422 | STEVEN GRANT
Enclenchant dans un geste précipité la chaînette dans le loquet prévu à cet effet, Steven s'adosse contre la porte d'entrée de son appartement en posant une main sur sa poitrine qui se soulève à un rythme bien trop soutenu.
- Ça va aller ... tout va bien, tu n'es pas en train de perdre la tête Steven, tout va parfaitement bien, tente-t-il de se rassurer
Sa tentative psychologique n'a malheureusement aucun effet sur l'état de panique totale qui s'est emparé de lui, c'est même plutôt le contraire. Sa tête menace d'exploser, sous le poids d'une affreuse impression d'être à l'étroit dans sa propre boîte crânienne. Un trop plein mental qui martyrise ses nerfs de plus en plus à vifs.
- Sauf que tu te parles à toi-même, comme n'importe qui de sain d'esprit, réalise-t-il
Premier essai d'apaisement : échec. À défaut de trouver les mots justes qui parviendront à le calmer, le brun ferme les paupières pour se concentrer sur sa respiration.
- Laisse faire les grands, l'insecte
Il rouvre aussitôt les yeux et jette des regards frénétiques tout autour de lui, fouillant la pièce à la recherche du détenteur de cette voix caverneuse et effrayante. Une ombre immense fait tressaillir l'obscurité régnant dans l'appartement, Steven se précipite sur l'interrupteur le plus proche pour y voir plus clair. La forme floue a disparu, ou peut-être n'a-t-elle simplement jamais été là ?
À défaut de trouver meilleure solution, Steven se rend dans la salle de bain pour se rafraîchir, autant le visage que les idées. Son esprit lui joue des tours affreux aujourd'hui, le rendant à fleur de peau.
Ce n'est pas une première pour Steven de constater que ces troubles laissent des séquelles dans sa vie. Il ne compte plus les trous inexplicables qui effacent parfois des journées entières de sa mémoire. Les insomnies n'aident pas à garder les idées claires, ni les rêves de plus en plus étranges. Mais aujourd'hui, c'est la cerise sur le gâteau : voilà qu'il se met à entendre une voix d'outre-tombe sortie de nulle part et accompagnée de visions de créatures surréalistes. Ajouter à ça une migraine atroce causée par la sensation de se faire triturer et compresser le cerveau, et le tour est joué !
Avec une serviette, Steven essuie son visage humide. Ses yeux remontent automatiquement sur le miroir face à lui et scrutent son visage, marqué par les stigmates de ses insomnies ainsi que par les angoisses répétées de cette journée.
- Reprends-toi, ce n'est rien ...
Le temps d'une effrayante seconde, son reflet se brouille, brusquement fracturé. C'est comme si son visage ne lui appartenait plus, affichant une expression bien différente de celle qu'il arbore en ce moment. Ce phénomène furtif suffit à faire remonter toute la panique de Steven, il s'éloigne du miroir en lâchant la serviette, tombant sur le sol dans un bruit mou.
- Tu ferais mieux de laisser ta place, avant que je ne me mette en colère
Les visions terrifiantes du miroir ne s'arrêtent pas là, il peut à présent apercevoir dans le reflet une silhouette blanche avec un long bec, se dressant derrière lui. Tandis qu'il pousse un cri d'effroi, son sang se glaçant dans ses veines, Steven se retourne aussitôt mais ne fait face qu'à un couloir désert. Enfin, en apparence. Il y avait quelqu'un, il en est certain. Son cœur martelant contre sa poitrine est la preuve irréfutable que quelque chose se passe.
Alors il fait ce que tout le monde ferait à sa place : il décampe sans regarder en arrière. Il quitte son appartement en courant et s'élance à grandes enjambées vers l'ascenseur. Martelant le bouton jusqu'à ce que les portes métalliques s'ouvrent devant, il s'enfonce dans la cage mouvante et manque à nouveau de tourner de l'œil.
- Cette fois, ça suffit. Retourne compter les moutons, insecte stupide !
