C H A P I T R E 𝟷 𝟼



— Je dois y aller.

Kirishima l'avait annoncé comme s'il ferait tout pour rester.

Toujours là, toujours au même endroit. Les deux garçons se faisaient encore face, la tension avait baissé d'un cran. Les confessions avaient laissé place au murmure du brouhaha situé au rez-de-chaussée. Et leur pensée respective fut tranchée par la réplique péremptoire du rouquin.

Sa voix avait fuité. Comme une fissure sur une surface métallique, elle était saccadée entre plusieurs gouttes légères mais annonciatrices du tuyau qui menaçait d'exploser. Plus ou moins sérieux, le visage de Kirishima s'approchait d'une de ses expressions énigmatiques où il était presque impossible d'y décrire une émotion, il se tortillait sur place signe de son soudain malaise, et bougea de position plusieurs fois pour finalement se remettre dans sa posture initiale.

Bakugou, de son côté, releva juste la tête, plutôt surpris — et très éreinté aussi.

La déclaration du rouge coupait court à ses réflexions, ou une grande lutte avait pris place pour décider si oui ou non il devait se confier à Kirishima. Malgré cette bataille tordante, le vainqueur avait déjà été désigné depuis longtemps, comme pour faire languir son adversaire, ses émotions ; son orgueil laissait durer le combat, absolument conscient de sa victoire. Car il gagnait tout le temps.

Le blondinet se sentait alors incapable d'ouvrir la bouche une nouvelle fois pour conter quoique se soit d'autre. Selon sa fierté, il avait déjà assez communiqué avec le rouquin pour le reste du mois. Il en avait déjà trop dit. Et cela, malgré cette envie étonnante et ennuyante de vouloir partager encore plus avec lui. Mais ses convictions d'il y a une demi-seconde se replacèrent par un certain embarras...

Et de toute façon, toutes ses préoccupations avaient été brisé par la soudaine prise de parole d'Eijiro.

Enfin, normalement.

Le deuxième année pencha sa tête blonde, alors que le seconde ne bougea plus d'un poil. Son esprit semblait être à un bon kilomètre d'ici. Le cendré balança de nouveau son visage en arrière, sur le bord du canapé où il y plaça cette fois-ci ses coudes, ne s'empêchant pas de soupirer.

Parfois, Kirishima donnait l'impression qu'il pourrait passer des heures entières à discuter avec lui-même. Ça le faisait jamais chier ? Bakugou, lui, ferait parfois tout pour ne pas avoir à entendre son for intérieur.

— Maintenant que t'es viré...on va plus trop se voir.

Le carmin coupa de nouveau le silence, gêné, le regard bas ; qui valu un nouveau soupir du blond. Kirishima était moins dérangé par sa réplique que par la réaction de Bakugou : il allait encore se foutre de lui, c'est sûr.

De toute manière, le carmin se trouvait lui-même un peu ridicule, il avait la vague impression d'incarner un gosse égoïste et capricieux, pleurnichant ses propres malheurs, omettant inconsciemment (ou peut-être que non) ceux des autres. Faudrait que tu penses à mûrir, la voix volontairement nasillarde d'Aki passait en boucle dans sa tête.

Cependant le cendré l'ignora juste complètement. Il se leva sous les yeux interloqués d'Eijiro, et en continuant de lui foutre un gros vent, il se dirigea vers le baby-foot. Ce geste eut pour bénéfice de faire comprendre au rouge qu'il détestait plus que tout lorsque le blond l'ignorait. Autant qu'il lui gueule dessus.

Pendant que le seconde râla intérieurement, l'autre ado pénétra ses doigts bandés juste en dessous du boulier, et farfouilla dans une des cages. Entre les préservatifs de secours de Neito et les fines herbes de Hitoshi, il mit la main sur son paquet de cigarettes et un briquet. Katsuki enclencha la roulette à plusieurs reprises, sentant le regard atroce du carmin sur sa personne, et dérivant ses billes sur le ciel presque noir.

Eijiro se laissa choir au sol, cette gestuelle victime de son humeur morose ; soufflant, rechignant de ce côté enfantin qu'il ne pouvait dissocier de lui. En se tournant à droite, il se croqua l'intérieur de la joue, et détourna ses prunelles du deuxième année.

