𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑







Leïla




Depuis que j'ai emménagé à Boston, je me sens chez moi.
C'est différent de Philadelphie, où je vivais sous le toit de ma tante et me faisais persécuter par ces filles de mon ancien lycée.

Ce n'était pas tous les jours facile. À l'époque je ne savais pas me défendre face à cette injustice, maintenant quand je combats je m'imagine une autre façon que j'aurais pu avoir si j'avais su me battre. C'est ma deuxième motivation principale, ne plus me laisser marcher dessus.

Mon avenir était déjà tout tracé dès le départ, à écouter ma tante, sans elle, j'aurai été à l'orphelinat, ou dans une famille d'accueil auquel j'aurai peut-être eu une vie d'étudiante.

Parce que oui, je rêvais de ces gens qui ont eu la chance de connaître l'université, moi je n'ai jamais eu cette opportunité. Je n'avais pas de bourse ni les capacités nécessaires en ce qui concernait mes notes catastrophiques en classe. Dans presque toutes les matières j'avais des difficultés, je ne me voyais pas aller plus loin de toute manière, mais j'aurais voulu.

En même temps, avoir une bonne moyenne et subir un harcèlement étaient contradictoires non ? Le manque de concentration était à son comble et je ne pouvais m'empêcher de raser les couloirs, de me faire discrète pour fuir toute trace de sociabilité. Forcément, on me traitait de bizarroïde, de coincé, et des rumeurs circulaient sur ma tête, des idioties sans noms. J'en ai bavé oui.

Sinon, je n'ai jamais connu mon père, il a déguerpi quand il a apprit la grossesse de ma mère, un lâche il était.

Malheureusement, ma génitrice a attrapé le cancer des os un peu plus tard après mes quinze ans et il n'a fallu que quelques mois pour qu'elle disparaisse comme tout le reste.

J'ai dû affronter le deuil dans une période qui n'était pas déjà agréable. C'était comme se prendre une gifle pour prendre conscience que la vie d'adulte m'attendait de pieds fermes.

Maintenant, je voulais vivre ma vie comme je l'entends, mais aujourd'hui, je suis extrêmement en manque d'argent.
Mon loyer coûte tellement que je dois gagner à tous les coups ce prix que peut m'offrir le concours. Ces combats illégaux me permettent de vivre depuis quelques temps et je sais que ça ne sera pas éternellement le cas.

