𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝗺𝘂𝘀 𝗟𝘂𝗽𝗶𝗻.

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans les bras l'un de l'autre, à sangloter en riant contre l'épaule tremblante qui nous enlaçait. De longues minutes. De longues heures, peut-être. Comment savoir ?

Puis, sans prévenir, Sirius me lâcha. Doucement. Il se recula d'un pas et me fixa, le regard presque fuyant, les yeux brillants de larmes.

⸺ Bon. Que... que fait-on maintenant ? bredouilla-t-il.

Je pris mes mains dans les siennes et entrelaçai nos doigts. Son sourire timide à mon égard me fit rougir, et je sentis aussitôt mon cœur tambouriner dans ma poitrine.

⸺ Maintenant, on ne se quitte plus. Maintenant on s'aime, peu importe ce qu'en pensent les autres !

Il baissa le regard.

⸺ Malgré tout ce qu'on pourra dire, le regarde des autres nous bloquera à un moment où à un autre, 'mus. Mes parents n'accepteront jamais que je vive mon amour avec une personne de Sang-Mêlé, et encore moins un garçon. Ils n'en ont que pour la descendance des Sang-Pur, et bla, bla, bla. On dirait qu'ils veulent ruiner ma vie.

Je serrai mes mains dans les siennes et lui adressai un sourire éclatant.

⸺ Tu n'es pas ta famille, Sirius. Ils ne peuvent pas t'empêcher d'aimer. Ils ne peuvent pas s'y opposer, parce que l'amour est plus fort que la haine, tu m'entends ? Je sais que ce que je dis est horriblement mièvre, mais c'est comme ça. 'faut pas avoir peur de vivre.

⸺ On ne se quittera plus jamais, pas vrai ? bredouilla-t-il en se rapprochant de moi.

Ç'avait beau être l'attente d'une promesse d'enfance, ses mots créèrent un lever de soleil à l'intérieur de moi. Sans lâcher ses mains, je me rapprochai de lui et approchai mes lèvres de son oreille pour lui murmurer d'une voix réconfortante :

⸺ Je te le promets, Sirius. On ne se quittera plus jamais.

Je devinai son sourire.

⸺ Bon, il faudra bien se séparer quelques fois, par exemple pour aller aux toilettes ou pour aller prendre notre douche... ou bien tout simplement quand je me retrouverai en retenue.

Je laissai échapper un petit rire et lâchai ses mains pour le serrer dans mes bras.

⸺ Tu es bête, Sirius... tu sais bien que je ne parlais pas au sens littéral.

⸺ Je sais. En revanche, à part pendant les moments où il sera nécessaire d'être séparés, je compte bien passer le reste de ma vie à tes côtés. Je sais qu'il est peut-être un peu tôt dans nos vies pour tenir ce genre de discours, mais en attendant, je le pense.

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⸺ Bon, les amoureux, je sais que c'est censé être mignon, mais si vous pouvez m'épargner le spectacle des regards discrets niveau zéro, je vous en serai reconnaissant. Disons que ça me rappelle un peu l'insulte que Lily m'a lancé cet après-midi quand je lui ai fait des avances.

Sirius serra ma main sous la table et étouffa un rire.

⸺ Laisse-moi deviner : tu les lui as faites après avoir ridiculisé Servilus ?

⸺ On peut voir ça comme ça.

⸺ Eh bien, sans vouloir être désagréable, cela ne m'étonne pas vraiment qu'elle ait refusé. Servilus est son « ami ». Son merveilleux ami qui la comprend parfaitement parce qu'il a subi autant qu'elle, et patati, et patat.

⸺ Merci beaucoup pour ton soutien, Sirius, ricana James en lui lançant un regard blasé.

⸺ Mais de rien, le salua son camarade.

Peter retint un rire tandis que je souriais. Pourquoi donc les discussions de James et Sirius finissaient toujours en scènes de théâtre pleines d'exagération et de mimes grandiloquents ?

⸺ Bon, en passant, même si vous êtes tous les trois complètement amourachés d'une personne, je vous ferai remarquer que moi, je suis seul. Si vous pouviez éviter de parler uniquement d'amour devant moi, ce serait fort sympathique, fit remarquer le jeune Pettigrow avec un sourire.

