477 | SAM WILSON

- Bon sang, je ne sais pas si c'est la neige qui va tomber ou la planète qui va exploser mais il va se passer quelque chose d'anormal ... Bucky Barnes se sert de son téléphone portatif pour passer un appel téléphonique, le taquines-tu gentiment
- C'est ça, moque toi de moi, râle la voix de ton ami à l'autre bout du fil. On verra comment tu seras avec la technologie quand tu auras mon âge

Tu ne peux pas contenir tes rires plus longtemps, ravie d'entendre que le côté grincheux sur la défensive de Bucky est intact. Installée seule sur un banc au cœur d'un parc verdoyant, tu te penches en avant lorsque ton chien te ramène sa balle préférée.

- J'espère que je ne ferais pas de crise cardiaque à cause d'un nouveau modèle de machine à laver, répliques-tu en lançant une nouvelle fois la balle
- Ce n'est pas de ma faute si cette foutue machine faisait un boucan du diable et qu'elle s'est mise à cracher de la mousse partout, se défend-il
- C'est peut-être parce qu'il fallait fermer le hublot, suggères-tu, un peu narquoise
- Je voulais que ça sèche plus vite

Une fois encore, tu éclates de rire et sens une bulle de joie grandir au creux de ta poitrine. Ce genre de discussion avec ton ami et ex-collègue t'avait manqué mais toutefois, tu n'oublies pour quelle raison ces moments ne sont plus possibles aussi fréquemment qu'avant. Cette petite piqûre de rappel te remet les pieds sur terre, tu retrouves ton sérieux pour lui demander :

- J'imagine que tu n'appelais pas pour que je puisse rire de tes lacunes modernes, même si c'est un plus appréciable. Que me vaut cet honneur ?
- Je voulais savoir comment se passait ta vie de retraité et voir comment tu allais, te répond-il
- Et bien, c'est gentil de demander Buck', souris-tu. Je vais bien, même très bien. En ce moment, figure-toi que je fais la chose la plus normale qui existe : je suis venue promener mon chien dans un parc près de chez moi. Et c'est génial d'occuper ses journées comme tout le monde, sans risquer de perdre une jambe ou d'y rester, tu n'imagines même pas !
- J'ai du mal à imaginer oui, approuve-t-il dans un petit rire

Et comme pour illustrer parfaitement la normalité délicieuse de ton quotidien, ton chien galope vers toi, sa balle orange dans la gueule. Tu lui caresses affectueusement la tête avant de lancer à nouveau le jouet à travers le parc. La simplicité de cet instant, à profiter des rayons printaniers du soleil dans un superbe écrin de verdure, t'emplie de détente et de calme.

- Si tu veux tout savoir, cette nouvelle vie, à mille lieues de celle que j'avais avant, me fait beaucoup de bien, ajoutes-tu
- Je suis content de l'entendre. Tu le mérites vraiment Y/N
- Maintenant accouche, dis-moi pour quelle autre raison tu voulais m'appeler

Un son étouffé te provient depuis l'autre bout du fil, un bruit à mi-chemin entre le soupir et le rire sarcastique. Bucky vient de se rendre compte que tu venais de le percer à jour, ça ne fait plus de doute. Et toi, tu le connais trop bien pour ne pas avoir compris ses intentions cachées.

- Oui, tu as raison. En fait, je voulais aussi te prévenir que ... tu risques d'avoir de la visite. Et bientôt, voire très prochainement
- De la visite ? répètes-tu, confuse
- Tu sais qu'on a tous approuvé ton choix de te retirer après les évènements qu'on connaît. Mais avec ton absence, il a fallu qu'on se réorganise par la suite et ... il y en a un qui a du mal à s'y faire. Il a essayé mais je crois qu'il est un peu perdu, surtout en ce moment

Inutile d'en dire plus, tu as deviné de qui te parle Bucky. Tu fermes les yeux et baisses la tête, rongée par de vives émotions que tu ne pensais plus ressentir suite à ton départ.

- Je voulais juste que tu sois au courant. Il va certainement essayer de te convaincre de rempiler, tu sais ?
- Oui je sais, soupires-tu. Et il va être terriblement déçu

Ton estomac tressaute, signe de l'inconfort que cette situation éveille en toi. Tu continues de discuter quelques minutes de plus avec Bucky avant de raccrocher. Tu ne peux plus repousser l'inévitable, alors tu te lèves de ton banc et appelles ton chien. Une fois sa laisse rattachée, vous vous mettez en chemin pour sortir du parc.

Plusieurs minutes te sont nécessaires pour revenir jusqu'à chez toi, une charmante maison nichée dans un quartier résidentiel paisible, entre un lac et une forêt. Et à mesure que tu approches du portillon de la clôture encadrant ton jardin, une présence se dessine sur le perron. Assis sur les marches en bois qui mène sur le porche, Sam t'attend.

