𝐗𝐈 | 𝐏𝐨𝐞𝐦

À la tombée de la nuit, le quartier des plaisirs se métamorphosait en un royaume d'ombres et de lumières.

Plus tôt dans la journée, ce n'était qu'une rue ordinaire de Séoul, où les habitants vaquaient à leurs occupations quotidiennes. Les promeneurs flânaient paisiblement, les ouvriers s'affairaient et les commerçants, presque honnêtes, animaient la scène.

Bien qu'habitué à cette effervescence nocturne et aux escapades clandestines vers le Pavillon Doré, Namjoon frissonna tout de même. Malgré ses incursions hebdomadaires, il se sentait toujours un peu étranger dans cet univers éloigné de son existence solitaire et studieuse.

Il se plaisait à croire qu'il foulait une terre qui refusait obstinément de l'accueillir pleinement.

Les lanternes rouges ornaient les façades des maisons de thé, scintillant comme des étoiles terrestres. De l'éclat vif des tavernes assemblait des groupes aux conversations animées et aux rires éclatants.

Jungkook et Namjoon croisèrent des fils de bonne famille venus goûter aux plaisirs défendus, des soldats déjà ivres chantant à pleine voix, et des courtisanes drapées de hanboks soyeux, leurs longs cheveux noirs habilement relevés en élégants chignons complexes, ornés d'épingles scintillantes. De beaux éphèbes à l'air effronté, dont les durumagis semblaient glisser à tout instant de leurs jeunes corps graciles, s'ajoutaient à cette scène sulfureuse. Des hommes plus âgés, aux visages taillés à la serpe, affichaient des sourires torves et des regards fuyants. De vieilles femmes, pour cinq pièces, offraient des prédictions d'avenir parsemé de gloire et de bonne fortune, ajoutant une touche de mystère à cette fresque nocturne.

C'était vivant.

Puis, non loin de là, manches retroussées et chignon haut perché, Sunhi lavait à grandes eaux l'entrée du Jardin des Lys.

Alors qu'elle s'affairait, une silhouette familière se dessina au bout de la rue. Le cœur battant, elle laissa tomber son balai et franchit en quelques enjambées la distance qui les séparait, ses nokwah* résonnant sur le pavé. Elle s'élança et s'accrocha au cou du jeune homme, ses yeux brillants de joie.

« Kookie ! Tu m'as tellement manqué ! », dit-elle d'une voix douce et mélodieuse.

Elle fut indifférente aux regards des passants habitués à de telles scènes dans ce quartier des plaisirs animé.

Sunhi resserra son étreinte, ses lèvres nacrées effleurant doucement le lobe de l'oreille de Jungkook. Un rire ravi échappa à ce dernier. Un sourire malicieux illumina le visage de Sunhi alors qu'elle réprimait l'envie de tirer la langue à Namjoon, qui fulminait en silence à quelques pas de là.

Un véritable mari jaloux, celui-là !

Jungkook perçut derrière lui l'ombre sombre et menaçante qui émanait de son ami. Il se pinça les lèvres, mi-amusé, mi-navré. Avec une tendresse mesurée, il détacha les bras délicats de Sunhi de ses épaules, enserra brièvement ses poignets graciles avant de séparer son corps du sien.

« Sunhi, tu deviens plus ravissante chaque fois que je te vois », dit-il avec douceur, cherchant à apaiser la distance qu'il avait instaurée.

Il ne perçut pas le léger grincement des dents de Namjoon.

« C'est parce que tu ne viens plus aussi souvent qu'avant, répondit-elle avec un sourire. Si tu me rendais visite plus régulièrement, tu te rendrais compte que je suis belle chaque jour de la semaine !

— Dans ce cas, non seulement ta beauté m'éblouirait, mais je serais également ruiné !

— Kookie, nous trouverions une solution. Pour moi, ta présence est inestimable », ajouta-t-elle avec un clin d'œil.

Sunhi retint difficilement un éclat de rire quand une main possessive se posa sur l'épaule de Jungkook. Ses yeux croisèrent un regard noir et glacial, mais elle battit des paupières avant d'offrir à Namjoon un sourire indulgent.

Elle observa leurs regards se croiser, et un sourire mélancolique naquit sur ses lèvres carmin. Leur échange était plus éloquent que mille mots.

Connaissant bien l'amour et le plaisir, Sunhi lisait dans le cœur de Namjoon comme dans un livre ouvert. Ses yeux révélaient combien il tenait à Jungkook, combien il l'aimait et le voulait pour lui seul. Cependant, ce chemin choisi par Namjoon serait douloureux et semé d'embûches. Elle comprenait et partageait presque son tourment, elle qui ressentait pour Jungkook bien plus qu'une simple affection de courtisane pour son client favori.

Elle le regarda, captivée, lorsque ce dernier baissa les yeux avec un sourire mêlant pudeur et timidité, un doux éclat incarnadin montant à ses joues. Jamais elle n'avait perçu chez lui une telle douceur, une vulnérabilité offerte, surprenante et délicate, réservée à cet instant unique sous l'emprise de ce Kim.

Namjoon exerçait sur lui une influence qu'elle ne pourrait égaler.

L'influence du cœur.

Capable de transformer Jungkook, d'ordinaire impassible et fier, en une fleur délicate rougissante.

Elle sourit.

