ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙.𝟚

- veuillez lire la petite note en fin de chapitre ! -

***

Son épée fine et légère fend l'air au-dessus de moi, comme s'il voulait me couper en deux. Je pare son assaut de justesse, et un fracas étourdissant retentit dans le silence brûlant quand nos armes font connaissance pour la première fois. Le choc est si violent qu'il se répercute dans mon bras, m'arrachant un glapissement de douleur. Je foudroie Raïs du regard, énervée pour de bon, et repars à l'assaut. La valse commence : il bouge, saute, se meut dans l'espace avec une agilité que j'ai étrangement du mal à suivre et à comprendre. Et pour cause, c'est sûrement le combattant de sexe masculin le plus agile qu'il m'ait été donné d'affronter. Le plus souvent, ce sont les femmes qui jouent sur leur rapidité, leur agilité et leur souplesse pour compenser leur différence de force avec les hommes. C'est une tactique avec laquelle j'ai moi-même joué, et qui me joue un tour en ce moment même. Rares sont les hommes de la corpulence de Raïs présents à la Base : nous arrivons tous très tôt ici, et nos muscles se forgent rapidement dès le plus jeune âge. Ainsi, les hommes présents ici sont de véritables montagnes de muscles. Sauf Raïs. Toutefois, son atout réside dans le fait qu'il est agile et qu'étant un homme, il reste plus fort que moi. Ses coups sont donc rapides et puissants, ciblés et bien pensés pour m'épuiser. Et puis, il se débrouille pour me maintenir face au soleil pour m'éblouir et pour qu'ainsi, je ne vois pas son épée et ses coups venir. En quelques secondes, il m'arrache un long morceau de peau au niveau du bras et m'entaille profondément la chair au niveau des côtes. Deux entailles. J'écarquille les yeux de terreur en réalisant que je suis sur le point de perdre et bondis brusquement en arrière pour me mettre à distance de Raïs. Il abaisse son épée, un air triomphant sur le visage et s'approche lentement de moi. Le sang coule le long de mon bras et imbibe le sol sablonneux tandis que je continue de reculer, une stratégie germant dans mon esprit. Lorsque mon dos heurte le mur brûlant de l'arène, je me pare d'une mine pétrifiée et le vois jubiler en s'approchant. Lorsqu'il se retrouve à trois mètres de moi, tout se passe très vite. Je prends appui sur le mur avec une jambe et mes bras, et dans un mouvement quasiment félin, je mets toute ma force dans ma jambe et me propulse en avant vers lui. Mon attaque et si rapide et si fulgurante qu'il n'a presque pas le temps de lever son arme qu'une entaille orne son bras. Le sang imbibe sa chemise beige et sa bouche laisse échapper un bref grognement de douleur. Désormais dos au soleil, j'ai conscience d'avoir un avantage. Déterminé à prendre sa revanche, Raïs revient à la charge, pressé d'en finir. Les coups s'enchaînent, les tintements de nos lames résonnent, la sueur dégouline de mon visage, et lorsqu'il assène un coup un peu plus puissant que les précédents, le drame se produit. Mon sabre se brise en deux, me laissant avec le manche et environ dix centimètres de lame. Abasourdie, je regarde le reste tomber au sol dans la poussière.

Et là, Raïs éclate de rire, d'un rire désagréable puisque suscité à mes dépends. La rancœur s'empare de mon cœur et complètement révoltée, tout à fait consciente de jouer mon dernier coup, je m'empare du reste de la lame de mon yagan. Aussi vive qu'une vipère, je redresse mon bras, vise et lance le reste de mon yagan à la façon d'un coutelas. Face au soleil, il ne voit rien venir et mon sabre – ou ce qu'il en reste – se fiche dans sa cuisse. Le sang gicle au moment de l'impact et le hurlement de douleur qu'il pousse, au lieu de m'affliger, me rassasie. Paniqué par la douleur, il presse ses deux mains sur sa plaie pour tenter d'arrêter le saignement, sans oser ôter la lame. Toutefois, il doit réaliser que je n'ai plus rien pour me défendre car il relève la tête, un sourire narquois aux lèvres.

