─── ❝ 𝒄𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝑰𝑰

      

「 ✦ 𝐌𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐑𝐞𝐩𝐞𝐫𝐚𝐠𝐞 ✦ 」

    

     𝐋e trajet en Quinjet aurait dû être rapide, surtout en ville, mais la météo avait en décidé autrement. Le léger brouillard qui enveloppait la cité s'était subitement épaissi, compliquant la navigation. Bientôt, le vent s'engouffra violemment autour de l'appareil, et la neige commença à tomber.

      Au rythme des secousses du Quinjet, Kimberley se redressa sur son siège, perturbée. Elle n'aimait pas cette tempête et, bien qu'elle ait une confiance totale en les compétences de pilote de Clint, l'appréhension de ne pas atteindre leur destination la gagna. Anxieuse, elle se pencha en avant, scrutant l'horizon, cherchant à percer le mur de brume.

       Alors que son regard se fixait sur un point à l'horizon, une nouvelle fois, elle sentit les poils de sa nuque se hérisser. Cette étrange sensation d'être observée persistait. D'abord, elle attribua cela à l'anxiété qui la submergeait, se convainquant que c'était une simple illusion, une sorte de tour joué par son esprit épuisé. Mais lorsque la sensation persista, elle écarquilla les yeux, scrutant les environs à la recherche d'un avion, d'un hélicoptère ou de tout autre véhicule susceptible de voler.

      Elle se sentait épiée et ressentait un besoin impérieux de comprendre pourquoi. Quelque chose dans l'atmosphère troublée de la tempête la mettait sur ses gardes, et elle savait qu'il y avait plus que de la simple paranoïa à l'œuvre.

      À ses côtés, Clint percevait son agitation. Son stress semblait se diffuser comme des ondes et cela le mettait lui-même mal à l'aise. Il risqua un rapide coup d'œil dans sa direction, la voyant scruter le brouillard en quête de quelque chose, avant de se recentrer sur sa tâche.

— Quelque chose ne va pas ? interrogea-t-il, vigilant.

     Kimberley prit un moment avant de répondre, laissant ses yeux glisser sur le brouillard un peu plus longtemps.

— Rien... avoua-t-elle enfin, incertaine. C'est juste que... j'ai l'étrange sensation d'être observée.

      Ses mots attirèrent l'attention de Clint, et elle tourna la tête juste à temps pour discerner le scepticisme dans son regard. Elle soupira, se laissant retomber contre le dossier de son siège.

— Oui, je sais. C'est improbable à travers ce brouillard.

— Et à cette altitude.

— Oui, tu as raison, admit-elle. Mais tous mes instincts sont en alerte, comme si je devais être sur mes gardes.

      Clint réfléchit un instant, cherchant ses mots pour ne pas blesser son amie.

— Il est possible que tu sois simplement tendue.

      Kimberley savait à quel point il pouvait sembler absurde de penser qu'on puisse la surveiller de là-haut, mais elle avait foi en son instinct et sentait que quelque chose se préparait. Quoi exactement, elle n'en avait aucune idée. Elle soupira et garda ses inquiétudes pour elle.

— C'est probable... Je me sentirai mieux une fois arrivée.

— Eh bien, tu as de la chance, car nous y sommes presque.

      Le brouillard se dissipa progressivement à mesure que le Quinjet réduisait son altitude. Kimberley put alors contempler les bâtiments de la banlieue de New York émerger de la brume dense. Après quelques manœuvres habiles, l'appareil se posa sur le toit d'un immeuble. Dès que les moteurs furent coupés, Kimberley défit sa ceinture de sécurité et se dirigea vers l'extérieur. Elle se sentait oppressée, comme si cette sensation pesait sur elle. Ses pieds s'enfoncèrent dans la couche de neige qui recouvrait le toit, et un frisson la parcourut lorsque le vent la caressa, mais elle se sentit mieux. Elle ferma les yeux un instant et s'emplît les poumons d'une grande inspiration d'air frais, retrouvant son aisance.

      Clint la rejoignit quelques secondes plus tard, un sac en bandoulière. Il posa une main rassurante sur le bas du dos de son amie et la regarda avec inquiétude. Aucun mot n'était nécessaire. Kimberley hocha simplement la tête pour lui signifier qu'elle allait bien, puis ils avancèrent tous les deux sur le toit.

