𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 1 : 𝑰𝒏𝒔𝒊𝒈𝒏𝒊𝒇𝒊𝒂𝒏𝒕 𝒅𝒆̄𝒕𝒐𝒖𝒓
"There are some flowers you only see when you take detours."
Tanaka Saeko
C'était une journée qui s'achevait.
Une journée presque aussi longue que son cours de littérature, pensait Mahiru Asano, affalée sur sa table de classe.
Non pas qu'elle n'aimait pas cette matière- au contraire, elle trouvait les histoires de monsieur Takeda captivantes. Simplement, après une journée d'intégration composée de diverses activités physiques plus épuisantes et ridicules les unes que les autres, ainsi que de gens un peu trop bavards dont elle n'avait strictement rien à faire, sa tête faisait à présent l'équivalent de la taille d'un ballon de basket.
La jeune fille rangeait à présent distraitement ses affaires, occupée à réfléchir à la manière dont elle pourrait bien occuper sa fin de journée. Rentrer chez elle si tôt n'était pas une option, et depuis le départ de sa cousine à Kyushu, plus personne n'était là pour partager son temps libre.
Ses pupilles grises se froncèrent en fixant un point invisible, signe de sa concentration.
La brune s'apprêtait à sortir, décidée à trouver une activité à l'extérieur quand Ittetsu Takeda l'interpella.
– Asano-san ! Attends un peu, tu as une minute ?
La jeune fille se retourna en affichant son habituel air désintéressé, bien que légèrement surprise.
– Oui ?
– Tu pourrais amener ces fiches au club de volley pour moi ? Il faudrait les remettre à Kyoko Shimizu. Tu la reconnaîtra facilement, c'est une terminale brune avec des lunettes et un grain de beauté en dessous de la lèvre, indiqua le professeur.
– Pas de soucis, acquiesça la jeune fille après avoir assimilé l'information.
– Désolé de te demander ça, s'excusa-t-il. Je ne peux vraiment pas faire autrement, avec la réunion des professeurs commence dans quelques minutes.
L'élève haussa les épaules et saisit les documents.
– Vous en faîtes pas, c'est pas dérangeant.
Et c'était vrai. À défaut de pouvoir s'occuper elle-même, elle pouvait bien faire un détour.
– Tu sauras retrouver le gymnase ?
Mahiru leva le pouce en signe d'affirmation, dos à son professeur, et s'engouffra dans les couloirs animés du lycée Karasuno.
Quelques minutes plus tard, et elle arrivait devant le gymnase réservé aux entraînements du club de volley-ball.
⁂
La jeune fille sût qu'elle était arrivée à bon port quand elle entendit le bruit régulier de ballons rebondissant contre le parquet laqué du bâtiment.
Plus elle se rapprochait, plus elle le distinguait et des bruits de voix s'ajoutaient à ceux qu'elle avait déjà perçus.
Quand elle ouvrit la porte, elle eût l'impression que ses battant en refermaient un autre monde.
Elle n'a jamais vraiment su expliquer ce qu'elle a ressenti à ce moment-là.
Ça l'avait juste totalement subjuguée.
C'était une atmosphère toute particulière qui l'avait happée dès qu'elle avait posé un pied dans le gymnase. L'ambiance pleine de la tension des joueurs, lourde de leurs efforts mais dynamique à la fois. Emprunte d'une volonté d'aller toujours plus loin, d'éternelle insatisfaction.
Le couinement provoqué par les appuis inconstants des chaussures sur le terrain. Les souffles respiratoires effrénés. L'odeur de sueur imprégnant la salle.
Tout une ribambelle de détails pourtant incapables de retranscrire parfaitement ce qui se trouvait devant ses yeux.
Ses sens semblaient exaltés.
Elle se surprit alors elle-même à attraper d'un geste un ballon lui arrivant droit dessus, lâchant de ce fait les papiers qu'elle avait encore en main la seconde précédente.
Restant un moment interdite, il lui fallut quelques secondes avant de réaliser pleinement la situation et diriger son regard sur le propriétaire de la balle.
Il était plutôt petit, pour un lycéen, et ses cheveux ébouriffés étaient d'un orange si vif qu'ils lui donnaient mal aux yeux.
