non aux deux demoiselles qui trainaient des pattes à l'arrière, et deuxièmement, le guerrier charbonneux ne devait pas être si ravi que la dite vétérane les accompagne pour sa première patrouille sous le rôle de chef.

𝓓'un simple hochement de tête, Feuille Aquatique acquiesça, s'orientant instinctivement vers un petit sentier tracé à force de passage au milieu de fougères épaisses, leurs larges feuilles sombres désormais figées par le verglas de mauvaise saison. Sans abandonner sa vitesse de croisière, la grande féline vaporeuse continua sa course lente vers les lignes frontalières, se glissant agilement sous l'imposant feuillage gelé d'une osmonde, le bruissement de ce dernier contre la toison de la guerrière masquant presque le grognement agacé du long matou charbonneux qui s'empressa de se faufiler à sa suite, sûrement pour tenter de reprendre le contrôle de sa patrouille.


«—𝓐près toi, ma chère sœur !» Miaula alors joyeusement Candeur de la Rivière en esquissant une légère révérence moqueuse à l'intention de la rouquine. Cette dernière, souriant finement face à l'aisance de sa sœur, leva fièrement le menton, entrant facilement dans le jeu de la demoiselle d'encre alors qu'elle avançait d'un pas lent et altier vers le passage sous la basse canopée, se baissant enfin légèrement pour réussir à passer sans encombre, murmurant un "merci" hautain à la féline derrière elle, sans se départir de son sourire rayonnant, faiblement caché sous un air royal. La jeune guerrière émit un petit rire cristallin suite au jeu d'acteur d'Eclat Azuréen, se faufilant à la suite de sa comparse flamboyante en ricanant doucement sous les œillades désespérées d'un certain matou charbon et d'une vétérane anthracite.


𝓐 la suite de ces derniers, les deux jeunes guerrières s'élancèrent discrètement sur les pas de leurs camarades, leurs courtes pattes rousses et noires foulant en pas de plus en plus allongés le sol où terres et graviers se mêlaient à mesure qu'elles ralliaient le duo froid. L'air hivernal fouettant leurs minois tandis que les coussinets rosées des deux félines dérapaient minutieusement sur quelques cailloux fins, à quelques longueurs de queue de renard de la tête de patrouille. Un petit rire cristallin parvint aux oreilles de la flamboyante, lui apprenant que sa sœur de lait la dépassait avec fierté dans cette petite course improvisée. Du coin de ses iris céruléennes, Eclat Azuréen aperçut le petit éclair noirâtre qui filait avec panache à ses côtés, sa silhouette charbonneuse se plaçant devant la rouquine de quelques moustaches, se découpant à merveille dans le paysage glacé.

𝓥exée mais souriante, la guerrière enflammée se jeta un peu plus en avant, ses foulées se faisant de plus en plus longues à mesure que sa férocité la poussait à dépasser la noiraude qui filait telle une flèche vers leurs deux comparses, loin devant -car ne les ayant pas attendus-. Ses griffes légèrement sorties crissèrent sur le sol alors qu'elle envoyait ses antérieures bien plus en avant alors que sa sœur se rapprochait dangereusement du duo de tête et donc de la fin de la cavalcade effrénée.

𝓛es chats du Lac, une fois rassemblés en un petit groupe, les retardataires ayant rejoint les deux autres en ricanant doucement, leurs iris bleutées se fixant malicieusement alors que leur respirations sifflantes peinaient à se calmer, entreprirent de longer la frontière la plus proche. Séparant en une ligne odorante le territoire des Clans du Lac et des Forêts, à la lisière de l'un de ces bosquets désormais figés dans la poudreuse qui composait le lieu de vie des chats forestiers.


«—𝓥érifions la frontière sur quelques longueurs de queues puis nous passerons à la prochaine.» Lança la voix calme de Quiétude de l'Océan, montrant l'exemple en se penchant légèrement vers la dite frontière, à deux pas d'un ruisseau glacé que le grand félin charbonneux enjamba aisément, venant renifler minutieusement la ligne odorante comme pour s'assurer que cette dernière avait bien été marquée par un Clan comme par l'autre. Sa tâche vivacement accomplie, le guerrier longiligne releva son museau aux traits neutres, fixant ses prunelles océaniques sur le bosquet en face de lui puis sur l'horizon de la frontière, s'assurant de son regard scrutateur qu'aucune présence quelconque ne les épiait en secret.

𝓐 leur tour, les trois félines se penchèrent vers la frontière, abaissant leurs museaux fins vers le sol odorant, coulant également quelques regards au côté opposé de la ligne marquée. Alors que Feuille Aquatique se mouvait gracieusement le long du marquage -passant sereinement à côté du seul matou-, son regard verdâtre oscillant entre le sol verglacé et les bosquets couvert de perles de lune, les deux inséparables se chargèrent du marquage à l'opposé des deux guerriers. Reniflant vivement le sol en zigzaguant entre les quelques fougères poudrées de blancs qui bordaient leur côté de la frontière. La noiraude, insouciante, s'aventurant à pas de loup le long de la ligne odorante tandis que sa sœur flamboyante, plus consciencieuse, la suivait tout en laissant son regard se balader sur les alentours adverses.


«—𝓒andeur de la Rivière, Eclat Azuréen, continuons la patrouille. Mieux vaut ne pas croiser une patrouille des Forêts ces derniers temps.» Interpella à nouveau le guerrier d'encre à l'intention de sa fratrie qui, se relevant à l'entente de cet ordre camouflé, tourna les talons et s'engouffra le long de la frontière à la suite de Quiétude de l'Océan et de Feuille Aquatique dont les silhouettes hautes sur pattes s'en allait déjà d'un pas calme, longeant la ligne marquée d'odeurs diverses.