Je camoufle ma rancœur et hausse un sourcil moqueur en le voyant s'approcher de moi en boîtant. Lui comme moi sommes conscients qu'il sera celui qui réussira à infliger trois entailles. Il s'arrête à un pas de moi, le corps tremblant sous la douleur que lui inflige sa jambe, et me dévisage avec tant de mépris que mon cœur accélère, légèrement paniqué. Raïs fait ensuite tourner son épée dans sa main, la soupesant, l'apprivoisant, tout en me surveillant du coin de l'œil. Il jubile de sa victoire, sachant pertinemment qu'il aura le dernier coup. D'un mouvement lent et calculé, il lève son épée.

Je reste immobile, la bouche close, bien droite, me refusant de lui montrer ma peur. Sa lame scintille, la chaleur m'étouffe, et dans un courant d'air, son épée déchire la chair entre mes seins et mon débardeur, par la même occasion. Le choc de ce qu'il vient de faire me fige sur place, et alors que le jury crie la fin du combat, Raïs descend son regard sur ma poitrine et ricane :

— Comme je le pensais, le spectacle est décevant : il n'y a absolument rien à voir.

La fureur déforme ma bouche, mes muscles se crispent sous la haine et mon geste est presque instinctif : je lui crache au visage, en plein dans les yeux. Heureusement, le jury intervient avant que tout ne dégénère, car sinon, je ne donnais pas cher de ma peau : il m'aurait trouée de son épée. Et lorsque Raïs me lance un regard plus que meurtrier, la rage et ma bave déformant ses traits, je lui offre mon sourire le plus cynique : non, un regard ne tue pas !

— Bien, reprend un des jurés, le combat est fini. Kiara, vous êtes invitée à descendre au sous-sol et Raïs, vous devez vous rendre sur le parcours.

Nous nous jetons un dernier regard haineux et je repars la tête haute, malgré tout assez fière de ma performance. Dans le sas d'entrée de l'arène, je m'empresse de me saisir d'une vieille tunique laissée à l'abandon sur un banc pour me couvrir. Qu'est-ce qui est passé par la tête de cet enfoiré ? Rien qu'en y repensant, la colère comprime mon cœur.

***

   Arrivée au sous-sol, légèrement calmée, une femme me guide dans un méandre de couloirs jusqu'aux salles de combats desquelles s'élèvent des bruits de combats, des grognements, des glapissements de douleur et des jappements caractéristiques des loups. Un frisson d'excitation me parcourt toute entière : depuis combien de temps ne me suis-je pas transformée ?

Enfin, après quelques minutes d'attente, la porte de la salle s'ouvre. J'entre d'un pas assuré – la première impression est toujours déterminante, et me place devant le jury, le même que lors de l'épreuve précédente. Celui-ci est assis dans une pièce juxtaposant la salle dans laquelle je suis, et les deux sont séparées par une épaisse vitre. Toutefois, une petite ouverture sur le dessus leur permet de se faire entendre de moi sans problème.

— Kiara, vous allez devoir patienter encore quelques instants le temps que votre adversaire arrive.

Je hoche la tête, profitant du cours répit qui m'est accordé pour jeter un coup d'œil à mes blessures. Ma blessure au niveau des côtes me lance, mais ne saigne presque plus, tandis que ma plaie à l'avant-bras - privé d'une longue bande de peau - laisse un long filet de sang s'écouler jusqu'au sol. Je réprime une grimace et m'oblige à serrer les dents encore un peu, jusqu'à la fin des épreuves. Heureusement, j'ai l'habitude de gérer la douleur, et mes coupures ne devraient pas m'empêcher de me battre.

