𝚃𝚎𝚖𝚙ê𝚝𝚎


Plusieurs jours, puis semaines, passèrent, et Izuku se surprit à effectivement constater que ses journées s'étaient teintées d'une saveur qu'elles n'avaient encore jamais eu. Le sommeil était revenu, sa bonne humeur également, et ses missions à rallonge à la gazette ne lui paraissaient plus si pénibles. Les messages de Katsuki faisaient maintenant partie intégrante de son quotidien. Il s'étaient revus aussi. Plusieurs fois. Pour aller boire un café, se balader dans un parc, ou encore aller au vernissage d'une exposition. Et à chaque fois, le même flot de sentiments incontrôlables prenait possession du cœur et du corps d'Izuku, lui apportant autant de bonheur que d'incertitudes, mais les incertitudes, il n'en avait que faire si cela lui permettait de se sentir entier, lorsqu'il était avec son blond.

Mais une toute nouvelle appréhension avait fait son apparition dans le brouillard de ses sentiments, et ça depuis trois jours. Plus précisément, depuis que Katsuki l'avait invité au restaurant. Il avait bien évidemment accepté, bien trop heureux de pouvoir une nouvelle fois le revoir, mais à quelques heures de leurs retrouvailles, Izuku se trouvait être en proie à des doutes d'une toute nouvelle ampleur.

Si, ces derniers mois, leurs entrevues avaient toujours eu lieu en pleine journée, l'idée d'une soirée en tête à tête dans le nouveau restaurant français qui venait d'ouvrir pas très loin de chez Izuku, mettait ce dernier littéralement dans tous ses états. Il ne pouvait s'empêcher de penser à l'implication romantique d'un tel rendez-vous, et avait un mal certain à réfréner l'ardeur des espoirs de son cœur.

Il en avait parlé à Shoto bien sûr, et ce dernier lui avait catégoriquement interdit de se défiler, sous aucun prétexte. Son meilleur ami avait même durci le ton, martelant qu'il devait, pour une fois, penser à lui, à son bien-être, et enfin arrêter de faire passer une quelconque logique avant les soupirs de son désir, lui qui ne souhaitait qu'une seule chose, voir Katsuki. Il lui avait fait jurer, et voilà pourquoi Izuku se retrouvait là, les mains moites et le cœur affolé, devant le restaurant où ils devaient se voir. Il profitait des quelques minutes d'avance qu'il avait pour respirer l'air frais de ce début de soirée de septembre, tout en admirant le ciel assombri où de timides étoiles commençaient à faire leur apparition pour tenter d'enfin calmer son cerveau, qui lui était en pleine effervescence.

Alors qu'il laissait son esprit vagabonder, une main sur son épaule le fit sourire. Il ferma les yeux, profitant quelques secondes de la chaleur de ce contact.

"Bonsoir Katsuki, dit-il alors, dans un souffle.

— Bonsoir Izuku."

Il sentait son ami sourire lui aussi, juste au son de sa voix. Il avait appris à en aimer chaque intonation, chaque tressaillement, chaque changement, au fil des heures passées à l'écouter. Il avait bien compris que Katsuki n'était pas homme à s'étendre sur ses émotions, alors il décryptait ces dernières dans la profondeur de son timbre, laissant sa force et sa douceur l'envelopper et le submerger, s'autorisant même parfois à se noyer dans la mélodie de son rire, l'espace d'un instant.

C'est empli du sentiment galvanisant de leurs retrouvailles qu'ils se dirigèrent tous deux vers le restaurant, en s'échangeant quelques banalités, pour le plus grand plaisir d'Izuku.

L'établissement était des plus charmants avec une décoration simple et épurée et une délicate musique en fond sonore. Une jeune femme les accueillit et, lorsque Katsuki les annonça, les dirigea vers une table se trouvant dans le fond du restaurant, quelque peu à l'écart des autres clients. Izuku sentit ses joues s'échauffer à cette attention.

"La table te convient ? Tu veux que je demande à ce qu'on nous déplace ? demanda alors Katsuki.

— Oh non, c'est parfait, vraiment !" rassura alors Izuku avec un sourire, en voyant l'air soucieux de son ami.

Les épaules de Katsuki se détendirent en un soupir et Izuku sentit soudain l'aguicheuse couleurs rosée de ses joues s'étendre jusqu'à ses oreilles lorsque le blond tira sa chaise pour l'inviter à s'asseoir. Il s'exécuta alors, sous son regard amusé.

Cette soirée, qui s'annonçait sous les meilleurs auspices possibles, se déroula sans encombre notable. Il parlaient de tout et de rien dans la lumière tamisée que leur offrait l'éclairage, riant de bon cœur aux mauvaises blagues qu'ils se lançaient et qui ne faisaient rire qu'eux. C'était simple, fluide, naturel. Il en oubliait sa gène et sa maladresse, profitant autant que possible de chaque seconde qui passait, se perdant de temps à autre dans la contemplation de son vis-à-vis.

Tout se déroulait parfaitement, et Izuku était aux anges. Il avait l'impression de se trouver à dix mille lieues du sol, grisé par le plaisir indescriptible que cette délicieuse soirée en compagnie de Katsuki. Il ne voyait plus que lui, n'entendait plus que sa voix, retrouvant avec délice cette bulle où eux seuls existaient. Et il ne s'en rendit compte qu'au moment où le serveur les interrompit pour prendre la suite de leur commande.

"Souhaitez-vous un dessert messieurs ?"

Le blond jetta un coup d'oeil à la carte qu'on lui avait tendue avant de relever les yeux vers le jeune homme.

