𝟐𝟕. 𝐏𝐥𝐚𝐧𝐬 𝐟𝐨𝐢𝐫𝐞𝐮𝐱 𝐠𝐨û𝐭 𝐃𝐫𝐚𝐠𝐢𝐛𝐮𝐬

𝓑𝓪𝓼𝓲𝓵𝓮

Il suffit d'un léger coup de menton à Léah pour nous faire basculer tous les deux dans le vide. Sa bouche rencontre la mienne et, dans un râle guttural qui m'échappe, j'approfondis ce baiser avec autant de passion que d'appréhension. Si je sais qu'elle a l'art de n'en faire qu'à sa tête, j'ai également conscience que rien de bon n'en ressortira. Pourtant, je plonge. Parce que ça cogne jusque dans mes tripes depuis trop longtemps. Son parfum acidulé mélangé au goût vanillé de ses lèvres ont raison de mon bon sens. L'armure s'effondre à mesure que mes doigts s'imprègnent de la peau douce de ses jambes, tandis que mes autres phalanges s'enroulent délicatement autour de sa gorge. Sa langue se fait plus audacieuse, ses cuisses s'ouvrent sur mon passage pour m'offrir un accès sans limites aux parties les plus intimes de son anatomie. Mon corps est en ébullition avant même que mon cerveau n'ait tout analysé de la situation. Une de ses mains malmène mes cheveux, l'autre remonte par-dessous mon t-shirt. Elle me semble si petite, glissant tendrement sur mon torse, là où le percute mon cœur hors de contrôle. Il n'a pas fallu plus de 10 secondes pour que ce contact tant espéré – mais redouté – me fasse bander.

Je ne comprends toujours pas pourquoi elle.

Pourquoi maintenant.

Mes questions se meurent entre sa respiration hachée et son rythme cardiaque effréné que je sens pulser sous mon pouce. Plus au sud, je poursuis mon ascension de ses cuisses jusqu'à me retrouver devant un problème de taille. Ça y est, mon cerveau assimile et se reconnecte enfin à la réalité.

Léah est une femme.

À demi allongé sur elle, je me retrouve projeté vers l'arrière, bousculé par la corde de ma conscience encore lucide ; loin de sa proximité excitante soudain devenue beaucoup trop effrayante. Je la vois tremblante, échevelée, le souffle court et les pommettes roses. Elle est belle à mourir. Désirable à se damner. Mais la panique me gagne. Léah doit probablement le sentir puisqu'elle se relève en ajustant sa robe et s'avance vers moi avec prudence.

— Tout va bien ? s'enquiert-elle d'une voix timide.

— Non. Je suis gay, Léah. Putain, je suis gay !

Elle soupire, le regard fuyant. Un malaise s'installe entre nous. J'ai peur de m'être mal fait comprendre, alors je m'empresse de préciser ma pensée :

— Je n'ai jamais couché avec une femme.

Ses traits chiffonnés se détendent, laissant place à une surprise à peine dissimulée. Ses lèvres se déforment en un sourire mutin qui apaise mes craintes. C'est étonnant.

— Est-ce que tu te moques de moi ? l'interrogé-je, mi-amusé mi-perplexe.

— Non non ! Pas du tout. C'est juste que... je ne pensais pas dire ça un jour, mais je crois que tu devrais un peu moins réfléchir avec ça, m'explique-t-elle en posant son index sur mon front, et un peu plus avec ça.

Ses derniers mots ont glissé sensuellement sur sa langue, en même temps que son doigt a dégringolé jusqu'à mon érection. Elle me caresse langoureusement, son regard sombre ancré au mien. Merde, c'est bon. Trop bon. Le crâne en stand-bye, je capture à nouveau sa bouche, mordille sa lèvre et m'accroche à ses hanches que je resserre contre moi. Ses seins gonflés pèsent sur mon thorax et s'accordent à ma respiration profonde. Encore une nouvelle sensation que j'accueille avec une légère nervosité, mais bien trop agréable pour y mettre un terme. Il n'en a jamais été question.

Léah tire sur mon t-shirt pour m'emmener jusqu'au canapé. Docile, je la laisse me guider à sa guise, conscient qu'elle devra prendre les commandes si je souhaite que tout se passe pour le mieux. Je n'ai pas l'habitude. Ni des femmes ni de me soumettre. J'y trouve un plaisir insoupçonné.

Elle me pousse sans ménagement dans le divan et s'installe à califourchon sur moi. Je profite de sa petite robe relevée jusqu'à la taille pour laisser mes paumes impatientes partir à la découverte du velouté de sa peau nue. De ses cuisses fines au galbe électrisant de ses fesses, je n'épargne aucun centimètre carré de son épiderme, avide d'y voir naître toujours plus de frissons. Léah ondule lascivement contre mon sexe ; ça me rend fou.