«—𝓗um ? Parce qu'il y a vraiment un moment où on veut les croiser peut être ?» Répondit doucement la rouquine en ressassant machinalement sa rancœur pour de certains anciens apprentis de ce Clan, ses pas la menant sur la piste des deux félins aux côtés de sa sœur afin que sa pique peu subtilement cachée puissent parvenir à leurs oreilles.

«—𝓟as vraiment, mais tu sais que c'est compliqué après la dernière assemblée.» Ajouta doucement la jeune guerrière sombre d'une voix douce en mêlant son pelage d'encre à celui, flamboyant, de la demoiselle de flamme, coulant un regard courroucé à Quiétude de la Rivière qui, toujours aussi joueur à l'idée de réprimander sa jeune sœur de lait, s'était retourné vers elle pour lui lancer une nouvelle pique.


𝓐h oui, cette si terrible assemblée où Eclat Azuréen avait eu la chance d'assister et de laquelle elle ne pouvait que donner le résumé sommaire qu'elle avait relaté à sa mère et sa sœur, restée au camp, et qui, globalement, ressemblait à: des débats, beaucoup d'ennui, des apprentis bruyants, et, enfin, un peu de piment avec la venue du sujet du retour au Territoire du Clan des Marais et donc du partage des terrains de chasse des Clans alentours afin de restituer aux chats nouvellement venus leur surface de vie originelle. Ce débat s'était avéré... enflammé ? Actif ? Bref, compliqué. Surtout du côté du Clan des Landes dont la meneuse n'avait guère apprécié l'idée de perdre les collines aux abords des bourbiers qui, en n'importe quelle saison, regorgeait de proies faciles.

𝓔nfin bon, cette réunion des Clans s'était soldé par un affrontement oral entre la cheffe des Landes et ceux du Lac et du Marais, le meneur forestier ne s'étant pas prononcé car la perte de territoire ne le concernait pas. Ainsi les trois chefs s'était tenus tête férocement, avec un presque dérapage du côté des félins des prairies dont la souveraine avait manqué de bondir sur le dos d'Etoile Ascète, la meneuse du Clan des Marais. Le rassemblement aurait été presque divertissante si les guérisseurs n'avaient pas menacé, au nom de leurs ancêtres étoilés, de mettre un terme à cette assemblée comme aux prochaines.


«—𝓜ouais... on a pas eu de soucis avec eux pendant l'assemblée au moins..» Miaula doucement Eclat Azuréen en se serrant un peu plus contre sa soeur, profitant de la chaleur naturelle qui émanait de son pelage mi-long pour apaiser les frissons que la bise créait en elle, attisant le feu d'émotions qui bouillonnait au creux de son estomac à la simple pensée du clan sylvestre.


𝓒ontinuant leur périple, les félins du Lac se dirigèrent vers la nommée Île des Assemblées où se réunissait une fois par lune les quatre Clans du Territoire. Ils longèrent vivement la ligne frontalière partagée avec le Clan des Marais, l'odeur émanant de ces derniers ne cessant de leur prendre la truffe à chaque léger coup de vent, obligeant les guerriers à l'odorat ainsi assailli à accélérer leur pas d'un même mouvement. Après un bref regard, presque sous apnée, à la frontière pestilentielle, étant clair que les marquages avaient été bel et bien effectués, les quatre félidés tracèrent vivement leur route vers le dit îlot de terre en trottinant, tentant aussi bien de boucler cette patrouille que de réchauffer leurs muscles endoloris et ankylosés par le froid glaçant.

𝓐u loin sous leurs prunelles, des suites d'un réseaux de ruisseaux complexes et gelé où s'entremêlaient les lits des petites rivières et de nombreux rochers et troncs d'arbres couchés, le Lac du Territoire se formait enfin, en son presque centre trônant un petit bout de terre assez large d'où dépassait quelques pins frileux et filandreux et quelques bosquets glacés. Pour y accéder, le pont de bois -qui n'était autre qu'un vulgaire tronc de chêne abattu par les Bipèdes bien des lunes auparavant- se dressait dans toute sa splendeur en travers de l'étendue d'eau, sa largeur d'arbre centenaire le laissant s'immerger dans l'eau gelée du Lac alors que son bout opposé à l'île tenait bloqué entre deux larges rochers.

𝓓'un signe vif de la queue, Quiétude de l'Océan intima aux trois guerrières de s'arrêter, se stoppant lui même aux côtés d'un buisson d'épine blanchis auprès duquel il s'aplatit. A leur tour, les femelles aux pelages divers ralentirent leur course jusqu'à complètement se stopper, se mettant à couvert derrière ce qu'elle pouvait trouver. De ses iris abyssales, le félin de charbon décrypta les alentours à une vitesse qui le caractérisait bien, d'un nouveau signal, le grand guerrier sombre se releva et lança son corps svelte et rectiligne en avant d'une puissante poussée des postérieures. 

𝓕euille Aquatique s'élança presque immédiatement à la suite de son cadet, son pelage de nacre voletant dans l'air humide à mesure que ses puissantes pattes la propulsaient vers l'avant. Bientôt suivi des deux comparses de toujours, qui, se jetant vers l'avant avec l'adrénaline d'une course en terrain accidenté, démarrèrent presque comme un seul chat, leurs foulées longues et légères leur permettant de rattraper légèrement les deux guerriers hauts sur pattes qui courraient côte à côte. Cavalant comme un seul et même guerrier, les chats du Lac zigzaguaient en une chorégraphie élaborée entre les obstacles, chacun semblant connaitre un chemin différent pour accéder au pont.

