Le lendemain, il n'est que neuf heure lorsque la première personne pointe le bout de son nez en dehors de son chapiteau. C'est Felix. Il a une faim d'enfer, et la toile de sa tente a attrapé toute la chaleur du soleil. Il fait déjà un peu meilleur dehors, mais puisqu'il n'y a aucun coin d'ombre, il fait toujours aussi chaud. Il se cale alors contre la voiture, le seul semblant coin d'ombre, avant de piocher dans le paquet de céréales.

Il est très vite rejoint par Minho, et Hyunjin. Tous les trois, assis dans l'herbe. Ils ne se parlent pas, empoignant des céréales chacun son tour. Ils ont accepté que Minho et Changbin fassent parti du voyage, mais tous les deux doivent participer aux courses, et aux tâches ménagères.

–    On fait quoi aujourd'hui ? Demande Felix, cassant finalement le silence.

–    Plage, répondent les deux autres en même temps.

Ils se regardent, étonnés, avant de procéder à une accolade amicale. Cependant, Minho montre son poing tandis que Hyunjin lui présente sa main entière. Un fou rire attrape les deux, même Felix qui est au milieu s'étouffe gentiment avec une céréale.

–    Ensemble, mais pas trop, précise Felix.

Minho, honteux, se lève en pouffant. Pour aller se laver, ou manger, personne ne sait. Et Hyunjin se retrouve avec Felix, tous les deux en silence. Il y a déjà des cris d'enfants, et les bruit des douches dans les salles de bain communes.

– C'est quoi ton gage ? Demande le bleuté.

– J'peux pas dire.

– Ah ouais ? Il est comment ?

– Impossible.

Le bleuté ricane. De son auriculaire, il atteint l'avant-bras de Felix, exerçant rapidement de petits cercles. Signe d'affection, ou de trahison. Felix ne dit rien pendant quelques secondes, avant de se lever à son tour. Il ne prend pas la peine de regarder son ami, et il s'en va dans sa tente en prétextant vouloir prendre son téléphone.

À quoi il joue Hyunjin ?

Felix secoue la tête, avant de voir que Changbin vient à peine d'ouvrir les paupières. Il a les cheveux en bataille, et ses yeux ont du mal à s'habituer à la lumière du soleil. Il fait remarquer la chaleur horrible, comme si Felix n'avait pas déjà remarqué.

– Tu me casses les couilles ! S'écrie une voix dehors.

– Mais frère, t'es sérieux ?! S'exclame une seconde.

Felix lance un regard à Changbin, et Changbin se précipite à l'extérieur après avoir enfilé une paire de claquettes.

C'est encore Seungmin et Minho. Apparemment, ils ont le même sweat. Minho a récupéré le sien qui servait d'oreiller au brun, et Seungmin a décidé que c'était le sien. Neuf heure même pas, la première engueulade est lancée.

– Je me suis endormi avec, connard.

– C'est moi qui l'ai mis sous ton gros crâne, soupire le violet. Remercie moi, c'est mieux.

Seungmin ne répond rien, trop occupé à vouloir déshabiller son aîné pour regarder la taille de son sweat. Minho lui dit de le laisser tomber, tout en le maintenant à une distance de lui. La même couleur, la même coupe, la même taille. Achetés au même endroit, le même jour. Si ce n'est pas une coïncidence.

– Qui met un pull quand il fait quarante degrés, même ? Demande Felix.

– Je crois plutôt que Minho a fait exprès. Vu l'énorme sourire collé à son visage, je pense que ça lui fait plaisir de voir Seungmin dans cet état, soupire Changbin. C'est rien de grave, je me rendors.

– Il fait grave chaud, t'y arriveras jamais.

Changbin hausse les épaules, signe qui veut dire qu'il se fout royalement de la chaleur. Il s'enferme dans son cocon.

Felix regarde la querelle de loin, hésitant à déguerpir ou à s'amuser de la situation. Il décide d'aller prendre ses affaires et d'aller prendre une douche froide.

