354 | STEVE ROGERS

dans les années 40

***

- Je suis désolée Rajah, mais je ne peux plus supporter de vivre ainsi

Les yeux de ton chat tigré te regardent tristement, ses oreilles inclinés sur les côtés en signe de défaite. Tu enroules un foulard autour de ta tête pour dissimuler partiellement ton visage et ouvres la fenêtre de ta chambre. Avant d'enfin mettre en action ton plan, tu t'accroupis face à ton compagnon et le caresses affectueusement.

- Je trouverai un moyen de revenir te chercher, une fois que ma nouvelle vie sera stable, lui promets-tu. Sinon, ça sera à toi de me trouver ... je te fais confiance, mon ami

Rajah se frotte à ta main en ronronnant de plus bel, espérant te faire changer d'avis pour que tu restes auprès de lui. Mais ta décision est prise, tu n'as pas l'intention de reculer. Tu dois t'échapper de cette vie qu'on cherche à t'imposer au plus vite et c'est ce que tu fais. Enjambant la fenêtre, tu te laisses glisser et retombes gracieusement sur la terre ferme.

Tu jettes un dernier regard par dessus ton épaule vers l'immense demeure où tu as grandi et où tu ne supportes plus d'être enfermée. Sans plus de regret, tu fuis cet endroit, tu fuis le semblant de vie qu'on t'a imposé, tu fuis un futur que tu ne voulais pas envisager. Et tu cours, le plus loin et le plus vite possible. Tu cours vers une vie que tu espères enfin détenir entre tes mains, en avoir le contrôle complet. Tu cours vers un monde que tu n'as jamais été autorisée à découvrir. Tu cours vers l'inconnu, vers un vent de liberté qui semble faire renaître ton corps.

T'éloignant le plus possible des banlieues chics de New York, aux demeures majestueuses des familles les plus riches du pays, tu rejoins enfin le cœur de cette ville que tu ne voyais que de loin, depuis ta fenêtre. Mais aujourd'hui, tout est différent : tu y es.

Tu peux contempler de tes propres yeux les gratte-ciels vertigineux, séparés par de petites ruelles droites et quadrillées. Tu peux sentir les odeurs de charbon, d'épices et les effluves de parfum des passants qui font tressaillir l'aspect rectiligne des grands boulevards. Tu peux entendre des voix aux intonations différentes et aux accents variés, des conversations légères et d'autres bien plus sérieuses.

Émerveillée, tu ne sais plus où donner de la tête. Par plusieurs fois, tu te dis que tu dois avoir l'air ridicule, le nez levé et un sourire ébahi sur les lèvres. Mais ça t'est bien égal car pour la première fois depuis ton existence, tu te sens vivante.

Tes pas te mènent à travers une rue commerçante, tu remarques que la guerre a eu raison de plusieurs commerces qui ont été contraints de fermer, ne laissant que des devantures vides et froides derrière eux. Malgré ça, d'autres boutiques sont toujours ouvertes et n'attendent que des clients ayant envie de s'offrir un petit plaisir coupable pour se remontrer le moral en ces temps difficiles.

Tu passes devant un étalage coloré et aux senteurs printanières, où un homme d'une trentaine d'années est en train de confectionner des bouquets de fleurs. Toujours avide de découvrir le plus de choses possibles, tu restes sur place un peu plus longtemps pour contempler les fleurs. Le fleuriste finit d'ailleurs par te remarquer, il t'approche en te tendant une belle pivoine rose pâle.

- Tenez mademoiselle, une touche de couleur pour une jolie fleur telle que vous
- Oh, merci, dis-tu, un peu surprise

Tu lui fais un sourire en attrapant la pivoine et t'apprêtes à poursuivre ton chemin, mais sa main retient ton bras avec force. Son air jovial se fracture légèrement, tu l'interroges du regard et essayes de te dégager de son emprise.

- Les temps sont durs et même une belle plante n'est pas dispensée de payer
- Je suis navrée mais je n'ai pas d'argent sur moi

Tu allais lui rendre sa fleur pour ne pas t'attirer - déjà - des ennuis mais ta réponse ne semble pas du tout l'intéresser. Le fleuriste agrippe plus férocement ton bras et commence à t'attirer vers lui, son visage étant devenu brusquement menaçant.

- Et bien, on va s'arranger autrement ...

Une vague de panique te submerge, tu tentes de réfléchir rapidement à ce que tu dois faire mais tu es complètement perdue, jamais de ta vie tu n'as été dans une situation pareille. Au moment où sa main presse ta hanche, tu envisages de lui mettre un coup de poing mais tu es interrompue avant de pouvoir le faire, quelqu'un te tire en arrière et te délivre du fleuriste.