𝓔t justement, voilà que se dressait face à eux le large tronc de chêne, marqué du passage de nombreux chats par les griffures ornant son écorce brune, témoignant de l'agilité de certains chats qui s'accrochent à ce pont de fortune comme à leur vie. Il fallait dire qu'il pouvait paraître bien long ce passage jusqu'à l'île des assemblées claniques, de quoi en effrayer plus d'un. Pourtant, le matou charbonneux qui y grimpa ne semblait avoir aucune appréhensions quant à son passage, tout comme la stricte femelle nacrée qui s'y engouffra à sa suite, suivant Quiétude de l'Océan qui, prenant son rôle très à cœur, ouvrit la marche jusqu'à l'île.

𝓔nfin, vint le tour d'Eclat Azuréen qui déposa une patte incertaine sur ce tronc rutilant d'années, épaulée par sa cadette qui, affichant un sourire réconfortant sur son minois candide, se dressait à quelques pas d'elle, l'attendant sagement alors que la rouquine se hissait -difficilement du fait de sa petite taille- sur le pont écorché, indiquant à la noiraude qu'elle la suivait. Ses pas étaient bien moins assurés que ceux de ses camarades, toutefois, elle maintenait une cadence vive et s'élançait prudemment à la suite de Candeur de la Rivière.

𝓤ne fois arrivée de l'autre côté, la demoiselle de flamme ne fut pas peu rassurée d'enfin sentir sous ses pattes fines la stabilité de la terre que lui offrait l'îlot. Elle en eu presque envie de lécher le sol, mais sa fierté l'en empêcha. Sa fierté et les regards presque taquins que lui jetaient son cher frère. Soupirant, la jeune guerrière se lança à son tour dans l'observation de l'île, scrutant d'un oeil vif les buissons et les quelques arbres, le grand roc, ainsi que la prairie où se rassemblaient chaque fois les Clans. En face d'eux, à l'opposé presque parfait du pont de chêne, se dressait le territoire des Landes dont la délimitation se faisait par une large butte d'où descendaient les félins des prairies avant de s'avancer dans l'eau peu profonde pour rejoindre le lieu de rassemblement, ou le Chemin de Roches pour les plus aguerris -ou fougueux-.


«—𝓣ient, tient, tient... Mais qui voilà ? Ne serait-ce pas une patrouille de bouffeurs de poisson ?» Une voix s'éleva distinctement derrière les quatre guerriers en mission de patrouille, claire et moqueuse, suintante d'une condescendance non feinte. De derrière un maigre bosquet rachitique, une longue silhouette à la courte toison s'extirpa en un bond gracile qui fit rouler sous sa toison soignée une fine musculature bien taillée. Etoile Incandescente, car tel était son nom, venait d'apparaitre en un coup de vent au sommet de la butte qui délimitait le terrain de chasse du Clan des Landes. Surplombant de toute sa taille le groupement de félins, toisant ses derniers de ses iris orangées, dédaigneuses et moqueuses.


𝓐 l'entente de cette voix froide au timbre pourtant chaleureux, les guerriers du Lac se figèrent, Feuille Aquatique fut la première à se tourner vers la provenance de cette voix, bien tôt imitée par Quiétude de l'Océan dont l'expression se figea encore plus que d'ordinaire, puis encore par Candeur de la Rivière, bien plus inquiète et paniquée, et la rouquine dont la moue se changea en une expression surprise et pressée. Ses iris céruléennes passèrent sur sa soeur de lait, cette dernière baissa immédiatement la tête vers ses pattes fines, préférant éviter de croiser le regard incendiaire de la meneuse des Landes, à l'inverse de la vétérane anthracite qui releva le museau vivement, son regard perçant passant sur la grande féline rousse.

𝓔nfin, Eclat Azuréen coula un regard au noiraud que ce dernier ne saisit pas, ses prunelles abyssales happées par la somptueuses femelle aux allures de souveraine, le museau légèrement entrouvert alors que son visage de marbre se figeait en une moue d'incompréhension pure et dure. Quiétude de l'Océan, malgré tout ses airs et son sérieux, semblait bien pris au dépourvus d'ainsi voir apparaitre sous son regard nuité la cheffe d'un Clan adverse à l'air si angélique, peut être était il choqué par sa beauté prenante, son pelage court et lustré de brun roussi qui se détachait à merveille dans le paysage hivernal, ou encore ses iris crépusculaire dont les milles nuances d'orangé se muaient avec délice dans ses prunelles en amandes.


«𝓙e propose qu'on renvoi ces croqueurs de lapins au fin fond de leurs prairies paumées !» Lança ardemment la demoiselle flamboyante, brisant le silence qui s'était installé au milieu de la brise par un feulement féroce qu'elle laissa s'échapper de sa gorge alors que, le museau fièrement levé, elle lançait un regard de défi, provocateur comme elle en avait le secret, à la meneuse adverse qui elle semblait se délecter de chaque instants depuis son arrivée.

«𝓘ls sont une dizaine et nous sommes quatre, ça n'aurait aucun sens...» Miaula doucement le fin félin charbonneux d'une voix éteinte, contemplant d'un œil vide les silhouettes grandes et puissantes qui venaient se dresser aux côtés de leur cheffe, de maigre sourire moqueurs ou triomphants se plaçant sur leur minois. Plus comme s'il constatait la situation que pour répondre à la rouquine, Quiétude de l'Océan laissa son regard scrutateur se déplacer instinctivement sur la dizaine de carrures qui se profilaient sur la butte, les scrutant eux même telles de vulgaires proies.

«𝓔t alors, je suis sûr qu'en y allant tous ensemble, bien rassemblés, bien préparés, on pourrait...» Commença elle avec hargne, détournant l'espace de quelques instants ses prunelles, méfiantes et sublimes, des chats des prairies pour venir les ancrer sur son frère qui, lui, fixaient toujours les félins adverses dont les mouvements gracieux et souples commençaient à se faire voir des guerriers du Lac. Son argument, bien que déficelé, n'arriva à son terme, interrompu par un grognement rauque qui la surpris.