    Sur la balustrade se tenait un agent du SHIELD. Même si ni Clint ni Kimberley ne travaillaient officiellement pour cette agence gouvernementale, il leur arrivait parfois de coopérer, en souvenir des vieilles missions. Depuis la bataille contre Malekith, Fury les avait souvent sollicités pour retrouver des dossiers dérobés dans les décombres. Travailler pour l'homme qui l'avait trahie, menti et blessée ne plaisait guère à Kimberley, mais elle ne pouvait pas non plus oublier tout ce qu'il lui avait enseigné. Il fut un temps où elle considérait Fury comme son mentor, son modèle, elle était en admiration devant lui. Tout cela lui semblait si lointain à présent.

     Barton laissa son sac tomber à côté de l'agent accroupi devant son sniper. L'homme ne sursauta même pas.

— Bonjour, agent Doyle, salua Kimberley.

— Fox, Hawkeye, répondit-il sans ciller.

      Un instant, Kimberley se demanda si elle semblait tout aussi impassible lorsqu'elle servait encore le SHIELD.

— J'ai la cible en visuel depuis une heure. Max Curtis, un jeune délinquant obsédé par l'idée de révéler les secrets du gouvernement. Il est complètement plongé dans les théories conspirationnistes, comme celle de la zone 51, expliqua l'agent Doyle.

— Si seulement il savait, railla Clint en pensant à tout ce qu'il avait pu lire sur le sujet au SHIELD.

— Nous avons remonté sa trace dès qu'il a pris contact avec son acheteur. Après un appel, il s'est rendu dans cet hôtel et n'en est pas ressorti, continua l'agent Doyle.

— Oui, il attend la suite des instructions, murmura Kimberley tout en observant la cible à travers ses jumelles.

— Est-il seul ? demanda Clint en rangeant soigneusement ses flèches dans son carquois.

— Ils étaient trois au départ, mais ils se sont séparés après le premier appel. Une équipe a déjà arrêté les deux complices, précisa l'agent Doyle.

      Clint scruta la fenêtre de la chambre d'hôtel, où une silhouette effectuait des allers-retours nerveux.

— Sommes-nous certains que ce soit lui qui détient les documents ? s'enquit Kimberley.

— Affirmatif. Je les ai vus de mes propres yeux, répondit l'agent Doyle.

— Alors, tout est parfait, conclut-elle.

      La jeune femme acquiesça et un léger sourire éclaira son visage. Clint leva les yeux pour la regarder et il discerna aussitôt l'éclat de détermination dans son regard.

— Tu as un plan ? interrogea-t-il, devinant déjà la réponse.

— Tu me connais trop bien, Clint, répliqua-t-elle avec une pointe de taquinerie.

      Elle sortit de son sac un appareil pas plus grand qu'un talkie-walkie. Elle déploya l'antenne et pointa l'engin vers la fenêtre de l'hôtel. En quelques secondes à peine, des chiffres s'affichèrent sur l'écran.

       Intrigué, l'agent Doyle détacha son regard de sa cible pour observer l'agent Weaver.

— Que faites-vous ?

— Je récupère son numéro de téléphone, répondit Kimberley comme si c'était une évidence.

      Doyle resta silencieux, ne comprenant pas tout à fait la finalité de leur plan, et il continua de l'observer. La jeune femme sortit un téléphone prépayé du sac de Clint et se mit à rédiger un message.

— Tu comptes partager les détails avec le reste d'entre nous ? demanda Clint, commençant à s'impatienter.

— Max attend les instructions pour l'échange, donc je vais les lui donner moi-même.

— Quoi ? s'étonna Doyle, déboussolé.

— Elle va lui envoyer un message en se faisant passer pour le coursier chargé de récupérer les documents, expliqua Clint, ayant saisi la manœuvre.

     Une fois le message envoyé, elle adressa un sourire triomphant à son ami. Puis, elle ouvrit légèrement la fermeture éclair de son décolleté et ajusta ses courts cheveux. Les deux hommes la regardaient d'un air perplexe, ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre de sa part. Elle vida ensuite le sac de Clint et le remplit de briques qui traînaient sur le toit. Lorsque le sac lui parut suffisamment lourd, elle glissa une oreillette dans son oreille et fit signe à son ami avant de descendre de l'immeuble.

