─── ❝ 𝒄𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑿𝑰𝑿

   

  

「 ✦ 𝐌𝐞𝐧𝐚𝐜𝐞 ✦ 」

  

   

      𝐅rigga traversait les couloirs du château, la tête haute et le pas déterminé. Ses talons résonnaient sur le marbre poli. Sa posture était droite et déterminé, bien qu'on pouvait y déceler un peu d'inquiétude. La reine, en tant que mère, ne pouvait accepter l'idée de voir Loki périr de cette manière. Et après avoir conversé avec Kimberley, elle ne pouvait pas non plus supporter de les voir souffrir pour le peu de temps qu'il leur restait.

      Mais son statut de reine la contraignait à faire face à de nombreux dilemmes. D'un côté, elle devait respecter l'autorité de son époux, le roi Odin, et préserver l'équilibre du royaume d'Asgard. Mais de l'autre, en tant que mère, son amour pour Loki la poussait à braver toutes les règles pour le sauver.

      Elle ne connaissait pas bien Kimberley, mais en ces deux jours, elle avait pu être témoin de l'amour sincère est profond qu'elle portait pour son fils. Un amour véritable, comme on n'en voit plus, un amour digne d'un conte de fée. La voir si brisée l'avait inquiété, elle avait craint qu'elle baisse les bras, tout comme Loki. Il lui avait dit qu'il voulait lui cacher la vérité pour profiter des derniers instants qu'il aurait avec elle, comme s'il avait simplement accepté son sort, qu'il ne voulait même pas se battre.

     Cependant, Frigga avait fut la détermination de Kimberley, sa tristesse ne faisait qu'emplifier ce sentiment de devoir faire quelque chose, n'importe quoi pour aider celui qu'elle aimait.

      C'est alors qu'elle avait eu l'idée de l'écrin. Elle ignorait si cela pouvait aider Loki, mais elle devait tenter sa chance. Ce qu'elle savait en revanche, c'est qu'Odin refuserait de lui dire où il l'a caché, même si c'était elle qui le lui demandait.

       Kimberley n'avait aucune chance de convaincre Odin, elle en était certaine. Mais Kimberley ne resterait pas sur un échec, et une fois l'idée implanter dans son esprit, elle ne reculerait devant rien pour poursuivre sa mission.

      Après de longues minutes durant lequel le silence du royaume régnait autour d'elle, Frigga arriva enfin à sa destination ; ses quartiers personnels. Elle savait qu'elle y trouverait Odin. Les gardes à la porte s'inclinèrent respectueusement et lui ouvrirent la porte. La lourde porte en bois grinça en s'ouvrant, révélant l'intimité des quartiers royaux.

       L'espace personnel du Roi et de la Reine d'Asgard était à l'image de leur statut, vaste et majestueux. Les hauts plafonds créaient une atmosphère d'ampleur, ornée de riches tapisseries représentant des exploits héroïques du royaume. La chambre à coucher royale était une pièce spacieuse et somptueuse. Un grand lit à baldaquin, orné de draperies richement brodées, trônait au centre de la pièce. Des meubles élégants sculptés dans les meilleurs bois d'Asgard ajoutaient une touche de sophistication. Le salon privé était un espace intime, doté de sièges confortables et de tapis douillets en peau d'animaux. Des étagères étaient remplies de livres anciens, témoins de la sagesse accumulée au fil des siècles. Des fenêtres donnant sur les jardins du palais laissaient entrer une douce lumière naturelle. Les murs étaient ornés de peintures représentant des paysages idylliques d'Asgard et des portraits de la famille royale.

       Parmi ce paysage se trouvait Odin, debout devant son cabinet, se servant un verre d'hydromel. Bien qu'il soit dos à son épouse, il l'entendit arriver dans la pièce, se dirigeant droit vers lui.

— Votre fils est mourant ! Déclara-t-elle, sa voix résonnant dans la pièce.

       Le roi, surpris par cette déclaration, manqua de lacher son verre. Il se tourna précipitamment vers sa femme, son expression montra sa terreur.