Son cœur s'embrasa de joie. Son cœur se brisa en mille morceaux.

Elle le savait : elle n'avait pas sa place à ses côtés.

Et ce fut là, dans cette douleur, qu'elle comprit combien elle l'aimait.

Aimer, c'était cela. C'était brûler et se consumer.

C'était vivre, et mourir un peu, tout à la fois.

« Dis-moi Sunhi, reprit Jungkook après s'être éclairci la voix. Haein-ssi est dans les environs ? »

Elle choisit de feindre l'indifférence. Elle détourna les yeux pour éviter le regard tendre que Namjoon posait sur Jungkook. Un pincement au cœur, discret, mais cruel, lui rappela ce qu'elle ne pouvait jamais posséder.

« Haein-ssi ? Non, elle est partie ce matin pour la ville voisine avec Minseo. Tu la connais, elle est passionnée par les jeux de go* et les tournois de janggi*. À la moindre occasion de participer à une compétition, elle ne peut y résister ! Apparemment, elle a entendu parler d'un grand tournoi organisé par l'un de ses rivaux, et elle a convaincu la pauvre Minseo de l'accompagner. Jiwon est furieuse. Elle dit que Haein-ssi y dépense une grande partie l'argent durement gagné », soupira-t-elle, un sourire désabusé.

Jungkook grimaça. Il connaissait parfaitement les réticences de la jeune intendante envers les passions coupables de sa patronne. Tandis qu'elle veillait au bien-être financier du Jardin des Lys et de ses occupantes, Haein piochait joyeusement dans les caisses pour financer ses compétitions clandestines et dispersait l'argent durement acquis aux quatre coins du pays.

« Qu'à cela ne tienne, dit Jungkook avec un soupir. On reviendra lorsqu'elle sera revenue. »

Namjoon fut le premier à se détourner, sa main glissant de l'épaule de Jungkook avec une douce insistance, un appel muet à le suivre. Ses sourcils se froncèrent tandis que Sunhi, dans un élan précipité, se lança à leur poursuite pour les rejoindre.

« Attendez ! Puis-je faire quelque chose pour vous aider ?

— Je crains que non, répondit Jungkook. On recherche des informations sur un homme ayant fréquenté le Jardin des Lys il y a treize ans. Haein-ssi l'a sûrement connu et s'en souvient peut-être encore.

— Ça semble important.

— Ça l'est, confirma Namjoon d'un ton froid et tranchant. Jungkook, partons.

— Oh, mais j'y pense ! s'exclama Sunhi. Jiwon a été apprentie ici longtemps avant de devenir intendante. Elle avait treize ans quand elle a commencé à travailler pour Haein-ssi. Elle pourrait connaître l'homme que vous cherchez et vous fournir des informations. »

Sous l'effet d'une douce persuasion, la jeune femme réussit à les retenir et à les attirer à l'intérieur du Jardin les Lys. L'inquiétude de Namjoon flottait dans l'air comme un brouillard, tandis que Jungkook, renonçant à ses manières charmeuses, se montrait plus distant envers Sunhi, espérant qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur.

Ils découvrirent Jiwon dans le bureau de Haein, une petite pièce encombrée de rouleaux de parchemins et de pinceaux, plongée dans les livres de comptes. Quelques lampes à huile disséminées éclairaient son visage tendu, accentuant les ombres sous ses yeux fatigués. Avec une fébrilité nerveuse, elle compulsait les feuillets de papier de riz éparpillés sur le bureau, les doigts tachés d'encre noire.

Sans remarquer la présence des trois personnes, elle saisissait son bâtonnet de bambou pour réajuster son chignon en bataille avant de reprendre sa tâche ardue.

À ses côtés, des abaques aux perles usées par des années de calculs rapides servaient à vérifier ses calculs mentaux. Elle inscrivait des chiffres avec soin à l'aide d'un pinceau fin trempé dans de l'encre, alternant soustractions et additions, passant d'un parchemin à l'autre avec des mouvements rapides. Les caractères chinois tracés prenaient vie sous sa main, formant des colonnes de comptes détaillés.

Les piles de reçus et de factures froissées s'amoncelaient autour d'elle, témoins des dépenses croissantes et des revenus décroissants.

Jiwon luttait pour ne pas céder à la panique alors que se dévoilaient sous ses yeux les résultats de la faillite imminente du Jardin. De temps à autre, elle se saisissait d'un cachet en bois pour apposer des marques sur les pages terminées, mais ses mains tremblaient légèrement, trahissant sa nervosité.

Un lourd bâtonnet de cire rouge à moitié fondu reposait sur une petite assiette, prêt à sceller de nouveaux documents, mais Jiwon n'avait plus la force de continuer.

Son regard glissa sur les petits sacs de soie alignés le long du mur, autrefois remplis des revenus du commerce florissant, maintenant à peine assez lourds pour justifier leur place.

La perspective d'une fermeture définitive du Jardin la terrifiait ; ce n'était pas seulement une perte financière, mais la fin d'un rêve et de la réputation qu'elles avaient bâtie avec tant de soin, d'obstacles et de difficultés.

« Jiwon-ssi, puis-je vous déranger un instant ? demanda Sunhi en frappant doucement à la porte entrouverte, après un petit moment d'hésitation en la voyant au bord du gouffre.

— Pas maintenant, Sunhi, lui répondit-elle sans lever les yeux. Bon sang, si ça continue, cette vieille bique causera notre perte !

