VII. La (future) Cabane Hurlante

𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗥𝗲𝗺𝘂𝘀 𝗟𝘂𝗽𝗶𝗻.


⸺ Remus, ça suffit ! Arrête de nous fuir et explique-nous pour de bon ce que te voulait Dumbledore ! grogna James alors que je tentai de sortir de la pièce en passant à côté d'eux.

Je baissai la tête, nerveux.

⸺ C'est personnel...

⸺ Remus, nous sommes amis, non ? Que se passe-t-il ? Si tu as un problème, dis-nous, fais-nous confiance un peu ! grimaça à son tour Sirius.

⸺ Nous ne nous connaissons pas depuis assez longtemps pour que je puisse vous considérer complètement comme des amis. Il faut du temps pour construire une relation, vous savez. Et puis, je vous fais confiance... c'est juste que... c'est personnel.

⸺ Tu es au courant que c'est contradictoire ce que tu nous dis là ? fit remarquer Peter, aussi décidé que Sirius et James à me tirer les vers du nez.

S'en suivit une grande insistance des garçons, à laquelle je me refusais à répondre. Finalement, Peter abandonna et alla se doucher, suivi de James. Sirius soupira.

⸺ Bon, je suppose que seul j'aurai d'autant moins de chance de savoir ce qu'il se passe... si tu veux m'en parler, je suis là, d'accord ? C'est tout ce que je te demande de retenir.

Je baissai la tête et allai m'asseoir sur mon lit sans lui répondre, vexé de l'insistance dont ils avaient fait preuve. Suivant mon mouvement, Sirius s'approcha de moi et me prit par l'épaule, ne voulant pas abandonner la partie.

⸺ D'accord ?

Je pris sa main et l'enlevai de mon épaule ; cela me mettait mal à l'aise. Le concept d'avoir des amis était tout nouveau pour ma personne et mes parents n'avaient jamais été très tactiles avec moi... Je n'avais pas l'habitude, c'était tout. Je relevai la tête et plongeai mon regard dans celui de Sirius pour lui démontrer ma sincérité.

⸺ D'accord, Sirius.

Il me sourit, se leva, disparut dans la salle de bain pour aller prendre une douche. Je me recroquevillai, ma couette légère semblant peser une tonne sur mes épaules tremblantes. Je restai là, à fixer le coin du mur, sans parvenir à trouver le sommeil. Mes camarades allaient-ils m'en vouloir de ne pas m'être confiés à eux ? Oh, mais ils me détesteraient d'autant plus fort si je leur disais la vérité !


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Sɪx ᴊᴏᴜʀs ᴘʟᴜs ᴛᴀʀᴅ...


⸺ Monsieur Lupin, voulez-vous bien me suivre s'il vous plaît ?

Je me levai avec difficulté de ma chaise de classe pour rejoindre le professeur McGonagall sur le pas de la porte. James me donna une tape dans le dos pour me donner son soutien, Peter m'adressa une grimace ressemblant à un sourire et je tournai finalement la tête vers Sirius avant de partir. Il ne fit rien, pas un geste, il se contenta de me regarder d'un air sévère. J'attrapai mon sac et sortis, anxieux. Ils m'en voulaient. Aussitôt que la porte de la salle de classe se fut fermée derrière moi, la professeure de Métamorphose adoucit un peu son regard sévère.

⸺ Tu m'as l'air fatigué, Remus, constata McGonagall d'une voix aigre. Je sais que cela doit être éprouvant pour toi mais c'est une raison de plus pour profiter des bienfaits du sommeil ! Y a-t-il quelque chose qui te tracasse ?

Je baissai la tête.

⸺ Eh bien... disons que j'ai l'impression que mes amis sont fâchés contre moi. J'ai refusé de leur donner la raison de ma convocation chez le professeur Dumbledore, et, depuis, ils agissent bizarrement...

⸺ Vous ne leur avez même pas raconté le mensonge que nous avions mis en place en cas d'éventuelles questions indiscrètes ? Cela sert à ça !

⸺ Non... je leur ai simplement dit que c'était personnel. Je ne tiens pas à leur mentir, vous comprenez ?

Sans trop savoir quoi répondre, McGonagall fit claquer sa langue, renifla silencieusement puis m'accompagna jusque dans la salle commune des Gryffondors. Avant que j'entre dans mon dortoir, elle me demanda une nouvelle fois :

⸺ Es-tu sûr qu'il n'y a-t-il pas autre chose qui te tracasse ?

Je marquai une pose puis me retournai vers elle.

