483 | AVENGERS
Pour cette partie, je repars dans un énième délire ... ça vous avait manqué, avouez-le ;)
***
- Y/N ?! Quelqu'un a-t-il vu Y/N ? Quinze minutes que je la cherche dans tous les recoins de cette maison, en vain ! Elle ne s'est tout de même pas volatilisée dans les airs, s'impatiente ta mère Frigga en sortant d'une salle de réception pour déboucher le hall d'entrée
- Vraiment Mère ? L'idée qu'elle se soit échappée par la fenêtre est-elle si incongrue ? raille Bucky, l'un de tes frères
À demi allongé sur une méridienne tapissée de soie posée au centre du hall, le jeune homme suit des yeux sa mère, qui peine à rester digne alors qu'elle boue intérieurement. Mêlant impatience et nervosité, la matriache d'ordinaire toujours très digne se trahit d'elle-même.
- Vos commentaires narquois n'aident en rien à la situation, mon cher, dit-elle poliment mais fermement
- Peut-être bien, mais ils apportent de l'animation à la situation, s'amuse le fils
- Comme s'il n'y avait pas suffisamment de vie dans cette demeure aujourd'hui, soupire Frigga
Et en effet, une effervescence inédite secoue la maison, faisant trembler ces murs restés trop longtemps silencieux pendant l'hiver. Le soleil emporte avec lui les saisons plus chatoyantes de l'année, ainsi que son lot d'obligations et de convenance sociétales.
Les domestiques s'activent, traversant le hall les bras alourdis par de piles de vaisselles, de bouquets de fleurs somptueux ou de chandeliers en bronze doré. Les parquets grincent sous les pas empressés de toutes les personnes faisant des aller-et-venues à travers les pièces de cette immense demeure, tandis qu'un raffut de tous les diables résonnent de toutes parts.
Pour ajouter à ce ballet organisé mais néanmoins étourdissant, le jeune Harley surgit dans le hall d'entrée en courant à toutes jambes et en poussant des cris joueurs, poursuivi par sa sœur Gwen. Avant que les deux comparses n'aient disparu dans une autre pièce afin de continuer leur partie de chat, Frigga les interpelle :
- Gwendolyn, Harley ! Avez-vous vu votre sœur Y/N ? S'il-vous-plaît, dites-moi que vous l'avez vu, prie la mère en agrippant nerveusement les pans de sa robe longue
- Pas depuis le petit-déjeuner de ce matin, répond Harley
- Oh seigneur, soupire Frigga
- Elle était censée être dans sa chambre, afin de se préparer au bal de ce soir. Vous n'êtes pas sans savoir qu'elle était ravie par la robe que vous lui avez choisi pour faire ses débuts, ironise Gwen
Elle partage avec son frère Bucky un court regard, tous deux arborant le même sourire entendu et malicieux.
- Oh je suis contente que la robe lui plaise, s'enthousiasme Frigga
La mère de famille est si accaparée par tout ce qu'elle doit gérer pour que le bal de ce soir soit parfait, qu'elle ne décèle par les sarcasmes de sa fille.
- Mais ce qui me comblerait encore plus de joie, c'est de pouvoir enfin l'admirer dans cette robe de mes propres yeux, renchérit-elle en jetant un œil vers l'escalier principal de la demeure. Et qu'elle daigne réapparaître, pour l'amour du ciel
- Réapparaître ? Ça y est, Y/N a réussi à faire le mur ? s'amuse Eros, un autre de tes frères
Ce dernier émerge dans le hall, un livre dans les mains. Harley tape le bras de Gwen en s'écriant « chat ! » et se remet à courir, faisant claquer ses souliers contre le carrelage. La sœur allait le poursuivre, sous les regards amusés des deux autres frères.
- Je vous prie d'arrêter de jouer tous les deux ! leur ordonne Frigga, au bord de la crise de nerfs
- Le bal ne commence que d'en une heure Mère, ils ont bien le temps de s'amuser un peu, objecte Bucky
- Oui, autant que ceux qui peuvent s'amuser le fassent pendant qu'il est encore temps, renchérit Eros
- Pour une fois que vous êtes tous prêts, vêtus et propres avant l'heure, je ne veux pas risquer une énième catastrophe, déclare leur mère
- Dommage, les catastrophes sont ce qui rendent les bals plus amusants, intervient Gwen en grimaçant
La patience de Frigga ne tient qu'à un fil et les commentaires de ses enfants risquent de la faire exploser d'une minute à l'autre.