— Jiwon-ssi, insista Sunhi avec plus de fermeté.

— Assez, Sunhi... geignit Jiwon avant de remarquer Jungkook et Namjoon derrière elle. Et Jeon ! Kim ! Comme si je n'avais pas déjà assez de problèmes... Que faites-vous ici ? Retournez à l'école et respectez le couvre-feu. À moins que tu ne comptes payer tous tes crédits, Jungkook... Tu sauverais la maison pour quelques mois... » acheva-t-elle en soupirant, se frottant les yeux.

Jungkook se gratta l'arrière du crâne, embarrassé. Indifférente, Jiwon détourna son attention et se replongea dans sa tâche fastidieuse de comptable.

Quand elle leva brièvement les yeux, elle remarqua que les trois jeunes se tenaient toujours sur le seuil de la porte.

« Que voulez-vous encore ? soupira-t-elle, visiblement agacée de les voir plantés là.

— J'ai une question à te poser, commença Jungkook, tandis que Sunhi s'éclipsait répondant au hochement de tête du Jeon. Ça ne prendra qu'un instant, Jiwon, je te le promets.

— Entrez, tous les deux. Quelle sorte de question ? demanda-t-elle, les sourcils froncés.

— C'est au sujet d'un ancien client, dit-il en obtempérant, suivi de Namjoon qui s'inclina respectueusement. On m'a dit qu'il est venu ici il y a treize ans.

— Jungkook, penses-tu réellement que je me souviens des noms et des visages de tous les hommes qui franchissent la porte de cette maison ? répondit Jiwon avec une pointe de sarcasme.

— Je comprends, mais je ne te demanderais pas si ça n'était pas d'une grande importance.

— C'est irréaliste, je ne peux pas me souvenir de tout le monde...

— Il devait avoir une trentaine d'années, et il me ressemble presque comme deux gouttes d'eau. Il était professeur à Sungkyunkwan.

— Treize ans, c'est long. Je ne vois pas comment je pourrais...

— Fais un effort ! s'écria Jungkook. S'il vous plaît... », ajouta-t-il plus doucement.

Jiwon prit une profonde inspiration, avant de se lever avec grâce de son coussin. Elle s'avança, se tenant devant Jungkook, ses yeux fixés intensément dans les siens. Namjoon reculait de deux pas, leur laissant un peu d'espace tout en demeurant attentif, les bras croisés sur sa poitrine.

« Je suis tout ouïe. Que peux-tu me dire à propos de cet homme ? Tu dis qu'il te ressemblait. Est-ce un parent ?

— C'était mon père... Jeon Dongwon », précisa-t-il.

Un certain malaise l'habita en prononçant le nom.

« Je vois. »

Jiwon se pencha doucement vers lui, relevant le menton du plus jeune avec douceur. Son regard scrutateur parcourait minutieusement chaque contour de son visage. Soudain pris de gêne, Jungkook s'interrogea si elle découvrait vraiment les traits de son père cachés dans les siens. De son côté, Namjoon la fusillait du regard.

« Jeon », murmura-t-elle.

Son visage fut pris d'une illumination.

« Dongwon-ssi, bien sûr ! C'était donc lui, ton père ? »

Jungkook haussa les épaules en signe d'acquiescement. Le souvenir de la mort de son père était encore frais et troublant, et continuait de défier sa compréhension. Il avait du mal à s'y faire.

« C'était un homme honorable, jamais il ne profitait des services offerts ici, ce n'était pas un client. Du haut de mes quinze ans, je n'ai jamais saisi les véritables raisons de ses visites, encore aujourd'hui, poursuivit Jiwon avec un petit sourire nostalgique. Pourtant, il venait chaque mois et s'entretenait en privé avec Haein-ssi dans ce bureau. »

Les souvenirs émergeaient peu à peu.

« Haein-ssi l'appréciait énormément. À l'époque, j'étais trop jeune pour être intendante et je m'occupais principalement des tâches domestiques, mais ça ne l'empêchait pas de venir me saluer et de m'offrir des friandises à chacune de ses visites à tel point que je l'attendais avec impatience. »

Si Namjoon fut ému par la noblesse du portrait que Jiwon dressait de Dongwon, Jungkook en fut profondément ébranlé. L'idée que son père ait pu être bon avec les autres, alors qu'il avait dû s'éloigner de son propre fils, ravivait en lui une douleur qu'il peinait à étouffer.

Chaque fois que quelqu'un évoquait son père, les éloges pleuvaient, un tableau sans défaut se dessinait. Était-ce par égard pour lui, pour adoucir la mort qui les séparait, ou son père était-il vraiment cet homme admirable que tous semblaient chérir ?

Il déglutit.

L'abandon de son père était tenace. Un ombre indélébile. Enraciné dans chaque recoin de son âme.

Son cœur oscillait, tiraillé entre deux feux.

Continuer de le haïr, nourrir cette haine qui avait protégé son cœur, jusqu'ici ? Ou céder à cet amour à jamais perdu, à ce cri, à cet instinct d'enfant qui demandait encore des réponses ?

Aussi cruelle que fût cette quête, il savait qu'il devait faire face à la vérité tout entière.

Pour le comprendre. Comprendre ses choix.

Et alors, peut-être, lui pardonner.

Et trouver enfin la paix qu'il n'avait jamais connue.