Il n'aurait pu, et n'aurait dû qu'être heureux et satisfait des mot prononcés par Bakugou plutôt.

Assez simple pour faire fondre ses lèvres dans un énorme sourire, et suffisamment sincère pour faire pulser son sang et emporter les papillons de son estomac dans une drôle de danse : sa joie avait atteint un niveau d'euphorie imbattable pendant quelques secondes. Secondes où il oublia l'état du blond, ses poignets entaillés, sa condition familiale, et son exclusion au lycée.

Est-ce qu'il devait partir sur cette conclusion ?

Peut-être qu'il valait mieux le faire. Laissez au temps et au destin choisir de leur finalité. Katsuki ne se confiera sûrement pas plus alors ça ne servait rien de poursuivre leur discussion. C'était déjà un miracle qu'il lui avoue quelque de ses émotions, alors il devrait cesser d'être trop gourmand.

Eijiro se redressa et sortit son portable au moment ou il sentit une vibration dans sa poche. C'était Aki qui lui indiqua par message "de se magner de rentrer". En chekant l'heure, il aperçut qu'il avait effectivement plus de temps à perdre. Fallait qu'il foute le camp avant que sa mère l'engueule comme la dernière fois.

Eijiro ne voulait définitivement pas quitter Katsuki sur cette discussion qui était dans son sens, certes, plutôt positif ; mais beaucoup trop flou pour l'avenir de leur relation. Il y avait des chances qu'ils se croisent pendant les vacances, mais après ?

Est-ce qu'il y aura un après ?

Malgré cette perturbante question, il se résigna à un nouveau message de sa sœur. Le rouquin se releva alors en titubant un peu, son esprit encore occupé à se chamailler avec son cœur. Un conflit interne exténuant.

— Je dois y aller, il répéta du même timbre bizarre qu'il y a à peine cinq minutes...

...Comme si il s'attendait à ce que le cendré le retienne. Kirishima fit un petit sourire sincère, amusé de son côté indémordable, qui était plus connu sous le nom d'espoir.

Il enfila rapidement ses baskets et claqua la porte sans en regard pour l'autre garçon.

Bakugou n'avait pas bougé d'un pouce.

Mais bouillait intérieurement.



✧✦✧



Ce sentiment de défaite prenait plus de place que nécessaire dans le cœur de Kirishima.

Malgré sa résolution, il n'en avait pas eu assez et ne s'était contenté pas bien longtemps des paroles du blond.

Le "je te déteste pas" n'avait déjà plus la même intensité.

Est-ce qu'il s'attendait vraiment à ce qu'ils deviennent inséparables comme les deux doigts d'une main après cette conversation ? Non, pas à ce point. Mais, il aimerait quand même accuser monsieur Aizawa pour cette désillusion. Après tout c'était lui qui avait dit : "J'suis sûr qu'une bonne discussion vous sera tous deux bénéfiques". Bon, ouais, d'une certaine façon elle avait été bénéfique. Mais pas assez pour le rouquin. Clairement pas assez.

Et ça le mettait un peu rogne.

Pour une fois le problème n'était pas vraiment Bakugou, et ça le désolait. C'était toujours plus facile de pointer du doigt les autres. Mais pour une fois, il était le chiant, l'encombrant. Celui qui ne refusait tout accommodement. Il avait mal à la poitrine, et avait les sentiments au plus bas comme pas possible. Bakugou avait quand même brisé une de ses barrières pour lui avouer ça mais il n'arrivait décidément pas à s'en satisfaire. L'insatiabilité lui faisait froncer ses sourcils, rabattait le coin de ses lèvres. Elle lui brûlait les orifices, et lui aspirait sa joie.

Cette insatisfaction n'était pas normal.

Pourquoi est-ce ce qu'on ne pouvait pas le laisser être satisfait des bonnes nouvelles ?

Qu'est-ce qu'il voulait que Bakugou lui donne de plus ? Quoi d'autre ?

— T'as pété le score, non ?

Une voix un peu trop aiguë et vivace interrompit ses pensées. Eijiro sortit de sa torpeur, délivrant enfin le cadran de l'horloge toujours en panne de son regard atone.