Un nœud se forme dans ta gorge, une vague d'appréhension alourdit ta poitrine. Tu ravales tout ça et fais de ton mieux pour ne rien laisser paraître en passant le portillon.

- J'espère pour toi que tu n'es pas venu les mains vides ou ma voisine va croire que tu es un fêlé égaré qui n'a rien à faire chez moi, lui lances-tu sur le ton de la plaisanterie
- Désolé pour ta voisine mais je ne viens qu'avec mon sourire, espérons qu'elle n'appelle pas la police pour venir m'arrêter, s'amuse-t-il

Tu refermes le portillon et peux relâcher ton compagnon à quatre pattes, qui se rue sur Sam pour le saluer affectueusement. Et ton ami aurait continué de se faire léchouiller l'intégralité du visage si tu n'avais pas lancer de nouveau la balle orange à travers le jardin afin de détourner l'attention de ton chien.

À présent en tête-à-tête, tu t'avances lentement vers Sam en prenant une légère inspiration difficile.

- Tu n'as pas l'air très étonnée de me voir ... c'est bon signe ? te demande-t-il
- Bucky m'a prévenu que tu passerais bientôt, réponds-tu
- J'aurais dû m'en douter

Le ton railleur de ton ami montre combien cette discussion n'est qu'une banalité de routine pour lui. Tu préfères couper court à ce semblant de tranquillité d'une seule phrase :

- Il m'a aussi dit pourquoi tu voulais me voir

Une lourde couche de sérieux vient tout à coup empêtrer l'atmosphère autour de vous, faisant s'envoler la moindre trace de légèreté. Vous vous fixez dans le blanc des yeux pendant ce qui te paraît être une éternité, la culpabilité qui grandit en toi te pousse à prendre la parole une nouvelle fois.

- Sam, je ne peux pas te donner ce que tu veux ..., commences-tu, la voix mal assurée
- Je sais et je n'ai pas envie de jouer les forceurs, t'assure-t-il aussitôt. Mais pour être le nouveau Captain America, je vais avoir besoin d'un partenaire à mes côtés. J'en avais un mais il a décidé de mettre les voiles. Et puis, on a travaillé si souvent ensemble Y/N ...

Entendre ses arguments ne te fait pas du bien, ta décision est déjà prise. Au lieu de te faire changer d'avis, ses mots tendent plutôt à compresser douloureusement ton cœur dans un étau de fer.

- Ce bouclier, il change beaucoup de choses. Je ne sais pas trop comment lui faire honneur mais ce qui est sûr, c'est que ce serait bien plus simple pour moi si j'avais un acolyte près à m'épauler. Ça s'annonce dangereux, tendu et forcément un peu dingue. Merde, je pourrais mourir, termine-t-il avec un argument de poids fait pour t'attendrir

Et même si sa plaidoirie est de très haute qualité, ta position ne changera pas. Alors tu n'entrevois plus qu'une seule possibilité pour que Sam puisse comprendre la raison de ton refus : tout lui avouer.

- C'est au-dessus de mes forces, je ... je n'ai plus envie de me battre. Depuis Thanos, rien n'est plus comme avant. On a perdu du monde, des amis. Et ceux qui ont survécu ... et bien, tout est différent. Alors moi aussi, j'ai décidé de prendre une nouvelle direction. Parce qu'il le fallait, que j'en avais besoin et que je n'avais pas la force de continuer
- Je savais que Natasha et toi étiez de grandes amies et, tout le monde respectait Tony mais je ne pensais pas que ça t'avait autant affecté,
- Ce n'est pas seulement eux. La mort n'est pas la seule à m'avoir arraché quelqu'un que j'aimais ...

Pour la première fois, tu cesses de marcher sur des œufs avec Sam et décides de mettre les pieds dans le plat. Tu as décidé d'être suffisamment honnête pour qu'il puisse comprendre enfin ta décision et que tout le reste s'éclaire aussi. Tu sais que ça va lui faire mal et cette idée te fend le cœur, mais tu n'as plus le choix désormais. Il doit comprendre ce que tu ressens afin de pouvoir saisir ton point de vue.

D'abord, Sam fronce les sourcils, perplexe. Puis lentement, le voile confus brouillant ses yeux se lève tandis que la connexion se fait dans son esprit. Alors il pose un tout autre regard sur toi, son étonnement s'emmêle dans un mer de tristesse. À sa seule expression bouleversée, tu vois qu'il a enfin compris ce que tu lui as tu pendant des années.

- Steve ... c'est de Steve dont il s'agit, pas vrai ?

