chapitre 12

Les jours s'enchainèrent, laissant à Eden le temps de reprendre le contrôle de son corps. Elle abordait son sourire, minaudait et gloussait comme une fille sans cervelle pour le plaisirs des garçons et adoptait un comportement détaché envers Tom lorsqu'ils n'étaient pas seuls. Si elle voulait que ce qui se passe entre eux continue, ils devaient être discrets bien que c'était difficile de résister aux baisers enflammés qu'ils échangeaient dès qu'ils le pouvaient.

Elle avait menti à ses meilleurs amis, prétextant discuter avec Tom afin d'obtenir des informations et même si c'était le cas, elle ne parlait pas vraiment puisqu'ils ne pouvaient s'empêcher de se dévorer la bouche comme des sauvages. Toutefois, malgré la fourberie qu'elle devait exercée sur lui, elle avait flanché et ne le voyait plus seulement comme un manipulateur froid et calculateur mais comme un être humain.

Cette constatation laissait Eden troublée, elle ne voulait pas de son humanité, elle avait besoin qu'il reste cruel afin de ne pas hésiter. La jeune fille était si obnubilée par le professeur qu'elle ne remarquait même pas Mattheo qui fumait de plus en plus et étudiait de moins en moins. Il pensait constamment à Eden, elle hantait son esprit et le tourmentait mais surtout, elle lui manquait.

Il avait l'impression d'être incomplet, une partie de lui manquait. Il n'était pas stupide et avait remarqué les regards que Tom portait sur Eden et Mattheo détestait ça. Il était certain que son frère préparait quelque chose et Eden était trop vulnérable pour s'en rendre compte. Elle avait trop souffert et il en avait été témoin. Il avait tout vu : la mort de ses parents, l'incendie, ses blessures. Elle ne méritait pas de souffrir encore plus mais il ne pouvait rien y faire.

Eden passa à côté de lui sans le voir et frissonna. Vêtue d'une longue jupe en jean, de bottes hautes et d'une cape, elle marcha en direction de Pre-au-lard, les joues glacées par le froid mordant. Elle écoutait d'une oreille distraite Joshua qui se plaignait du vent et Elina qui acquiesçait. Tout semblait normal et pourtant, le tumulte en elle faisait rage. De l'extérieur, elle semblait comme d'habitude, un peu hautaine et indifférente mais à l'intérieur, la douleur lui bruyait les tripes.

Le petit village se découpa à l'horizon et la rouquine se tourna vers ses amis avec un sourire. Elle designa une boutique au hasard.

— Je dois acheter quelques bricoles, dit-elle. On se retrouve un peu plus tard.

Elle s'éloigna sans attendre de réponse et enfonça les mains dans sa cape pour éviter les engelures. En vérité, elle n'avait rien à acheter mais elle ne se sentait pas capable de maintenir son masque très longtemps. Elle avait mal dormi et se sentait trop faible pour ça. En voyant une petite échoppe médicinale, elle se dit qu'elle pouvait y faire un tour.

Elle poussa la porte dont le carillon se mis à teinter et parcouru les étagères des yeux. Elle avait essayé un nombres incalculables de crèmes et d'onguents pour son dos mais rien n'était assez fort. Ses cicatrices la démangeaient et chaque mouvement tirait sur la peau. Eden attrapa plusieurs produits et les déposa sur le comptoir pour payer.

Le carillon résonna derrière elle et Mattheo s'engouffra dans la boutique. Il avait besoin de quelques potions pour se détendre et avait remarqué que c'était efficace si bien qu'il en consommait de plus en plus rien que pour échapper à la douleur qui comprimait sa poitrine. Le jeune homme pris quelques poudres et se dirigea vers la caisse. En apercevant la masse de cheveux roux devant lui, son cœur s'emballa.

Eden.

Il se décala légèrement et son regard s'attarda sur les produits qu'elle achetait. Il y avait une dizaine de crème anti-douleurs et il fronça les sourcils, souffrait-elle encore ? Il se racla la gorge et se pencha un peu en avant.

— Salut, Eden, dit-il.

La voix de Mattheo fût comme une pique : brûlante et surprenante. La jeune fille fourra les crèmes dans les poches profondes de sa cape et se retourna vers lui. Le vide en elle remua et se rétracta légèrement. Cette sensation la troublait à chaque fois parce qu'il n'y avait aucun raison à cette réaction. Elle sourit et retrouva le contrôle.

— Il n'y a pas un autre laideron que tu pourrais aller embêter ? demanda-t-elle taquine.

Mattheo ouvrit la bouche et se rétracta, il ne pouvait pas lui dire qu'elle était la fille la plus jolie au monde alors il sourit en coin et donna ses bocaus et poudres à la vendeuse et haussa les épaules.

