409 | BUCKY BARNES

Un petit nuage blanc se forme face à ton visage au rythme des expirations de ton nez, témoignant des températures froides de ce mois de Décembre. La nuit tombée a apporté son voile de fraîcheur et ne t'aide pas vraiment à mieux supporter ce temps hivernal de saison.

- Mademoiselle, je suis désolé mais-
- Je suis sûre qu'il va arriver, attendez encore un peu s'il vous plaît, implores-tu

L'homme qui s'impatiente te fait un sourire triste, accompagné d'un léger hochement de tête. Vous êtes donc tous les deux dans le même état d'attente, comptant les secondes qui passent dans votre tête. Vous patientez depuis déjà près de vingt minutes et tu sais bien que tu ne vas pas pouvoir lui demander d'attendre beaucoup plus longtemps.

Tu sors ton portable de ta poche et le vérifies une fois de plus. Toujours aucun nouveau message ne s'affiche sur ton écran, ce qui ne te plaît pas du tout. Les griffes acérées de l'inquiétude enserrent ton estomac, tu te sens soudain rongée par les doutes.

Et si, finalement, il avait décidé de ne pas venir ? Il n'avait peut-être pas envie de te voir aujourd'hui après tout. Plutôt que de te prévenir, il fait comme la plupart des mecs de cette planète qui sont nés dépourvus de courage et te pose un lapin.

Il y a évidemment ce scénario catastrophique, que ton cœur ne saurait encaisser et qui te détruirait en mille morceaux. Mais il y en a forcément un autre, encore plus stressant. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Ce n'est pas impossible, quelqu'un a très bien pu lui faire du mal ou bien d'autres choses horribles qui te font pâlir d'angoisse.

Machinalement, tu réajustes le col de ton manteau, autant pour te protéger du froid que pour évacuer ta nervosité. Bien qu'une part de toi continue à espérer, tu n'es pas idiote et conserves suffisamment de lucidité pour comprendre qu'il ne sera pas là ce soir.

Quand ta montre t'indique que ça fait plus de vingt-cinq minutes que tu patientes désespérément, tu finis par rendre les armes. Mais avant que tu n'aies eu le temps de t'excuser auprès de l'homme dont tu monopolises le temps depuis aussi longtemps, une tête brune se faufile à toute vitesse à travers la foule pour te rejoindre. Une tête brune que tu reconnais tout de suite, sans avoir besoin d'y réfléchir.

- Je suis désolé, je suis en retard ! Très en retard pour le coup, s'excuse Bucky en s'arrêtant de courir une fois arrivé à ta hauteur

Le soulagement de le voir enfin face à toi n'est que de courte durée lorsque tu vois dans quel état il se trouve.

- Mon dieu Bucky, tu vas bien ? t'inquiètes-tu en t'approchant de lui

Une blessure lui barre le côté gauche du front jusqu'à sa tempe, tu examines minutieusement le reste de son corps pour voir si d'autres plaies sont à déplorer.

- Oh ça, ce n'est rien, te rassure-t-il en secouant la tête. J'ai dû intervenir au dernier moment sur une mission urgente, ce n'était pas du tout prévu à l'avance. Alors quand j'ai vu que j'étais en retard, je suis venu aussi vite que j'ai pu, sans passer par l'infirmerie. Je t'ai fait suffisamment attendre déjà, je ne voulais pas manquer une minute de plus de notre rendez-vous. J'espère que tu ne m'en veux pas

Le sourire un brin gêné qu'il t'adresse fait s'emballer les battements de ton cœur, l'entendre dire qu'il a fait tout ce qu'il pouvait pour être là malgré cette intervention de dernière minute te touche au plus profond de toi. Il tenait vraiment à être là, à te rejoindre au plus vite pour honorer votre quatrième rendez-vous. Des papillons battent des ailes dans ton ventre à cette pensée.