"Une crème brûlée, s'il vous plaît. Et toi Izuku ?

— Oh rien, merci, ça ira pour moi" répondit Izuku en levant une main devant lui, pour appuyer ses dires.

Katsuki le dévisagea un instant, les sourcils froncés, avant de ramener son regard sur l'homme à côté d'eux.

"Alors une crème brûlée et deux cuillères, merci."

Il aurait juré qu'à cet instant, le rouge de ses joues devait faire concurrence à celui des yeux de Katsuki. Il l'observa une seconde, sans prononcer un mot, mais dévia rapidement le regard, ne pouvant pas supporter ces deux perles écarlate qui le fixaient d'un air inquisiteur. Il se sentait ridicule d'être autant chamboulé par l'idée de partager un dessert, mais c'était plus fort que lui. Il avait tenté de contenir le brasier aussi longtemps qu'il le pouvait, mais cette attention n'avait fait que raviver la flamme qui le consumait.

S'il prenait toujours grand soin de ne pas penser au tourbillon de sentiments qu'il éprouvait envers le blond, il avait cette fois-ci trop baissé la garde, et le raz de marée passionné qu'il ne s'autorisait à ressentir que dans la discrétion de son intimité menaçait de le submerger, lui rappelant la puissance de ses sentiments incontrôlés, et surtout, incontrôlables.

Machinalement, sa main droite posée sur la table commença à triturer sa serviette, le regard perdu et le cerveau en ébullition.

Soudain, il sentit une étreinte chaude s'en emparer pour mettre fin à ce tic nerveux. Il cligna des yeux, comme de nouveau conscient de sa propre personne, incrédule face à la vision de ses doigts entremêlés à ceux de Katsuki.

"Izuku.. est ce que tout va bien ? J'ai fait quelque chose de mal ?"

Encore hypnotisé par la douce pression de son pouce caressant le dos de la main, Izuku mît quelques secondes à lui répondre.

"Non, non tout vas bien je-

— Tu sais que si tu veux me dire quelque chose tu n'as pas à te gêner n'est-ce pas ?

— Oui, bien sûr, c'est juste que.. c'est.. je sais pas vraiment.. c'est compliqué. Mais ne t'inquiète pas, tout vas parfaitement bien"

Katsuki le fixait toujours avec un air peu convaincu sur le visage, alors que lui arrivait de moins en moins à faire abstraction de la douceur de son contact. Il devait retirer sa main. Il le savait. Ça ne pouvait que lui rendre les choses plus difficiles qu'elles ne l'étaient déjà. Mais il n'y arrivait pas. Il ne pouvait pas. Ou plus précisément il ne voulait pas. Il ne savait pas ce qu'il allait le plus regretter, ce qui allait le plus le faire souffrir, rompre ce lien ou le préserver. Il sera dans tous les cas la victime de son propre choix. Alors, il souffla doucement tout l'air de ses poumons en fermant les yeux quelques secondes, puis répondit à la pression exercée par la main de Katsuki en braquant son regard dans le sien, lui rendant finalement son attention dans un sourire timide. Il aurait pu rester des siècles ainsi si on lui en avait la permission. Mais apparemment, le destin avait d'autres projets pour eux.

"Voilà pour vous messieurs."

Il brisa finalement malgré lui cette étreinte dans un silence quelque peu gêné, ne sachant ni quoi dire, ni quoi penser.

"Tiens, dit alors Katsuki en poussant l'assiette vers lui de quelques centimètres, je suis sûr que tu vas adorer."

Son sourire enjôleur décrispa Izuku, qui se laissa tenter. Et c'est ainsi, qu'une bouchée après l'autre, le malaise qui lui serrait la gorge se dissipa. Effectivement, Katsuki avait raison, il avait adoré le dessert.

La brise fraîche qui soufflait sur son visage lui fit plus de bien qu'il ne l'aurait imaginé. Après avoir bataillé de longues minutes pour partager l'addition, Katsuki tenant absolument à régler la totalité, ce dernier avait insisté pour le raccompagner jusque chez lui, condition sinequanone pour qu'il accepte sa requête. À croire qu'il s'amusait à mettre son cœur en émoi, mais il n'avait pas réussi à lui dire non, trop heureux de pouvoir prolonger ce moment ensemble, ne serait-ce que de quelques minutes.

Bien trop vite à son goût, il arrivèrent devant sa porte, et Izuku se retrouva, une nouvelle fois, sans savoir quoi dire. Tous les événements de ce soir se bousculaient dans sa tête. Les attentions de Katsuki, son sourire charmeur, la chaleur de sa main prenant la sienne.. Comme à chaque rendez-vous, il n'avait pas envie de lui dire au revoir, mais cette soirée avait une saveur particulière. Les mots lui manquaient, ses émotions s'emmêlaient sur sa langue, et cette fichue voix dans sa tête le rendait fou.

"Est ce... est ce que tu veux rentrer quelques minutes... ?"

Surpris de sa propre témérité, il écarquilla les yeux alors que Katsuki le regardait, surpris, un immense sourire aux lèvres.

"Euh, c'est... Uniquement si tu veux hein ! Boire quelque chose ou je ne sais pas...

— Avec grand plaisir", rit Katsuki, en ne lâchant pas Izuku du regard.

Contris de gêne, mais incroyablement heureux, il invita le blond à rentrer. C'était la première fois qu'il proposait à Katsuki de venir chez lui, et secrètement il espérait bien que ce ne serait pas la dernière.

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