Interlude
-Cissy.
Une petite main tira sur la jupe de la jeune fille mais rien ne lui signifia qu'elle l'avait entendu.
-Cissy ! répéta Régulus.
Narcissa tourna lentement la tête. Il semblait que ce geste lui prenait toute son énergie.
-Quoi ? réussit-elle à articuler.
-Tu lis mon livre d'Astronomie avec moi ?
-Pas envie, grogna-t-elle en tournant de nouveau la tête vers l'âtre.
Avant que Sirius n'ait pu ouvrit la bouche pour l'inviter à prendre place à ses côtés, Bellatrix le coupa dans son élan.
-Viens ici mon chéri. C'est moi qui vais te parler des étoiles ce soir.
Tout joyeux, Régulus sautilla jusqu'au fauteuil où était assise sa cousine. Celle-ci le hissa sur ses genoux tout en jetant un regard noir à sa sœur.
-Tu pourrais faire un effort. C'est Noël.
Les éclairs qu'elle lui lança en réponse déstabilisèrent Sirius, mais point Bellatrix. Celle-ci ouvrit le livre que Druella avait offert à son neveu et commença à lire.
-Andromède doit à Athéna de se trouver parmi les constellations, pour rappeler au souvenir des exploits de Persée ; elle a les bras en croix, dans la position où elle fut exposée au monstre marin. Elle est la suite logique de Pégase, puisque les astronomes ont décidé de confondre une étoile des deux constellations : δ de Pégase est aussi α d'Andromède.
-Tu as choisi ta constellation, hein ?
La remarque de Narcissa fit que tout le monde releva la tête.
-J'ai choisi celle que j'ai vu en premier, répliqua-t-elle d'un ton cinglant qui ne laissait droit à aucune réponse.
Les yeux de la blonde s'emplirent de larmes. De colère ou de tristesse, nul ne le savait.
-Tu vas faire comme si elle n'avait jamais existé encore longtemps ?
-Elle n'existe plus, c'est la même chose non ?
-Elle était notre sœur, hurla Narcissa en retenant un sanglot. Comment peux-tu dire une chose pareille ?
-Elle nous a renié, Cissy. Tu devrais en faire de même. Mon pire cauchemars serait que tu la fréquente elle et ses petits sang-de-bourbe misérables.
-Ne les appelles pas comme ça, marmonna Sirius sans pouvoir se retenir.
-Ah oui et pourquoi ?
Narcissa le supplia du regard de ne pas en dire plus mais mais tentation était trop forte.
-Parce que tu ne vaux pas mieux qu'eux.
En l'espace d'une seconde, l'aînée des Black réussit à déposer Régulus au sol et attraper Sirius par le col de la chemise, sa baguette enfoncée dans son gosier.
-Écoute-moi bien sale vermine. La prochaine fois que tu oses me comparer à ces erreurs de la nature, je te conseille vivement de fuir cette maison et ne plus jamais revenir si tu tiens à la vie.
Un faux rire secoua le garçon.
-Crois-moi Bella, rien ne me ferait plus plaisir.
Avant qu'un meurtre ne se produise dans le Manoir des Black, la porte du salon s'ouvrit sur Druella et Walburga Black. Narcissa soupira de soulagement, tandis que Bellatrix souriait machiavéliquement. Elle le lâcha comme si son contact l'avait brûlé et se tourna vers sa mère, le menton relevé. Mais au moment où elle s'apprêtait à parler, celle-ci la coupa d'un geste de la main.
-Je ne veux rien savoir. Ta tante serait ravie de t'écouter, mais je ne suis pas venue pour ces idioties.
Bellatrix ne lâcherait pas l'affaire, loin de là. Sirius sut au regard sévère de sa mère qu'il pouvait profiter de ses dernières heures de tranquillité.
-Asseyez-vous tous, j'ai quelque chose à vous dire.
Narcissa resta à sa place et tourna la tête pour dissimuler ses joues mouillées, mais sans surprise, Druella le remarqua. Un voile sombre tomba sur ses yeux. Si Narcissa avait perdu une sœur, Druella avait perdu une fille. Il était dur de savoir laquelle de ces deux pertes était la pire.
Walburga resta à côté de la porte comme si ce qu'elle souhaitait le plus au monde était s'enfuir de cette pièce, tandis que les descendants Black s'installaient autour de la table basse. Régulus prit place entre les bras de son frère et Bellatrix s'assit sur l'accoudoir du fauteuil de sa sœur. Elle lui jeta un regard oblique qui semblait triste mais aucun mot ne franchit ses lèvres. La jeune femme n'était pas très douée pour parler.
Leur mère s'assit sur le fauteuil d'en face et commença.