— Embrasse-moi, halète-t-elle contre ma chair déjà en manque de sa bouche.

Je vais pour aspirer son souffle, mais elle esquive en souriant.

— Pas ici.

D'un mouvement parfaitement maîtrisé, elle dégage les bretelles de son vêtement, celles de son soutien-gorge, et me dévoile sa poitrine ferme aux tétons ronds et durs. Sans réfléchir, j'en mordille un, le pince entre mes lèvres, le suce comme je l'ai fait avec les Dragibus. Voilà le seul bonbon que je veux voir fondre sous ma langue : elle, tout entière.

— Oui... plus fort !

Je m'exécute et pars à la conquête de son autre sein. Ses mains pressent sur mon crâne et tiraillent ma tignasse en tous sens. Je m'abandonne à son bon vouloir et y découvre un plaisir infini. Je n'aurais jamais cru cela possible : l'effervescence de nos corps, l'exaltation de nos esprits et ce besoin presque vital de ne faire qu'un, crépitant jusqu'aux confins de mon âme en déroute.

Je me redresse tout en la gardant fermement collée à moi. J'enroule ses boucles chocolat autour de mes doigts vigoureux et la force à relever le menton. Ma bouche délaisse sa peau rougie par le frottement de ma barbe, s'arrête une seconde au joli grain de beauté sur sa clavicule, puis remonte le long de sa gorge, sillonne le contour de sa mâchoire et lèche le lobe de son oreille.

— Tu me rends fou, Léah...

Elle gémit pour toute réponse, caressant mon visage, mon cou et mes épaules du bout de ses doigts. Sans prendre la peine de me lever, je tends la main vers la petite table d'appoint et ouvre le tiroir. J'attrape une capote et la lui tends, preuve de mon asservissement total. Elle est la seule à qui j'offre le droit de faire de moi sa marionnette. L'emballage soigneusement placé entre ses dents, elle me retire mon t-shirt, s'écarte de moi, saisit mon jogging par le bas et l'envoie valser à travers la pièce. C'est foutrement excitant de voir l'empressement dont elle fait preuve, couplé à la lueur ardente dans ses prunelles rivées à mon sexe au garde-à-vous.

Je me penche et me débarrasse à mon tour de ses vêtements, profitant de déposer quelques baisers voraces sur son ventre, ses flancs, sa poitrine. Léah enroule ses bras autour de ma nuque, le coin du plastique qui griffe mon dos m'indique que le préservatif a quitté ses lèvres. Elle geint de plus belle ; un son qui attise ma fougue et mon désir de l'entendre encore. J'ai envie de la toucher. Découvrir la source de son plaisir pour constater moi aussi l'effet que je lui fais. Putain d'égo. Mes mains patinent le long de ses jambes. L'une remonte jusqu'à son mamelon dressé, le pince et l'agace, tandis que l'autre s'arrête sur le délicieux triangle qui orne son intimité. J'ai l'impression d'être à nouveau ce gosse en quête de réponses. Surexcité, maladroit ; avare de nouvelles expériences.

— Basile... s'il te plaît... anhèle-t-elle en posant son front contre le mien.

Je ferme les yeux, les sensations sont décuplées. Nos haleines se percutent puis se mélangent. Mes doigts glissent vers son sexe chaud, entre ses lèvres abondamment trempées, sur son bouton de plaisir qui la fait vaciller à peine l'ai-je frôlé. Je ne suis pas totalement ignorant en matière de féminité, mais entre théorie et pratique, il y a tout un monde. Univers dans lequel je n'aurais jamais cru trouver une place si confortable.

Ses gémissements m'incitent à poursuivre et à m'accorder aux balancements langoureux de ses hanches. Lui donner du plaisir est devenu mon seul et unique objectif. Le plus dingue, c'est que je prends mon pied à la sentir si réceptive à mes caresses. C'est grisant de voir que les réactions de son corps se répercutent directement dans le mien. Douloureux, aussi, tant je meurs de partir en exploration jusqu'au creux de ses reins.

— Est-ce que tu as envie de moi ?

Son timbre grave et vibrant me fait bander plus fort. Bordel, je crois n'avoir jamais été si dur de toute ma vie.

— N'est-ce pas évident ?

— Je veux te l'entendre dire, insiste-t-elle en me heurtant de son regard charbon.

— Je meurs d'envie de toi, Cookie.