Ses orbes, dont la couleur était identique, étaient étonnamment perçantes.
Lorsque ses iris croisèrent celles de la jeune fille, son teint vira au pourpre et il se mit à s'agiter en tout sens, chaque mouvement entrecoupé d'une courbette d'excuse.
– Je suis désolé ! Vraiment ! C'était un accident, alors, heu, pardon !
Et sans attendre, il se précipita vers la brune pour ramasser les feuilles qu'elle avait éparpillées.
Celle-ci pouffa discrètement avant de se mettre au niveau du garçon pour l'aider à récupérer ses fiches, ce qui intimida aussitôt celui-ci.
– C'est pas grave, t'inquiètes. Pas besoin de te mettre dans un état pareil, tu sais. Tu t'appelles comment ?
Pendant ce temps, alertés par le bruit, un grand brun à la mine renfrognée et plusieurs autres lycéens s'étaient rapprochés, intrigués par la scène.
– Hinata ! T'es complètement débile ou quoi, apprends à viser !
– Oh ça va Kageyama, mêle-toi de tes affaires !
– T'as dit quoi là ?
– Ça suffit, vous deux ! Hinata, réponds-lui, elle t'as posé une question !
Un garçon à la carrure imposante qui semblait être en terminale s'était interposé entre les deux volleyeurs.
Mahiru le détailla du regard, ses courts cheveux bruns tombant sur son visage, sa stature semblant respirer l'entraînement reflétant de toute évidence le fruit de ses efforts.
La jeune fille essaya tant bien que mal de contenir ses lèvres closes, mais un léger ricanement s'échappa de sa gorge en réitérant sa question.
– Alors, comment tu t'appelles bonhomme ?
Le jeune homme tiqua et se redressa d'un coup, déclarant d'une voix mal assurée :
– Je m'appelle Hinata Shoyo ! Je suis en seconde et je fais partie du club de volley de Karasuno !
Mahiru hocha la tête.
– Je peux t'aider en quelque chose ?
La jeune fille tourna la tête et s'aperçut que son interlocuteur n'était autre que le garçon de terminale, main tendue à son encontre.
Elle la saisit volontiers, et, une fois relevée, elle planta son regard dans celui de son aîné.
– En fait, je cherche une certaine Shimizu Kyoko, et on m'a dit que je la trouverais ici.
- Haaa, Shimizu ! Elle est dans la réserve, tout au fond, lui indiqua un garçon à la touffe gris perle.
La brune le remercia d'une rapide courbette.
– Merci beaucoup !
Elle traversa rapidement le gymnase pendant que les joueurs reprenaient leurs activités, gardant un œil distrait sur la jeune fille.
Apercevant une silhouette gracile flanquée de long cheveux bruns tombant sur son uniforme, Mahiru interpella l'inconnue.
– Excuse-moi ? esquissa-t-elle.
Son aînée fût prise d'un léger sursaut, puis se retourna.
– Oui ?
– Tu es bien Shimizu Kyoko, je me trompe ? Monsieur Takeda m'a demandé de te remettre ces documents.
– Ah ! Oui, c'est bien moi, merci beaucoup !
La jeune fille attrapa les dossiers tendus dans une légère courbette, et Mahiru en profita pour la détailler du regard.
Elle était vraiment belle, il fallait dire.
Shimizu possédait un visage de poupée au teint superbe, d'une blancheur de nacre contrastant avec ses cheveux sombres. Ses pupilles bleues marine s'imposaient comme des joyaux sur son visage, leurs reflets polis encadrés de lunettes élégantes à l'image de leur propriétaire. Pour ne rien gâcher, un grain de beauté sensuel soulignait ses lèvres pêches, et l'ensemble du tableau reflétait le charme délicat dont était dotée la terminale.
Elle lui ressemblait, dans un sens. Sauf que Mahiru dégageait une aura un peu différente. Ses mèches capricieuses et désordonnées, coiffées en une wolfcut, cascadaient contre ses épaules élégantes à l'image d'une rivière noire, leur éclat de jais rutilant de la robe des corbeaux. Son teint laiteux sublimait le carmin de ses lèvres diaphanes, et ses expressions laissaient une drôle d'impression à son entourage.