- Je crois qu'elle a été claire, elle n'est pas intéressée par votre prétendu cadeau

Tu tournes la tête vers ton sauveur et tu es surprise de voir un frêle homme blond, légèrement plus petit que toi. Malgré ce désavantage de taille, il ne semble pas du tout effrayé, au contraire. Porté par le courage, il se place devant pour te faire bouclier de son corps.

- Tu connais cette fille ? lui demande le fleuriste, hargneux
- C'est ma sœur et elle s'est encore échappée alors qu'on devait aller chez le docteur, ment-il

Le gringalet se tourne vers toi et prend délicatement ta main dans la sienne, te suppliant du regard de rentrer dans son jeu.

- Parfois, elle n'a pas toute sa tête, précise-t-il. Elle se balade sans but et oublie qu'elle ne doit pas être là

Tu comprends que jouer ce personnage va te sauver et que c'est grâce au jeune homme blond que tu as échappé au pire. Sans plus y réfléchir, tu regardes dans le vide avec un étrange sourire sur les lèvres pour représenter l'état de santé précaire décrit par ton " frère ".

- Aller, viens Jasmine ! On doit se rendre chez le docteur

Il te tire aussitôt, cherchant à vous éloigner le plus vite possible du fleuriste mais tu t'arrêtes devant un énorme tournesol de son stand, un air vague toujours sur les traits.

- Bonjour docteur, comment allez-vous ? demandes-tu à la fleur
- Non, pas ce docteur là ! Je vais t'y emmener !
- Oh merci Aladdin, je ne me souviens plus quel docteur on doit voir aujourd'hui ... est-ce que c'est celui avec les cheveux roses ?

Vous jouez vos rôles à la perfection tout en vous éloignant de la boutique de fleurs à pas énergiques, étouffant des rires. Une fois arrivés à bonne distance, vous tournez à l'angle d'une ruelle pour être sûrs de n'être plus en vue de quiconque voudrait vous importuner.

- Vous ne venez pas souvent en ville, je me trompe ? te demande le blondinet avec un sourire bienveillant
- Ça se voit tant que ça ? répliques-tu, un peu gênée

Il lâche ta main, te permettant de remettre en place le foulard autour de tes cheveux.

- J'ai grandi ici et je suis certain de ne jamais vous avoir vu auparavant. Sinon ... je, je m'en souviendrais ..., dit-il en rougissant
- C'est la première fois de ma vie que je sors de chez mon père, vous l'avez sûrement remarqué mais je ne suis pas une habituée des rues, ris-tu. Merci beaucoup au fait de m'avoir sorti de ce mauvais pas, je n'ai rien d'autre pour vous remercier que mes paroles mais je vous remercie sincèrement

Ses joues deviennent encore plus roses, un timide sourire étire ses lèvres et illumine son visage.

- Ce n'est rien, je ne pouvais pas vous laisser dans cette situation sans rien faire ..., dit-il en glissant ses mains dans les poches de son pantalon trop ample pour son corps frêle. C'est plus fort que moi, je me devais d'intervenir
- Alors vous devenez aujourd'hui mon héros, souris-tu

Son air gêné s'accompagne d'un redoublement de ses rougissements et tu te surprends à trouver cette réaction adorable. À trouver cet inconnu héroïque adorable, pour être plus exact.

- Bon, et bien je, ... je dois y aller et-

Mais le blond s'interrompt et secoue la tête, ses yeux d'un bleu splendide retrouvent les tiens.

- Non, je ne dois pas, affirme-t-il. Je m'en voudrais beaucoup trop de vous laisser seule dans une ville que vous ne connaissez pas et qui n'est parfois pas accueillante pour les jolies inconnues comme vous
- Vous me trouvez jolie ? lui demandes-tu avec un sourire en coin

Ça ne fait que quelques minutes que tu as rencontré ce jeune homme et pourtant, tu as déjà parfaitement compris comment t'y prendre pour jouer avec lui et le faire virer au rouge écarlate. Tu éclates de rire et à cet instant, tu réalises que ça ne t'était pas arrivé depuis des lustres.

- Je dois avouer que l'idée de déambuler sans vous dans cette ville ne m'attrait guère après cet incident. Acceptez-vous d'être mon guide ? Si le cœur vous en dit bien sûr, je ne veux pas vous y contraindre

Des étincelles se mettent à crépiter dans son regard tandis qu'il ne te quitte pas des yeux.