- Cessez vos boutades tous, la situation n'est pas drôle, les réprimande la mère. Si on ne retrouve pas votre sœur dans les minutes qui-
- Oh elle n'est pas très loin, lui assure Eros en refermant le livre dans lequel il était plongé
Ce dernier s'avance de quelques pas et s'arrête aux pieds de l'escalier principal de la demeure.
- FEB ! TU DOIS TE DÉPÊCHER DE SORTIR DE TON TROU ! s'écrie-t-il
Fier de lui, il se retourne vers sa famille en souriant, une fossette se formant à côté de ses lèvres.
- Vous croyez qu'elle m'a entendu ?
- Je suis presque certain que toute la ville t'a entendu, mon frère, se moque Bucky. Peut-être même jusqu'à Londres !
Ce qui ne fait aucun doute, c'est que la voix d'Eros t'est parvenue en dépit de la distance que tu as instauré entre toi et les membres de ta famille. Bien cachée dans le grenier en compagnie de ta meilleure amie Peggy, tu étouffes un rire en entendant la performance vocale de ton frère.
- Eros a un sacré coffre, s'amuse Peggy
- C'est à se demander pourquoi il ne devient pas chanteur d'opéra, ajoutes-tu
En parlant de coffre, vous êtes toutes les deux assises sur une malle de voyage qui a connu des jours meilleurs. C'est ici que tu as décidé de te réfugier avec ta meilleure amie pour fuir l'espace d'un instant l'agitation effrénée régnant chez toi. Et surtout, pour espérer échapper quelques minutes de plus à l'attention particulière dont tu fais l'objet. Tu sais que cette solution n'est que temporaire, mais t'éclipser un peu t'a fait beaucoup de bien.
Ah, être une jeune femme en ce début du XIXème siècle n'est pas chose aisée ! Tout n'est que bals interminables, ragots murmurés entre oreilles indiscrètes, sourires hypocrites et relations convenues d'avance. Un carcan dont tu aimerais bien te défaire, en particulier cette année.
- Je suis désolée de vous le dire ainsi mais cette petite parenthèse va malheureusement touché à sa fin, te dit Peggy
- Faut-il vraiment que j'y aille, Peg' ? lui demandes-tu en grimaçant
- Vous êtes déjà habillée et coiffée, ce serait du gâchis de ne pas vous montrer au bal, observe-t-elle
Et pour appuyer ses propos ton amie de longue date désigne ta robe bleu poudré et ta coiffure sophistiquée. C'est vrai que ce serait dommage que personne ne puisse t'admirer, tout ça pour rester terrer au fond d'un grenier.
- En plus, votre mère va risquer d'imploser spontanément si vous ne la rejoignez pas bientôt, ajoute Peggy avec un discret sourire rieur
- Vous avez raison ... je voulais simplement retarder l'inévitable, soupires-tu
Ton amie serre ta main dans la sienne, t'apportant courage et amitié.
- Je suis sûre que vos débuts cette saison vont bien se passer. Et si ce n'est pas le cas ... vous savez où me trouver
- Merci Peg', souris-tu. Maintenant, rentrez chez vous rejoindre votre famille. Je crois que les Featherington sont attendus quelque part ce soir, lui glisses-tu avec un clin d'œil
- J'ai cru comprendre qu'il y avait un bal oui, plaisante-t-elle
Quelques minutes plus tard, Peggy se faufile hors du grenier afin de retourner chez elle. Tu la laisses prendre un peu d'avance avant de sortir à ton tour de ton nid. En redescendant les étages en direction du hall d'entrée, tu parviens à entendre les chamailleries de tes frères et sœurs ainsi que la voix tendue et un brin désemparée de ta mère :
- Juste ciel ! Et dire que je croyais que les choses deviendraient plus faciles avec le temps ! Trois enfants ont quitté le nid et pourtant, vous m'accaparez toujours autant
- C'est très certainement parce que vous avez mis au monde huit vilains petits canards, ricane Bucky
- Heureusement que les trois pièces manquantes vivent leur vie, après les difficultés qu'ils m'ont causé. Darcy est heureuse en mariage et attend son deuxième enfant. Anthony est métamorphosé, sa lune de miel ne semble jamais prendre fin. Quant à Clinton, il flotte au-dessus des nuages depuis qu'il est devenu père il y a quelques mois
- Ce n'est pas un si mauvais bilan que cela, peut-être devrions-nous nous arrêter là pour cette année ? suggère Gwen
Si seulement, penses-tu. Malgré tout, tu continues de marcher et aperçois l'escalier principal de la maison à quelques mètres.