Peut-être, après tout, son père n'était pas le pire des scélérats.

« En y repensant, il est vrai que tu lui ressembles. Ici, dit-elle en lui tapotant le bout du nez. Et là aussi. »

Elle pointa son index vers la poitrine de Jungkook.

« Un grand cœur, mais sans le sou... Ce sont malheureusement les pires clients pour les courtisanes. »

Un sourire naissant fit scintiller les yeux de Jungkook, bien malgré lui. Il luttait encore entre aimer ou ne pas aimer ce père dont l'absence l'avait brisé. Pourtant, les mots de Jiwon étaient doux et apaisants. Ils l'effleuraient comme une caresse, ébranlant légèrement ses certitudes.

Il échangea un regard avec Namjoon.

Là, il l'attendait, ruminant ses sombres pensées et sa frustration. Juste avant de venir chercher des réponses au Jardin, ils avaient échangé leurs points de vue, et chacun avait complété les informations obtenues. Namjoon lui avait alors conté son rêve, avant de lui révéler son désir de rendre justice à son père.

Jungkook avait fait la connaissance du feu dévorant qui engloutissait Namjoon depuis bien des années.

En lui offrant un petit sourire, Jungkook ressentit une vague de tristesse envahir son cœur. Il parvenait à saisir les raisons qui poussaient Namjoon sur cette voie sombre et tortueuse qu'il s'obstinait à suivre contre sa mère et ceux qui tiraient les ficelles dans l'ombre, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter.

Leurs investigations sur le passé et leurs pères n'avaient fait qu'attiser la rancune et nourrir le mal-être de Namjoon.

Il craignait de le voir se faire engloutir par ce tourbillon sans fin.

« Se pourrait-il que Jeon Dongwon ait laissé ici quelque chose qui lui appartienne ? », reprit Jungkook après s'être éclairci la voix, choisissant soigneusement ses mots.

Il ne pouvait évoquer les indices partagés par Namjoon ; à savoir la mission à laquelle son père s'était probablement consacré, ni même le secret du yangban qu'il avait tenté de protéger au péril de sa vie.

L'intendante secoua la tête avec une tristesse résignée.

« Je suis désolée, Jungkook. Comme tu le sais, la maison a été complètement détruite par un incendie, puis reconstruite il y a six ans », dit-elle avec une légère grimace.

Jungkook sentit le poids écrasant de la déception alourdir ses épaules, détruisant l'espoir fragile qui venait tout juste de naître en lui. Il s'apprêtait à remercier Jiwon et à s'en aller sur cet échec, lorsque l'intendante le rappela.

« J'ignore si ça pourra t'être utile, mais Dongwon-ssi m'a transmis quelque chose.

— Vraiment ? s'enquit Jungkook, l'espoir revenant au galop. Qu'est-ce donc ?

— Un poème. »

Jungkook fronça les sourcils avec scepticisme, tandis que Jiwon, les paupières fermées, récitait les vers.

« Le vieux Shin dans son jardin vert,
Las de son travail, il gémit, amer ;
Jeune et légère, sa femme s'échappe,
Pour trouver refuge dans les bras d'un seigneur rapace.

Servante tendre, mais bien sotte,
La petite Dong frémit et sursaute,
Lorsque Min rôde autour du parterre,
Et murmure : "Viens au jardin, près des lys en fleurs."

Pavillons flottent, les bannières s'agitent,
La bataille approche, le tumulte incite,
Le général entend la clameur,
Son regard se perd dans les cèdres, où son ami demeure. »

Le silence.

Puis un éclat de rire franc de la part de Namjoon.

De son côté, Jungkook rougit instantanément, ses joues prenant une teinte écarlate alors qu'il imaginait son père, lui ayant été peint comme un ancien ministre de la Justice respectable, puis un professeur réputé, enseignant un poème aussi... audacieux à une... jeune fille !

« C'est bien son père qui vous a appris ça, Jiwon-ssi ? plaisanta Namjoon, le rire toujours présent dans sa voix.

— Ça n'a rien de drôle ! s'insurgea Jungkook en croisant les bras, essayant de cacher sa gêne. Dire que je voyais mon père comme étant un homme respecté, un professeur digne... »

Namjoon secoua la tête, amusé par la réaction de Jungkook.

« Et pourtant, il connaissait ce poème par cœur. Qui aurait cru qu'il avait un côté si... poétique ? »

Témoin de la scène, Jiwon ne put réprimer un sourire en contemplant l'embarras de Jungkook et l'amusement pétillant dans les yeux de Namjoon. Ils lui paraissaient si vivants, presque comme des enfants.

« Vous savez, dit-elle en riant doucement, ce poème a toujours été un favori de ton père, Jungkook. Il me disait que chaque vers avait une leçon cachée... »

Jungkook se teinta de pourpre, et l'embarras sur son visage laissa place à une moue boudeuse.

« Je ne veux pas entendre ça ! protesta-t-il, ses bras toujours croisés sur sa poitrine, ses sourcils froncés. C'est gênant. Vraiment, je préférerais ne pas imaginer mon père sous cet angle.

— Allez, Jungkook, intervint Namjoon en souriant, incapable de contenir son amusement. Avoue que c'est assez divertissant. On sait tous les deux que ton père avait un côté bien plus... divertissant qu'on ne l'imaginait. Peut-être que c'est de famille ? »

Jungkook lui lança un regard noir, mais ses lèvres se pincèrent, trahissant un sourire naissant.