— Mmh...il s'affala sur sa table, ses bras entourant son menton.

— T'as eu la moyenne partout, non ?

— Mmh...

— Alors t'es pas coincé au rattrapage comme moi ?

— Mmh...

— Alors pourquoi tu chouines ?! Camie s'exclama.

Dans son engouement, elle fit tournoyer dans une pirouette risquée sa petite fiole de vernis, tandis que le seconde ne réagit à peine.

— J'chouine pas...il grommela sans réel conviction, tout de même un sourcil levé.

— Il fait beau, la journée est finie, et c'est le début des vacances mon gars !

— Je sais...

— Alors pourquoi tu restes à pleurnicher en salle de colle alors que t'es même pas collé ? la terminale s'indigna, j'te kiffe Kiri, et j'sais que tu me kiffes aussi, mais y'a pas à me suivre dans toutes mes galères, t'sais ?

— Donc...j'dois partir ?

— Dis moi pas que t'es un sans-ami ? elle interrogea plus fort que nécessaire, presque outrée à cette simple idée, on dirait que t'es pote avec tout le bahut.

Kirishima fit une drôle de grimace à cette réplique.

Lui, pote avec tout le bahut ? Alors qu'il avait en ce moment l'impression de ne plus être aussi proche de ses actuels amis. Ils ne lui faisaient jamais de reproches, mais il sentait bien qu'il loupait des trucs. Kirishima avait même l'impression d'être de trop parfois.

Il savait qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, s'était lui qui s'éloignait d'eux ; pas l'inverse. La preuve, il s'était encore désisté à une de leur sortie juste pour encore bouder comment un bébé de sa relation avec Bakugou, se berçant de la mastication du chewing-gum d'Utsushimi.

— J'ai pas tant d'amis, il marmonna, répondant enfin.

— T'es plutôt populaire pourtant, elle inspecta le bout de son pouce, songeuse, presque tout le monde sait qui t'es.

— Ah oui ?

Comme un nul qui méritait de rester seul toute sa vie ? Ou comme un nul qui méritait de rester toute sa vie ?

— Bah ouais, ta touffe passe pas inaperçue, t'es souvent fourré avec moi, tu fais parti des rares collés qui reviennent souvent, et tu traînes avec les trois dégénérés.

— J'traîne pas tant que ça avec eux, il contesta.

— Assez pour te faire remarquer, elle lui fit un clin d'œil.

Kirishima n'était ni réellement content ni contrarié à cette nouvelle. Mais ça ne l'intéressait pas vraiment cette notoriété, il préférait avant tout être un bon ami pour sa bande de pote. C'était plus important. Il se promit à lui-même qu'il ferait des efforts avec eux pendant les vacances. C'était lui qui avait planifié la majorité de leur futur sortie. C'est déjà un bon début, non ?

— D'ailleurs ça me fait penser, Camie pivota vers lui, croisant ses jambes, Neito m'a demandé de te dire de venir à sa petite fête qu'il fait chez lui tout à l'heure.

— Il m'a déjà envoyé un message pour me prévenir mais-

— Pas de mais, viens ! elle lui fit une pichenette sur le front, ça te fera du bien à toi et ta tête de déterrée.

Kirishima se massa le front, un peu choqué de la force de ce bref coup. Il n'en démordit néanmoins pas :

— J'suis pas vraiment d'hu-

— Je t'ai pas demandé ton avis, elle chantonna avec un rire, ceci est un ordre de ton aînée préférée.

Il ne répondit plus rien pour lui faire croire qu'elle avait gagné, mais d'ici ce soir il finira par trouver un moyen d'échapper à cette soirée. Utsushimi, de son côté, se leva d'un coup pour prendre ses affaires, faisant voler sa jupe courte dans une délicate danse.

— Allez on se bouge ! J'vais pas rester coincer alors que ma peau attend juste de se faire bronzer, elle marmonna, ses lippes déjà épaisses se pimpant encore plus à sa moue décidée, t'façon le lycée est presque vide !

Elle se retourna vers Eijiro, son grand rictus dévorant son visage, ses deux mains sur sa fine taille. Le rouquin arqua un sourcil questionneur, et la jeune fille répondit par un sourire plus grand dévoilant sa dentition parfaite.