La forme qui s'est matérialisée dans son miroir l'a suivi, parcourant furieusement le couloir et fonçant droit sur lui. Tétanisé par cette espèce d'oiseau squelettique sur pattes, Steven se ratatine contre la paroi de l'ascenseur. La chose qui le sauve de cette vision démoniaque est la fermeture automatique des portes, ce qui le protège pour quelques minutes au moins.
- Nom de- ... qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
Il passe une main nerveuse dans les mèches ondulées lui tombant sur le front et prend plusieurs inspirations profondes, essayant de reprendre le contrôle de ses émotions. C'est peine perdue, tout son corps sursaute lorsque les portes se rouvrent.
La personne qu'il trouve derrière n'est pas celle qu'il attendait, il n'est d'ailleurs pas sûr de savoir comment réagir. Tu te tiens face à lui en le dévisageant, les sourcils froncés.
- Salut Steven
Super, il ne manquait plus que ça pour couronner cette journée royalement pourrie : se faire surprendre dans l'ascenseur, prostré comme un rat, par la jolie voisine pour qui il en pince secrètement. Ça ne pouvait pas mieux tomber.
Très gêné par cette situation, Steven te fait un signe de la main en essayant de se redresser.
- Salut, te dit-il d'une petite voix
- Tout va bien ? On peut savoir ce que tu fais par terre dans l'ascenseur ? lui demandes-tu avec un sourire bienveillant
- Et bien ...
Tu l'aides à se relever et c'est là que tu remarques ses mains tremblantes. Alarmée par ce détail, ton regard plonge dans le sien avec une inquiétude à peine voilée.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
Trop tard, les yeux de Steven se sont déjà perdus au-dessus de ton épaule. L'oiseau de néandertal a fait son retour, plus menaçant que jamais. Terrifié par cette apparition, le brun se met à reculer instinctivement. Sa réaction ne t'échappe pas, tu pivotes sur tes talons à l'instant où la créature s'approche de plus en plus de vous.
- Cède ta place ou-
- Arrête Khonshu ! t'écris-tu en levant la main pour lui faire signe d'arrêter d'avancer
Le dieu égyptien de la lune se plit à ta demande, bien qu'une sorte de grognement frustré s'échappe de son crâne de piaf.
- Tu n'as pas honte de lui faire peur ? Tu vois bien que ce n'est pas Marc enfin ! t'agaces-tu
- C'est bien le problème, cet idiot là m'est inutile, réplique-t-il
- Je te déconseille de recommencer Khonshu, ton cas du figure est suffisamment précaire comme ça, lui rappeles-tu. Maintenant disparais, je gère la situation
Sans plus te préoccuper de Khonshu, tu te retournes vers Steven pour le voir en état de choc intégral. Ce qui n'est pas surprenant vu le nombre de choses qui ont fait court-circuité son cerveau en dix secondes.
Une : la voix qui l'a hanté toute la journée est le dieu égyptien de la lune. Deux : Khonshu existe vraiment, plus en os qu'en chair mais bien réel. Trois : tu parviens à le voir toi aussi. Quatre : Khonshu te craint suffisamment pour t'obéir presque sans broncher. Cinq, six et sept : c'est un foutoir sans nom.
- Viens Steven, suis-moi, lui dis-tu doucement pour ne pas le brusquer
Tu saisis sa main mais le brun refuse de bouger, paralysé sur place. Il te dévisage longuement, comme s'il te voyait pour la première fois.
- Que ... qu'est-ce que ça veut dire ? Que- que ... qu'est-ce que c'est que tout ça ?!
- Avant que tu n'exploses, écoute-moi : je vais tout t'expliquer mais pas ici, lui assures-tu
Au bout de quelques secondes, Steven accepte enfin de te suivre. Tu l'emmènes jusqu'à chez toi, l'appartement juste en face du sien. Vous vous installez dans ton salon, dans un lourd silence de plomb. Mal à l'aise, ton invité ne sait pas où poser le regard ni comment calmer le tremblement de ses mains. Le voir aussi fébrile te pince le cœur, tu ne parviens pas à réprimer ton geste et poses ta main sur les siennes. Ton attention fait enfin se lever son regard dans le tien, ses prunelles marrons expriment mille émotions contradictoires.