- Avec joie ! répond-il précipitamment avec beaucoup d'entrain. Je veux dire ... bien sûr, j'accepte de vous servir de guide

Sa réponse te fait très plaisir et le voir rayonné de bonheur déclenche un petit quelque chose dans ta poitrine ...

- J'ai une idée, un endroit que vous pourriez aimer ! Vous avez confiance en moi ?

Tout en te posant cette question, le gringalet te propose sa main. Ton visage se fend d'un fin sourire, et la réponse t'apparaît bien évidente.

- Oui, évidemment, dis-tu en posant ta main dans la sienne
- Alors suivez-moi !

Trop heureuse de partir à l'aventure, tu lui emboîtes le pas et le suis à travers les petites ruelles, les raccourcis discrets de New York. Ta main étroitement serrée dans la sienne, vous suivez tous deux un itinéraire bien précis que le blond a l'air de connaître par cœur. Il sait parfaitement où il va et où il cherche à t'emmener.

Après avoir tourné à l'angle d'une énième rue, il te fait monter l'escalier de service d'un immeuble immense et ne lâche toujours pas ta main même en grimpant l'impressionnant volée de marches.

- Attention à la dernière marche et ... nous y voilà

Il t'aide à monter sur le toit du bâtiment et tu comprends de suite pourquoi il souhaitait t'emmener ici précisément. Cet immeuble surplonge la grosse pomme, vous offrant une vue à couper le souffle qui s'étale à perte de vue. D'ici, New York ressemble à un véritable tableau de maître mouvant et ses alentours plus verts peuvent même être aperçus au loin.

- Wow ... c'est magnifique, t'émerveilles-tu

Rassuré que son idée te plaise, ton sauveur dont tu ignores toujours le nom souffle de soulagement et sourit une fois encore.

- Vous venez souvent ici ?
- À chaque fois que ce qu'il se passe en bas m'étouffe un peu trop ... c'est-à-dire souvent, je l'admets, rit-il. Ici, j'arrive à oublier tous mes problèmes, la guerre, la misère. Je m'évade, je refais le monde, je me pose mille fois la question « et si ? » ... tout ça ne sont que des rêves d'un homme impuissant mais rêver n'a jamais fait de mal à personne
- Je ne pourrais pas être plus d'accord avec vous ..., soupires-tu 

La façon dont tu as dit ça intrigue le jeune homme qui repose les yeux sur toi, les sourcils légèrement froncés. Ton sourire s'est envolé, tu n'en es pas moins belle mais tu as surtout l'air fatiguée.

- Vous ... vous avez dit que vous n'étiez jamais sortie de chez vous ... c'est vrai ?

Tu hoches la tête et hésites une seconde à te confier à lui. Peut-être que ça te ferait du bien de te libérer partiellement de ce poids, de te laisser un peu aller à la confidence.

Balayant du regard la splendide vue que vous offres ce toit, tu parviens à voir un minuscule point au loin et le reconnais tout de suite.

- Mon père n'a jamais voulu que je sorte de sa demeure, expliques-tu en pointant du doigt l'endroit en question
- Demeure ? Vous êtes de sang royal ? plaisante-t-il
- Et bien, quasiment

Le gringalet s'arrête de rire aussitôt et te dévisage, à la fois impressionné et avide d'en savoir plus sur toi.

- C'est pour cette raison qu'il n'a jamais voulu que je sorte du manoir, il était bien trop occupé avec les affaires et m'a empêché de vivre ma vie en m'offrant une éducation stricte. Apprendre à être une dame de bonne famille occupait toutes mes journées, j'ai rarement eu l'occasion de faire ce que je voulais. Et à présent, la guerre a éclaté en Europe et mon père veut assurer ses arrières ainsi que les miennes. Depuis des mois, il charge son majordome, Jafar, de trouver tous les jeunes hommes bourgeois trop précieux pour avoir été envoyés au combat dans l'espoir que je me marie au plus vite

À cette pensée, une vague de rage court dans tes veines et te fait fulminer intérieurement.

- J'ai repoussé tous ces prétendants et ça n'a pas plus à mon père, de nombreuses disputes ont survenu à ce sujet. Si je veux me marier, je veux que ce soit par amour et non pas parce qu'il est riche et qu'on ne me laisse pas le choix. J'ai si souvent rêvé de m'échapper de cet endroit, de m'envoler sur un tapis volant et de quitter ces lieux qui m'étouffaient. Et aujourd'hui, je l'ai fait
- Vous avez été très courageuse, te complimente le blond
- Mon seul regret est d'avoir laissé mon chat derrière moi, ajoutes-tu sur un ton plus léger

Il se met à rire en ne te quittant pas des yeux. Le paysage autour de vous est pourtant magnifique mais la seule vue qui semble l'intéresser, c'est toi.