Je relève les yeux de mon bras pour jeter un coup d'œil à mon environnement. Je me suis déjà entraînée dans les salles du sous-sol, et toutes sont similaires entre elles : faiblement éclairées par des torches disposées dans les angles, elles sont plongées dans la pénombre, et la couleur gris du sol, des murs et du plafond renforce ce côté obscur. Ces salles m'ont toujours mise mal à l'aise : ce sont de grands espaces clos d'environ trente mètres sur trente et de six mètres de hauteur, et il n'y a strictement rien à l'intérieur. Juste moi, et désormais la fille qui s'avance vers le jury d'une démarche souple et qui m'affrontera. Je la suis du regard, essayant de savoir si j'affronterai une guerrière ou une future pêcheuse. Typée d'Atielle, aucune émotion ne se dégage d'elle. Ses yeux noirs se portent sur le jury, qui s'adresse ensuite à elle pour lui souhaiter la bienvenue. Elle s'appelle Alma. Un des jurés se lève. Ses cheveux grisâtres plaqués vers l'arrière et ses yeux noirs lui donnent un air plutôt calme, que sa voix retranscrit lorsqu'il prend la parole :

— Kiara, Alma, ce combat aura lieu sous l'enveloppe de vos louves. Celle qui soumettra l'autre remportera l'épreuve. Nous vous souhaitons bonne chance.

Nos yeux se croisent pour la première fois, et je lis dans ses prunelles noires toute la détermination qui l'habite. Cet instant particulier durant lequel nous nous sondons ne dure pas, les torches s'éteignent brusquement. Je cligne des yeux, surprise, et mets quelques secondes pour comprendre que l'absence de luminosité accompagnera toute l'épreuve. Nous devrons nous fier à nos sens. Un bruit de frôlement et de déchirure me parvient devant moi et j'en comprends la signification immédiatement : Alma s'est changée en louve. Mue par un réflexe soudain, je fais un bond en arrière, toujours sous forme humaine. Un instant plus tard, mon adversaire se réceptionne dans un bruit de griffes à l'endroit où je me tenais juste avant. Je ne perds pas une seconde de plus, et me change à mon tour en louve. La transformation est quasi instantanée chez nous, et est plutôt silencieuse : seuls les plus puissants - les Alphas - parviennent à ne faire aucun bruit. Mais Alma comme moi ne sommes que des omégas : un bruit de courant d'air, de frottement délicat, comme un murmure, accompagnera toujours chacune de nos transformations. Seulement, s'ajoutent à ces sons le bruit de mes vêtements qui se déchirent, et cela indique clairement ma position. Avant qu'elle ne puisse faire le moindre mouvement, mon corps plus puissant qu'auparavant s'élance dans la direction opposée. Je m'arrête rapidement, souhaitant éviter de m'encastrer dans un mur, et fais volteface.

Hey ! J'espère que ce chapitre vous aura plu !
Comment allez-vous ? Pour ma part, je suis en vacances chez ma grand-mère dans le Limousin ! Certains d'entre vous ne seraient pas dans le coin par hasard ?

Je voulais juste dire deux trois choses avant que vous vous en alliez, c'est important pour moi.

💬 Je tiens seulement à vous demander absolument de commenter ! C'est hyper important pour moi, surtout que c'est le début de cette histoire et que j'aimerais savoir ce que vous en pensez, pour adapter mon écriture au besoin ! S'il-vous-plaît, faites cet effort, ça ne prend pas beaucoup de temps, c'est sympa, ça me motive, d'autant plus que - soyons honnête - je passe du temps à écrire sans aucune contrepartie de mon lectorat, la moindre des choses serait de voter et de commenter !

🖊 Et puis, plus vous êtes motivants et actifs, plus j'ai envie de vous poster la suite rapidement !

Sinon,

🔥 Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

🐺 Qu'est-ce que vous inspire Kiara ? Et Raïs ? Mon héroïne vous plaît ?

🌟 Et l'ambiance en général au sein de la Base ?

☀️ Votre passage préféré de ce chapitre ?

Bisous, en espérant que tout va bien de votre côté,
StarryHand ❤️

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