- Donc euh ... tu parles au oiseau flippant géant ? finit-il par te demander
- En quelque sorte oui, c'est Khonshu, le-
- Dieu égyptien de la lune, oui je sais, te coupe-t-il avec un petit rire nerveux
- Bien sûr que tu sais, je n'ai pas besoin de te présenter les divinités, les croyances ou les membres de l'Ennéade, souris-tu. Tu connais déjà tout là-dessus
- Sauf le fait qu'ils existent vraiment ... c'est bien ça, n'est-ce pas ? Ils existent ? Question stupide, je viens d'en voir un me poursuivre dans le couloir
C'est plus fort que toi, sa maladresse t'arrache des rires. Steven est adorable, sans même s'en rendre compte et c'est bien ce qui fait frémir ton cœur.
- Khonshu est comme ça, c'est un cas désespéré, railles-tu
- Mais comment tu ... comment vous vous connaissez ? J'imagine que vous ne vous êtes pas rencontrés par hasard en faisant des courses
- Je suis l'avatar de Nout, pour tout te dire
En une seconde, les yeux de Steven s'éclairent, brillants d'admiration. Sa mâchoire menace de céder, il n'a subitement d'yeux que pour toi.
- La déesse du ciel, mère de tous les astres ..., murmure-t-il dans un souffle rêveur
- Ça claque, n'est-ce pas ? ris-tu. C'est parce qu'on est tous les deux des avatars que je te connais. Enfin, d'une certaine façon
Cette fois, la confusion revient brouiller les traits du brun qui n'est pas sûr de bien comprendre ce que tu viens de dire. Du mieux que tu peux, tu lui expliques ce que tu sais de Marc Spector, cette autre identité qui partage son corps alors que toi-même tu es consciente de ne pas avoir toutes les pièces du puzzle en mains. À mesure que tu déroules ton explication, Steven y voit enfin une réponse à tout ce qu'il se passe de fou dans sa vie récemment. Ce n'est pas facile pour autant d'y croire, loin de là.
- Quand Marc a commencé à disparaître de plus en plus régulièrement, les dieux, avec l'appui de Khonshu, ont décidé d'envoyer un de leurs avatars pour éclaircir la situation : moi. J'ai fini par localiser sa position, sauf que ce n'est pas lui que j'ai trouvé. C'est toi. Alors j'ai emménagé à côté de chez toi pour tenter d'intercepter Marc, mais il est vraiment doué pour me filer entre les doigts
- Je savais que quelque chose ne tournait pas rond chez moi mais là, ça dépasse tout ce que j'ai pu imaginer, chuchote-t-il, le regard vague
- Je me suis fixée une mission plus personnelle aussi : assurer ta protection. Je ferai mon possible pour qu'il ne t'arrive rien, je te le promets. Et si ça veut dire chasser Khonshu pour qu'il arrête de te hanter comme un fantôme désagréable, ça ne pose pas de problèmes
Le brouillard s'efface, Steven redresse la tête vers toi et te contemple avec une affection grandissante. Ses joues s'empourprent et voyant ça, tu ne peux retenir ton sourire.
- Est-ce que ... les dieux sont au courant de ça ? te demande-t-il doucement
- Ils ne sont pas obligés de tout savoir, réponds-tu avec espièglerie. Et puis, je suis sûre que Nout ne serait pas contre. La lune et le ciel vont ensemble après tout ...
De quoi annoncer un beau présage, n'est-ce pas ?
*****
Je ne sais pas vous mais Steven et Marc me manquent 🥲
Je me languis vraiment de les revoir, j'espère qu'on n'aura pas à attendre trop longtemps pour une saison 2 de Moon Knight mais vu les projets futurs du MCU, on a de quoi se poser la question 😓
Vous attendez de les revoir vous aussi ?
Au fait, je pense qu'on pourra parler d'Ant-man 3 dans la prochaine partie, si ça vous va 😉
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