— On se tire d'ici ! elle attrapa d'un coup le poignet du garçon, le faisant presque tomber de sa chaise.

Tandis que Kirishima tentait de se maintenir sur un semblant d'équilibre, Utsushimi se mit à courir avant de sauter pour sortir d'un bond de la pièce.

— On est en vacances putain !

Le carmin se mit à faire un grand sourire, jetant sa tête de déprimé pour quelques choses qu'il lui ressemblait plus le temps d'un instant.

Utsushimi Camie était un peu comme la Kirishima Aki du lycée. Les manières, leurs tempéraments, les blagues parfois lourdingues, leur maitrise de l'ironie. Tous étaient assez en accord. Aki était juste un peu moins sociable, et aussi à l'aise avec son corps ; mais le reste coïncidait bien. Elles se ressemblaient beaucoup.

En tout cas au yeux d'Eijiro qui trouvait un certain confort à chaque fois qu'il était en compagnie de Camie. Il n'oserait pas se confier autant à la jeune fille qu'il le faisait avec sa sœur, mais sa présence lui faisait du bien. Elle était consolante.

C'était pour ça qu'il avait fuit ses amis pour partir la voir après la fin des cours. Il n'avait pas voulu s'imposer à lui-même ce malaise de s'obliger à forcer un sourire, et faire croire qu'il était au meilleur de sa forme.

Kirishima n'était pourtant pas triste.

Il était sûr de ne pas l'être.



✧✦✧



Repassé devant son ancien établissement, collait toujours autant à la gerbe à Kirishima.

Pas qu'il avait tant de mauvais souvenir que ça, mais c'était toujours lorsqu'on enjambait une étape qu'on réalise que les restes des marches avaient été plutôt embarrassantes à traverser. Les filles, l'acné, la découverte de son corps, les cours qui commençent à trop nous demander, la futur orientation. Un bonne vague de tracas qui débutait pour se faire plus ressentir au lycée. Toutefois, Kirishima se plaisait quand même bien à Yuei.

Il l'avait trouvé en quelque sorte sa place.

Même si le fait de ne pas avoir été accepté au club de karaté lui filait encore parfois des cauchemars.

Fichu Mashirao Ojiro.

Il faisait chaud aujourd'hui, l'été avait débuté pour de bon. Eijiro, sa tête bien cachée sous sa casquette noire, pouvait malheureusement en témoigner. Il remercia le ciel au moment où il aperçut que la climatisation du Lemillion's n'était plus en panne.

La supérette était plutôt vide cet aprem, à peine deux ou trois clients aux alentours. Eijiro s'accroupit, conscient qu'il ne dérangera personne, entre le coin où était installé un mini porte revue, juste à côté des petites plantes de décoration. Il attrapa un magazine au hasard, n'aperçant aucun de ses aînés dans les parages, et mâchant encore ce chewing-gum bubble gum que Camie lui avait donné deux heures plutôt.

Le rouquin était venu dans la modeste enseigne pour se faire un emploi du temps pour avoir des horaires de travail pendant ses vacances. Malgré que sa mère lui avait demandé de profiter de son été à fond, Eijiro se fit têtu et voulu tout de même taffer ne serait-ce un minimum dans la supérette. Juste de quoi avoir un peu d'économie, il avait assuré à sa mère. Mais maintenant il se demandait si ce n'était pas une excuse pour avoir moins de temps pour les autres.

Cette pensée désagréable lui fit lever les yeux au ciel, c'était déjà un peu mal barré pour ses efforts.

Ses yeux encore en l'air, Eijiro aperçut Mirio et Tamaki dans l'angle mort des portes, juste à côté de la salle réservée aux employés. Le garçon se redressa, ils étaient enfin là !

Et ils étaient entrain de...se galocher ?

Eijiro se figea quelques secondes, avant de se rassoir bien vite, blessant son coccyx par la même occasion. Il releva son magazine jusqu'à éjecter son couvre-chef de sa crinière singulière. Les joues rougies un peu par la surprise, mais surtout par sa soudaine gêne, il tenta de se concentra surtout sauf le bruit louche qui était heureusement couvert par les quelques clients plutôt bavards.