⸺ Si... disons que je suis ami avec mes camarades de dortoir. Seulement, James et Sirius sont très proches. Ils m'ont inclus dans leur groupe mais ne parlent presque jamais à Peter... Peter que je considère comme un ami. Cela me dérange de les voir faire comme s'il n'existait pas ou d'éviter de lui adresser la parole. J'aimerais bien le faire se rapprocher d'eux, qu'on puisse former un quatuor mais je ne sais pas comment m'y prendre. J'aimerais simplement cesser de faire le pont entre James, Sirius et lui !

⸺ Remus, tu t'inquiètes pour tes amis, c'est le signe que tu as un grand cœur, m'assura McGonagall avec un de ses rares sourires. Tu m'as l'air d'être un garçon avec une intelligence et une empathie assez développées, je n'ai aucun doute sur le fait que tu réussiras. Si tu veux un conseil, parles-en à messieurs Black et Potter d'abord, sans monsieur Pettigrow.

⸺ D'accord, merci madame.

J'entrai en trombe dans ma chambre et attrapai mon sac d'habits, puis rejoignis McGonagall pour me rendre dans la petite cabane décrite par le directeur. Je croyais que nous nous dirigions vers Pré-Au-Lard, mais, au lieu de ça, McGonagall me fit traverser le parc de Poudlard, tandis que le vent glacial me mordait la peau, et s'arrêta devant le Saule Cogneur. Elle prit un bâton au hasard sur le sol et le brandit d'un air fier.

⸺ Regarde-bien, Remus...

Aussitôt, elle se faufila entre les branches de l'arbre menaçant avec une agilité déconcertante, qui s'immobilisa avant d'avoir pu la frapper. Elle tint le bâton appuyé contre une racine.

⸺ Viens, Remus ! Tu ne crains rien !

Sans trop y croire, j'hochai la tête et me dirigeai lentement vers elle, puis finis les derniers mètres en courant. Le professeur McGonagall claqua des doigts et j'aperçus une petite ouverture dans les racines. Elle m'y poussa avant de m'y suivre.

Je glissai d'abord le long d'un court tunnel, puis atterris en douceur sur un sol de bois. Épuisé par le manque de sommeil et les préparations cellulaires de mon corps pour supporter ma transformation, je sentis mes jambes se dérober sous moi, et, quand je jetai un regard à travers la petite fenêtre, je vis le soleil en train de se coucher...

⸺ Allons, Remus, ne traînons pas je te prie... la pleine lune sera bientôt là.

J'acquiesçai puis la suivis jusqu'au bout du couloir ; j'entrai dans une petite salle poussiéreuse, et aperçus des cordes attachées à un mur.

⸺ C'est une précaution supplémentaire, m'expliqua mon professeur. Je sais que ta lycanthropie est un poids lourd à porter sur tes épaules au quotidien, d'autant plus que tu supportes cela depuis tes cinq ans. Mais au fur et à mesure que tu grandis, tu gagnes en puissance et en inconscience lors de tes transformations. Les cordes sont une précaution supplémentaire afin que tu ne puisses pas forcer la porte et t'échapper. Elles ont été traitées à l'aide de nombreux sortilèges les rendant indestructibles.

Elle marqua une pause et me sourit tristement. Ne souhaitant pas perdre plus de temps que nécessaire, j'hochai la tête en sentant mes yeux me brûler, et la laissai m'attacher sans chercher à ressentir quoi que ce soit. Au contact, les cordes étaient glacées et me gelaient la peau, c'est très désagréable.

⸺ Lorsque tu te réveilleras, demain matin, il te suffira de dire « Perdu » pour que tes liens te libèrent. Tu t'habilleras et sortiras dans le couloir ; Mme Pomfresh t'y attendra, et elle te ramènera dans le château pour traiter tes blessures s'il y en a.

J'avais la gorge tellement serrée que je ne pouvais rien dire. Elle hocha la tête et s'en alla. Dès que j'entendis la porte se fermer, je laissai les larmes que j'avais trop longtemps retenu dévaler sur mes joues cuisantes. Je n'essayai même pas de les essuyer ; de toute façon j'étais attaché, je ne pouvais en aucun cas me mouvoir. Lorsque je relevai la tête, j'aperçus la lune ronde briller dans le ciel ; et dès que le premier de ses rayons me frappa la rétine, je ressentis une douleur déchirante dans la poitrine.

Après ça, je sombrai dans les Ténèbres de la démence et de l'inconscience.

Devenant un monstre.

Un Loup-Garou.

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