— Thor ? S'empressa-t-il de demander.

       Avec les lèvres pincées, la Reine fusilla du regard son époux.

— Votre autre fils, rectifia-t-elle.

— Oh...

      Ce fut tout ce qu'Odin fut capable de dire, bien que son ton trahissait un léger soulagement. Il se retourna à nouveau pour bouchonner sa bouteille d'hydromel et porta son verre à ses lèvres, savourant le gout de l'alcool.

      Le sang de Frigga ne fit qu'un tour. Elle croisa les bras sur sa poitrine, la colère l'aveuglant.

— Est-ce donc tout l'effet que cela vous fait ?! Votre fils va mourir ! S'indigna-t-elle.

       Odin soupira et reprit une grosse gorgé de son breuvage, laissant l'alcool lui bruler la langue de façon agréable. Il savait que pour cette conversation, il en aurait besoin. Il se tourna enfin vers son épouse, mais il était déjà las de la conversation.

— Loki a cherché les ennuis, ce qui lui arrive ne sont que les répercussions de ses actes. J'ai déjà beaucoup à gérer avec la faille dans notre sécurité.

— Donc, peu vous importe ce qu'il va lui arriver, constata Frigga avec effroi et sidération.

— Ce qui m'importe pour le moment, c'est la sécurité de mon royaume et de mon peuple.

       Sous le choc, la reine serra les poings pour ne pas gifler son époux avec toute la force qu'elle possédait. Comment osait-il lui dire cela avec si peu de compassion et d'empathie ? Comment osait-il ne serait-ce que lui répondre avec autant de désinvolture ?

       Se pourrait-il qu'elle se soit trompée à ce point ? Se pourrait-il que Loki avait raison depuis tout ce temps, qu'Odin ne l'aimait pas ? Elle refusait d'y croire, et pourtant, face à cette froideur, elle ne pouvait plus le nier.

       Les yeux emplis de larmes contenues, elle fixa son mari avec un mélange de déception, de colère et de dégout. Elle ne pouvait pas imaginer cela venant de l'homme avec qui elle avait partagé sa vie. L'homme en qui elle avait le plus confiance.

— J'ai toujours cru en vous, je vous ai soutenue, encouragée, épaulée, peu importe les épreuves. Mais je dois bien ouvrir les yeux aujourd'hui et croire ce que Loki ne cessait de me répéter. Vous ne l'aimez pas. Du moins, vous ne l'aimez plus car je sais que vous l'avez aimé, assez pour l'arracher à ce champ de bataille et l'élevé comme l'un des nôtres.

        Un lourd silence s'installa dans leurs quartiers, un silence durant lequel Odin se sentit mal à l'aise. Il remarqua sans peine les larmes briller dans les yeux de sa femme et il se sentit coupable. Il n'avait pas eu pour intention de la blesser, même s'il se rendait compte maintenant qu'il avait cruellement manqué de délicatesse. Mais les griefs qu'il avait contre Loki étaient trop nombreux pour qu'il puisse montrer de la compassion, de l'affection.

        Oui, il avait aimé Loki dès l'instant où il avait posé les yeux sur ce petit être bleu, seul et apeuré sur le champ de bataille sur Jotunheim. Oui, il n'avait pas hésité un seul instant à le ramener à la maison et l'élever comme son propre enfant. Il avait adoré le voir grandir en l'homme qu'il était sur le point de devenir.

        Alors, à quel moment tout avait basculé ?

       Frigga essaya une larme qui s'était échappée du coin de son œil et tenta de se contenir, mais la douleur qu'elle ressentait face à l'impitoyable comportement de son mari était trop grande. Odin finit par reprendre la parole, s'éloignant de sa femme pour se diriger vers le centre de la pièce.

— Loki n'est plus le fils que j'ai élevé. Je l'ai aimé, tout comme Thor. Je l'ai adopté, le traitant comme ma propre chair. Et voyez les remerciements que j'en ai tirés.

— Il est incompris ! Tenta d'expliquer Frigga.

— Ah, là-dessus au moins, nous sommes d'accord. Je ne le comprends pas. Et peut-être que je ne le ferais jamais.