C'est mon seul moyen de m'en sortir sans que je ne quémande à Isas qui lui m'a déjà bien proposé plusieurs fois de m'aider sauf que j'ai toujours refusé quand c'en était trop.

~~~

Mon coach a eu la merveilleuse idée de nous inviter au restaurant, tous les trois.

Sortez-moi de là.

Son frère qui paraît très arrogant, assis en face de moi, me dévisage d'une manière étrange que je n'apprécie pas beaucoup.
Je veux à tout prix quitter les lieux, je ne me sens pas à ma place du tout.

Surtout que je n'arrête pas de repenser à notre altercation il y a quelques heures. Le fait d'apprendre que c'était le frère d'Isas me perturbe grandement.

Qu'est-ce qui t'amène ici petit frère ?, le brun ouvre le sujet.

J'ai fini ce que j'avais à faire à San Francisco donc je reviens ici, vous donner un coup de main.

Alors il vient de San Francisco...
Il sourit à son frère après ses mots, mais cela me paraît mensonger. Rien que d'apercevoir son sourire me glace le sang, il n'a pas l'air très net.

Donner un coup de main ? Tu veux plutôt dire donner des coups sur le ring, l'attaqué-je sans que je ne puisse le contrôler.

Je le défie du regard, il ne s'attendait pas à ce que je riposte, mais de voir sur sa face un air effaré me satisfait amplement.
Je me tourne vers mon coach qui lui, lance un regard noir vers son frangin sans prêter attention à ce que je viens de dire.

Je déglutis et continue de manger ce qu'il y a dans mon assiette. Je me la fermerais la prochaine fois.

Il prononce alors,

Écoute San, si tu reviens ici pour amener tes problèmes et tu sais bien de quoi je parle, ce n'est pas la peine.

J'arrête de mâchouiller tout à coup.
Me raclant la gorge pour signifier encore ma présence, je regrette aussitôt en voyant le regard assassin de San. Sympa l'ambiance...

J'aurais voulu à cet instant être une petite souris pour me faufiler dans un trou et me cacher et disparaître, tout simplement.

Le plus jeune des deux a l'air terriblement en colère contre tout, emportant tout sur son passage même les gens qu'il aime, dont son frère.

- Si tu penses que je suis venu ici seulement pour t'attirer des problèmes comme tu dis, je peux repartir si tu veux, il répond sèchement.

J'ai une impression qui sort de nulle part, comme quoi San était parti loin d'ici pour empêcher de mettre son grand frère dans son bourbier, mais maintenant qu'il était revenu, quelque chose me disait que ce n'était pas pour rien.

Mais qu'est-il venu faire ici en réalité ?
Il donne l'image d'un gros con qui attire que des soucis. Mais lesquels ?

Ma curiosité me tuera peut être un jour.

- Je ne suis pas certain que tu puisses trouver ta place ici à Boston. C'est tout.

Les choses commencent à s'envenimer entre eux à la table et je ne sais pas quoi faire pour les stopper de se crêper le chignon pour des futilités.

Seul le serveur met fin à l'ambiance pesante en posant l'addition avec un sourire franc.

Je vais payer, annonce San commençant à sortir son argent de poche.

Mon coach le regarde d'un air suspect, du genre d'où sort-il l'argent ?

Alors que ça devrait être normal d'avoir un peu de billets sur soi.

Son frère paye pour nous trois et je le remercie malgré que je ne l'aime pas du tout.

Je n'aurais pas pu vraiment payer ce bon resto toute seule de toute façon.
Parce que d'habitude, je ne vais jamais dans ce genre d'endroit sympathique.

Après une longue route, j'arrive enfin à mon domicile et prends une bonne douche chaude afin de me requinquer.

Ce soir, je vais clairement me reposer, chiller avec une petite série accompagné d'un bon chocolat chaud en cette météo pluvieuse. De temps en temps, c'est nécessaire de se retrouver avec soi-même.

Quelqu'un comme moi qui a sombré dans l'insociabilité durant mes années du lycée, j'en ai pris l'habitude et je me suis réfugiée dans ce confort.

Je ne sors donc presque plus.
J'ai ce besoin, il faut que je me ressource.

Mais mes pensées sont encore tournées vers Isas, je ne sais pas si un jour j'arriverais à lui dire clairement que je suis en train de tomber sous son charme. Si ce n'est déjà le cas.

Comment pourrais-je ? Il a toujours été adorable, protecteur et m'a toujours guidé dans mon parcours.
C'est lui qui a fait de moi qui je suis aujourd'hui et qui m'as fait progresser pour que je puisse gagner cette récompense dont j'en ai l'ultime besoin.

C'en est décevant de ma part que je sois attachée à lui de cette manière.

Je suis la première à croire en l'amitié fille garçon, mais petit à petit je succombe à lui.

Je ne connais qu'une partie de sa vie et lui connaît tout de la mienne.
Et pourtant ça ne m'as pas empêché d'éprouver quelque chose à son égard.

Je n'ai pas pu me mettre de barrières, enfin si j'ai essayé, ça n'a pas fonctionné. Comment résister après tout ?

Soudain mes pensées se tournent étrangement vers son frère, San.
L'opposé, un côté très mystérieux et il a débarqué subitement ici, dans notre ville.
Pour un come-back, il a fait une entrée fracassante, surtout me défier sur le ring.

Je n'ai pas confiance en lui et ce n'est pas dans mes plans de le faire. Ce mec sent à des kilomètres le mal incarné. Je vais me méfier de lui. Ce type vient de San Francisco tout de même, une des villes les plus dangereuses des Etats-Unis. Ce n'est même plus une question à me poser, je ne dois pas m'attirer des ennuis avec lui bien que c'est le frère de mon coach.

Je me mets alors dans mon lit, ordinateur sur moi et démarre mon film préféré qui est Million Dollar Baby.











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