𝑷𝒓𝒐𝒍𝒐𝒈𝒖𝒆







Le ciel s'offrant à la vue des habitants de la préfecture de Miyagi ce jour-là était teinté de gris.
Un camaïeu de gris absolument splendide, terne et pourtant si élaboré, qui se reflétait dans les orbes tout aussi grises bien que plus claires de la jeune fille qui le contemplait d'un air désabusé.
Un ciel à la fois d'un calme plat et annonciateur, pensait-elle.

Une apparence trompeuse qui cache une tempête imminente et dévastatrice.

Comme son cœur.

Un élément vint soudain la sortir de la torpeur que la contemplation dans laquelle elle s'était noyée depuis quelques minutes déjà avait provoquée. Relevant la tête, elle fixait à présent son interlocuteur d'un air dont elle espérait qu'il ne reflétait pas son agacement.

– Asano-san, l'interpella son camarade. Ça à sonné, tout le monde est sorti et c'est moi qui suis de corvée de nettoyage aujourd'hui.

L'intéressée jeta un regard circulaire autour d'elle avant de constater qu'effectivement, plus personne n'était présent dans la salle de classe à part elle et le camarade dont elle avait oublié- ou plutôt dont elle n'avait jamais retenu le nom.

– Ah...

L'expression embêtée de son visage incita le garçon à lui faire une faveur.

– Si tu veux, tu peux rester jusqu'à ce que j'aie fini, et au pire je te filerai les clés de la salle si je pars avant toi !

La lycéenne le remercia d'un mince sourire et acquiesça pour approuver la proposition.

– Merci, ça m'arrange.

– T'inquiètes.

Elle observa le jeune homme commencer à s'affairer à sa tâche en rêvassant avant d'hésiter sur ce qu'elle devait faire.

– ...Tu veux de l'aide ?

Il lui jeta un regard surpris avant de répondre.

– Non non, je vais me débrouiller seul. Mais merci !

La dénommée Asano soupira imperceptiblement de soulagement et coula un regard à son sac de cours, action qui eut pour effet de supprimer définitivement le peu de motivation qui lui restait.

Malgré tout, elle sortit quand même ses affaires et fronça les sourcils à la vue de la tonne d'exercices incompréhensibles de physique qu'elle allait devoir se farcir.

Un soupir plus tard et elle se jetait dans la gueule du loup.














Cette fois, c'est une tape sur l'épaule qui fit sortir l'adolescente de son travail. Le garçon baissa la tête en direction de sa camarade pour l'informer de son départ.

– Asano-san, j'y vais. Tu veux les clés ou pas ?

L'intéressée passa une main dans ses cheveux aussi sombres que désordonnés puis prit un instant pour réfléchir à sa réponse.
Il fallait dire que diverses raisons la poussaient à préférer rester en dehors de chez elle aussi longtemps qu'elle le pouvait, mais elle avait suffisamment travaillé pour être tranquille, et elle n'avait personne avec qui continuer sa soirée.

Elle prit donc le temps de scruter sa montre avant de se décider définitivement.

《18h 23... Bon. Il serait peut-être temps de rentrer.》

– Nan, je vais y aller aussi je pense.

Rapidement, ses affaires se retrouvèrent dans son sac, et elle sortit de la salle en quelques foulées.

– À demain ! Lança-t-elle avant de sortir du champ de vision du brun.

Une fois qu'elle eut quitté les imposants bâtiments du lycée de Karasuno, la brune se laissa aller à l'agréable sensation de fraîcheur que le vent lui offrait, un présent inestimable après avoir supporté l'ambiance oppressante de sa salle de classe toute la journée.
La brise faisait voleter ses cheveux d'un noir de jais et la jeune femme ferma les yeux, savourant le souffle ricochetant sur sa peau, la sensation de flottement éphémère et de vide que le vent lui apportait, insensible au brouhaha extérieur, juste un agréable sifflement résonnant à ses oreilles.

Elle profita de ce moment qu'elle affectionnait particulièrement encore quelques instants, avant que le crissement des pneus du bus qui la ramenait dans ce qu'elle qualifiait de foyer, faute de meilleur terme, n'achève de la ramener à la réalité à laquelle elle était confrontée.

Écouteurs dans les oreilles, regard rivé sur un ciel mêlant à présent gris et carmin, parsemé de mille nuances d'orange, tantôt tirant sur le jaune, presque violacé par endroits, les contours de sa maison s'imprimèrent un peu trop rapidement au goût de la jeune fille sur sa rétine.

Le plus lentement possible, elle parcourut les derniers mètres qui la séparaient de la bâtisse, puis elle se résigna finalement à en ouvrir la porte et à avancer jusqu'au gekkan.
Là, elle déposa négligemment ses chaussures avant de traverser sa maison tout de long, à l'endroit où l'escalier menait à l'unique pièce qui recouvrait tout l'étage, sa chambre.
À peine arrivée, elle envoya valdinguer son sac à l'autre bout de la pièce et s'affala sur son lit comme une masse.














Le claquement caractéristique de la porte d'entrée réveilla la jeune fille de son demi-sommeil, tandis qu'une voix et des bruits de pas s'élevaient progressivement dans la maison.

Encore somnolente, elle se força quand même à descendre saluer sa mère.

– Salut.

– Coucou ma chérie, ta journée s'est bien passée ?

Le ton légèrement essoufflé qu'employait sa génitrice indiquait à la brune qu'elle avait couru pour rentrer, sûrement en prévision de la pluie dont l'arrivée s'annonçait imminente, à n'en pas douter.

L'adolescente détailla sa mère un moment.
Élégante, comme toujours, arborant un blazer crème saillant ainsi qu'une jupe de même couleur et une chemise d'un blanc immaculé.
Une apparence sobre mais classe, la paire de talons en moins. Tout le contraire de sa fille, plutôt décontractée et peu soucieuse de son apparence, privilégiant les chignons rapides et les gros sweats confortables pour les temps pluvieux comme celui-ci.

Mais des similitudes indéniables empêchaient toute confusion sur le lien qu'entretenaient les deux femmes.
Ces cheveux noirs de jais, lisses et soyeux, ce teint de porcelaine, cette bouche rosée et charnue...
Autant d'éléments qui faisaient leur charme, ressortant d'autant plus lorsque les deux se tenaient côte à côte.

Sa bouche s'étira en un sourire fatigué, puis elle répondit.

– Ouais, ça à été. Et toi ?

– Fatigante, mais ça s'est bien passé aussi.

– OK, tant mieux. acquiesça la jeune fille.

Et elle se retourna dans l'optique de retourner d'où elle venait, n'offrant plus que la vue de sa silhouette de dos à son homologue plus âgé.

La quadragénaire hésita un instant.

– Mahiru ?

– Oui ?

L'interpellée tourna la tête.

– T'as mangé ?

– Ouais. Il reste des ramens au frigo si t'as pas le temps de cuisiner ce soir.

– D'accord, merci.

Et c'est sur ce mensonge que Mahiru Asano se retournait pour de bon cette fois.






























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