        Avec lassitude, la reine soupira fortement. Elle ne pouvait cacher la tristesse qu'elle ressentait face à tout cela. Certes, Loki avait commis de nombreuses erreurs. Il avait plus souvent fait le mal que le bien ces derniers temps. Mais elle restait intimement persuadée qu'il était sur le chemin de la rédemption. Il avait changé, elle l'avait vu et elle savait qu'Odin l'avait vu également lorsqu'ils avaient été témoin de ses retrouvailles avec l'humaine. La jeune femme y était pour beaucoup, ça, Frigga en était persuadée.

       Elle avait su voir le bon en lui et le faire remonter à la surface. Elle le comprenait mieux que quiconque. Ils se complétaient à la perfection. Et elle avait permis à Loki de se révéler tel qu'il était : un homme bon.

        Avec douceur, Frigga s'approcha de son mari et posa une main sur son avant-bras, essayant de capter son attention.

— Ce n'est pas parce que vous ne le comprenez pas que vous devez le condamner à son sort, murmura-t-elle calmement. Il est encore temps de faire quelque chose, Odin. Pour lui, pour nous. Pour Asgard...

       Pendant un court instant, elle crut voir les défenses d'Odin s'effriter, laissant place à une douceur, à une chaleur : de la compassion. Mais aussi vite qu'elle était apparue, elle disparue pour laisser place à ce regard autoritaire digne d'un grand souverain.

— Les choix de Loki l'ont conduit là où il est, il en est seul responsable. Pour l'heure, j'ai d'autre préoccupations.

       L'humaine en était une d'ailleurs. Il n'aimait pas la savoir dans son royaume, libre de ses mouvements, sans surveillance. Sa présence lui déplaisait grandement, d'autant que son affiliation avec Loki. Cela ne présageait rien de bon selon Odin, et il allait devoir avoir une conversation avec elle.

        Avec un silence lourd, il quitta la pièce, laissant sa femme triste, frustrée et sans voix.

        Odin traversa les couloirs de son royaume avec hâte, les mots de sa femme résonnant encore dans son esprit. Ces couloirs, ils les connaissaient comme sa poche, il pourrait les traverser les yeux fermés. Il se pencha sur une rambarde qui donnait sur la cour du palais un peu plus bas. Il tendit le bras, siffla et en quelques secondes, un corbeau se posa sur son avant-bras.

— Où est-elle ? Demanda-t-il à l'oiseau.

       Ce dernier pencha la tête un instant, comme s'il essayait de sonder les pensées de son maitre, avant de reprendre son envol. Le roi attendit une minute puis l'oiseau revint vers lui en croassant. Sans plus attendre, Odin suivit l'animal alors qu'il s'envolait à nouveau, cette fois lui guidant le chemin. En quelque minutes à peine, il avait trouvé Kimberley, recroquevillée sur un banc d'un petit jardin.

      Elle était accroupie par terre, son dos reposant contre le banc, son coude sur ses genoux replié. Il ne manqua pas les larmes séchées sur ses joues.

      Pendant une seconde à peine, très furtive, il sentit de la compassion pour la jeune femme. La voir dans un état si vulnérable le poussa à croire que peut-être était-elle vraiment la victime dans cette histoire. Mais cela ne dura pas plus que cette seconde car très vite, il repensa au danger qu'elle avait apporté sur sa planète et aux problèmes qui s'était déroulé depuis son arrivé.

— Je pensais vous trouver avec Loki.

       La voix d'Odin fit brusquement sursauter Kimberley qui, perdue dans ses pensées, n'avait pas entendu le Roi venir. Elle se releva d'un bond, essuya ses dernières larmes et fit une révérence bien maladroite. Odin n'en fit aucune remarque et s'installa paisiblement sur le banc. Il détourna son regard de la jeune femme pour contempler le jardin en face de lui.

— Il y a des sujets que nous devons évoquer, continua le Roi, sans regarder Kim. Asseyez-vous à côté de moi.

