Chapitre 63 : F O R G I V E N E S S
Contre toute attente, Andrea a appelé son frère ce matin, suite à la discussion que nous avons eut la veille. Ça m'a fait sourire, j'étais heureux qu'il le fasse. Et vu son sourire, il était heureux de le faire.
Mon téléphone sonna, me signalant l'arrivée d'un mail, sans doute une énième publicité à l'approche des fêtes de Noël. Je le dévraouillais d'un geste rapide presque machinal et ouvrit ma boite mail. J'écarquille les yeux en lisant le contenu du mail. Il provient de la petite boutique de musique qui cherche un vendeur, poste pour lequel j'ai postulé. Mais ma surprise est nettement moins grande quand je lis les premières lignes.
''Nous sommes au regret de vous annoncer que le poste de vendeur à été pourvu... ''
Je soupire. Évidemment. Pourquoi m'auraient-ils embauchés ? Après tout, il n'était pas un féru de musique comme pouvait l'être Andrea, converti au classiques du rock par son frère des son plus jeune âge, ni très avenant comme l'était Alix, alors bien sûr qu'ils avaient, trouvé mieux que moi... Je prend tout de même la peine de lire la suite du mail et une phrase me fait tiquer :
''Nous avons cependant prit la liberté d'envoyer votre CV à un établissement voisin qui a été très favorable quant à votre profil et souhaiterait un entretien. Voici les coordonées du dirigeant qui prendra rapidement contact avec vous : Archimè[email protected]
Cordialement,
Toute l'équipe de Sound'n'war.''
Je ne sais qu'en penser. Je ne me faisais pas trop d'illusion qu'an à ce job, j'avais bien vu que je n'avais pas le profil idéal, mais j'étais loin d'imaginer qu'ils me brancheraient sur un autre truc après m'avoir explicitement refusé le poste.
Que ferme l'application de messagerie et ouvre un onglet web pour rechercher cet Archimède Tarcet, voir de quoi il s'agit et si je pouvais trouver quoi que ce soit à son sujet. Malheureusement, il n'y a rien de probant, soit il s'agit de boutiques ayant un nom totalement différent, où alors une avance sur Paris mentionne ce nom mais c'est bien trop éloigné géographiquement pour retenir mon attention. Je fini par reposer mon téléphone, après avoir répondu à Judy qui prenait quelques nouvelles et m'expliquait que suite à la soirée chez Nuccya, elle avait revu cette fille qui lui faisait tourner la tête mais dont elle refusait de me donner le nom.
La porte de la chambre s'ouvre sur Andrea qui revient de la salle de bain, les cheveux encore humides. Il avance jusqu'au centre de la pièce pour se laisser tomber sur ton lit, faisant un peu râler Ganesh qui s'est vu interrompu dans sa sieste. Andrea le prend sur lui et immédiatement l'animal se met à ronronner. Je le regarde patouiller le félin distraitement et lui souffle :
« Moi aussi je veux bien des patouilles, c'est pas juste que seul le chat en ait. »
« T'es jaloux ? »
« Extrêmement. »
Nous partageons un sourire puis un éclat de rire et de but en blanc il me lance :
« Mon frère veut que j'aille passer Noël chez lui. »
« Oh... »
Je ne trouve pas vraiment quoi dire, parce que d'une part je suis content qu'il renoue avec sa famille, au moins son frère qui a toujours été là pour lui, mais d'u autre côté je suis angoissé à l'idée de le voir partir si loin de moi, encore, et de me retrouver seul pour les fêtes. Je n'ai plus vraiment l'habitude d'être seul depuis quelques mois. Et ce n'est certainement pas quelque chose que j'ai envie de retrouver. Ce serait bien trop douloureux.
« Il m'a dit que notre mère ne serait sûrement pas là, ils se reparlent à peine, mais... Je ne peux m'empêcher de m'imaginer ce que je pourrais bien lui dire si je me retrouvait en face d'elle et la vérité c'est que je n'en sais rien. C'est ce qui me fait le plus peur je crois. »
« Tu sais, je ne pense pas que tu sois obligé de lui dire quoi que ce soit tant que tu ne t'y sens pas prêt. Et puis tu ne devrais pas t'en faire avec ça, pense juste au fait que tu vas revoir ton frère et tes amis. Après si tu ne veux pas y aller et que tu choisis de rester en France pour les fêtes de fin d'année, de les passer avec moi, et bien, il s'agit de ton choix... »
« Attends quoi ? Mais si je vais chez mon frère, il n'y a pas moyen que j'y ailles sans toi, tu es aussi invité, voyons ! » S'offusqua presque le châtain en me frappant gentillement l'épaule.