«—𝓣u ne comprends donc pas ? On ne peut rien faire au risque de déclencher une bataille, où on a pas plus de chance qui plus est ! Et tu feras ce que je te dirais, quand je te le dirais ! Est-ce clair ?» Feula le grand matou charbonneux d'une voix pincée, ses iris nuitée d'ordinaire si froides et calmes reflétant désormais la panique que lui procurait cette accrochage entre patrouille malgré les efforts évidents qu'il fournissait pour conserver un semblant d'attitude fière. Le matou, et cela se voyait pour la rouquine avec laquelle il avait grandi, n'en menait pas large. Dans son regard vif, une multitude d'appréhension transparaissaient de son voile neutre et vide d'émotion. Pourquoi diable cela arrivait il maintenant ? Alors même qu'il se voyait confier sa première patrouille ? Cela ne semblait lui arriver qu'à lui. C'était le cas, non ? Les autres patrouilleurs ne relataient jamais ce genre d'accrochage avec d'autres Clans, alors pourquoi donc il en était la seule victime ?

«—𝓢i vous n'arrivez même pas à vous accorder sur une simple patrouille, qu'est ce que cela donnera lors d'une bataille.» Les interrompit une voix froide et blanche d'un ton qui ne laissait place à aucune équivoque. Feuille Aquatique, dans toute sa splendeur, était dignement assise aux côtés de l'inquiète Candeur de la Rivière. Le menton fièrement relevé, le dos droit et sa longue queue touffue enroulée autour de ses antérieures, la guerrière laissait ses iris de jade passer du noiraud à la rouquine, lançant par moment des œillades calmes à la troupe de chats adverses.

«—𝓜ais oui, les chatons. Ecoutez donc votre maman si sage, enfin, votre grand mère plutôt !» Lança à nouveau la voix claire et mélodieuse d'Etoile Incandescente, un sourire aussi glaçant que le temps de la Mauvaise Saison se formant sur son splendide minois alors qu'elle ouvrait à nouveau son museau. «—Mais décidez vous vite, j'ai les crocs, mes chéris.» Ajouta elle enfin en se penchant légèrement vers la petite patrouille, bondissant d'un gracieux saut jusqu'au sol -à niveau des autres chats en tout cas-, bientôt suivis de quelques uns de ses guerriers alors qu'elle entreprit de bondir aisément de rochers en rochers, slalomant agilement au dessus de l'eau afin de rejoindre l'Île des Assemblée, s'asseyant enfin à seulement deux longueurs de moustaches de Feuille Aquatique qui, en parfaite vétérane, se tenait toujours bien droite face à l'ennemi, son museau revêche revêtant un air de défi à l'intention de la jeune meneuse.

«—𝓠ue veux-tu donc, Etoile Incandescente ? Déclenchez une guerre n'est pas une très bonne idée en ces temps.» Fit posément la grande féline de nacre, toujours aussi droite et désormais face à la sublime féline, souveraine des Landes. Son ton calme et froid ne se brisa pas, son regard vert durement fixé sur le museau angélique d'Etoile Incandescente qui, sans se départir de son sourire, prépara soigneusement sa réponse.

«—𝓔h bien, vois-tu, chère Feuille Aquatique, j'ai été fort désappointée lors de la précédente assemblée. Il faut dire que je n'ai pas particulièrement aimé la façon dont on a repris, à moi et à mon Clan, les terrains de chasses près des marécages.» Fit elle proprement, son maigre sourire toujours plaqué sur son ravissant minois, rendant à la vétérane dont elle s'était délectée de prononcer le nom son regard dur. «—D'ailleurs, ça me rappelle la façon dont Etoile Rutilante s'est allié aux chats des Marais» Ajouta elle avec une moue glaçante et sereine, lourde de sens quant à ses intentions.

«—𝓗um cela explique donc pourquoi tu te déplaces avec une telles escorte. Tu nous attendais ?» Répondit doucement la grande vétérane, ses iris de jade dure toisant, méfiantes, les chats des Landes qui, à la suite de leur meneuse, s'élançaient vivement sur les blocs de pierre dépassant de l'eau, leurs corps sveltes slalomant avec grâce de roche en roche, prouvant une énième fois l'agilité et la vitesse dont les félins des prairies étaient dotés.

«—𝓟eut être bien, qui sait ? Mais, on ne vous entend plus les enfants, vous avez peur de parler aux grandes personnes ?» Miaula d'un ton enjôleur la meneuse flamboyante, braquant ses orbes crépusculaires sur les trois jeunes guerriers, arrachant un feulement hargneux à Eclat Azuréen et une œillade mauvaise de la part de Quiétude de l'Océan tandis que la cadette charbonneuse semblait se replier un peu plus sur elle même à la simple sensation des prunelles enflammées de la sublime femelle.

«—𝓠u'est ce qu'elle a dit la grognasse ?» Feula ardemment la petite rouquine, ses iris céruléennes ancrées dans le brasier flamboyant qu'était les iris d'Etoile Incandescente, un nouveau grognement s'échappant de sa gorge, son long pelage se dressant peu à peu le long de son échine tandis qu'elle se plaçait en position de combat, abaissant son corps alors que ses postérieures se bandaient, prêtes à bondir sur la meneuse condescendante. Cette dernière, un long rictus glaçant remplaçant son sourire radieux, se tourna vers la jeune féline du Lac, son regard orangée fixé sur la demoiselle de flammes l'air de lui souffler "répète ?".

«—𝓔toile Incandescente.» Lança durement une voix grave et profonde, qui ne pouvait appartenir qu'à un félin que tous connaissais bien. Un mâle à la courte toison beige et brune, musculeux et svelte, aux prenantes iris incendiaires qui n'étaient pas sans rappeler le regard somptueux de la jeune souveraine du Clan des Landes. Mistral Ardant, car tel était le nom du puissant matou ayant parlé, venait de révéler sa présence au sein de l'escorte de sa propre fille et cheffe du Clan.