- Eros, levez le nez de votre livre. Harley, Gwendolyn, cessez de vous courir après ! Ou de vous attraper au moins, pour ne pas abîmer vos tenues. Et Bucky, serait-ce trop vous demander que de nettoyer les tâches de peintures sur vos doigts ?
- Que se passerait-il si quelqu'un regardait par le trou de la serrure et qu'il voyait à quel point la famille Bridgerton est dysfonctionnelle, railles-tu
Tous les regards suivent ta voix et convergent dans ta direction, au sommet de l'escalier. Avec distinction et élégance, tu descends une à une les marches en prenant soin de ne pas te prendre les pieds dans les pans de ta robe. L'ombre d'un sourire malicieux plane néanmoins sur tes lèvres, ce qui te représente très bien toi et les membres de ta famille : propre et bien élevé en apparence, mais bien plus dissipé en réalité.
Avant d'atteindre le bas de l'escalier, tu croises le regard de l'unique sœur qu'il te reste. Un discret sourire soulève les lèvres de Gwen, suffisant pour te faire connaître le fond de ses pensées. Et ceci t'aide à calmer la pointe de panique enfouie au fond de toi.
- Ma chère Y/N, vous voilà enfin ... et vous êtes radieuse, sourit ta mère en s'approchant de toi
- J'espère bien, parce que ce corset me fait oublier la fonction première de mes poumons, te plains-tu
- Tu n'as pas besoin de respirer pour danser, ou pour répondre à tes prétendants, ricane Bucky
- Oh tais-toi !
Harley court dans ta direction et te fait un grand sourire absolument adorable.
- Tu es très jolie, Feb
- Merci mon grand, souris-tu en serrant ton petit frère dans tes bras
- Bien ! Les invités ne vont plus tarder désormais et ils restent tant de choses à terminer ! s'exclame Frigga
L'heure suivante est une véritable torture. Déjà que tu aimerais que cette soirée soit terminée avant même qu'elle n'ait commencé, alors compter les minutes jusqu'à l'heure fatidique te met au supplice. Pendant ce temps restant, votre mère ne cesse de vous répéter de bien vous tenir, de vous rappeler les convenances de la société, ce que vous êtes autorisés ou non à dire, faire, penser et ainsi de suite ...
Juste avant l'arrivée des invités, elle te prend à part quelques minutes.
- Y/N ... je sais combien vous appréhendez ce jour, commence-t-elle en posant une main délicate sur ton épaule. Cette saison marque vos débuts, au sein de la vaste société. Pour la première fois, vous allez être au centre de l'attention et de nombreux prétendants vont se manifester. Vous n'êtes pas sans vous souvenir que la reine Ajak se joindra au bal ... peut-être qu'elle désignera enfin le diamant de la saison et que son choix se portera sur vous ! Mais vous-
- Mère, la coupes-tu. Si je redoute mes débuts dans la société, ce n'est pas parce que je crains de ne pas être apprécié ou de faire un pas de travers. C'est parce que je préférerais de loin ne pas être là ce soir. L'idée de me marier suffit à me donner la nausée. Si je le pouvais, je vivrais ma vie comme je l'entends. De cette façon, je n'aurais pas à m'enfermer dans un mariage dont je ne rêve même pas et qui m'enleverait tout de la personne que je suis. Alors s'il vous plaît Mère, n'essayez pas de me réconforter ou de trouver un semblant de mots justes. Rien de ce que vous pourrez dire ne me fera changer d'opinion
Tu te détournes de ta mère et sors de la maison, te sentant à la fois lourde et légère. C'est la première fois que tu employes des mots aussi durs avec ta mère, mais aujourd'hui était certainement ta dernière occasion d'exprimer ton ressenti. Car cette journée marque ton introduction dans le monde d'élite auquel ta famille appartient.
La saison représente le début d'une période particulièrement importante pour toute la partie aisée de la population. Tous les parents de la haute société poussent leurs enfants en âge de quitter le nid à sympathiser avec les bons partis aux titres pompeux afin d'assurer un mariage prospère et un avenir décent. Mais bien souvent, ces relations précipitées ne sont rien de plus que des alliances arrangées ou des manigances, et c'est bien ce qui te déplaît autant.