     Lorsqu'elle atteignit l'entrée de l'hôtel, une vague de doute ébranla la confiance de Kimberley. Elle inspira profondément avant de pénétrer dans le bâtiment, répétant mentalement les étapes de son plan. Tout ce qu'elle devait faire, c'était se montrer convaincante. Max ne connaissait probablement pas l'assistante de l'homme qui l'avait engagé pour voler les documents. Il serait donc aisé de se faire passer pour elle. Il suffisait de récupérer les documents et de quitter les lieux avant que Max ne se rende compte que le sac ne contenait pas l'argent. Ensuite, elle laisserait les agents du SHIELD se charger de son arrestation et de celle de l'acheteur.

     Ce plan semblait solide, mais Kimberley avait du mal à se persuader qu'il était infaillible. Une étrange sensation de négligence, une impression persistante de quelque chose d'omis, la tourmentait souvent ces derniers temps. Alors que l'ascenseur montait vers le troisième étage, son anxiété croissait en parallèle. Quelque chose ne tournait pas rond. D'abord cette impression d'être surveillée, puis ce sentiment d'oubli. Kimberley n'était plus aussi focalisée qu'auparavant. Elle avait perdu cette concentration depuis le départ de Loki.

     L'ascenseur se stoppa et un bref "ding" signala l'ouverture des portes. Elle inspira à nouveau profondément, son visage se fermant pour arborer une expression d'indifférence et de sérieux.

— La chambre est la 304, indiqua Clint dans son oreillette.

      En quelques instants, elle identifia la porte ornée du numéro correspondant. Malgré le panneau "ne pas déranger" suspendu à la poignée, elle décida de frapper tout de même.

      Il lui fallut un moment avant que quelqu'un ne réponde, puis finalement, un homme grand et maigre d'une trentaine d'années lui ouvrit la porte. Il semblait préoccupé, la sueur perlant sur son front et son visage pâle trahissant son anxiété. Il était clair que voler des documents aussi cruciaux n'était pas dans ses habitudes. Cela fit sourire Kimberley, car elle savait qu'elle pouvait exploiter ce stress à son avantage. Elle décida de jouer de son autorité et de sa dangerosité pour le déstabiliser encore davantage.

— Je viens récupérer le paquet, annonça-t-elle d'un ton glacial.

      Son ton était direct et sans appel. Max la fixa, interdit, avant d'acquiescer brusquement et de lui ouvrir la porte.

      Dès qu'elle pénétra dans la chambre d'hôtel, Kimberley scruta les environs. Bien qu'elle ne fasse plus partie du SHIELD, elle n'avait pas oublié les enseignements reçus. Son premier réflexe fut de repérer les issues de secours au cas où un problème surviendrait. Une fois son évaluation achevée, elle se tourna vers Max. Il se tenait toujours au centre de la pièce, la fixant sans bouger.

— Les dossiers ? demanda-t-elle en haussant un sourcil, attendant une réaction de sa part.

— Ah, oui, se rappela-t-il.

     Désorienté, il disparut dans la pièce adjacente. Kimberley entendit le froissement des papiers, il semblait chercher. L'impatience la gagna et elle jeta un coup d'œil vers le toit de l'immeuble en face, apercevant Clint qui surveillait la scène, prêt à décocher une flèche en cas de nécessité.

     Soudain, une sonnerie résonna dans la chambre d'hôtel. Kimberley sursauta et se tourna vivement vers la pièce où Max s'était retiré. Un frisson d'effroi la parcourut lorsqu'elle se rappela enfin ce qu'elle avait omis de faire : désactiver le téléphone de Max.

     Le jeune homme répondit et Kim n'eut que le temps de chuchoter le nom de Clint dans son oreillette avant qu'il ne surgisse de la pièce, en proie à la panique. Kimberley s'en voulait, cette erreur allait lui coûter cher. Elle aurait dû prévoir que si elle ne neutralisait pas le téléphone de Max, il risquait de recevoir un appel du véritable acheteur, mettant ainsi en péril sa couverture.

     Ils se fixèrent du regard quelques instants avant que Max ne prenne la fuite. Il saisit les dossiers et sauta par la fenêtre. Kimberley se précipita vers le rebord, observant le jeune homme atterrir sur le toit d'un camion puis dévaler la rue. Un moment d'hésitation la saisit alors qu'elle regardait sa cible s'éloigner avec les documents.