Changbin a raison. Minho adore cette situation. Seungmin s'énerve bien trop vite, et c'est amusant. Le violet est du genre très taquin, pas besoin d'être devin pour le voir. C'est sa façon à lui de montrer qu'il apprécie bien. Mais contrairement à lui, Seungmin ne trouve pas qu'il y a une quelconque utilité à être méchant et mesquin pour être ami avec quelqu'un. Il est très terre à terre, du genre à suivre sa logique plus que ses sentiments. C'est difficile d'être ami avec Seungmin. Il ne donne pas sa confiance dans les mains de n'importe qui, il faut le mériter.

Sa rencontre avec son groupe est un peu floue. Un camarade de Jisung, ou un ami d'enfance de Hyunjin. Il a toujours été là, et personne ne se pose de questions. Seungmin, c'est l'ami parfait en tout point. Il est généreux en silence, il s'amuse comme il faut, il est un bon élève, et... la vérité, c'est que personne ne le connait vraiment. Qui sont ses parents ? A t-il des frères et sœurs ? Qu'aime t-il faire dans la vie ? Tout le monde est concentré sur sa propre vie. Seungmin comprend. Il sait qu'il n'est la priorité numéro une de personne. Mais il se fiche de tout ça.

– Rends-moi mon pull, crache t-il.

Ce dont il se soucie, c'est l'instant présent. Ce fichu type qui ne connait que depuis quelques heures, avec son sweat sur le dos. Leur première rencontre s'est produite il y a quelques mois. Seungmin a accompagné Chan dans un bar dansant. Ils ont rencontré Minho et ses copains d'université. À l'époque, ils se sont bien entendus - surtout à cause de l'alcool. Tellement qu'ils ont carrément flirté ensemble, pendant toute la soirée. Puis ils ne se sont plus jamais vus, jusqu'à... hier. Et si une dispute a éclaté dans la voiture, c'est d'abord parce que Minho a lancé la conversation du baiser. Seungmin est trop timide pour assumer quoique ce soit, alors il a préféré l'insulter et lui donner des coups de genoux dans le siège. Et depuis, une ambiance explosive s'est installée entre les deux.

– Viens me l'enlever si tu le veux vraiment, s'amuse Minho.

Seungmin serre les dents, à deux doigts de frapper son épaule. Il le déteste. Il le rend complètement fou. Personne ne l'a jamais énervé de la sorte. Seungmin est de nature calme, le genre de personne à ignorer l'origine de ses ennuis. Il ferme les oreilles, rigole, et s'en va sans rien dire. Mais avec Minho, c'est différent. Il a envie de lui répondre, de le confronter, même si ça veut dire ne jamais avouer ses tords. Il déteste ça. Minho le fait se détester.

– Fermez-là, grogne une voix derrière eux.

C'est Chan. Il est réveillé bien trop tôt. Il dort souvent jusqu'à midi, puisqu'il n'arrive à trouver le sommeil seulement lorsque le soleil se lève. Il est grognon, les yeux plissés et les dents serrées.

– Oh-oh, fait Hyunjin à voix basse depuis l'ombre de la voiture. Vous êtes morts.

– Vous cassez les couilles à gueuler, Jeongin fait que bouger, ça m'a réveillé, crache t-il.

– Mais-

– Je m'en fous, vraiment, coupe t-il Seungmin. Il est même pas dix heures, qu'est-ce que vous foutez réveillés ? Allez faire les courses et faites un pic-nic pour ce midi. Si c'est pas fait, je vous jure que je vous fais bouffer le sable.

Seungmin acquiesce de la tête. Il n'ose pas répondre, attendant que le brun ne disparaisse dans sa tente. Hyunjin souffle de soulagement, bien heureux que le plus vieux ne l'ait pas réprimandé. Quant à Minho, il sourit comme un idiot, presque content d'avoir réveillé la bête qu'est Chan au réveil. Il ne l'a jamais vu autre part qu'au bar, alors il est étonné de le voir comme ça. Mais c'est plus amusant qu'il ne l'aurait pensé.

Mais puisque Chan a donné l'ordre, c'est le signe de commencer la journée. Minho est ravi d'avoir du temps pour taquiner Seungmin. Alors il se rend aux salles de bain communes, presque en sifflant de joie. Le châtain grogne de mécontentement, le suivant de quelques mètres, ses affaires sous le bras.