— Nan, dit-il. C'est bien plus amusant de faire chier mon laideron préféré.

Il paya la vendeuse et pris ses sacs. Eden le scruta avant de se diriger vers la porte. L'air froid la fit grelotter doucement. Elle approcha du fleuriste et acheta une fleur sous le regard de Mattheo. Il aurait pu lui acheter toute la boutique, mettre le monde en sang juste pour trouver la plus belle fleur qui existe pour lui offrir.

Cormac passa devant eux et siffla Eden qui se retourna et leva son majeur dans sa direction. Le semblant de bonne humeur qu'elle avait se dissipa et Mattheo nota son trouble. Il savait à quel point ces rumeurs la mettait mal à l'aise.

— Tu n'es pas avec tes amis ? demanda-t-il pour chasser son malaise.

— J'avais juste besoin d'acheter quelque chose en paix, et toi ? C'est rare de te voir seul.

— J'avais aussi quelque chose à acheter en paix, répondit-il.

— Ça marche bien ? voulu savoir la rouquine. Les poudres et tout ça.

Elle joua nerveusement avec la tige de sa fleur alors qu'une bourrasque de vent fit tourbillonner ses cheveux sur son visage. Mattheo en eu le souffle coupé. C'était comme une vision, un songe où il n'était pas capable de distinguer la figure de Eden, simplement une image floue. Cela lui rappela qu'elle était inaccessible.

— Ouais, lâcha-t-il.  Je me défonce tous les soirs avec et ça me fait planer toute la nuit.

Il en abusait tellement que la vendeuse l'avait mis en garde mais rien ne pouvait être pire que l'absence d'Eden dans sa vie. Toutefois, comme une punition cruelle, se droguer n'effaçait pas une seule seconde la fille qu'il aimait de ses pensées. C'était parfois pire, il avait l'impression de la toucher, de parcourir son corps de ses lèvres et de ses mains.

— Est-ce que tu... tu pourrais m'en donner un peu ? demanda Eden. Je te paierai, évidemment. C'est juste que j'ai besoin de .. de quelque chose de fort.

Elle avait tout essayé, les potions de Mme Pomfresh, les tisanes mais rien ne lui faisait du bien. C'était la première fois qu'elle envisageait de prendre de la drogue mais elle était si désespérée qu'elle aurait pu avaler n'importe quoi.

— Okay, dit Mattheo. Je t'en verserai une partie dans un flacon.

Le jeune homme n'était pas certain que ce soit une bonne idée mais il n'avait pas la force de refuser quelque chose à Eden. La jeune fille s'arrêta et désigna le chemin qui allait la ramener vers Poudlard.

— Bon, je dois retrouver Elina et Josh. Tu rejoins tes amis, j'imagine.

— Non, je vais rentrer, j'ai pas envie de me geler le cul dehors.

Eden hocha la tête puis elle sembla réaliser quelque chose. Elle fouilla dans une poche à la recherche d'un petit tube qu'elle avait acheté pour la douleur.

— Tiens, j'ai pris ça pour toi tout à l'heure, dit-elle. Ça soulagera ta marque. Je vais te montrer comment faire.

Elle l'entraîna dans un coin à l'abri des regards et souleva la manche du garçon. Elle y appliqua un peu de crème sur la Marque des Ténèbres qui se mis à chauffer. Mattheo sentit l'effet immédiat et son corps se décrispa.

— Matin et soir, expliqua Eden. Trente minutes et tu rinces. Ça devrait arrêter les démangeaisons pour quelques heures.

— Merci, murmura-t-il. Je ..

Elle avait pensé à lui.
Eden avait pensé à lui.

Mattheo se racla la gorge et baissa sa manche.

— Je vais y aller, dit-il en se reculant. Si je reste plus longtemps, je peux dire adieu à mes progénitures futures.

Eden éclata de rire. C'était si soudain qu'elle se figea. Elle n'avait pas rit de cette façon depuis l'été. Mattheo la dévisagea, aussi surpris qu'elle. Ce rire lui avait tant manqué, c'était la plus belle mélodie à ses oreilles. Voyant qu'il devait passer pour un abruti à la fixer de cette façon, il se recula encore et détourna le regard.

— Bon alors ..

Un sanglot le coupa et ils se retournèrent tous les deux. Une silhouette familière à Eden était à quelques mètres, sanglottant comme si la fin du monde était arrivée.

Ana.

La rouquine s'éloigna de Mattheo pour rejoindre la jeune fille et il resta immobile, les lèvres pincées. S'il rentreait maintenant, il passerait pour un salaud alors, il rejoignit Eden qui avait atteint Ana.

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