Il ne lui en faut pas plus pour déchirer l'emballage et dérouler le latex sur mon membre aux abois. Je frissonne tant le plaisir me submerge et l'impatience me gagne. Elle s'empale sur moi, me fait coulisser lentement entre ses chairs affamées ; nous expirons notre satisfaction à l'unisson. Ce que je redoutais me frappe soudain comme une évidence : en elle, c'est le paradis. Mon paradis.

Elle bouge progressivement, peut-être pour se laisser le temps de s'adapter à ma taille. Ou pour me laisser le temps de m'adapter à sa chaleur exquise. Inutile dans le deuxième cas, je plane totalement. Le cerveau en vrac et le corps à la limite de la combustion spontanée, j'ancre mes mains à ses hanches pour l'aider à garder le rythme. Je crois même la supplier d'accélérer la cadence. Elle me chevauche plus vite, plus fort, s'accordant à la partition de nos gémissements étouffés. Ses ongles s'enfoncent dans mes abdos et, si je ne me retenais pas, je crois que je pourrais jouir sur le champ. Hors de question. Je ne toucherai pas aux portes de l'extase tant que Léah n'en aura pas franchi le seuil. Je devine qu'elle en prend le chemin lorsqu'elle balance sa tête en arrière, belle à crever dans cet abandon quasi total de sa personne. Pour l'aider dans son ascension, j'attrape son téton dans ma bouche, lèche sa peau sucrée, recouverte d'une fine pellicule de sueur. Ses cris me font vibrer, au moins autant que ses déhanchements passionnés.

— Oh mon Dieu, Basile !

Elle se contracte autour de ma verge et je sais. Je sens. Je meurs de désir et d'admiration. Au plus profond d'elle, c'est l'apothéose. Un endroit qui m'était destiné. Une île paradisiaque sur laquelle j'aimerais me perdre pour de bon. Encore quelques va-et-vient et mes derniers espoirs de résistance s'effondrent. Je la rejoins, jouis en mordant sauvagement sa chair pour tenter de réprimer un râle de plaisir incontrôlé. Et alors que tout explose en moi, elle relève mon visage pour capturer mes lèvres dans un baiser bruyant, sauvage, spontané. Nos dents s'entrechoquent, nos langues se dévorent mutuellement. Nous ne faisons plus qu'un. Une fusion parfaite de ce qu'elle m'offre et de ce que je lui donne. Ma liste est exhaustive : absolument tout. Des battements frénétiques de mon cœur au salut de mon âme, elle s'est immiscée jusque sous ma peau. Son empreinte est à présent gravée en moi.

Partout.

Et pour toujours.

***

J'ai à peine fermé l'œil de la nuit.

Après cette partie de sexe magistrale, la descente s'est avérée plutôt brutale. Je comprends maintenant ce qu'un camé ressent lorsqu'il tire son dernier rail. Tirailler entre ce besoin d'y retourner pour savoir si l'effet sera aussi dément et le devoir de se retenir, sachant pertinemment que ça finira mal. Léah dort encore contre moi, je fais donc preuve de la plus grande discrétion pour m'extirper de ses bras sans la réveiller. Pour passer sous silence mon épiderme qui la réclame encore, par la même occasion. Sur la table, le cadavre de la bouteille de rhum ainsi que les quelques emballages vides me ramènent à notre soirée ensemble. À mes confidences. Ses baisers tendres et enflammés. L'orgasme fulgurant que nous avons partagé.

Mauvaise idée, mec...

Je me traîne jusqu'à la salle de bain, sans même un regard vers ce corps que j'ai pris tant de plaisir à découvrir. Sous une douche froide, je tente de faire le tri dans mes idées. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, le constat reste le même : je suis dans la merde. J'aurais aimé que les récents événements aient le pouvoir de changer quoi que ce soit à mon plan initial, mais ce n'est pas le cas. Pire, ce rapprochement m'incite à aller au bout de mon idée morbide puisque maintenant, Léah compte parmi mes proches. Elle devient une proie facile pour Cobra. Peu importe à qui va la faute, je ne me le pardonnerais jamais s'il lui arrivait quelque chose.

Tandis que l'eau fraîche apaise mes muscles tendus, je fais un récapitulatif de mon programme de la journée : passer faire un tour à l'Arquebusier, filer à l'entraînement, et, accessoirement, trouver un remplaçant pour mes élèves. Ça tombe mal avec le tournoi de Ben, mais il est fort probable que je ne sois plus en mesure d'assurer mes fonctions avant la fin de la semaine.

Mais d'abord, il me reste un problème de taille à régler : éloigner Léah.

Et je suis prêt à tout pour y parvenir.

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