Le commencement d'une saison est l'occasion pour une bonne famille d'organiser un grand bal, qui lance définitivement les hostilités. Cette année, c'est à ta mère qu'incombe cet " honneur ". À ton grand malheur.
Pour l'occasion, le bal se déroule dans les restes d'un colisée antique, situé au fond de la propriété de ta famille. Un lieu magnifique et grandiose, richement décoré, et suffisamment grand pour recevoir tous les invités. D'ailleurs, des dizaines de familles se croyant plus importantes les unes que les autres sont déjà arrivées. Tu retiens un soupir en voyant les femmes guindées exiber leur robe ou leur parure clinquante à leurs voisines, ou bien les hommes à l'esprit étroit qui se congratulent pour le simple fait de fouler cette terre.
Une seconde, l'idée de t'enfuir frôle ton esprit.
- Feb ! t'interpelle une voix que tu connais bien
Faisant volte-face, tu vois Peggy arriver à la hâte dans ta direction, dans une jolie robe jaune clair.
- Peg' ! Dieu merci, vous êtes là. J'étais déjà en train de mettre au point un plan afin de m'éclipser subitement de ce bal, lui avoues-tu
- Vous voulez vous dérober avant même que la soirée ne soit vraiment commencée ? te taquine-t-elle. Les invités ne sont même pas tous arrivés !
- Justement, pouffes-tu. D'ailleurs, où sont vos frères ?
- Peter et Pietro ne devraient pas tarder, te répond ton amie. Ils avaient hâte de venir, ils n'ont pas arrêté de me répéter toute la semaine que vous les Bridgerton, vous engagez toujours les meilleurs cuisiniers pour vos bals
- Ils n'ont pas tort
Peggy, Peter et Pietro habitent la demeure juste en face de celle de ta famille, ce qui fait que vous vous connaissez tous depuis l'enfance. Peggy est l'aînée de la fratrie et de par ses quelques années de plus et son annulaire libre, elle est perçue comme la vieille fille de la famille Featherington. À tes yeux, son côté rebelle et sa résistance face au mariage est un véritable atout, dont tu comptes bien t'inspirer. De plus, elle a toujours été une amie sur laquelle tu as pu compter, ce qui assez rare pour être souligné. Ses deux frères cadets sont tout aussi sympathiques, bien qu'ils n'aient pas hérité de la méfiance maritale de leur sœur aînée.
Bras dessus, bras dessous, vous vous dirigez toutes les deux vers le cœur du colisée, là où se déroule l'essentiel du bal.
- Mon dieu, votre mère s'est vraiment surpassée ! s'exclame Peggy, balayant un regard admiratif autour d'elle
- Oui, elle a mis toutes les chances de son côté pour éblouir la société, admets-tu
Nul ne peut nier, pas même toi, que ta mère excelle dans l'organisation de bals et celui-ci ne fait pas exception. Les statuts d'inspiration grecque sont drapées de tulle doré ou de fleurs blanches, une impressionnante œuvre artistique composée de bouquets, de plumes blanches, de dorures et de pierres précieuses trône au centre du colisée, des centaines de chandelles et de lanternes scintillent de toutes parts, donnant l'impression de déambuler au milieu des étoiles.
Beaucoup de monde se massent à l'intérieur du colisée, sirotant des flûtes de champagne ou se détectant des amuses-bouches proposés par des serveurs. Certains partagent des conversations courtoises et bienséantes tandis que d'autres se murmurent discrètement à l'oreille les derniers ragots les plus croustillants. Personne n'écoute vraiment l'orchestre, bien qu'ils jouent tous leur partition avec beaucoup de talent.
À cette vue, tu as déjà envie de prendre tes jambes à ton cou et de regagner ta chambre, voulant mettre le plus de distance possible entre les persifflages et toi.
- Peg', on devrait s'enfuir pendant qu'il en est encore temps, dis-tu à ton amie
- Je crains que ce ne soit trop tard pour ça, votre mère est en compagnie de deux prétendants, te fait remarquer Peggy
Et en effet, près de l'entrée du colisée, ta mère te cherche du regard, deux jeunes hommes face à elle. Quand ses prunelles se posent sur toi, une forme de soulagement et de joie prend place sur son visage. En une seconde, tu la vois faire signe à tes futurs prétendants de la suivre en marchant vers toi.