⸺ Peter, Peter, Peter, Peter ! fit James d'un air dramatique en levant les mains au ciel. Laisse un peu ces deux jeunes gens vivre leur relation, cela ne fait que trois jours qu'ils sont ensemble.

⸺ C'est tout à fait exact, sourit Sirius avant de me faire un bisou sur la joue, ce qui eut l'exaspérant don de me faire rougir. Trois jours merveilleux.

Je lui adressai un regard joyeux, avant de lui murmurer à l'oreille :

⸺ Je t'aime beaucoup, mais, si tu pouvais arrêter d'étaler ton amour pour moi devant nos amis, je t'en serais très reconnaissant.

⸺ Entendu, sourit-il en me lâchant la main.

Le reste du repas se passa sans problème. Je sentais notre groupe d'amis plus soudé que jamais, et il n'y avait aucune raison pour que cela change. Je voyais mon futur comme une succession de joie et de bonheur, aux côtés de l'homme de ma vie.

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⸺ Remus... puis-je venir ? Je sais que c'est la pleine lune dans moins d'une semaine, et je voulais savoir comment tu te sentais...

Je relevai la tête et retins un sourire.

⸺ Oui, entre !

Le jeune Gryffondor ouvrit la porte de la salle de bain, les cheveux en bataille.

⸺ Avez-vous fini votre bataille de polochon avec James et Peter ? demandai-je en lui déposant une bise rapide sur la joue, hésitant.

C'était comme ça entre nous : nous ne nous étions toujours pas embrassés, et je ne savais pas quand est-ce que cela arriverait. Pour l'instant, notre relation me suffisait. Je savais qu'il m'aimait, il savait que je l'aimais. Pas besoin de baisers pour nous le prouver. Laissons donc cela aux grandes personnes ennuyeuses.

Je le vis rougir légèrement quand son regard s'attarda sur mon torse encore nu, et je lui donnai alors une tape sur le bras.

⸺ Arrête donc de me fixer comme cela, tu me mets mal à l'aise ! ricanai-je tandis qu'il faisait semblant de tomber au sol en souffrant comme s'il avait reçu un coup de poignard.

⸺ Promis, j'arrête !

Il se releva et vint derrière moi tandis que je me brossais les dents devant le miroir. Il passa ses mains autour de ma taille et posa son menton contre mon épaule.

Je finis de me rincer la bouche puis tournai la tête vers le jeune Black pour observer son regard. Ses yeux étaient si beaux, quand on les regardait attentivement... il y avait en sa rétine une lueur bienveillante qui faisait s'accélérer les battements de mon cœur dès que je croisais son regard.

⸺ Quand tu nous vois, là, dans le miroir, que vois-tu ? demanda abruptement Sirius avec un soupir.

Je tournai la tête et observait notre reflet. Je me voyais, moi, le visage heureux et illuminé de bonheur, pour la première fois depuis ma petite enfance. Je me voyais moi, en élève de Poudlard, faisant partie de la Maison du courage. Je le voyais lui, souffrant d'habitude à cause de sa famille et s'en protégeant grâce à son masque d'humour, sourire sincèrement. Je le voyais lui, mon copain. Mon petit copain. Je ne revenais toujours pas du fait que je puisse appliquer ce terme à Sirius Black, ce garçon si parfait. Je le voyais lui, un garçon formidable avec qui je pourrais passer le restant de mes jours.

Je voyais tant de chose dans ce reflet. Et pourtant, tout ce que je trouvai à dire en cet instant fut :

⸺ Je vois deux garçons que la vie essaie de briser, mais qui pourront affronter toutes les épreuves de la vie. Car ensemble, on peut tout réussir. Car à deux, les sentiments se transformeront en bouclier face au regard des autres. Car notre amour est sincère. N'est-ce pas ?

J'avais écrit ces quelques lignes dans un de mes poèmes.

⸺ Je t'aime, Remus, déclara le jeune Gryffondor en souriant à mon reflet. Je t'aime. Tu es une personne géniale. Enfin, tu le serais encore plus si tu n'étais pas aussi sévère avec ces deux pauvres enfants en bas-âge que sont James et Peter, mais il faut leur laisser le temps de grandir et d'expérimenter les bêtises idiotes qu'ils font, les pauvres.

J'aurais pu lui répondre par une remarque sarcastique et pleine d'humour, mais je me contentai de lever les yeux au ciel en riant doucement.