𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝗺𝘂𝘀 𝗟𝘂𝗽𝗶𝗻.

L'aube venait de percer les carreaux voilés de la fenêtre du dortoir, et un timide rayon de soleil se créait un chemin jusqu'à la moquette de la pièce. Tout courbaturé, j'ouvris doucement les yeux avant de les refermer, ébloui par les premières lueurs du jour qui commençaient à éclairer l'étroite chambre. Enfin, je me tournai vers ma gauche pour voir les garçons : ils étaient encore tous endormis. Mon regard passa de James à Peter, puis de Peter à Sirius sans que mon émotion ne change. Puis soudain, un malaise me prit le cœur.

⸺ Merde ! pestai-je en silence, me rappelant la promesse que j'avais été contraint de faire à au jeune Black durant la nuit. 

Mais, par Merlin, qu'est-ce que j'avais été bête ! Pourquoi donc avais-je accepté si vite sa demande ? Pour quelques paroles empreintes d'émotions ridicules et de bonne volonté, j'avais donc cédé ? Je n'étais qu'un idiot, j'allais les mettre en danger – si ce n'était pas moi que je mettais en danger – en leur faisant une telle confidence.

J'entendis Sirius grogner en rabattant les couvertures au-dessus de sa tête, et ce bruit étrange me tira de ma torpeur de réflexion avec une véhémence un peu trop craintive à mon goût. Sans réfléchir, je me levai avec rapidité en prenant mes vêtements, avant de me diriger vers la salle de bain du dortoir pour prendre ma douche, le plus vite possible. Contrairement à d'habitude, je ne pris pas le temps de savourer la sensation de l'eau coulant sur ma peau à nue, ni de sentir le nouveau gel douche déposé là par les Elfes de Maison pour démarrer la journée d'un bon pied. Après seulement deux minutes, je ressortis de la douche et m'habillai d'un pantalon noir et de souples chaussures de la même couleur. Je soulevai le reste de la pile de vêtements, énervé.

⸺ Oh non ! Mais ce n'est pas possible !

Je n'avais pas pris la chemise de mon uniforme, seulement la veste et la cravate rayée rouge et or. Je sortis donc de la pièce pour aller chercher le vêtement dans mon dortoir. Quand j'ouvris la porte, essayant de ne faire aucun bruit, je priai silencieusement pour qu'aucun des garçons ne soit réveillé. Malheureusement...

⸺ Salut, Remus.

Cette foutue porte s'ouvrit sur un Sirius à l'air fatigué, les cheveux en bataille, mais à l'air résolu. Je sursautai un peu trop vite, ne m'étant pas attendu à le voir là en cet instant.

⸺ Salut, Sirius, finis-je par répondre d'une petite voix après avoir pris conscience de l'air bête que je devais afficher.

Je me dirigeai vers mon lit pour prendre ma chemise, puis repartis vers la porte pour ressortir de la chambre. Mais conformément à ce à quoi je m'attendais, Sirius me barra la route. Son expression faciale respirait un sentiment farouche un peu surjoué.

⸺ Doucement, Remus. Je ne vais pas te laisser fuir de cette manière. Tu vas d'abord honorer ta promesse. Tu t'en souviens ?

Je me détournai en grognant, avant de me retourner vers lui. Il avait un pantalon de jogging et des socquettes noires, et était torse nu en raison de la chaleur du mois de septembre. Il avait d'ailleurs la marque du drap imprimée sur son bras. C'était un détail qui offrait un élément burlesque à l'ensemble. Sirius avait toujours été le plus grand et le plus avancé physiquement de nous quatre, mais je n'avais jamais remarqué ses épaules qui commençaient à s'élargir et au déséquilibre que cela causait avec ses jambes fines. À observer, ce n'était pas désagréable, je devais bien l'avouer. Mes pensées se moquèrent de moi : que disais-je, encore ?

Oh, Merlin, mais je divaguais complètement ! Je repris mes esprits et essayai de forcer le passage. C'est que j'avais froid et à m'habiller, moi !

⸺ Ce soir, Sirius. Ce soir. Promis.

Il grogna. Décidément, ajouté à son regard préoccupé, je ne pouvais nier qu'il avait l'air d'avoir réellement envie de m'aider.

Et c'était bien la première fois que quelqu'un s'attachait à moi.

⸺ Tu ne pourras pas me fuir indéfiniment, Remus. Je ne fais pas cela pour t'embêter, je souhaite simplement t'aider. Fais-nous confiance, s'il te plaît. On se repose toujours sur toi quand on a des problèmes. Il serait injuste de ne pas te rendre la pareille, ne crois-tu pas ?

⸺ Aucun de vos problèmes n'est aussi gros que le mien. Je ne ferais que vous mettre en danger, lui assurai-je d'un ton morne.

⸺ Et alors ? On est amis, non ? À quoi ça sert les amis, sinon te soutenir et t'aider ?

Je soupirai en passant la porte. Mais avant que je parte, Sirius posa sa main sur mon épaule, et je ressentis quelques frissons. Argh ! Par Merlin ! Elle était glaciale !