Il ne t'en faut pas plus pour t'enfuir, attirant Peggy dans ton sillage. La foule d'invités est si dense qu'elle suffit à te masquer tandis que tu gagnes les jardins autour du colisée. Ici aussi le bal bat son plein, nombreux sont les invités à profiter de la splendeur des massifs en fleurs et des senteurs exquises des différents jardinets. Du coin de l'œil, tu aperçois une silhouette familière, appuyée sur une statue comme s'il s'agissait d'un bar où il est normal de s'accouder.
- Ah Bucky ! Tu tombes bien ! lances-tu à ton frère
En voyant que c'est toi qui l'interpelles, il ne prend même pas la peine de dissimuler la flasque argentée qu'il était en train de déguster pour se donner le courage suffisant l'aidant à supporter ce bal.
- Oh toi, tu essayes d'esquiver Mère, constate-t-il avec amusement
- Pas du tout, mens-tu grossièrement
Tu jettes tout de même un coup d'œil par-dessus ton épaule, histoire de t'assurer que votre mère ne t'ait pas suivi. Loin d'être sot, Bucky te fixe continuellement tandis qu'il boit une énième gorgée de sa flasque.
- Quoi ? répliques-tu, un peu sur la défensive
- Tu n'es pas la première de la fratrie à vouloir lui échapper, tu sais, s'amuse-t-il en rangeant sa petite bouteille en argent dans la poche intérieure de sa veste
- J'aurais bien besoin que tu partages un peu de ton courage liquide, tiens, réclames-tu en tendant la main vers sa flasque
Mais avant qu'une bataille autour de la flasque n'éclate, sous les yeux rieurs de Peggy, un autre de tes frères surgit de nulle part et te vous rejoint, les yeux brillants d'excitation.
- Feb ! Tu ne le croiras jamais ! Il paraît que les deux filles d'un empereur russe vont arriver d'une minute à l'autre ! s'exclame Eros
Si ce dernier est visiblement survolté par cette nouvelle, le manque de réaction exprimée par toi et par Bucky met un coup d'arrêt à son enthousiasme. Son sourire s'évanouit progressivement, remplacé par une grimace perplexe.
- C'est tout ce que ça vous fait ? s'étonne-t-il
Tu hausses les épaules, pas le moins du monde exaltée. Bucky ne semble pas plus passionné, il fronce les sourcils en demandant à son frère :
- Qui s'en soucie ? grimace-t-il avec un geste d'indifférence de la main
- Moi, affirme Peggy. Il semblerait que d'autres têtes importantes se joignent à nous ce soir. Et j'ai entendu dire qu'un lord devenu soldat récemment revenu au pays pourrait faire son apparition lui aussi !
- C'est incroyable ! renchérit Eros
Tout à coup, un étrange murmure enfle à travers les jardins et se tait en une fraction de seconde. Un curieux silence plane, même l'orchestre a cessé de jouer. Instinctivement, tu pivotes vers le colisée où le temps semble s'être brutalement figé.
- Que se passe-t-il ? interroge Bucky
Poussée par la curiosité, tu marches vers l'arche la plus proche avant de comprendre ce qu'il se passe dans le colisée. La réponse devient évidente très rapidement.
- Oh seigneur, soupire Peggy
La reine Ajak fend la foule d'invités, de sa démarche assurée et emplie de charisme. Vêtue d'une somptueuse robe empire bleue et dorée ainsi que d'une lourde couronne, son aura en impose énormément. Entourée de son cortège de valets et de courtisanes, elle illumine les lieux par sa simple présence. Chaque invité s'incline avec respect, à la fois heureux et émerveillé de voir la reine en chair et en os participer au bal.
Cette dernière, impériale, balaye un regard circulaire à travers tout le colisée.
- Et bien ? Où est mon diamant de la saison ?
Tu te retiens de lever les yeux au ciel, déjà lassée par cette tradition. Le diamant de la saison désigne la jeune demoiselle que la reine désigne comme sa favorite de l'année. Ainsi, l'heureuse élue devient la célibataire la plus convoitée, attire tous les regards et s'assure une foule de prétendants devant sa porte. En général, si mariage il y a, celui du diamant de la saison est le plus prestigieux et attendu. C'est pourquoi le moment où la reine Ajak désigne sa favorite est toujours un événement et bien sûr, l'objet de commérages. Surtout si, comme pour cette saison, la désignation se fait attendre un peu plus que de coutume.
Et si cette place représente un rêve pour la plupart des débutantes, ce n'est pas du tout ton cas. Ce qui ne fait pas tes affaires puisque ta mère aimerait bien que ce titre te revienne, bien entendu.