Les gens la trouvaient singulière, insondable. Presque sauvage.
Négligée, mais était-ce si grave lorsque la personne ne s'en trouvait que plus belle ? Ses yeux d'un gris glacial sondaient calmement le monde en permanence, d'une manière intraitable; et les cernes quasiment noires qui soulignaient ces orbes tranchantes rendaient son regard encore plus profond.
Alors, si Kyoko Shimizu était un canon calme et distant, Mahiru Asano pouvait être qualifiée de beauté
La jeune fille scrutait à présent l'entraînement des sportifs, ce qui n'échappa pas à leur manager.
– Tu t'intéresses au volley ? s'enquit-elle.
– Pas vraiment, avoua Mahiru avec franchise. J'y connais pas grand chose. Mais, c'est pas désagréable de les voir jouer, là.
La terminale esquissa un sourire.
– Je comprends. Je ne connaissais rien au volley non plus quand j'ai commencé à être manager, mais on apprend vite ! On ne dirait pas comme ça, mais j'ai le sentiment que notre équipe va devenir très forte. Comment tu t'appelles, au fait ? reprit-elle après un instant de réflexion.
L'interpellée se tourna en direction de son interlocutrice.
– Asano Mahiru, en deuxième année.
– Alors enchantée, Asano-san !
La jeune femme femme lui adressa un joli sourire avant de courber la tête.
– De même, Shimizu-sempai ! renchérit sa cadette avant de s'incliner légèrement.
Le regard de l'adolescente se fixa de nouveau sur les volleyeurs.
– Il y a eu beaucoup de nouveaux cette année ? questionna-t elle.
– Pas vraiment... Mais on a quand même eu quatre première année, tous très différents. Je ne m'en fais pas, ils sont forts. Parmi les plus jeunes, il y a un duo avec une attaque incroyable, une courte ultra-rapide qui cloue les adversaires sur place ! C'est le petit roux surexcité et le grand brun renfrogné, là-bas.
Même sans avoir saisi le terme de "courte", la jeune fille tiqua.
– Eux ? Vraiment ? Ils n'avaient pas l'air de bien s'entendre, ils se disputaient quand je suis arrivée.
– Ils se disputent tout le temps, en fait, sourit la terminale. Mais quand ils jouent, ils sont en fusion l'un avec l'autre.
Mahiru haussa les épaules, moyennement convaincue.
– Si tu le dis.
Elle resta là un moment, son regard balayant les terrains, scrutant un à un les sportifs qui s'y trouvaient.
D'abord, il y avait le fameux duo de secondes, puis celui qui semblait être le capitaine, accompagné du garçon aux cheveux argentés.
Un petit aussi, légèrement plus que le rouquin, aux cheveux bruns striés d'une mèche blonde, en compagnie d'un chauve au sang visiblement un peu trop bouillant.
Elle remarqua également un attaquant à forte carrure, dont les cheveux étaient retenus en un chignon serré, puis scruta finalement une perche lunetteuse, flanquée de son camarade aux ravissantes tâches de rousseur doté d'une tignasse vert sombre.
Au bout d'un moment, la jeune fille se posa sur le banc de touche pour les observer paresseusement.
Elle n'avait pas envie de rentrer chez elle. Ni de chercher une activité susceptible de la distraire.
Son seul désir, spontané, résidait juste sous ses yeux, virevoltant sur les courts du gymnase.
Alors, quand le capitaine passa devant elle en arborant un air intrigué, se demandant probablement ce qu'elle faisait encore là, elle répondit simplement à sa question implicite :
– Je peux rester ?
Hello ! C'est la fin de ce premier chapitre, j'espère qu'il vous a plût ! J'étais un peu nerveuse à l'idée de poster, mais c'est une fiction que j'ai toujours plus ou moins eu envie d'écrire, alors je me lance.
(Update d'après ma pause, je me décide enfin à reprendre Breath of Feelings ! J'espère que l'histoire vous plaira, en tout cas mon objectif est de prendre du plaisir à l'écrire... C'est assez inconstant mais on y croit. En attendant, je vous laisse avec les aventures de Mahiru et Kuroo !)
Salut
Yuu
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