« Vraiment ? Mais Andrea... Je sais même pas combien ça coûte, et puis j'ai jamais pris l'avion en plus... »
« Ça te fait peur ? » Il penche la tête sur le côté, facétieux.
« Oui, non, j'en sais rien... »
« Pour ce qui est du billet, ne t'en fait pas, c'est moi qui paye. »
« Mais avec quel argent Andrea ? »
« Celui de mes études. Tu sais aux États-Unis, l'université est vraiment chère. Alors mes parent m'ont ouvert un compte épargne à ma naissance pour économiser et m'offrir une bonne école. Mais je ne veux pas retourner étudier en Amérique, une Fac publique française m'ira très bien. Avec toi, ça m'ira même mieux que bien. Alors je peux disposer de cet argent, maintenant que je suis légalement majeur, je peux disposer de cet argent, je l'ai fait transférer sur un compte en France le mois dernier. Bon ça a été assez galère, mais mon grand-père m'a aidé, et puis... »
Il fait une petite moue, comme s'il hésitait à me réveiller quelque chose.
« Oui ? »
« Dwight a fait une bonne partie du boulot. Tu sais, il est avocat maintenant, il a fini ses études de droit et passé son diplôme au court de l'année dernière. »
« C'est une blague j'espère ? »
Je sens un sentiment de rage m'envahir en repensant à ce connard et au rôle qu'il a joué dans le mal-être d'Andrea et sa tentative de suicide.
« Écoutes, au début, j'ai carrément refusé de le revoir. Je ne voulais plus aucun contact avec lui, mais tu sais, mon ami Djalah à eut des problèmes avec son visa, et il ne savait pas à qui demander, il n'avait pas assez d'argent pour aller voir un avocat, alors j'ai repensé au fait que tu m'avais que Dwight était en France, et qu'il avait étudié le droit, et je l'ai appelé pour aider Djalah. Je voulais t'en parler, mais rien que quand tu m'as vu avec Djalah, tu ne l'as pas supporté, alors je n'ai pas voulu en remettre une couche. Puis tu as commencé ta cure, et je me suis dit que ce n'était définitivement pas le bon moment pour parler de cela. »
Une fois de plus je suis soufflé par sa capacité à toujours faire passer les besoins des autres avait les siens. Et aussi par le fait que stupidement, je n'ai rien remarqué pendant tout ce temps, trop préocupé par mes propres problèmes. Et moi qui croyais avoir évolué sur ce point, je pensais réeelment que j'étais plus à l'écoute, mois centré sur moi. Visiblement pas tant que cela...
Il pose sa main sur le mienne et me force à croiser son regard.
« Hey, je sais ce que tu te dis, tu te dis que tu aurais dû voir tout cela. Tu te traite même sûrement d'égoïste, mais c'est loin d'être le cas, ok ? Je ne t'ai rien dit sciemment pour ne pas te déconcentrer de ta cure. Parce que je savais que tu avais d'autres choses à régler, même si je ne sais pas toujours si tu as choisi la meilleure façon de le faire, avec Nuccya et tout, tu n'as pas à te blâmer, je sais très bien cacher les choses moi aussi, c'est normal que tu n'aies rien vu. D'accord ? »
J'en reviens pas comme il me connaît sur le bout des doigts...