À peine a-t-il prononcé ces mots que tu te sens coupable de lui infliger ça. Étant tous deux des Avengers, vous avez collaboré ensemble un nombre incalculable de fois, y compris avec les têtes les plus connues de votre groupe super-héroïque. Si tu t'es vite aperçue des sentiments que Sam éprouvait pour toi, lui ne s'est jamais rendu compte que ton cœur appartenait à Steve ...

Quand le Captain a décidé de tirer sa révérence pour rejoindre Peggy Carter, son amour de toujours, tu as bien évidemment respecté son choix. Pourtant, tu en as énormément souffert. Et lorsqu'il a souhaité transmettre son héritage à Sam, c'était trop dur à encaisser pour toi. Tu as eu l'impression de perdre Steve deux fois, de devoir remettre en place les morceaux brisés de ton cœur à deux reprises. C'est ce qui t'a poussé à partir, à prendre un nouveau départ où tu pourrais te concentrer sur toi et seulement sur toi.

Mais cette discussion avec Sam rouvre tes plaies à peine cicatricées, faisant ressurgir avec plus de cruauté l'histoire de vos amours perdus par manque de réciprocité.

- Ça alors ... je n'avais jamais percuté. J'ai été un bel idiot complètement aveugle, dit Sam, la voix brisée

Ta poitrine se compresse, horriblement douloureuse.

- Je comprends mieux pourquoi tu n'as jamais voulu me dire ce que tu pensais de moi en Captain America ... tu ne pouvais tout simplement pas approuvé
- Ça n'a rien à voir avec toi Sam, alors je t'en prie, ne le prends pas personnellement, le supplies-tu. C'est simplement trop douloureux pour moi, pour le moment de devoir lui dire adieu de cette manière-là
- Je ne t'en veux pas Y/N. En fait, je comprends ce que tu peux ressentir

Bien qu'une part de toi soit soulagée qu'il ne se braque pas contre toi, elle est infime face à la peine balayant tout ton corps.

- Je ne voulais pas te faire souffrir, c'est pour ça que je n'ai rien dit. Mais là, je réalise que c'est peut-être pire que tout, avoues-tu avec émoi
- Oh j'ai mal, je le sens, t'assure-t-il dans un rire nerveux qui manque cruellement de joie. Mais je ne t'en veux pas, j'en suis bien incapable

Et c'est certainement ce qui te fait sentir autant de culpabilité. Tu papillonnes des paupières pour chasser tes larmes, tandis que Sam n'en mène pas large non plus.

- Je ne voulais pas non plus que ça change quoi que ce soit quant à ta décision ... Steve t'a désigné, et tu le mérites. Tu es le meilleur d'entre nous, le plus à même de poursuivre son œuvre. Il faut juste que j'apprenne à mettre de côté ce que je ressens

L'utilisation du présent est très révélatrice, elle n'échappe pas à Sam. Il redresse ses prunelles sur toi, tentant au mieux de camoufler sa douleur.

- Bien sûr, je comprends maintenant. Prends tout ton temps, te dit-il avec bienveillance

Parce oui, même s'il vient d'avoir le cœur brisé, Sam reste un homme profondément bon. C'est ce qui confirme nettement le choix de Steve, tu en es persuadée.

Interrompant votre séquence émotions-révélations, le portable de Sam se met à sonner dans la poche de sa veste.

- C'est le colonel Ross, remarque-t-il en consultant l'écran

Ton ancien collègue se lève de ton perron en prenant une profonde inspiration, un peu malmenée par sa fébrilité relative. Le tsunami n'est pas complètement digéré, il prendra un petit moment à se calmer.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demandes-tu tandis qu'il se met en marche
- Te laisser respirer. Aller boire un verre. Et peut-être sauver une vie ou deux après coup, te dit-il avec un fin sourire

Évidemment qu'il n'abandonnera pas, ce constat te fait beaucoup de bien. Tu n'es pas encore prête à l'assister dans cette nouvelle aventure mais voir une démonstration de l'intégrité dévouée de Sam t'aide, plus que tu ne t'y attendais. La vie est parfois mal faite, blessante et difficile, et à certains moments elle peut être tout aussi étonnante.

L'avenir est loin d'être un tableau tranquille et bien construit, tu ignores quand ton cœur sera réparé mais aujourd'hui, une part de toi croit que tout n'est pas perdu.

*****
Je crois que mon espoir concernant la suite du MCU est à l'image de l'état d'esprit de la reader dans cette partie : très mitigé 😂

J'ose quand même croire en Captain America 4, qui nous permettra de voir Sam asseoir son nouveau statut.

J'ai envie d'être optimiste pour ce film, même si ça me fera un pincement au cœur quand même 🥲

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