𝓔clat Azuréen, stupéfaite, laissa ses prunelles céruléennes s'ancrées sur le vétéran au corps couturé de cicatrices, presque toutes dût à ses nombreuses batailles -et victoires-. Ses espoirs, déjà minces, venaient de s'évanouir, emportés par la voix caverneuse de ce chat que tous connaissait pour son talent au combat. En d'autres circonstances, c'aurait été un honneur de croiser ce guerrier, mais loin de là sur un champ de bataille. Se battre contre lui assurait presque quasiment un allé simple pour le clan des ancêtres.

𝓔t elle ne semblait pas être la seule à se montrer choquée par l'arrivée du grand Mistral Ardant, à fixer ce guerrier de légende tel un chaton découvrant la vie, la gueule à entrouverte et l'air béat, car à ses côtés, Quiétude de l'Océan soufflait d'appréhension, son regard abyssale fixé sur le félin brun aux multiples marques de combats. Et, plus loin, la rouquine entendit la vétérane de leur groupe murmuré un petit "ô par mes ancêtres" décontenancé, son air impassible troublé par l'arrivée de ce guerrier plus qu'accompli, tout comme Candeur de la Rivière qui devait sûrement braquée son doux regard nuité sur le matou recevant tout les égards, la mine béate tout comme sa sœur.


«—𝓞h, je vois à vos airs ahuris que vous ne vous attendiez pas à cela» Lâcha malicieusement Etoile Incandescente après avoir lancé à son paternel un regard fier et triomphant, visiblement ravi que la simple présence de Mistral Ardant puisse ainsi rabaisser le caquet des félins du Lac. «—Eh bien, petite, tu ne veux plus te battre ? Au fait, tu devrais fermer la bouche si tu ne veux pas avaler de mouche.» Ajouta elle, braquant son regard crépusculaire sur la petite rouquine qui, surprise par cette arrivée remarquée, avait totalement abandonné sa posture de combattante, bien trop happé par le halo de force qui émanait du dit félin brun. «—Enfin bon, vous comprendrez bien, mes chers camarades du Lac, que nous ne souhaitons pas tellement perdre ces terrains. N'est-ce pas Caprice des Vents ?» Finit elle avec un petit ricanement qui capta presque l'attention des quatre guerriers, tout comme le nom prononcé de la jeune lieutenante des Landes, connue pour ses tactiques malicieuses et fourbes.

«—𝓣out à fait, ma chère !» Miaula vivement une pâle voix, aigue et douce, aux côtés de la meneuse. Apparaissant effectivement d'entre quelques guerriers, la mince silhouette d'une féline à la fourrure beige tachetée de brun vint se placer à la suite de sa cheffe, son minois candide étiré en un rictus rusé alors qu'elle braquait son regard pomme sur les malheureux chats du Lac. «—Vous l'avez, je pense, bien compris: nous ne laisserons pas ces terres filer entre nos griffes pour un si banal prétexte, tout comme vous d'ailleurs.» Entama elle doucement, jouant de ses charmants mots pour faire parvenir aux guerriers adverses un bien sombre message que tous tentaient de refouler.


𝓟ourtant, lorsque les regards abasourdis de la patrouille des chats nageurs distinguèrent les mouvements souples que certains des guerriers des prairies effectuaient, lancés par un signe de tête ordonné par la frêle lieutenante, s'avançant lentement, tel des prédateurs jouant avec leurs proies, le doute ne fut plus permis pour Eclat Azuréen et ses comparses. Les chats des plaines ne comptaient pas les laisser partir de l'Île vivants, et encore moins s'en aller raconter à leur Clan ce dont ils avaient eu vent.

𝓛e souffle de la rouquine s'accéléra, son cœur lui sembla battre bien plus vite que d'ordinaire et elle sentait déjà sa toison se hérisser à mesure que quelques guerriers des Landes s'avançaient vers eux. Ses iris paniquées se posèrent sur ses camarades, heurtant les prunelles profondes de Quiétude de l'Océan qui lui hurlait de fuir. Du coin de l'oeil, la demoiselle flamboyante vit Feuille Aquatique enroulé sa sœur dans sa queue touffue, la tirant derrière elle alors qu'elle se mettait lentement en position de combat face à deux guerriers brunâtres qui s'avançaient lentement vers la vétérane nacrée.

𝓛e regard de son frère quitta sa fourrure rousse, venant se déposer sur Candeur de la Rivière, saisissant le message du matou de charbon, la jeune femelle secoua vivement la tête, reculant de quelques pas, comme titubant. La bataille n'était pas possible à évité, Quiétude de l'Océan préférait donc envoyer ses sœurs prévenir le Clan, tandis que lui même et la guerrière anthracite restaient affrontés les fins guerriers des plaines. Après un dernier feulement rageur, à l'intention du Clan des Landes comme à celle de son frère, la rouquine flamboyante s'élança, bondissant agilement au dessus de son frère qui, aplati sur le sol de l'Île, jaillit en avant à son tour sur les ennemis. Eclat Azuréen, avec force emporta sa sœur, jetant derrière elle un pâle regard avant de filer vers le tronc couché.

𝓤ne course s'entreprit alors entre les deux félines du Lac et quelques félins des plaines. Nettement avantagés, ces derniers s'élancèrent en une fraction de seconde aux trousses des deux petites guerrières qui, jouant de coups d'épaules et de griffures bien placées, se frayaient férocement un passage jusqu'à leur territoire, bousculant violemment les infortunés chats qui se dressaient sur leur chemin afin de rejoindre le pont menant au territoire du Clan du Lac. Jamais, d'ailleurs, Eclat Azuréen aurait pensé traversé le tronc abattu à une telle vitesse, car à peine eut elle bondi sur ce dernier qu'elle s'élançait déjà en courant à la suite de sa sœur, ses griffes s'enfonçant dans l'écorce brunâtre du chêne tombé.