       La jeune femme resta pantoise un long moment. Le ton calme d'Odin était presque trop gentil à son gout, elle se demanda si cela ne cachait pas quelque chose. Elle hésita encore un peu avant de finalement s'assoir à coté du Roi, tout en restant à bonne distance. Elle se risqua à prendre la parole.

— Il y a des choses dont je voudrais vous parler également, murmura-t-elle. Des choses qui concernent Loki.

— Il est mourant, je le sais.

        Surprise, Kim tourna la tête vers le Roi, le scrutant, essayant de sonder son expression fermée.

— Nous devons faire quelque chose pour l'aider, affirma-t-elle.

— Le devons-nous ?

       Encore une fois, elle se retrouva sous le choc. Mais avant qu'elle ne puisse exprimer son indignation, Odin reprit la parole.

— Loki ne fait que récolter ce qu'il a semé. Il doit en assumer les conséquences.

— Alors, quoi ? Vous voulez le laisser mourir ? Pour lui donner une leçon, pour lui dire « je t'avais prévenu » ? S'indigna Kimberley, abasourdie par le manque d'empathie du roi envers son fils.

      Odin tourna enfin la tête vers elle mais il n'était ni en colère, ni triste. Il était de marbre.

— Je ne vous demande pas de comprendre. De tout manière, cela ne vous regarde pas.

— Je vous demande pardon ?

      Odin se leva du banc et fit quelque pas vers le jardin. Ses mains se croisèrent dans son dos.

— Vous ne faites pas partie de ce monde, vous ne faites pas partie de cette famille.

— J'ai bien l'impression que c'est également le cas de Loki, cracha-t-elle avec amertume.

      Odin continua, comme s'il n'avait pas entendu ce qu'elle avait dit. Il garda son ton calme et c'est ce qui déstabilisa Kimberley le plus.

— En outre, je pense que Thor a fait une grosse erreur en vous amenant ici. Les problèmes semble vous poursuivre. Je ne veux pas de vos manigances dans mon royaume. Vous avez eu votre temps avec Loki, vous avez profité à présent je vous demande de quitter ce monde.

       Il se retourna vers elle, la regardant enfin dans les yeux.

— Partez, et ne revenez jamais. Je ne veux plus entendre parler de vous. Je vous laisser jusqu'à demain soir pour faire vos adieux. Après quoi, si vous n'êtes pas partie, je veillerais moi-même à vous ramener d'où vous venez.

      La menace avait été parfaitement claire. Si Kimberley ne s'en allait pas, elle allait devoir en subir les conséquences et quelque chose lui disait que cela impliquerait le courroux du Roi lui-même. Odin devait croire qu'elle n'oserait pas le contrer et qu'elle obéirait sagement. Mais c'était mal la connaitre. Elle était faite pour désobéir, détourner les règles et cette menace n'avait servit qu'à une chose, la motiver à mener sa nouvelle mission à bien. Elle ne partirait pas d'ici tant qu'elle n'aurait pas sauver Loki.

        Alors qu'Odin avançait vers les couloirs du palais, prêt à disparaitre, Kimberley se leva d'un bond et reprit la parole.

— J'ai une question pour vous.

       Odin s'arrêta et se tourna lentement vers la jeune femme, attendant sa question.

— Qu'est-ce que Loki a bien pu vous faire pour que vous le détestiez à ce point ?

       La question resta en suspens dans l'air. Kimberley soutint le regard du Roi alors qu'il restait parfaitement silencieux. Après un long moment, il tourna les talon, sa cape se mouvant avec l'air et il disparut dans les couloirs du Palais.

        La jeune femme, elle, regarda le jardin avec une nouvelle détermination. Finit les larmes, finit de s'appitoyer sur son sort. Elle devait se reprendre et c'est ce qu'elle comptait faire. Elle était plus déterminée que jamais, rien ne pourrait l'empêcher de mener cette quête à bien.

        Elle allait trouver un moyen de sauver Loki, quoi qu'il lui en coûte. Et par chance, elle avait déjà un début de plan en tête. 



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À bientôt pour la suite de l'aventure, Amy ♡

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