Ils étaient ensembles ? Depuis quand ? Ils se considérait pas comme des frères ?

Eijiro osa abaisser un peu sa lecture, ses grands yeux bordés par une des pages du magazine, pour observer les deux jeunes adultes. Les mains qui se baladaient, les sourires trop grands, le froissement de leur vêtements. L'adolescent déglutit. Il n'en croyait pas ses yeux. Il sentait tous son visage et ses oreilles chauffées de malaise.

Une raison de plus de pourquoi il devait arrêter de mettre son entourage de côté. Il l'aurait sûrement découvert ça d'une autre manière.

— C'est pas pour ce genre de cochonneries en public que j'ai accepté votre relation !

Les deux se séparèrent d'un coup, leurs épaules aussi redressées que la capacité humaine le permettait. Amajiki avait presque poussé son partenaire à l'attente de la voix. Il se mit à fuir vers la caisse, tandis que Togata, son sourire éternel aux lèvres, se laissa faire engueuler par son père. Le patron aussi blond que sa progéniture pointa du pouce le rouquin, qui eut le mauvais réflexe de se cacher derrière son magazine au moment où il croisait le regard exalté de Mirio.

— Va t'occuper du p'tit Kirishima, il va travailler avec nous pendant une partie des vacances.



✧✦✧



— Tu fais quoi cet été ? de son timbre toujours autant sympathique, Mirio demanda.

Avec Eijiro, ils étaient loins des rayons et des clients, dans le large bureau du père du blond, qui servait autant à s'occuper de la paperasse que de salle de repos pour les employés. Togata était entrain de taper sur l'ordi mal au point qui servait rarement.

— Finalement à part trainer un peu partout avec mes potes, et voir Tomo à Tokyo, pas grand chose, le carmin, pas très à l'aise, répondit simplement.

Avec un espèce de soupir dissimulé, il posa le regard sur la petite télé accrochée au plafond, une main dans ses cheveux, sa casquette attaché au passant de son cargo indigo.

— Ah oui ? C'est déjà bien, l'étudiant poursuivit du même ton, que très peu perturbé par le manque d'euphorie de son kohaï, Tomo m'a dit qu'il comptait peut-être venir en ville le temps des vacances.

— Ouais, le carmin acquiesça gentiment avant d'exploser la bulle de son chewing-gum, il faut qu'il s'arrange avec ses parents, c'est pas facile entre eux.

— J'ai vu Aki la dernière fois, elle m'a dit que sa mère lui avait demandé quelques broutilles pour leur procédure de divorce qui approchait.

— Pourquoi ? Elle est pas en droit.

— Oui c'est ce qui était marrant dans son anecdote, Togata pouffa, d'ailleurs Aki m'a aussi dit qu'elle va à Hokkaïdo, t'as pas pensé à te faufiler dans sa valise ?

— Non, pas vraiment, Kirishima se permit un petit rire, elle m'en collerai une sinon.

Derrière ce sourire poli, il aurait pu se mordre les doigts pour le comportement qu'il était entrain d'adopter. C'était clairement le pire timing pour la découverte de la relation de ses deux aînés. Il avait carrément l'air d'un ado grincheux trop éprouvé par la vie (pas juste l'air). Mais il n'avait pas la force d'incarner la meilleure version de Kirishima Eijiro.

— T'as pas à être gêné, le blond coupa court à ses pensées.

Le rouquin regarda encore une micro-seconde l'écran de télévision avant de simplement répondre en fronçant les sourcils :

— J'suis pas gêné.

— Ah bon ? l'étudiant interrogea d'une petite voix, Moi...et Tamaki, tu nous as vu pourtant ?

— Ouais, le plus jeune se replaça un peu mieux, ses deux paumes situées à l'extrémité de la chaise, j'savais juste pas que vous étiez...

— Gays ?

— Amoureux.

Mirio décrocha ses yeux bleues de l'ordinateur, pour faire un franc et grand sourire à la réponse. Il lâcha la souris, passant sa main dans son visage, un peu trop soulagé de la réplique du rouge.

— C'est pas facile ? Eijiro théorisa.

— Non pas tant que ça, le blondinet avoua un peu tristement, avant de reprendre son habituel sourire.

