VIII. Infirmerie
𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝗺𝘂𝘀 𝗟𝘂𝗽𝗶𝗻.
⸺ Mph...
Mon corps entier n'était plus que douleur. C'était la même chose qui se répétait à chaque pleine lune : plus je grandissais, plus je m'infligeais de dégâts.
Avec beaucoup d'efforts, j'ouvris doucement les yeux, et vis peu à peu le décor de la cabane délabrée devenir plus net. J'essayai de bouger un peu, avant de me rappeler les cordes qui entravaient chacun de mes mouvements. Visiblement, ça ne m'avait pas empêché de me blesser. D'un air las et épuisé, je soufflai :
⸺ Perdu...
Ce mot résumait assez bien ce que j'étais en ce moment-même. Enfin, non, j'irai plus loin encore. Ce mot était moi actuellement.
Obéissant à ce mot, les cordes retombèrent par terre dans un bruit sourd. Je restai assis quelques instants sur le sol pour me permettre de me réveiller. Mon dos, mes épaules et mes jambes me faisaient souffrir. J'étais affaibli et je n'osai même pas jeter un œil ma peau couverte d'une multitude de griffures. Je sentais mon épiderme me tirailler, les nombreuses griffures que je m'étais infligées picoter à l'air libre.
Après quelques minutes de reois, je posai ma main au sol pour me relever. Mais je retombai aussitôt au sol avec un cri : plusieurs plaies s'étaient rouvertes et je saignais. Mon dos me faisait souffrir et j'avais une longue griffure me traversant le torse. Mes jambes étaient rougies et j'avaient plusieurs croûtes fraîchement formées. Comme je le faisais à chaque fois pour me permettre d'évacuer le trop-plein d'émotions qui me submergeait et me noyait, je laissai des larmes dévaler sur mes joues sous le coup de la douleur, avant d'essayer de me relever une nouvelle fois. Je dus me retenir sur le rebord du mur pour ne pas tomber. La tête me tournait fortement.
Après m'être stabilisé, je me dirigeai d'un pas chancelant vers mon sac de vêtements, et j'enfilai un caleçon, un t-shirt, un jogging, des chaussettes et des baskets, puis je sortis de la pièce sans demander mon reste, conscient que cette cabane allait devenir le lieu de mes pires cauchemars.
⸺ Oh !
Une exclamation horrifiée retenus mon attention, et je relevai difficilement la tête. Avant même que je ne puisse dire un mot, Mme Pomfresh se précipita vers moi en s'écriant :
⸺ Mon petit, vous êtes gravement blessé ! Je ne m'imaginais pas que vous étiez puissant à ce point en tant que loup-garou lorsque Dumbledore m'a confié la mission de venir vous chercher ! Venez, suivez-moi, je vous emmène à l'infirmerie. Vous devrez y rester la journée et durant tout le week-end. Non négociable au vu de l'ampleur de vos blessures.
Trop d'informations d'un coup. Trop. Trop. Trop. Stop.
⸺ Tout le week-end ? réussis-je à articuler d'une voix faible. Mais madame...
⸺ Inutile de protester. Vous êtes bien trop blessé pour que je vous laisse dans le château.
⸺ Et pour les cours d'aujourd'hui ?
⸺ Je chargerai tes amis de vous les apporter. Qui sont vos camarades de chambre ?
⸺ Sirius Black, James Potter et Peter Pettigrow, répondis-je sans parvenir à réfléchir de manière concrète, plutôt fâché de ne pas pouvoir avoir champ-libre ce week-end.
⸺ Bien, je leur demanderai de vous donner les devoirs et les leçons.
Suite à ça, elle se tut et me fit sortir du couloir avec de grands gestes saccadés, tandis que je ruminais silencieusement derrière elle. Le jour allait bientôt se lever, et Mme Pomfresh s'empressa de me faire entrer dans l'infirmerie. Ses regards inquiétés m'ahurissaient. Je détestais qu'on me fixe avec pitié.
⸺ Allongez-vous dans ce lit et attendez-moi, je reviens avec pansements, bandages et crèmes.
J'obéis et m'allongeai avec quelques difficultés sur le petit matelas qu'elle me désigna. Étant donné je n'avais rien à faire, je regardai le plafond en tentant sans trop de succès de ne pas penser à l'engourdissement de mon corps. Après quelques minutes à m'impatienter, Mme Pomfresh revint et me tendit deux pots remplis à ras-bord. Le premier contenait une épaisse crème blanche, et l'autre d'une espèce de gelée bleue.
⸺ Mettez-vous en sur toutes vos griffures et blessures. D'abord la blanche, puis la bleue juste après l'avoir étalée la première. Attendez que ça sèche puis appelez-moi. Voulez-vous que nous prévenions vos amis que vous vous trouvez à l'infirmerie ?