« Arrête de te moquer de moi, Namjoon », grogna-t-il, tentant de garder son sérieux.

Mais Namjoon percevait clairement l'amusement dans ses yeux, tandis que Jiwon les regardait toujours se chamailler, amusée.

« Je vois que ce poème t'a bien fait réagir, Namjoon. Peut-être que je devrais le réciter plus souvent, si ça te fait autant parler, tu nous as habituées à un sérieux sans faille, lorsque tu viens rendre visite à Chan. »

Namjoon haussa les épaules, un sourire amusé aux lèvres, alors que Jungkook se renfrognait, irrité par la mention de Chan. Il se détourna, son humeur assombrie.

« Je préfère ne plus entendre ce genre de choses », murmura-t-il à demi-voix.

Percevant son malaise, Namjoon s'approcha et glissa un bras réconfortant autour de ses épaules.

« Ne t'inquiète pas, ce n'est qu'un poème. Et reconnais-le, il est tout de même intelligemment formulé pour son double sens, n'est-ce pas ? »

Jungkook laissa échapper un soupir, ses yeux parcourant fébrilement les environs, en quête d'un refuge où il pourrait se dérober à l'étreinte brûlante de la honte.

« Facile à dire pour toi. Ce n'est pas ton père qui déclamait de telles choses... »

Namjoon pouffa, tandis que Jiwon les observait tous les deux, le sourire toujours accroché à ses lèvres. Le poème avait peut-être révélé une facette inattendue du père de Jungkook, mais il lui avait aussi révélé la véritable essence de Namjoon, qu'elle avait si longtemps imaginé taciturne et distant.

« Puis-je en faire une copie ? Ça pourrait nous servir », demanda Jungkook.

Son regard brillait d'impatience, presque suppliant. Il tendit la main vers Jiwon qui arqua un sourcil, amusée par son empressement.

Avec un sourire mutin, elle lui offrit une feuille et un pinceau, mais avant qu'il ne puisse les attraper, elle retint le papier entre ses doigts, le faisant languir.

« Ne crois pas que je te l'offre, Jungkook lança-t-elle doucement, un éclat taquin dans les yeux. Ce sera ajouté à la liste de tes nombreux crédits. »

Jungkook écarquilla les yeux, abasourdi.

« Quoi ? s'écria-t-il, la voix trahissant son indignation. Mais c'est injuste ! »

Jiwon éclata de rire devant sa réaction outrée.

« Je plaisante », dit-elle en relâchant enfin la feuille, son sourire malicieux ne quittant pas ses lèvres.

Jungkook la fixa, incrédule, tandis qu'un incarnadin lui colora les joues.

« Tu... », commença-t-il, les sourcils froncés.

Il se tut, partagé entre le soulagement et l'embarras.

Il laissa échapper un soupir exaspéré, se passant une main nerveuse dans les cheveux.

« Tu as failli m'avoir », marmonna-t-il, tentant de dissimuler son sourire naissant.

D'un geste presque théâtral, il saisit le pinceau, non sans lui adresser un regard faussement vexé. Sous l'éclat amusé des yeux de Jiwon, il esquissa une moue boudeuse, avant de se plonger dans la retranscription des vers du poème.

Quand il rejoignit Namjoon dans la salle principale de la maison, ce dernier était assis sur les marches du petit escalier séparant la pièce du vestibule, observant les passants aller et venir, l'air mélancolique.

Il s'apprêtait à rejoindre son camarade lorsque la silhouette furtive et les cheveux longs de Chan apparurent dans le couloir, le surprenant.

Que fait-il ici ?

Fixant intensément Chan, son esprit vagabonda dans les méandres de ses souvenirs, créant peu à peu une raison d'agir.

Depuis quelques jours, c'était désormais Namjoon qui, sentant leur étreinte s'enflammer, mettait un terme à leurs ardeurs. Jungkook devinait que son ami cherchait à prévenir un second rejet de sa part. Bien que reconnaissant de cette attention, Jungkook ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de frustration.

Une douce amertume combattant ses désirs, protégeant ses peurs.

Jungkook savait qu'il ne pouvait pas encore lui offrir ce que son ami attendait peut-être de lui. Mais c'était une certitude : Namjoon le désirait. Ce qui étonnait Jungkook, c'était de le voir maîtriser sa tentation. Il le percevait dans la tension de sa mâchoire, dans ses poings serrés, dans les frémissements de son corps retenu lorsqu'ils s'étreignaient un peu plus audacieusement.

Pourtant, dans ses yeux, il n'y avait ni impatience, ni déception, ni irritation.

Seulement de la tendresse.

Seulement de l'amour.

Lorsque Jungkook, en toute franchise, avait demandé à Namjoon pourquoi il ne s'approchait pas de Taehyung ou ne se rendait pas au Pavillon Doré, il s'était heurté à une expression sombre, stoïque, et à un regard noir. Jungkook en avait été sans voix, hébété par tant de froideur. Les mots qui avaient suivi, « Si c'est ce que tu veux », résonnaient encore dans l'esprit de Jungkook sans qu'il ne puisse en saisir le sens véritable.

Avait-ce été du sarcasme ? De l'agacement ?