- J'espère que ce bal tiendra toutes ses promesses, ajoute la reine sur un ton étrange semblable à un avertissement déguisé
- Vous voilà enfin ! te dit ta mère
Tu étais si absorbée par l'arrivée de la reine Ajak que tu n'as pas remarqué ta mère mettre la main sur toi. Avant même que tu n'aies eu le temps de protester, elle t'empoigne le bras et t'entraîne avec elle en direction de la reine. Tu jettes un regard de détresse à tes frères, qui se contentent de t'adresser des petits signes de la main en riant de ton malheur. En quelques secondes, te voilà au centre de l'attention générale, tout ce que tu détestes.
- Lady Bridgerton ! salue la reine Ajak. Vous avez un don naturel pour l'organisation de bal, peut-être que certain au palais devrait prendre exemple sur vous
- Merci votre Majesté, sourit Frigga en faisant une révérence. Mais, si je peux me permettre, c'est votre présence qui illumine les lieux
- En effet ! rit le souveraine
Puis ses prunelles se posent sur toi et te détaillent de la tête aux pieds, les yeux plissés.
- Votre Majesté, laissez-moi vous présenter de nouveau ma fille, Y/N Bridgerton, dit ta mère en te désignant. Vous l'avez rencontré il y a quelques jours, lors de la présentation des débutantes
- Très juste. Encore une Bridgerton ! s'amuse la reine
- Et ce n'est pas fini, il en reste quatre autres, ajoutes-tu dans un rire nerveux et une révérence maladroite
- De quoi animer les saisons futures, pour sûr !
Difficile de s'ennuyer avec ta famille, tout le monde le sait.
- Après le triomphe du mariage de votre sœur Darcy, le diamant de sa saison, et les mariages tout aussi réussis de vos frères Clinton et Anthony, les attentes seront hautes vous concernant, ajoute la reine
- Clint et Tony, corriges-tu machinalement
- Je vous demande pardon ?
- Mes frères préfèrent qu'on les appelle de cette façon, par leur surnom respectif
De coin de l'œil, tu vois que ta mère te dévisage gravement, comme si tu venais de commettre la plus grande ineptie du monde. Alors tu adresses un regard prudent à la reine, craignant d'avoir condamner ta famille au bûcher.
- Mmh. Ce tempérament est ... intéressant, constate-t-elle avec une moue impossible à interpréter. Très différent de celui de votre sœur
Un sourire grimaçant soulève très traits, pas sûre que ces mots soient un compliment venant de la bouche de la reine. Cette dernière balaye de la main cet instant et change de sujet, avec une habileté royale.
- J'ai pris la liberté de convier quelques cousins éloignés, d'amis de longues dates venant de pays lointains. De quoi pimenter le bal ainsi que la saison, vous déclare-t-elle avec un petit sourire
- C'est une fantastique nouvelle ! s'exclame Frigga. Nous les accueillerons avec un immense plaisir, votre Majesté
Avant que tu n'aies à prononcer une belle phrase attestant de ta joie de rencontrer ces mondains à venir - bien que tu n'en penses pas un mot -, une petite tornade se faufile entre les jupons volumineux et se colle à ta jambe.
- Feb ! C'est toi qui seras le diamant de la saison ? te lance Harley en déboulant à tes côtés, tout sourire
- Oh, je ne suis pas sûre que le choix soit déjà arrêté, tentes-tu en lui tapotant l'épaule
- Harley, n'hésitez pas à montrer votre bienséance à sa Majesté, le ramène gentiment à l'ordre votre mère
- Feb ? interroge la reine Ajak
- Ce n'est rien de plus que mon surnom, bien que je ne l'ai pas choisi, réponds-tu
- Encore un surnom ...
À la surprise de tout le monde, la reine éclate de rire. Par mimétisme, quelques invités suivent son moment d'hilarité.
- Et bien, cette saison s'annonce pleine de surprises !
*****
Et voilà pour cette partie largement inspirée par la Chronique des Bridgerton !
Je suis tellement dingue de l'ambiance de cette série que j'ai essayé de la réinterpréter, à la sauce Marvel évidemment. Et ce n'était pas si simple que ça de trouver huit personnages pour correspondre aux huit premières lettres de l'alphabet, comme pour les Bridgerton 😂
Je pense faire une deuxième partie à cette histoire, surtout si ça vous a plu. Le bal est loin d'être fini après tout 😉
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