- Comment je pourrais t'en vouloir alors que tu risques ta vie pour le bien de tous et que tu fais quand même tout ton possible pour me rejoindre après ça ? souris-tu

Ton indulgence rassure Bucky, qui relâche la respiration qu'il retenait. Il peut enfin sourire pleinement, faisant briller une lueur dans ses yeux. Puis son regard se porte sur ce qu'il y a dans ton dos, c'est-à-dire la surprise que tu lui réservais pour ce rendez-vous. En remarquant la sidération mêlée à l'admiration qui l'habite, tu te tournes légèrement et te sens obligée de préciser :

- J'ai toujours rêvé de ça étant enfant alors je me suis dit, pourquoi pas le faire avec toi ? J'espère que tu ne trouves pas ça vieux jeu ou ridicule ...
- Tu plaisantes ? C'est le rendez-vous parfait, tu ne pouvais pas faire mieux, te complimente-t-il
- C'est une activité de saison après tout, ris-tu. Et puis ... une balade en traîneau du Père Noël, c'est forcément romantique

Et oui, tu n'as pas fait les choses à moitié pour ce rendez-vous. Depuis que tu es petite, tu as toujours eu envie de faire cette fameuse balade qu'on voit dans beaucoup de films de Noël, sous la neige, en compagnie de l'être aimé avec un plaid sur les genoux. Quoi de mieux que de le faire avec Bucky ?

Bon d'accord, ce n'est pas à proprement parlé le traîneau du Père Noël. C'est plutôt une calèche qui prend la forme d'un traîneau et les rennes ont cédé leurs places à deux magnifiques chevaux. Mais tout de même, ça reste ton rêve de gosse !

- C'est une fin de journée de rêve, te souffle Bucky

Si tes joues prennent une teinte rosée, ce n'est pas seulement à cause du froid. Tes yeux restent verrouillés aux siens tandis qu'un petit sourire amoureux soulève tes traits. Vous êtes au beau milieu d'une rue où des dizaines et des dizaines de personnes affluent sans s'arrêter et pourtant, à cet instant, il n'y a plus que vous deux. Tout s'efface autour de toi, il ne reste plus que les prunelles étincelantes du brun.

Jusqu'à ce que l'un des chevaux s'ébroue, vous sortant de votre bulle.

- On y va ? lui demandes-tu après t'être raclé la gorge
- Après vous madame

Il te tend sa main de chair pour t'aider à monter à bord de la calèche. Tu t'excuses une dernière fois auprès du cocher qui a dû attendre tout comme toi l'arrivée de Bucky, il te rassure aussitôt en te faisant un sourire. Vous vous asseyez côté à côté, dans le seul but de vous tenir chaud bien entendu.

Bucky dépose un plaid sur vous, il le remonte un peu plus haut sur toi pour que tu ne prennes pas froid. Son attention fait chavirer ton cœur un peu plus, comme si tu avais besoin de ça. De toute façon, la moindre de ses actions suffit à te charmer encore davantage !

La calèche se met à avancer, un frisson d'excitation court le long de tes veines. Le bruit des sabots des chevaux rencontrant le bitume vous accompagne alors que vous avancez à travers les rues magnifiquement décorées de la ville. Les vitrines te transportent dans des univers magiques, les façades des bâtiments scintillent de mille feux, les sapins se dressent majestueusement et arborent fièrement leurs décorations de fêtes. Émerveillée par ce que tu vois, tu sens l'enfant en toi trépigner d'excitation à mesure que ton cœur imite un tambour dans ta poitrine.

Tu te rappelles soudain que tu n'es pas seule dans ton traîneau et tournes la tête vers Bucky. Tu te mets à rougir en constatant que ses yeux sont rivés sur toi, tu as un peu peur d'être ridicule.

- Désolée, Noël a toujours eu le don de me transporter dans un autre univers, ris-tu nerveusement
- Ne t'excuse pas, ton sourire est magnifique à regarder ...

Cette simple phrase reforme la bulle autour de vous et à nouveau, tu ne vois plus que lui.