⸺ Oui, s'il vous plaît, reniflai-je en sentant mes muscles se contracter douloureusement en attrapant le pot, essayant de retenir des larmes brûlantes.
⸺ Bien, j'envoie un mot au professeur McGonagall.
J'acquiesçai, puis refermai mes rideaux. J'enlevai mon t-shirt et commençai à me passer la crème. C'était glacé ! Tout bonnement glacé ! Je m'en passai sur les bras puis je commençai à m'en passer sur ma jambe droite, largement plus meurtrie que ma jambe gauche. Je grimaçai en voyant que l'effet n'était pas immédiat jusqu'à ce que j'entende trois cris :
⸺ Où est-il ? On veut le voir !
⸺ Où est Remus ?
⸺ Oui, où est-il ?
Les garçons. J'entendis juste un cri indigné de Mme Pomfresh, puis des bruits de pas courir vers ma direction.
⸺ Remus, tu es là ? demanda James d'une voix tendue.
⸺ Oui, je suis là, répondis-je sans trop réfléchir de ma voix fluette.
Le jeune Potter, sans plus attendre, ouvrit mes rideaux. Je n'eus pas le temps de me cacher que Peter s'immobilisait, que James me regardait d'un air incrédule et que Sirius rougissait avant de grimacer fortement. Il fut d'ailleurs le premier à réagir : il se précipita vers moi et s'agenouilla devant mon lit en bégayant, tel un parent devant son petit protégé.
⸺ Remus, que s'est-il passé ? Je... qui... Remus, réponds ! Où... où étais-tu ?
Je grimaçai et baissai les yeux. Je n'eus pas vraiment d'autre choix que de mentir.
⸺ Je suis allé voir ma mère malade.
⸺ Oh, je suis désolé... lâcha James en s'approchant à son tour. Je... on en parlera une prochaine fois, veux-tu ? Là, tu es blessé, c'est le principal de savoir ce qu'il t'est arrivé.
⸺ Je ne souhaite pas le dire, je répondis, complètement paniqué. Là, je suis fatigué, j'ai besoin de me reposer.
⸺ Remus, dis-nous d'abord ce qu'il se passe. C'est un élève de Poudlard qui t'a fait cela ? Dis-le-moi et je lui fais sa fête.
⸺ Non, Sirius, ce n'est pas un élève de Poudlard. Laissez-moi dormir, s'il vous plaît. On en parlera plus tard.
James et Sirius secouèrent énergiquement la tête, tandis que Peter, essayant de venir à mon secours, balbutiait :
⸺ Les garçons... on pourrait peut-être le laisser, non ? Il n'a pas l'air bien... à quoi cela sert-il de lui forcer la main ?
Ils ne répondirent rien. Rien du tout. Rien e plus qu'un silence déchirant, accompagné d'un regard inquiet.
⸺ Les garçons, écoutez Peter, s'il vous plaît. On discutera plus tard.
Je leur adressai mon regard le plus implorant – et le plus pathétique. Je crus qu'ils ne moufteraient pas, mais, finalement, James finit par se lever en me souriant d'un air compatissant.
⸺ Si tu échanger avec nous, n'hésite pas à nous le dire, à nous laisser un mot. Je vois bien que tu n'es pas prêt à en parler, je respecte ton choix. Mais si tu as besoin de te confier, je veux que tu saches que moi, Peter et Sirius nous sommes à ton écoute, d'accord ?
⸺ Merci, James.
Les deux garçons s'éloignèrent, jusqu'à ce que je me rappelle que Sirius se trouvait toujours là, à me fixer comme si j'étais une poupée de porcelaine qui venait de se briser.
⸺ Bon, Rem'... je sais que seul j'ai d'autant moins de chance de te tirer les vers du nez... mais en tous cas, si tu veux parler, je suis là. Je sais bien qu'on ne se connaît que depuis une semaine et que cela peut te paraître compliqué de nous vouer une entière confiance, surtout au vu de notre caractère farceur à James et moi, mais j'aimerais vraiment que nous soyons amis. Je ne voudrais pas te presser à me dire ce qu'il se passe maintenant, mais garde à l'esprit que tu peux me faire confiance. D'accord ?
Un regain de chaleur de réconfort enfla dans ma poitrine.
⸺ D'accord. Je te fais confiance, Sirius. Mais pour l'instant, c'est juste trop tôt pour vous en parler.
⸺ Je comprends. Mais je serai toujours à ton écoute, d'accord ?
⸺ Oui, merci.
Il me sourit, se leva puis s'en alla après m'avoir jeté un dernier regard. Je restai quelques secondes à naviguer dans mes pensées avant de continuer à m'appliquer les baumes glacés sur mes blessures.
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