Le voilà, en cette soirée, la simple vue de Chan inspira à Jungkook une idée inattendue. Rien n'était prévu, mais peut-être était-ce un signe des cieux.

Il hésita, se mordillant la lèvre, tiraillé entre une part de lui, réticente, catastrophée, et une autre qui l'incitait à agir, résolue.

Il éprouvait une irrésistible fascination à l'idée de mettre Namjoon à l'épreuve. D'où provenait ce besoin viscéral de vérifier s'il était vraiment l'unique objet des désirs de Namjoon ? Il l'ignorait.

Cela lui parut si mesquin. Si vil. Indigne de lui.

Pourtant...

S'il avait le courage de faire face à son réel moteur, il reconnaîtrait qu'il voulait que tout dépende de Namjoon. Sa réaction serait la clé. Ainsi, il saurait s'il devait éloigner Namjoon de son cœur ou s'abandonner à l'idée d'un amour plus profond. Lui accorder sa confiance, se donner entièrement à lui, corps et âme, malgré les obstacles inévitables à venir.

Affronter le danger, le regard des autres, passer outre la stigmatisation, se relever après un retrait de statut, braver l'exil, fuir la mort imminente...

Tout cela en valait-il la peine ?

Namjoon en valait-il vraiment le sacrifice ?

Oui, mille fois oui. Malgré l'angoisse tenace qui le rongeait sans répit, Jungkook voulait s'abandonner tout entier à lui.

Son esprit, son cœur et son âme entrèrent en résonance, chantant un hymne vibrant dédié à Namjoon, tandis que les souvenirs tendres affluaient.

Il avait eu plusieurs avant-goûts de sa douceur, de ses baisers spontanés, de ses regards si pénétrants et pourtant si tendres lorsqu'ils se posaient sur lui...

Ces moments où, épuisé par sa journée, il se retrouvait dans l'étreinte ferme de Namjoon, ses bras formant un rempart sécurisant. Rien d'autre n'existait. Les peurs s'évaporaient, les doutes s'effondraient. Juste ses mots, ses murmures, ses promesses qui faisaient taire le monde.

Ses doigts sur sa joue, si légers, comme une caresse venue des rêves. La manière dont il entrelaçait leurs doigts avec cette douceur infinie, presque fragile.

Ses sourires lors des matins paresseux, lorsqu'ils se réveillaient côte à côte, encore enveloppés de la chaleur de leurs rêves. Ce sourire qui disait tout, plus que des mots ne le pourraient.

Ses regards épris, scintillants, éloquents. Ses yeux intenses, presque dévorants, et pourtant si tendres.

Ses baisers empreints de serments, de douceur et de désir.

Puis, ses mots. Toujours les bons. Ceux qui dissipaient ses doutes, qui chassaient la colère. Et ses gestes toujours parfaits, un simple effleurement, mais lourd de sens. Namjoon n'avait jamais besoin d'en dire plus. Il le savait. Il le sentait.

Et puis il y avait des nuits où, sous un ciel parsemé d'étoiles, leurs discussions s'étiraient, entrecoupées de rires et de chamailleries, des petites joutes complices qui disaient tant sans rien dire, tandis que la nuit les berçait dans son silence bienveillant.

Tout demeurait gravé dans le livre de son cœur. Un trésor irremplaçable.

Il se souvenait aussi des moments de vulnérabilité, lorsque Namjoon se confiait à lui, dévoilant ses propres peurs et aspirations, créant un lien de confiance et d'intimité indéfectible.

Alors, comment, par les cieux, comment Jungkook aurait-il pu échapper aux sentiments naissants qui l'envahissaient ? Comment résister à cette dépendance qui le submergeait ?

Une dépendance telle que Jungkook le voulait pour lui seul ?

Voilà ce qui rendait l'idée de lui appartenir si tentante. Au fond de lui, il sentait que cet amour naissant avait le pouvoir de les transcender, de les emporter vers des sommets d'émotions encore inexplorés.

Pourvu qu'il l'embrasse pleinement, cet amour.

Mais avant, la terreur persistante en son cœur le poussait à éprouver cet amour. À en tester les limites.

Bon sang, je ne devrais pas faire ça.

Il se mordit la lèvre, puis s'élança d'un pas léger vers l'angle du corridor où la silhouette menue de Chan venait de s'évanouir. Il le rattrapa par le bout de sa manche dans un geste aussi audacieux que désespéré.

« Chan. »

Pivotant vivement, ce dernier demeura silencieux un instant, ses cils papillonnant, ses grands yeux fixés sur lui avec curiosité. Puis son visage s'illumina.

« Kook ! », s'exclama-t-il de sa voix douce et rauque.

Jungkook ne put réprimer un petit rire, alors que son ami se précipitait vers lui, l'enlaçant avec force, dans une étreinte masculine.

Jungkook le contempla un instant, charmé.

Chan était une âme douce, mais audacieuse, une harmonie captivante de traits masculins et féminins. Son visage de porcelaine était encadré par de longs cheveux noirs qui accentuaient sa beauté à couper le souffle. Il était légèrement maquillé, le khôl soulignant des yeux en amande, et des lèvres finement dessinées. Bien que masculin, son charme envoûtait. Il brisait les frontières des préférences, subjuguant tous ceux qui croisaient son chemin, même les hommes les plus « traditionnels ».