- C'est beau de te voir retrouver ton âme d'enfant, peu de gens arrivent encore à regarder le monde avec innocence, ajoute-t-il
- J'ai toujours aimé les fêtes et chaque année, la petite fille enfouie en moi refait surface, souris-tu
- Je crois que ça ne me ferait pas de mal de retrouver le gosse caché en moi, plaisante-t-il
- Comment étaient les Noëls de ton enfance ? lui demandes-tu, curieuse
- C'était ... différent. On n'en faisait pas autant pour célébrer Noël, la plupart des gens n'en avaient pas les moyens. Mais quand l'hiver était suffisamment froid pour faire geler un lac pas très loin de chez moi, j'y allais avec Steve pour faire du patin à glaces, se rappelle Bucky avec un sourire nostalgique. On se fabriquait nos patins avec ce qu'on pouvait, ça ne donnait pas toujours quelque chose de glorieux mais on s'amusait bien ! Il y a même une année où Steve a failli tomber à travers la glace, il a eu la peur de sa vie

Tu réponds à ses rires, t'imaginant la scène dans ton esprit. Le chétif Steve Rogers, hésitant sur ses patins, à deux doigts de fendre la glace aux côtés de son meilleur ami hilare.

- Et toi, les Noëls de ton enfance, c'était comment ? te demande-t-il
- J'ai eu la chance d'avoir des Noëls absolument merveilleux, c'est sûrement pour ça que j'aime toujours autant cette période de l'année, réponds-tu. Mes parents invitaient tous les ans mes grands-parents à réveillonner avec nous le vingt-quatre et ils restaient généralement quelques jours. Le père de ma mère ressemblait trait pour trait au Père Noël qu'on imagine étant enfant, alors il prenait ce rôle très au sérieux. Tous les ans, il enfilait son costume rouge et faisait des empreintes de botte dans la suie de la cheminée jusqu'au sapin. Même quand j'ai grandi, il a continué à mettre ce costume et j'adorais ça

Attentif, Bucky boit tes paroles en te contemplant silencieusement.

- On sait enfin qui est le vrai Père Noël, c'est ton grand-père, rit-il
- J'aimais pensé ça, même quand les années ont passé. Ce n'est pas rien d'être la petite fille du Père Noël, plaisantes-tu

Lorsque tu redresses ton regard sur Bucky, un petit mouvement trouble ta vision. Puis un autre et encore un autre. Tes lèvres s'entrouvrent de surprise tandis que des flocons se mettent à tomber du ciel. Ça paraît presque irréel, tour droit sorti de ton imaginaire.

- Mon dieu ... regarde ça Bucky, il neige ! t'exclames-tu
- Ça ne pouvait pas mieux tomber, admet-il en posant sa main sur la tienne
- C'est magnifique, souffles-tu

La chaleur de la main de chair du brun se transmet dans la tienne, tu tournes la tête vers lui pour le voir se pencher au-dessus de toi.

- C'est toi qui es magnifique, murmure-t-il

Tu n'as pas le temps de rougir, les lèvres de Bucky s'emparent des tiennes. L'incendie de bonheur qui éclate en toi contraste de manière saisissante avec la température extérieure, tu as vraiment l'impression d'être tombée dans le film de Noël cliché à souhait mais diablement romantique. Et ce n'est pas pour te déplaire.

Quand Bucky se recule, tu ne résistes pas longtemps avant de l'embrasser à ton tour avec tendresse en t'accrochant à sa veste. Enlacés dans votre traîneau, vous vivez l'une des plus beaux moments de votre vie.

- Il n'y a pas à dire, cette fin de journée est vraiment incroyable, sourit-il en essuyant un flocon posé sur ton nez
- Je pourrais m'y habituer, ris-tu
- On pourrait faire ça tous les soirs, je ne vois rien de meilleur pour terminer une journée
- C'est une promesse de Noël ?
- Ça y ressemble bien, sourit-il

*****
C'est sans une troisième étoile sur le sapin que je poste cette partie, mais avec la promesse de faire une partie de Noël la plus belle possible 😉

Ça tombe parfaitement bien, je la posterai dimanche pour ne pas changer nos habitudes 😌

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