⸺ Ce soir, Remus. Pas demain. Pas après-demain. Ce soir. Dis-nous tout ce soir.

⸺ Pourquoi tiens-tu tant à m'aider ? demandai-je, anxieux et agacé.

Sans répondre, le jeune Black enleva sa main de mon épaule puis s'effaça.

⸺ À ce soir, petite personne muette.

Il referma la porte en me laissant dans le couloir, sans réponse.

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⸺ Monsieur Lupin ! tonna la voix sèche et cassante du professeur McGonagall. Êtes-vous avec nous ?

Je relevai la tête, interloqué de m'être laissé aller à me concentrer sur mes pensées plutôt que sur le cours de Métamorphose.

⸺ Hein ? Heu... oui, oui madame, excusez-moi.

J'entendis quelques rires et je rougis. Il faut dire que c'était la première fois que je me faisais réprimander par un professeur, j'avais toujours été vu comme « l'intellect chouchou de l'équipe enseignante » par les autres élèves.

⸺ Vous viendrez me voir à la fin du cours, m'ordonna ma professeure, catégorique, visiblement décidée à me faire payer ce moment d'inattention.

⸺ Oui, professeur McGonagall, répondis-je en baissant la tête, histoire de ne pas plus me faire remarquer – ce qui n'aurait pas été très intelligent.

Elle reprit son cours en me toisant d'un regard sévère.

⸺ Alors, Lupin, tu passes d'intellectuel choyé des professeurs à victime quelque peu dans la lune ? Ouh, mais c'est que c'est un rebelle, le petit Remus, ricana un Serpentard en me tapant dans le dos depuis sa place, derrière moi.

Je ne relevai pas l'idiotie manifeste, mais Sirius, à ma droite, se retourna en crachant :

⸺ Si tu ne te la fermes pas, c'est toi qui vas devenir une victime ! Victime de mes poings vengeurs. J'y veillerai. Sois-en sûr. Personne n'a le droit de traiter mes amis de cette manière.

Le Serpentard et son groupe le regardèrent en ricanant – ils avaient tous l'air de belettes malades –, et j'attrapai le bras de Sirius pour l'empêcher d'aller plus loin : il visait les quatre garçons avec un regard meurtrier et semblait prêt à les étrangler. Il fallait vraiment qu'il se calme.

⸺ Sirius, arrête, il n'en vaut pas la peine... s'il te plaît. Suis le cours ou c'est toi qui vas avoir des ennuis.

Mon ami me repoussa sans vraiment m'écouter tandis que le Serpentard – accompagné des rires de son groupe de belettes – continuait :

⸺ Tu vois, même ton petit ami te dit de te calmer... Allez, arrête de me regarder avec ces yeux-là ! On dirait un Scroutt à Pétard !

⸺ La ferme ! cria Sirius.

Soudain, le silence se fit dans la classe, et je vis que tout le monde regardait le jeune Black. Mcgonagall toussota.

⸺ Que se passe-t-il ? N'avez-vous pas fini de déranger la classe ? Black, Stebbins, vous aurez une heure de retenue chacun.

⸺ Mais... commençai-je.

⸺ UNE HEURE DE RETENUE CHACUN ! hurla la professeure de Métamorphose. J'enlève également cinq points à Gryffondor et à Serpentard pour avoir dérangé la classe. Vous pourrez remercier messieurs Black et Stebbins. J'espère d'ailleurs qu'ils sont fiers d'eux. Assez chahuté comme cela, maintenant je reprends mon cours et gare à celui qui l'interrompra de nouveau !

Elle reprit sa litanie sur les bases fondamentales de la métamorphose tandis que je chuchotais :

⸺ Sirius, il ne fallait pas réagir comme cela... tu viens d'avoir une retenue alors que cette histoire ne te concernait même pas !

⸺ Bien sûr que si. Tout ce qui touche à mes amis me concerne.

Il se retourna vers sa feuille et je crus l'entendre murmurer « surtout quand ça te concerne toi, espèce d'idiot », mais sans doute avais-je rêvé.

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⸺ Vous vouliez me voir, madame ? demandai-je timidement en me dirigeant vers ma professeure de métamorphose tandis que le reste des élèves sortait de la salle de classe en bavardant joyeusement.

Je me sentais intimidé par elle après le fait qu'elle ait hurlé sur deux élèves durant son cours.

⸺ Oui, Lupin, me répondit-elle, lasse. Que se passe-t-il ? Avez-vous des problèmes ? Cela ne vous ressemble pas de manquer de vous assoupir en classe ! La pleine lune est passée il y a une semaine, vous ne devriez pas non plus être fatigué par cela.

⸺ Ce n'est rien, madame. Je vous demande pardon, j'ai seulement eu une insomnie cette nuit. Je suis épuisé par cela.

Sur ce mensonge, je pris mes affaires et sortis en courant de la salle, fortement anxieux. Avait-elle compris que je lui mentais ? J'en étais très incertain.