     Clint, qui observait la scène depuis son propre toit, eut un mauvais pressentiment.

— Kim, ne fais pas ça, la prévint-il.

     La jeune femme jeta un regard vers l'arme à sa ceinture, scruta la rue et repéra un camion qui approchait. Elle prit une grande inspiration avant de se jeter du troisième étage, ignorant les protestations de Clint.

— Eh merde, grommela-t-il, rangeant son arc et se mettant en route pour rejoindre son amie.

      Kimberley s'engagea dans une course-poursuite effrénée à travers les banlieues enneigées de New York. La couche de neige épaisse recouvrait les trottoirs, rendant ses virages glissants et périlleux. Max, conscient qu'il était poursuivi, s'efforça de semer Kimberley en renversant tout sur son passage : des caisses, des poubelles, tout ce qui pouvait ralentir sa poursuivante. La jeune femme ne parvint malheureusement pas à éviter tous les obstacles et glissa lourdement sur le bitume. Étendue sur le ventre, elle souffla de mécontentement, puis se releva pour reprendre sa course effrénée. Elle ne réalisa pas immédiatement qu'elle avait perdu son micro et son oreillette dans sa chute, la privant ainsi de tout moyen de communication avec Clint.

      Après une dizaine de minutes de course effrénée, elle perdit la trace de Max à un tournant de rue. Elle se retrouva coincée dans une impasse. Haletante, elle scruta les environs pour comprendre comment son adversaire avait pu disparaître aussi subitement. Finalement, elle dut se rendre à l'évidence et admettre sa défaite. S'appuyant contre le mur humide de la ruelle, une main appuyée sur ses côtes endolories, elle tenta de reprendre son souffle.

      L'air glacial de l'hiver lui brûlait la gorge, et il lui fallut un moment pour apaiser sa respiration haletante. Désireuse d'informer Clint de la situation, elle posa la main sur son oreille pour réaliser qu'elle avait perdu son oreillette. Grommelant entre ses dents, elle quitta la ruelle pour tenter de se repérer. Elle se rendit compte qu'elle était de nouveau confrontée à une impasse, dans un quartier qu'elle ne connaissait pas. Épuisée, elle retourna dans la ruelle pour s'adosser à nouveau au mur, fermant les yeux un instant pour rassembler ses forces.

      C'est alors qu'une main puissante saisit sa gorge, l'empêchant de respirer. Kimberley rouvrit les yeux, tenta de se débattre, mais son adversaire restait invisible, insaisissable. Deux yeux violets brillaient dans l'obscurité de la ruelle, tandis qu'une main énorme comprimait sa gorge.

      Caché dans l'ombre, l'inconnu savourait cette scène. Il était fasciné par la facilité avec laquelle l'agent la plus rusée s'était laissé prendre.

      Kimberley poursuivit sa lutte désespérée, en vain. Elle manquait d'air et la main oppressante lui bloquait les cordes vocales, l'empêchant de crier. Cette position la ramena à un souvenir pénible, celui de sa chute vertigineuse depuis un immeuble, il y avait de cela plus d'un an et demi. La seule différence était que Loki l'avait sauvée à l'époque. Mais désormais, elle était seule, sans secours, sans aucun moyen d'appeler à l'aide. Allait-elle mourir seule dans le froid de cette ruelle ? À cette pensée, une larme roula le long de sa joue. La douleur, la peur et le manque d'air étaient insupportables.

— Calme-toi, murmura une voix grave et profonde. Tu ne me connais pas encore, mais je sais que tu me seras utile.

      Kimberley tenta d'ouvrir la bouche pour protester, pour crier, mais aucun son ne sortit.

— Je reviendrai vers toi en temps voulu, et à ce moment-là, tu feras exactement ce que je te dirai.

      De nouveau, Kim tenta de protester, mais la poigne sur sa gorge se resserra, la maintenant immobile.

— Si tu refuses, il se pourrait qu'un malheur s'abatte sur ton cher amant, Loki...

      Au nom du dieu, Kimberley écarquilla les yeux et interrompit tout mouvement. Comment cet inconnu pouvait-il savoir ? Mais elle n'eut pas le temps de se poser d'autres questions. Le manque d'air devenait insoutenable, et elle perdit connaissance.

     

   

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À bientôt pour la suite de l'aventure, Amy ♡

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