Même Jungkook, pourtant un fervent adorateur des courbes féminines, se trouva ensorcelé par son aura charmeuse.

Bien que Chan ne fût pas courtisan, il aimait à se parer avec une élégance soignée à tel point qu'il était aisé de le confondre avec une jeune femme. Un soir Jungkook lui avait demandé pourquoi il s'habillait ainsi, mais s'était heurté à une réponse mystérieuse. Troublé par l'embarras qui était furtivement passé sur le visage de Chan, Jungkook avait aussitôt regretté sa question et avait enfoui cette curiosité au fond de sa mémoire, désireux de ne plus importuner son ami.

Jungkook l'adorait, avec une tendresse sincère, mélange d'admiration et de complicité née de leur étrange rencontre.

Leur amitié avait pris racine dans un moment inattendu, un soir de pluie battante, où Jungkook s'était réfugié au Pavillon Doré, une maison de thé aux apparences respectables, mais aux activités clandestines. Chan, qui y résidait, l'avait accueilli avec un sourire énigmatique, ses yeux sombres reflétant des secrets que Jungkook ne tarda pas à vouloir percer.

Leur lien s'était intensifié, oscillant entre l'innocence d'une amitié naissante et la chaleur d'une nuit partagée. Ce soir-là, légèrement éméchés, ils avaient cédé à l'attrait magnétique qui les liait. Charmeur, Chan avait entraîné Jungkook dans un tourbillon de désir auquel ce dernier n'avait pu résister.

Ce fut une parenthèse brûlante, une nuit sans lendemain.

Au matin, sans remords, mais avec la satisfaction d'une limite personnelle franchie, ils s'étaient promis de ne pas renouveler l'expérience, préférant préserver leur amitié, ne pas tenter le sort en repoussant davantage les limites.

Depuis lors, Jungkook avait soigneusement évité de poser des questions sur la présence de Chan au Pavillon Doré, bien qu'il soupçonnât que son ami jouât un rôle bien plus complexe qu'il ne le laissait paraître.

Il savait qu'il ne devait pas trop pousser, que leur amitié valait plus que la curiosité de comprendre toutes les facettes de Chan.

Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur ce qui se cachait derrière ces sourires.

Cependant, Chan n'en finissait jamais de le défier, feignant de le séduire avec un sourire malicieux, savourant chaque froissement de gêne sur son visage, que ses provocations éveillaient en Jungkook.

« Qu'est-ce que tu fais ici, Chan ?

— Oh, je suis venu rendre visite à mes grandes sœurs. Que puis-je faire pour toi ? susurra-t-il d'une voix faussement séductrice, son doigt effleurant lentement la joue de Jeon jusqu'à son cou, dont la peau frémit.

— Juste ! s'écria-t-il en le repoussant doucement, reculant de deux pas. Juste un petit service, reprit-il d'une voix plus douce, face au regard amusé et espiègle de Chan.

— Je t'écoute, répondit-il en croisant les bras sur sa poitrine vêtue d'un hanbok d'un doux parme.

— Namjoon est là. Je sais que vous vous connaissez. Et que vous avez déjà eu des... relations », dit-il dans un souffle avant de déglutir.

Dubitatif, Chan arqua un sourcil, tandis que Jungkook s'éclaircissait la voix, le cœur battant la chamade.

« Peut-être... peut-être que... eh bien... »

Vais-je vraiment le faire... ?

« Tu aurais un moment libre ce soir pour l'inviter à passer du temps avec toi ? Il... c'est difficile pour les gens comme lui et toi de... disons qu'à l'école, ce n'est pas... Enfin, il y a déjà une connaissance, mais puisqu'on est là... Bon sang, comment dire ça... !

— J'ai compris, j'ai compris, pouffa Chan en l'interrompant. Et tu appelles ça un petit service », railla-t-il.

Jungkook se gratta l'arrière du crâne. Il mourait d'embarras.

« Namjoon est mon ami, Kook. Comme avec toi, on a eu notre moment d'égarement, et on a aussi décidé de ne plus y céder. Et je ne suis pas un courtisan, tu sais ? »

Son ton avait été doux, compréhensif. Il avait parlé avec une bienveillance que d'autres, face à la proposition audacieuse de Jungkook, auraient pu lui répondre par un ton vexé et colérique.

Prisonnier d'un vertige d'embarras qui le submergeait, Jungkook balbutia des excuses, ses mots tremblants comme une feuille dans le vent.

« Mais je suis tout disposé à t'aider à mettre à l'épreuve sa loyauté envers toi, dit-il avec un petit sourire mutin. Mais je ne ferai rien de plus. »

Jungkook tressaillit.

« Je... non, tu te trompes, Chan, répondit-il avec un petit rire nerveux. Je ne cherche pas à le tester ou à le... »

Il se tut lorsque Chan arqua un sourcil narquois.

« C'est aussi évident que ça... ? se lamenta Jungkook en cachant son visage empourpré dans sa main.

— Oh, absolument, répondit-il en riant. Je sais parfaitement ce qui se passe entre vous deux, murmura-t-il d'un ton complice, s'approchant pour poser une main amicale sur son épaule. Je suis son plus proche confident, et il me raconte tout, surtout lorsqu'il vient m'apporter ses leçons. »

Animé par une curiosité perçante, Jungkook lui jeta un regard inquisiteur, espérant qu'il en dirait plus. Silencieux, Chan se contenta de se pencher pour observer Namjoon de l'autre côté du couloir.