– Pourquoi tu cries ? Marmonne Jeongin en se tournant vers l'ours.

Chan est sur le ventre, tête tournée vers le plus jeune.

– Ils se chamaillaient dehors. Ils t'ont réveillé.

– Mais ta gueule c'est toi qui m'a réveillé, pouffe Jeongin.

Chan ricane de honte en tournant la tête.

La mauvaise humeur de la bête s'est transformée en entendant le rire du plus jeune. Lorsqu'il voit qu'il est presque dix heure, il se tourne vers lui. Jeongin est déjà sur son téléphone, répondant sûrement à ses messages. Il joue avec sa bague en argent, réfléchissant aux réponses qu'il va envoyer en retour.

Jeongin est comme son petit frère. Un petit frère qui a grandi, mais qui le surprend de jour en jour. Quand ils se sont rencontrés, Jeongin n'était pas encore au lycée, et lui allait entrer en école de commerce. Le blondinet a beau dire ce qu'il veut, ce sera toujours un gamin avec des bagues pour Chan. Même si il a les cheveux décolorés, qu'il est capable d'engloutir trois shots de vodka sans grimacer, qu'il vient de finir sa première année d'université, Jeongin restera le petit cousin de Hyunjin, ce petit gars timide et rieur. C'est le soleil qui vient éclairer sa journée.

–    Pourquoi tu me fixes comme ça ? Demande t-il soudainement en se redressant.

Les années sont passées trop vite. Jeongin est un jeune homme, maintenant. Il est tout autant adulte que tout le monde ici. Mais Chan ne cesse d'avoir des images de lui lorsqu'il avait quinze ans.

– Rien, répond le brun, nichant sa tête dans le t-shirt qui lui sert de coussin.

Chan l'entend ricaner, et poser son téléphone sur le côté. Et puis, il sent de grandes mains se poser sur ses épaules, appuyer légèrement sur ses omoplates, avant de s'écraser complètement sur son dos. La chaleur que provoque le corps du blondinet sur le sien lui fait pousser un petit cri. Mais il rit.

– Jeongin dégage, j'ai chaud, se plaint-il à moitié.

D'habitude, le plus jeune n'est pas friand des contacts corporels. Il les évite le plus possible. Alors Chan se lamente pour rigoler. Ce genre de moments n'existent pas vraiment, alors autant en profiter pour lui faire des câlins.

Jeongin écarte les bras, dans le vide, faisant mine d'être un oiseau. Il éclate de rire, alors que Chan se retourne sur le dos, attrapant le corps du blond, sans l'écarter. Alors ils se retrouvent enlacés. Jeongin ne rit plus. Chan pense d'abord qu'il est en colère, mais en voyant ses joues rouges, il en déduit qu'il est plutôt gêné qu'autre chose. Le blond ne répond pas à l'étreinte, mais il se laisse faire. Il glisse sur le côté, pour atterrir sur le matelas. Le câlin continue, même couchés côte à côte.

Le moment est coupé par une petite tête apparaissant entre la fermeture éclair. Les deux amis se séparent rapidement, Jeongin lissant son t-shirt et Chan attrapant son téléphone.

–    Ooook, j'ai rien vu, lâche Felix, les cheveux humides. C'est ma tente de base, mais je peux vous la laisser.

–    Pourquoi tu nous la laisserais ? Haha...

–    Oh bah pour rien, ironise le plus vieux des blonds en levant les yeux au ciel. J'voulais juste mettre mon pyjama ici, quoi.

Jeongin ne rajoute rien, prétextant une envie pressante pour s'échapper de cette situation bien trop gênante à son goût. Alors Felix ricane, attrape une casquette qu'il met sur son crâne, et laisse Chan, mort de honte lui aussi, seul.

–    D'ailleurs, Seung et Minho sont partis faire les courses, le prévient-il depuis dehors. Si ils s'entretuent, c'est de ta faute.

Chan soupire, étendant ses bras dans l'espace vide. Effectivement, ce sera de sa faute.