- Et vous, quelle est votre histoire ? l'interroges-tu avec un sourire
- Oh, rien de bien intéressant, souffle-t-il en se passant nerveusement une main dans les cheveux
- Je suis sûre du contraire
- Et bien, j'essaye d'intégrer l'armée par tous les moyens possibles parce que je ne supporte pas d'être inutile ici alors que des hommes font don de leur vie en Europe. Mais ma santé m'en empêche et je suis condamné à rester ici, à n'être personne ...
- C'est faux, vous n'êtes pas personne, le contredis-tu en lui prenant la main. Sans vous, j'aurais eu de sérieux ennuis aujourd'hui. Vous avez le cœur d'un héros, ne minimisez pas votre courage. Rappelez-vous, vous êtes mon héros du ... d'où vient mon héros au fait ?

La tête penchée pour observer vos mains jointes, il redresse le regard et te répond :

- Brooklyn. Je ne suis qu'un petit gars de Brooklyn, avec des rêves plein la tête
- Et de quoi rêve un petit gars de Brooklyn ? Si vous aviez une lampe magique, quels seraient vos trois vœux ?

Il hausse les sourcils en inspirant profondément, réfléchissant à ta question.

- En premier, je demanderai probablement de me débarrasser de mes problèmes de santé. En deuxième, je voudrais que la guerre cesse. Et ensuite ... je ... je rêve souvent de trouver la bonne partenaire mais je crois-

Il s'interrompt, fixant successivement vos mains et tes yeux brillants. La suite de sa phrase demeure en suspension mais lui sait parfaitement ce qu'il voulait dire. Ses joues s'enflamment violemment, il a soudain un peu de mal à respirer et se demande s'il ne va pas faire une crise d'asthme sous ton nez.

- On devrait ... on devrait redescendre
- Je vous suis

Comme à l'aller, vous redescendez l'escalier de service, main dans la main. Tel le gentleman qu'il est, il t'aide à enjamber la dernière marche et l'urgent besoin de te dire son nom le tenaille :

- Au fait, je m'appelle-
- Plus un geste ! Ne bougez pas ! vous ordonne une voix forte

En vous détournant l'un de l'autre, vous remarquez que cinq policiers braquent vos armes sur vous et marchent à pas lents à travers la ruelle.

- Ils viennent pour vous ? Ils viennent pour moi ? vous demandez-vous d'une même voix
- Oh ils viennent sûrement pour moi, je suis désolée de vous avoir mis dans cette situation ..., t'excuses-tu

Mais à ta grande surprise, deux policiers s'approchent du blondinet et commencent à le menotter.

- Vous êtes en état d'arrestation

Un troisième policier range son arme, tu le remarques à peine tant tu es concentrée sur ton héros en mauvaise posture.

- Et vous, on va vous ramener chez vous, dit l'homme en t'attrapant par le bras
- Je vous demande pardon ? rétorques-tu sèchement. De quel droit faites-vous ça ?
- Désolé mademoiselle mais nous sommes sous les ordres de Jafar

Tu écarquilles les yeux, furieuse et apeurée de les voir emmener ton compagnon de la journée.

- C'est sous ses ordres que vous emmenez cet homme ?
- Bien sûr, mademoiselle
- Alors relâchez-le sur le champ, il est innocent
- On ne peut pas, les ordres sont clairs

Tu as horreur de ça, te sentir complètement impuissante alors qu'ils emmènent le gringalet de force dans une voiture de police.

Il ne te reste plus qu'une solution : retourner chez toi pour avoir une petite conversation avec ton père ainsi que son majordome ...

*****
La dernière partie en lien avec un Disney datait alors voici mon interprétation d'Aladdin !

J'espère que c'était réussi parce que j'ai bien envie de faire une suite 😉

Hier, Marvel a sorti la première bande-annonce de She-Hulk :

Ça a l'air sympathique, sans casser trois pattes à un canard mais ça m'a l'air au moins distrayant.

Ce qui me refroidit un peu, ce sont les effets spéciaux que je trouve moches ... franchement, on dirait pas un peu Shrek et Fiona ? 😂

Mais l'histoire a l'air assez cool, sans grande prétention mais peut-être que ça sera très bien !

( passer derrière Moon Knight va être compliqué de toute façon 😅🙈 )

Et vous, vous avez hâte pour cette série ?

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