-Je sais que c'est dur à accepter. Je sais que vous aimiez tous Andromeda comme je l'aimais moi-même. Mais elle a choisi les sang-de-bourbe à sa famille. Le déshonneur à la fierté. Elle ne mérite pas que l'on pense à elle, encore moins que l'on verse des larmes pour elle. Elle a choisi son camp.
-Alors elle ne reviendra vraiment jamais ? demanda d'une voix timide Régulus.
-Non, et il ne vaut mieux pas. Elle n'est plus la bienvenue ici.
Ces mots semblaient lui déchirer l'âme. Elle avait beau tenter de paraître forte et impassible, sa douleur se lisait clairement sur son visage. Au final, elle et Narcissa étaient pareilles. Incapables de mentir.
-Son départ ne doit en aucun cas briser vos liens. Vous faites partie de la Noble et Ancienne Maison des Black et vous resterez soudés quoi qu'il arrive. Peu importe si vous changez de nom. Peu importe si vous faites partie d'une autre maison.
Elle adressa un regard entendu à Sirius qui s'efforça de hocher la tête.
-Vous êtes des Black. Ce nom doit rester dans votre cœur toute votre vie.
Ces mots se gravèrent dans l'esprit de Sirius comme sur de la roche. Oh non, il ne risquerait pas d'oublier ce nom. Il le porterait jusqu'à sa mort, il ferait de lui ce qu'il était. Peut-être le détesterait-il. Peut-être s'en servirait-il pour montrer qu'il n'était pas comme eux et que les exceptions pouvaient exister.
Druella sortit de la poche de sa robe deux boîtes longilignes noires qu'elle ouvrit et posa sur la table. Dans l'une se trouvaient deux bagues en argent ornées d'une pierre de couleur différente, et dans l'autre deux chevalières semblables.
-Afin de ne jamais oublier qui vous êtes et qui partage votre sang, vous porterez ces anneaux en signe d'appartenance aux Black. Toutes les pierres possèdent la même propriété. Les couleurs correspondent à chacun de vous : blanc pour Narcissa, noir pour Bellatrix, vert pour Régulus et gris pour Sirius.
La couleur d'Andromeda aurait été le marron. Personne ne le formula à voix haute, mais tout le monde y songea.
-Quelle est la propriété ? demanda Bellatrix.
-Elle est raccrochée à votre vie. Lorsque vous êtes en danger, votre pierre brille. Lors de votre mort, elle.... elle...
… elle s'éteindra, termina d'une voix froide Walburga.
-Voilà, c'est ça. Sa couleur s'évanouira. La pierre demeurera transparente.
Un frisson parcourut l'échine de Sirius. Dans combien de temps sa pierre s'éteindrait-elle ? Est-ce que cela pouvait se savoir ?
-Mais à quoi cela servirait-il si on porte notre propre pierre ? questionna de nouveau Bellatrix.
Un sourire triste se dessina sur les lèvres de la mère de famille.
-Ce ne sera pas toi qui la portera, mais ta sœur. La même chose pour les garçons.
Soudain, Sirius comprit. Cette pierre lui permettrait de savoir si Régulus se trouvait en danger ou non. Il pourrait veiller sur lui nuit et jour, même s'ils se trouvaient éloignés l'un de l'autre. Il voulut se jeter sur sa tante pour l'embrasser mais il se retint en la présence de sa mère. Néanmoins, il lui adressa tout de même un sourire de remerciement auquel elle lui répondit d'un regard tendre. Quel n'aurait pas été sa vie si elle avait été sa mère...
Bellatrix se réjouit également de cette perspective et s'empara de l'anneau blanc pour l'enfoncer dans son index droit. Sirius fit de même pour sa chevalière et aida son petit frère pour la lui mettre. Il restait Narcissa. Celle-ci fixait le bijou comme s'il était un objet des plus maléfiques.
-Je ne veux pas porter la mort de Bella sur mon doigt.
Le visage de sa sœur se troubla. À vrai dire, personne ne s'était attendu à cela.
-Qui te dit que je vais mourir avant toi ?
Elle posa une main sur la sienne et la serra fort. Le départ d'Andromeda n'avait fait que les rapprocher davantage. De même pour les garçon qui se serrèrent l'un contre l'autre dans l'infime espoir de ne jamais se séparer. Lorsque Narcissa inséra sa bague à son doigt, toutes les pierres se mirent à étinceler avant de revenir à leur état normal.
La magie les avait unis. Un lien invisible se tissa entre chacun d'eux, soutenu par ces pierres qui contenait l'essence de vie de chacun.
Peu importait leur destin. Peu importait leur différence.
Ils étaient des Black. Les quatre derniers d'une des plus anciennes familles sorcières.
Et silencieusement, tous se firent la promesse de ne jamais l'oublier.
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