— Tu l'aimes...beaucoup...Tamaki ?

— Un peu trop, Mirio admit.

Le rouge croisa les bras sur le bureau poussant du coude la pendule de Newton du patron, son petit sourire dissimulée derrière ses mains.

— Cool, il souffla simplement.

Eijiro était définitivement jaloux.



✧✦✧



Jaloux ? Pourquoi ? Trop bizarre. Jaloux de quoi exactement ? Lui qui avait cesser de vouloir tous ça, pourquoi était il un peu envieux de la situation de ses deux aînés ? Il ébouriffa sa tignasse de frustration (il suffisait qu'il pense un peu au collège pour qu'il reprendre ses mauvaises habitudes). Rien qu'à cette contestation il se mit à encore broyer plus du noir. Avec tous ces sautes d'humeurs, il commençait à vraiment craindre ses vacances. Ça venait à peine de commencer, qu'il voulait juste se rouler en boule sur son lit pour ne plus le quitter.

Avec Mirio ça c'était fini plutôt vite, il avait tout de même prit le temps de saluer Tamaki qu'il lui avait confié qu'il était tenté de soit démissionner, soit s'enfermer dans un des grands congélos de la supérette pour ne plus jamais confronter le père de son copain. Tu m'étonnes. De son côté, Eijiro avait juste quitté sagement l'enseigne, avec un Snickers "offert par la maison" dans la poche, ayant décidé de poser toute les questions gênantes sur leur couple une autre fois.

Pour ne pas repasser devant son incroyable ancien établissement, il fit le tour en contournant le centre-ville. Le carmin était presque sûr que c'était la seule partie du monde qu'il était capable de traverser sans se retrouver paumé. Il en profita donc.

Tout en réfléchissant à son excuse pour refuser l'invitation de Monoma, il entama sa marche dans une petite ruelle qu'il l'avait l'habitude de passer lorsqu'il séchait les cours au collègue.

Il mâchouilla son chocolat, tout en tentant d'élucider le problème. Les meilleurs des mensonges étaient ceux tirés d'une part de vérité. Et la vérité c'est qu'il avait juste la flemme d'y participer, pas d'humeur à prendre part à ce genre d'événement.

Et peut-être que (pour une fois) il n'était pas vraiment d'humeur à voir Bakugou.

Il avait besoin de mettre un peu d'ordre dans sa tête. Il fallait peut-être qu'il en parle à Aki ou à Tomo pour changer, ou même tout seul, juste de quoi décrypter un peu le dossier Bakugou Katsuki.

Ça n'avait pas l'air d'être son style de venir à ce genre de truc de toute façon. Cependant, il y a deux ou trois jours de cela, lorsqu'ils déjeunaient ensemble, Shinso lui avait confié que le cendré squattait désormais chez Monoma. Sa grande baraque avait de quoi accueillir un troupeau il parait. Aujourd'hui ça faisait officiellement donc plus d'une semaine que Bakugou n'était pas rentré chez lui. Fallait croire que ça ne s'arrangeait pas avec ses parents. D'après Shinso : "il a toujours eu une relation de merde avec sa vieille".

'fin bref, Kirishima se reconcentra.

Il sortit son téléphone, pour aller dans une de ses conversations avec Utsushimi. J'me sens mal d'un coup j'pourrai pas venir ce soir, il tapa sur le clavier. Il regarda quelques secondes son message avant de l'effacer. Trop facile... il conclut. Il réfléchit une nouvelle fois avant de cette fois-ci écrire : Ma mère vient de m'annoncer qu'elle a un cancer j'suis trop abattu pour venir. Eijiro n'eut pas besoin de le relire une seconde fois pour voir à quel point cette excuse là était débile. Il l'effaça avec un petit rire. Lui qui avait d'habitude le don pour mentir comme un arracheur de dents, se trouvait à court d'idée.

Il devait dire un truc plus réaliste, plus crédible. Un truc qui empêchera à Neito et Camie de lui faire des reproches.

Un truc plus comme...

— J'vais tuer cet enculé de Katsuki.

Euh non...trop violent. Il n'en voulait même pas vraiment à Baku- Attendez une minute.