Évidemment, du côté de ceux qui se haïssent, le trajet se fait en silence total. Pas même de radio, seulement le bruit insupportable de la climatisation. Seungmin est sur son téléphone, regardant des vidéos sans le son. Il ignore les regards indiscrets que lui lance le violet. Enfin, il essaie, jusqu'à ce qu'il trouve une place de parking. Minho se gare sans difficulté, éteint le moteur, et sors de la voiture sans un mot au châtain. Le problème, c'est qu'il s'est garé bien trop près du véhicule d'à côté. Si Seungmin veut sortir, alors il doit défoncer la portière voisine. Il grogne, prêt à sauter sur le terrible conducteur. Mais Minho est déjà dehors, un sourire diabolique collé au visage. Il le salue de la main, signe qu'il a verrouillé les portes. Seungmin panique, lui criant de revenir, de lui ouvrir, ou même de baisser une vitre. Il ne veut pas finir carbonisé dans cette voiture dont la climatisation ne fonctionne qu'une fois sur sept.

– Je le déteste vraiment, soupire Seungmin.

Il peine à attraper son téléphone avant d'appeler le groupe téléphonique des ses amis. Ce n'est pas seulement pour se plaindre à son ennemi, mais aussi pour prévenir tous les autres à quel point son niveau de haine envers Minho est trop élevé pour continuer la semaine comme ça.

–    Allô ?

–    Seungmin ?

La plupart répondent à l'appel. D'un côté, il voit Chan avec Felix, et de l'autre, Hyunjin qui est toujours contre l'une des voitures, à l'ombre.

–    T'es pas avec Minho ? Demande le bleuté.

–    C'est marrant que tu m'en parles. Ce connard m'a enfermé dans la voiture.

Ils rient. Mais ce n'est pas drôle.

–    Oh non ! S'exclame Felix. Je suis sûr qu'il va acheter que des produits bio de merde. Ça va être super cher.

Donc, c'est ça le problème ?

Seungmin soupire en posant le derrière de son crâne sur le repose tête. Il n'en revient pas d'avoir accepté ce séjour déjà pénible. Sur le papier, ça a l'air carrément cool : une semaine dans un camping avec ses meilleurs amis. Et peu importe si l'emplacement est penché, si la nourriture n'est pas aussi bonne qu'à la maison, ou si les ronflements de son colocataire le dérange. Il est avec des gens qu'il apprécie, et c'est le principal. Mais il n'a pas pris en compte qu'il allait passer les sept prochains jours avec le type le plus détestable de la planète. Ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, c'est plutôt sa fâcheuse tendance à marcher sur ses affaires – qui ne le regarde certainement pas – et Seungmin déteste ça.

Soudain, il entend toquer à la fenêtre. Il tourne la tête, et voit l'idiot visage du conducteur. Il a le sourire aux lèvres, et Seungmin sait que même ses yeux sont plissés derrière ses lunettes de soleil. Il soupire, lui lance un regard épuisé, puis il sent l'air de l'extérieur lui frapper le visage. Il fait toujours aussi chaud, mais beaucoup moins qu'enfermé.

–    Tu pleurais en m'attendant ? Ricane Minho, en posant ses lunettes sur le haut de son crâne.

–    Je te déteste.

Le plus vieux s'esclaffe avant de le laisser sortir.

–    Si tu veux la vraie vérité, t'avais l'air d'un mignon petit chiot.

Seungmin lui fait un doigt d'honneur, continuant son chemin sans un regard pour l'autre. Il l'entend ricaner derrière son dos, mais il ne se retourne pas pour autant.

La blague n'était pas drôle.

ꕤ

Galère le Lollapalooza.
Je suis malade, je suis éclatée, je rentre de Paris et on vient de louper notre train hahahaha.... Sans parler du Macdo de Montparnasse qui REFUSE de me faire payer ??? Genre mes potes ça passe, je change de borne et ça fonctionne toujours pas ????
Bref- Morale de l'histoire, Paris ça pue, venez à Bordeaux.

J'espère que ceux qui y sont allés sont heureux, je vous fais de gros poutous baveux <3