Je hoche doucement la tête et murmure, vraiment peu sûr de moi :
« Et du coup, tu as pardonné à Dwight ? »
« En quelque sorte. Tu sais, ma mère l'a manipulé. Comme elle a essayé de le faire avec toi, comme elle l'a fait avec tout le monde en demandant au lycée de faire comme si ma tentative avait aboutit. Et je pense que dans le fond, il a encore plus souffert que moi, paradoxalement. Sa famille est très croyante, et je sais qu'il en beaucoup enduré pendant son enfance à cause de cela. Il est facilement manipulable à aise de ça. Je ne m'en étais jamais vraiment rendu compte, je ne voyais pas plus loin que sa carapace de mec parfait que j'idéalisais depuis toujours. Alors en quelque sorte, j'ai moi aussi participé a tout cela. Si j'avais réellement su voir en lui, peut-être que les choses auraient été en tout points différentes, mais ça on ne le saura jamais alors je pense que le mieux et de ne pas y penser. La relation que j'avais avec Dwight est définitivement perdue, mais finalement, c'est peut-être pour le mieux. Toi tu as pardonné à Nuccya après avoir entendu ses raisons, qui, comme pour Dwight étaient loin d'être les bonnes, mais qui au final nous permet de les comprendre, et finalement, de les aimer, parce que dès que l'on comprends quelqu'un, on se met aussitôt incontestablement à l'aimer, c'est ce qui nous rends humain, pas vrai ? »
Il m'impressionne. J'ai toujours su qu'il avait une force de caractère hors-normes, bien plus que moi malgré les apparences.
« Ouais. Tu as raison. Et pus, quelque part, pardonner aux autres, c'est aussi s'offrir l'apaisement à nous-mêmes. D'ailleurs, tu sais, j'ai contacté le centre d'accueil où j'avais été placé quand j'étais gosse. Comme tu me l'avais dit. Ils m'ont donné l'adresse de mon père et... Je voudrais que tu viennes avec moi quand j'irais le voir. Je ne sais pas si je suis déjà prêt, mais dès que je le serais. »
« Bien sûr que tu l'es. Tu sous-estimes la force que tu détiens Éos. Depuis toujours. »
« C'est toi qui me donne cette force. »
Tout doucement, il s'approche de moi. Je regarde ses yeux descendre sur mes lèvres tandis que sa main se pose sur ma joue. Son souffle se mélange au mien, et je clos les paupières, le laissant me donner un baiser tendre, qu'il dirige doucement, l'approfondissant en glissant sa langue dans ma bouche, son muscle rose trouvant sa jumelle en un mélange de salive assez obscène mais si plaisant. Puis je me décale doucement, contemplant ses joues adorablement colorées de ces rougeurs qui lui vont si bien.
« J'ai un autre truc à te dire. Tiens, regarde. »
Je lui tends mon téléphone, déverrouillé sur le mail que j'ai reçut tout à l'heure. Il prends quelques secondes pour le lire puis lève les yeux vers moi :
« Tu as eut un entretient ? Et tu ne m'en as pas parlé ? »
« J'étais presque sûr de ne pas être prit, alors je ne voulais pas t'en parler pour au final que tu sois... déçut ? »
« Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tout le monde rate des entretiens parfois, je ne serais jamais déçut pour cela. Tu devrais le savoir pourtant. »
« C'est juste que... que j'ai vraiment l'impression de rater tout ce que j'entreprends... »
« C'est pas vrai Éos. Regarde, ça fait 76 jours que tu n'as pas touché à une goutte d'alcool ou un quelconque drogue, je le sais, je les ai compté. Et ça, crois-moi, c'est une victoire, alors non, tu ne rates pas tout ce que tu entreprends. Tu as aussi réussi à me redonner confiance en moi. C'est grâce à toi que je vais mieux. Tu as accomplis tant de choses et ça me tué que tu ne t'en rends même pas compte... Regarde, tu as même décroché un nouvel entretient. »
« C'est grâce à toi. Tu sais, c'est toi qui m'a forcé à écrire que je faisais de la photographie sur mon CV. Et je suppose que le ''studio'' dont fait référence l'adresse mail de cet Archimède Tarcet est un studio de photo, je ne vois que ça. »
« Ce serait parfait ! Et ça te conviendrait bien plus qu'un job de vendeur de disque ! » S'enthousiasme Andrea. Je savais qu'il réagirait comme cela, c'est d'ailleurs pour cela que je ne lui ait rien dit pour le premier entretient. Mais il est si joli avec son petit sourire, que moi aussi je me met à rire, puis je l'embrasse doucement.
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Ce chapitre est assez long, donc j'espère que ça vous plaira ❤️
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