Le rouquin se stoppa dans son avancée pour être sûr de ne pas avoir été victime de son imagination.

— J'aimerais bien t'y voir avec ton bras pété.

Eijiro était convaincu d'avoir déjà entendu cette voix quelque part. Il avança un peu avant de s'accroupir contre la façade qui longeait la débouchée de la ruelle. Ses oreilles grandes ouvertes, il tourna un peu sa casquette pour tenter de voir les deux personnes.

Il lui fallut moins d'une seconde pour reconnaître Shindo. Il était adossé à un scooter, son bras droit recouvert d'un plâtre, et une tonne de bandages sur le peu de sa peau visible. Le rouquin eu le souffle court pendant une demi seconde. Il était déjà sortit de l'hôpital ? Il se replaça bien contre la paroi, pour bien se remettre les idées en place.

— Depuis qu'il lui a collé une raclée, mon frère veut plus se frotter à lui.

Eijiro était sûr à milles pour-cent de connaître cette voix, mais il n'arrivait pas à distinguer où il avait entendu ; et il ne pouvait pas se permettre de sortir plus sa tête où il sera à découvert. Il humecta ses lèvres et passa une main fugace dans ses cheveux, en dessous de sa casquette, son cœur battant d'un coup trop vite et ses nerf analysant la situation.

Yo et cet autre type parlaient visiblement de renvoyer la balle à Katsuki. D'après les petits bribes de discussion qu'Eijiro entendait, la tête du cendré était mise à prix. Le carmin se mordit la lèvre, plutôt désemparé. C'était sûr que quelque chose comme ça allait finir par se produire.

Mais que faire maintenant ? Partir en douce et prévenir Bakugou, ou intervenir...

Et s'occuper de ces deux là tout seul ?

Il replaça un peu mieux sa casquette, pensif. Même si il tentait de cacher ses cheveux, Shindo allait à coup sur le reconnaître, et Dieu seul savait de quoi ce mec était capable. Et l'autre gars ? Kirishima était sûr d'avoir déjà entendu sa voix alors il y avait des chances qu'ils se connaissent.

— Faut qu'on lui refasse sa fête, de quoi lui refaire se faire tailler les veines.

Le sang de Kirishima ne fit même pas un tour, qu'il se releva d'un bond. Plus aucuns doutes d'un coup, il réfléchira au conséquences de ses actions plus tard. Comment cette ordure de Shindo pouvait dire un truc pareil ? Bakugou ne l'avait visiblement pas assez cogné. Le rouge sera le poing, ses yeux concentrés sur sa vielles paires de Converse usées, tentant une seconde de se maîtriser, de respirer. Mais les rires convulsants des deux garçons derrière n'arrangeaient rien.

Tant pis, si on le reconnaissait. Pas grave. Shindo était toute façon une momie sur patte et il n'aura sûrement pas de mal à mettre une dérouillée à l'autre gars. Il glissa l'œil vers une des briques décollées du mur à sa droite. D'un coup un peu trop motivé à se battre, il en attrapa une. L'oxygène montait dans son cerveau, son poux accélérait à fréquence qu'il tâtait sur toutes les coutures son arme blanche, et ses pupilles rougeâtres se dilataient inlassablement. Il n'avait jamais eu ce genre d'adrénaline auparavant. Est-ce que c'était de ça que Bakugou parlait lorsqu'il mentionnait ses sensations ?

Il décrocha le regard de ses chaussures, tourna sa casquette noir pour ne pas être dérangé par la visière, et s'avança d'un pas décidé vers les deux garçons.

Mais juste avant qu'il sorte complètement de sa cachette, on le stoppa net.

Une grande main se faufila sous son teeshirt, l'autre scella ses lippes, une touffe se rajouta dans son cou. Et bizarrement juste à ça Kirishima savait déjà qui se trouvait derrière lui.











— Faut toujours que tu joues au con, hein ?

——-

J'espère que ce chap vous a plus. Moi, il m'a saoulé bahahaha.

Y'a un moment j'arrivais tellement pas à l'écrire que j'allais me mettre à pleurer (moi, dramatique ? pas du tout.)

Brefff bonne année ! (Oui jsuis mega en retard lol.)

BYE!

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