Avec une volonté farouche, Jungkook s'efforça de ne pas regarder en sa direction, conscient de ce qui attirerait irrémédiablement son regard : sa chevelure noir de jais effleurant sa nuque forte et hâlée, ses larges épaules, et son dos légèrement courbé, enveloppé dans le durumagi aux couleurs de l'école.

L'attrait fut trop fort.

Il se tourna finalement. Il regretta aussitôt d'avoir succombé à cette impulsion, voyant dans ce geste que son idée était l'une des pires erreurs qu'il pouvait commettre dans sa vie.

« Très bien. Emmène-le devant chez moi, au Pavillon, je m'apprêtais justement à rentrer après un petit coucou à mes sœurs. »

Muet, Jungkook ne put que s'incliner avec déférence. Il s'éclipsa précipitamment, un flot d'injures adressées à lui-même ponctuant sa course vers la sortie.

« Oh, te voilà. Tu en as mis du temps, tout va bien ? Tu as appris quelque chose de nouveau ? », demanda Namjoon en se levant à son arrivée, le regard soucieux.

Jungkook s'immobilisa devant lui, le regardant comme si la huitième merveille du monde se tenait là. Son cœur se serra à la vue de cette affection dans ses yeux, cette implication évidente. Ce dévouement qui scintillait dans son regard.

Puis, il se brisa à la manière tendre et discrète avec laquelle Namjoon entrelaça leurs doigts, leurs mains cachées entre leurs corps et leurs larges manches.

« Jungkook ?

— Oui ! Non ! Ri... rien de nouveau », répondit-il en balbutiant.

Il délia leurs mains avant de se précipiter vers la sortie, la tête baissée et le cœur affolé.

Soucieux et suspicieux, Namjoon fronça les sourcils, puis le suivit, l'esprit envahi de questions.

Il se plaça à son niveau, fixant son profil de son regard perçant.

« J'ai demandé à Jiwon si elle se souvenait d'autre chose, mais elle n'avait rien d'autre que ce poème. Je crains qu'il soit inutile, dit Jungkook d'un ton rapide, trahissant son stress.

— Peut-être renferme-t-il un message caché ? suggéra Namjoon tandis qu'ils marchaient côte à côte dans la ruelle.

— Vu le niveau des vers, j'en doute fort. Quel embarras, par tous les dieux... », répliqua-t-il avec une moue sceptique, légèrement grognon, provoquant un petit sourire amusé chez Namjoon.

Mais, plus ils marchaient, plus Namjoon fronçait les sourcils. Jungkook les menait inexorablement vers le Pavillon Doré, dont l'entrée resplendissante de lanternes flavescentes scintillait et de motifs floraux gravés dans le bois laqué, se distinguait déjà à l'extrémité de la rue.

« Jungkook. »

Ce dernier s'immobilisa soudain, les épaules tendues et le cœur tambourinant dans sa poitrine. Avec un effort visible, il maintint une expression enjouée et curieuse, puis se retourna doucement.

« Oui ?

— Le chemin de l'école est derrière moi. »

Jungkook se trouva à court de mots, pétrifié par le ton froid de sa voix naturellement veloutée et puissante.

Namjoon esquissa un sourire, ses fossettes se creusant dans un simulacre de sourire affable.

« Ôte-moi d'un doute, Jeon... »

La tension monta d'un cran en Jungkook qui se retint férocement de reculer d'un pas, écrasé par tant de charme destructeur.

Les yeux perçants, Namjoon s'avança lentement vers lui, chaque pas résonnant comme un coup de tonnerre aux oreilles du Jeon. Incapable de détourner le regard, il déglutit, fasciné malgré lui par cette aura sombre qui enveloppait Namjoon, dont la mâchoire se contractant à chaque grincement de dents.

Jungkook déglutit péniblement. Son cœur s'emballa davantage, envoyant une chaleur rougeoyante envahir ses joues, son cou et ses clavicules, fusion de honte et d'envoûtement. Perdu dans ce mélange unique et troublant, il se sentait partir à la dérive.

Il avait oublié à quel point Namjoon était d'une rare perspicacité, capable de lire dans ses silences, de déchiffrer la moindre de ses réactions. Il avait presque oublié la brûlure de sa colère, si vive et impétueuse.

À quel point sa jalousie était amplifiée, le rendant plus ténébreux.

À quel point il était extrêmement possessif.

Namjoon nourrissait en Jungkook un mélange enivrant d'effroi et d'euphorie. Était-il fou d'y trouver une telle exaltation ? Peut-être. Mais cela le consumait, et Jungkook n'était plus sûr d'aimer ou de craindre cet incendie.

À cet instant précis, Namjoon incarnait une étrange alliance de paix et de chaos, un calme trompeur sous lequel grondait la tempête.

Ce dernier s'arrêta juste devant Jungkook, leurs torses n'étant séparés que par la taille d'une main.

Les jambes tremblantes de Jungkook semblaient faites de coton.





« Pourquoi on se trouve exactement dans cette ruelle ? »





À suivre...


Sooooooo ? 👀

Ce NJ charismatique 🤌🏼✨

ET JK QUI DEVIENT UN LAPIN TOUT FIGÉ

À dimanche pour la suite qui, ma foi...

Tu verras 😌

𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top