𝓓errière elle, la rouquine entendait les félins des Landes se lancer à leur suite, bien plus lentement toutefois car n'ayant jamais traversé ce pont une quelconque fois dans leur vie. C'est là qu'elle pourrait gagner du temps, elle en était sûr. Aussi se força elle à allonger ses foulées plus qu'elle ne l'avait jamais fait, bondissant à la fin du passage de bois pour atterrir lourdement sur le sol de terre et de cailloux.

𝓡evenues sur le plateau traversé de ruisseau peu profonds, Eclat Azuréen et Candeur de la Rivière s'élancèrent agilement sur le territoire qui était le leur, bondissant agilement entre chaque obstacles qui se dressaient face à elles, poussées par la force du désespoir et l'adrénaline de sentir dans son dos le souffle rauque de ses adversaires. Officiellement, elles étaient sur les terrains du Clan du Lac, y posé une patte pour les chats des Landes aurait été une violation évidente du Code des Guerriers, pourtant elles ne pouvaient se résoudre à ralentir, sûrement parce que, derrière elle, les bruits de cavalcades retentissaient, les foulements des pattes sur le sol humide accompagnés de feulements et de cris, plus nombreux leur semblait il que sur l'îlot.

𝓐 ce rythme, il était évident que les guerriers venus des Plaines, fervent coureurs, arriveraient sans mal à les rattraper, et ce malgré leur connaissance du terrain. Et, effectivement, la rouquine flamboyante, à à peine deux pas derrière sa sœur, sentit tomber sur son dos une masse dont les aiguilles de kératine s'enfoncèrent dans ses épaules roussies. Le choc fut violent, violent au point d'envoyer la petite guerrière valdinguer, l'intru toujours cramponné à son dos. Roulant rageusement, ruant et se tortillant entre les griffes de son adversaires, Eclat Azuréen entraperçut son adversaire, un long et fin félin crème aux iris bleutées, juste avant que ce dernier ne lâche sa prise sur son dos pour venir se mettre au dessus d'elle, feulant et crachant au visage de la rouquine.

𝓐lors concentrée sur son adversaires, tentant de le faucher ou de griffer la peau fine de son ventre, la jeune chatte ne remarqua pas tout de suite les bruites de courses qui continuait de foncer vers elles alors même que plusieurs silhouettes félines les entouraient en ricanant. Pourtant, une seconde masse fonça dans sa direction à toute vitesse, heurtant de plein fouet le guerrier qui la maintenait clouée au sol. L'ombre sauveuse, de part son pelage de nacre et son corps raide mais fort, ne pouvait appartenir qu'à Feuille Aquatique, et, en se relevant vivement, la jeune guerrière flamboyante put effectivement voir la vétérane, sa fourrure anthracite entaillé ci et là, laissant son poil soyeux se teinté de vermeil. Mais elle put également voir d'autres silhouettes de chats se diriger en galopant vers eux.

𝓤n petit cri de surprise lui échappa alors que, se jetant sur elle, une frêle ombre d'encre la poussa, lui évitant ainsi de prendre un coup de griffe de la part d'un autre vétéran des Landes, Lapin des Prairies, il lui semblait. Candeur de la Rivière se colla alors à sa sœur, haletant sous le coup de la panique que lui procurait cette situation. Ses somptueuses iris nuitées oscillant vivement sur les silhouettes inconnues et féroces qui se ruaient sur elles. Le stress l'envahit autant face aux coups de griffes et de crocs qui la frôlaient elle et la flamboyante qu'à l'idée de ne pas entrevoir la fourrure de charbon et les prunelles scrutatrices d'où émanaient ce halo rassurant de calme et de paix intérieure qui étaient propres à son frère. 

𝓜ais heureusement, avec cette détente qu'on lui connaissait bien, Quiétude de l'Océan jaillit d'entre les félins des plaines, feulant ardemment tandis que son corps longiligne s'élevait dans l'air glacé d'une puissante poussée. Son pelage d'encre dessinant sa silhouette svelte, voletant en un mince halo sombre autour de son corps musculeux alors que ses iris nuitées toisait l'horizon sous un jour qu'il n'avait jamais vu, d'une hauteur qu'il n'avait jamais eu. Le calme sembla se revêtir sur ses traits alors qu'il se surprit lui même à contempler le paysage poudrée de givre nacré, les buissons et les feuilles figés en une position qu'elle garderait jusqu'à leur chute ou leur renouveau, le ciel d'azur masqué par une grisaille nuageuse.

𝓔n un fracas, le matou retomba au sol, ses pattes fines et robustes heurtant le sol en un choc sourd alors que, entrainé par son élan, la masse de charbon fine roulait sur le plateau de gravier et de terre, continuant ses roulades incontrôlées jusqu'à couler dans l'un des derniers ruisseaux de cette étendue découverte. A défaut d'être agréable, la froideur saisissante de l'eau eu raison du félin, les iris abyssales de ce dernier s'ouvrirent en paniquent dès que son corps svelte et couturé de griffures frôla le lit de la maigre rivière. Le froid de l'eau gelée l'attrapa directement, saisissant ses muscles endoloris et provoquant un frisson tout le long de son échine.

𝓔n un mouvement fluide, le grand chat se releva en feulant de plus belle, à cause de l'horrible sensation de l'eau infiltrant son pelage comme de la situation, secouant vivement la tête une fois dressé sur ses pattes, étourdi par sa chute, alors que du sang semblait couler le long de sa tempe. Titubant, les oreilles bourdonnantes et le sang pulsant à travers son corps puissant avec vigueur, Quiétude de l'Océan avait laissé son calme olympien s'évanouir tandis qu'il bondissait férocement vers l'avant où, à la frontière de son Clan, se débattait toujours ardemment une certaine tigresse dont le pelage flamboyant se mêlait au sang -le sien ou celui des chats adverses qu'elle griffait et mordait sans plus d'état d'âme ?-, épaulé par une guerrière au pelage de nacre rougi qui, malgré l'âge et les douleurs qui saisissaient ses muscles saillants, enchainait avec rigueur et force des coups bien placés, ainsi que d'une petite chatte au pelage nuitée dont la naïveté semblait avoir totalement disparue en cet instant où elle se faufilait entre les pattes longues et fines de ses adversaires telle l'eau insaisissable d'une rivière, fauchant les grands chats des Landes avec une hargne qui témoignait plus de la peur et de l'adrénaline que de l'envie pure d'en découdre.


«—𝓥ous voulez donc vraiment déclencher une guerre pour un simple territoire rendu à son propriétaire d'origine ?» Hurla le matou charbonneux qui, jaillissant au milieu des combats, ne perdit pas de temps pour débarrasser du dos de Feuille Aquatique un petit chat tenace qui s'agrippait avec force aux épaules déjà salement amochées de la vétérane nacrée. Ses prunelles nuitées divaguant sur les chats alentours que la guerrière anthracites tenait en respect à l'aide de ses griffes effilées, cherchant désespérément la meneuse des Landes ou au moins sa lieutenante afin d'obtenir une quelconque réponse. Ce qu'il n'obtient pas, ou qu'il n'entendit pas du moins, car déjà bondissait sur lui un long guerrier à la toison cendrée dont il se débarrassa d'une roulade.


𝓓e leurs iris bourdonnantes, oscillantes et vibrantes sous les assauts de l'adrénaline et de la panique, le noiraud comme la rouquine ne parvenaient à trouver du regard, à distinguer parmi cet océan de fourrure, de crocs et de griffes, la toison d'encre chaleureuse de la féline candide qu'ils connaissaient tout deux et cherchaient à protéger à tout prix, n'entendirent ils qu'un vague bruit d'éclaboussure, au loin, proche d'une des dernières et des plus profondes rivières, avant que des guerriers adverses ne captent à nouveau leur attention en tentant de leur asséner de nouveaux coups.

𝓔clat Azuréen, dans toute sa splendeur, laissa ses émotions éclatées alors qu'elle se ruait férocement sur le moindre chat inconnu qui pouvait passer à sa portée. Ses envoutantes prunelles céruléennes vibrant d'une rage mal contrôlée, son corps entier semblait secoué par l'adrénaline, poussée par la foie d'une victoire en laquelle elle croyait encore éperdument, en laquelle elle voulait croire malgré l'avantage numérique du Clan des Landes et la tendance de ses guerriers à ne pas respecter les lois imposées par l'ancestral Code des Guerriers. Quant à Quiétude de l'Océan, il cachait lui aussi mal sa hargne, son côté stratégique ne l'avait point abandonné pourtant il se jetait corps et âme dans les enchainements qu'il assénait au guerrier venus des prairies. Son regard calculateur passait d'un adversaire potentiel à un autre, l'espoir toujours présent de voir apparaître sous ses iris bleues le minois candide de sa cadette.


«—𝓢top !» Feula une lourde voix, au bord de la dernière des rivières, son cri autoritaire s'élevant au milieu des chats crachant sur leurs adversaires, comme porté par le vent qui se levait. Tel un seul et même chat, les félins des Landes et du Lac se stoppèrent, comme ordonner par le feulement, et se tournèrent vers la provenance de ce cri pour découvrir une scène qui n'aurait fait que les surprendre, car, les pattes à moitié plongées dans le cours d'eau translucide, se dressait la forte silhouette de Mistral Ardant, haletant, appuyé sur le corps frêle de Candeur de la Rivière. Le vétéran aux multiples balafres, le pelage ruisselant, toisait de ses iris incendiaires les représentants des deux Clans avec un dégoût égal.

«—𝓟ère !» Lança vivement la souveraine des Landes, s'élançant malgré son épaule meurtrie vers le grand mâle trempée, le brasier de son regard fixé sur le matou beigeâtre alors qu'une panique mal dissimulée émanait de son être, lui donnant une nouvelle vigueur alors qu'elle s'arrêtait devant le guerrier, s'aplatissant en un maigre miaulement. 

«—𝓡entrons.» Se contenta de lâcher le grand guerrier, ignorant l'eau qui rutilait sur son pelage brun, se mélangeant au sang coulant de ses blessures récentes jusqu'à teinter le liquide translucide de vermeil, venant coloré le sol caillouteux en de petites flaques d'écarlate. Les orbes crépusculaires de sa fille, jusqu'à lors paniqués, se figèrent, braqués sur son paternel avec incompréhension et un soupçon de haine.

«—𝓒ette bataille n'a aucun sens, c'est chats sont comme nous et ne méritent d'être tués. Tu as été poussée par ton ambition et la froissure que t'ont fait les chefs adverses en te réprimandant à l'assemblée. Ainsi, tu as osés transgresser les lois du Code, violer une frontière et la paix qui est censé englobée l'Île des Assemblées.» Enuméra Mistral Ardant sous le regard vide de sa propre fille, le ton froid perçant dans sa voix caverneuse ne laissant place à aucune réplique. Ses prunelles orangeâtres se déposant sur la petite féline à ses côtés, noire comme le jais, aux reflets vaguement bleutés et violacés, qui soutenait toujours fermement le puissant guerrier malgré sa frêle carrure.

«—𝓜ademoiselle, je tenais à vous remercier personnellement pour m'avoir tiré de cette rivière» Fit finalement le large félin brun, son air féroce et dur s'adoucissant d'un coup alors qu'il esquissait sur son museau impassible un maigre sourire, inclinant en signe de respect la tête face à la petite guerrière du Lac, ruisselante d'eau gelée. Murmurant un nouveau "merci" à l'intention de la jeune Candeur de la Rivière à la suite duquel il tourna les talons, s'en allant dignement malgré les blessures qui striait son corps sans un regard en arrière.


𝓛a flamboyante meneuse, pour l'une des premières fois, n'éleva la voix face à ce chat qui lui tenait tête et qui, qui plus est, quittait le champ de bataille sans son accord. Pourtant aucun son ne sorti de son museau fin, sa voix enchanteresse ne proféra aucun sortilège envoutant alors qu'elle se relevait doucement, ses orbes déments fixés sur son père qui prenait lentement la direction du camp des Landes après avoir toisé une dernière fois sa fille avec dédain.

𝓓'un signe vif de la queue, la somptueuse meneuse rappela les guerriers de son Clan auprès d'elle, Caprice des Vents venant l'épauler alors que la féline à la sombre toison rousse braquait le brasier de ses iris sur les quatre chats adverses dont les fourrures se maculaient de sang à de multiples endroits. L'air princier et satisfait qu'elle arborait à leur rencontre avait quitté les traits sublimes de son minois, remplacé par un rictus terrifiant qui s'accordait tristement bien avec l'éclat de démence qui perçait dans ses iris envoutantes, aux milles nuances d'orange et d'ambre.


«—𝓒e n'est pas fini, bouffeurs de poissons, vous verrez. Vous verrez tous !» Cracha vivement Etoile Incandescente, plantant son regard crépusculaire sur chacun des félins du Lac qui doucement se rassemblaient. L'élégante meneuse les dévisagea tour à tour, sifflant dès que son regard heurta la silhouette de l'un d'eux, particulièrement celle, frêle et ruisselante, de Candeur de la Rivière qu'elle tenait responsable de la fin bien décevante de cette bataille improvisée.


𝓐près un bref regard courroucé, un feulement léger s'échappant de sa gorge claire, la dite Etoile Incandescente, connue pour ses caprices et sa beauté, parti sur les pas de son paternel avec la prestance qui lui était propre et qu'elle tentait de regagner suite à cet affrontement. Suivie par les guerriers des Landes, aussi amochés par la rage des patrouilleurs du Lac, le groupe regagna les prairies, traversant le plateau sillonné de ruisseaux et de roches sous les regards des quatre guerriers.


«—𝓔toile Incandescente, sache que cet acte ne saura rester impuni.» Lâcha le chef de patrouille en une ultime réplique à l'intention de la souveraine des Landes, son ton froid et horriblement calme retrouvant sa place dans sa voix profonde comme sur son minois, étirant ses traits fins dessinés à l'encre. S'étant assis dès que la bataille avait cessée, aussi bien pour soulager son crâne lourd où le sang s'échappait que pour renvoyer l'image du chat digne qu'il voulait être, Quiétude de l'Océan venait de se relever, laissant son regard abyssale quitter le groupe de chats des prairies pour venir se déposer sur ses camarades claniques, une pâle lueur soulagée animant ses iris.

«—𝓡entrons. Nous feront notre rapport à Etoile Rutilante une fois requinqué.» Fit doucement la voix grave de Feuille Aquatique, devançant le matou noirâtre. Soigneusement assise, sa longue queue enroulée autour de ses pattes endolories, la vétérane pansait et nettoyait minutieusement les blessures qui striait son corps raidi par l'effort, débarrassant à coups de langues énergiques le sang séché maculant son pelage nacrée, notamment au niveau de ses épaules. Adressant un petit regard aux jeunes guerriers qui acquiesçaient vivement, se relevant à leur tour en soufflant, la grande guerrière blanchâtre laissa un pâle et rare sourire étiré son museau revêche, soupirant de soulagement à son tour alors qu'elle se dressait sur ses pattes ankylosées.


𝓢ur ce, la petite patrouille repartie vers leur camp, silencieuse mais soulagée. Côte à côte, les pelages rougis par le sang et striés de griffures et de morsures, parfois trempés, s'entremêlant doucement entre eux. Les quatre guerriers tournèrent les talons et s'avancèrent en marchant lentement, la force de trottiner les abandonnant peu à peu alors qu'ils observaient distraitement le paysage défilé doucement sous leurs prunelles éreintées et mi-closes.


꒰☁️꒱ؘ


☁️▻ᴘᴇʀsᴏɴɴᴀɢᴇs ᴇ́ᴠᴏǫᴜᴇ́s :


☁️—ᴇᴄʟᴀᴛ ᴀᴢᴜʀᴇ́ᴇɴ—☁️


☁️—ᴄᴀɴᴅᴇᴜʀ ᴅᴇ ʟᴀ ʀɪᴠɪᴇ̀ʀᴇ—☁️


☁️—ǫᴜɪᴇ́ᴛᴜᴅᴇ ᴅᴇ ʟ'ᴏᴄᴇ́ᴀɴ—☁️


☁️—ғᴇᴜɪʟʟᴇ ᴀǫᴜᴀᴛɪǫᴜᴇ—☁️


☁️—ᴍɪsᴛʀᴀʟ ᴀʀᴅᴀɴᴛ—☁️


☁️—ᴇᴛᴏɪʟᴇ ɪɴᴄᴀɴᴅᴇsᴄᴇɴᴛᴇ—☁️


☁️—ᴄᴀᴘʀɪᴄᴇ ᴅᴇs ᴠᴇɴᴛs—☁️

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top