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๐“›รฉ๐“ช๐“ฑ.

Sans attendre son aval, je me mets ร  bouger des hanches au rythme des congas qui s'en donnent ร  cล“ur joie. J'adore cette ambiance, cette musiqueโ€ฏ; ce regard presque animal qu'il coule alors sur moi. Ses pieds sont bien ancrรฉs au sol, son corps immobile, comme insensible ร  tout ce qui l'entoure. Ou presque. Ses doigts saisissent habilement la biรจre que le barman vient de dรฉposer prรจs de lui, mais son attention reste fixรฉe sur moi. Ses prunelles s'accrochent aux miennes avant d'en prendre possessionโ€ฏ; je perds la mesure. Celle du groupe, des battements de mon cล“ur, du temps et de l'espace. Je crois mรชme avoir arrรชtรฉ de danser, mais je n'en suis pas certaine. Je ne me sens plus du tout en phase avec mon propre corps. Il n'y a plus que lui, son aura lumineuse, pourtant ternie d'une ombre dont je ne connais que trop bien la cause.

J'aurais pu rester ainsi des heures. ร€ le contempler. ร€ tenter de lire en lui. ร€ ressentir, jusqu'au plus profond de mon รขme, cette connexion que j'ai de plus en plus de mal ร  ignorer. Mais le mouvement brusque d'un des nombreux danseurs me ramรจne ร  la rรฉalitรฉ. Dans un dรฉsรฉquilibre total, je suis projetรฉe en direction du bar. Basile me rattrape de justesse avant que je finisse ma course ร  ses pieds. ร‰trangement, j'ai la sensation qu'ร  l'intรฉrieur, tout s'รฉcroule sous la puissance de ses grandes mains chaudes qui s'accrochent ร  mes bras nus et frissonnants. Je fonds sous la douceur de son geste, qui devient peu ร  peu caresses furtives, presque imperceptibles. Je ne relรจve pas les yeux, c'est inutile. Bien trop risquรฉ. Au contraire. Blottie contre son corps d'athlรจte, je me nourris des sensations qu'il รฉveille en moi, les paupiรจres closes et le cล“ur battant ร  tout rompre.

โ€” T'as vraiment l'art de te mettre en difficultรฉ, Cookie.

Un rire m'รฉchappe, son timbre rauque me rassure autant qu'il m'excite.

โ€” Une chance que tu sois lร  pour me rattraper.

J'ai murmurรฉ ces mots, incertaine qu'ils soient parvenus jusqu'aux oreilles de mon apollon. Peu importe, je n'attends aucune rรฉponse de toute faรงon.

โ€” Oh, regarde, une banquette vient de se libรฉrerโ€ฏ! m'exclamรฉ-je en le tirant par le bras jusqu'ร  l'autre bout de la piรจce.

L'endroit est plus calme, loin de la scรจne et de la cohue gรฉnรฉrale. Ici, les gens peuvent discuter sans avoir besoin de hausser le ton, dans une ambiance beaucoup plus feutrรฉe. Les coussins sont moelleux, les tables minuscules mais toutes sรฉparรฉes par des paravents aux multiples coloris. Ma foi, je dois avouer que c'est plutรดt agrรฉable.

Peut-รชtre un chouรฏa trop intimiste.

โ€” Alors... hรฉsite Basile en se glissant ร  mes cรดtรฉs, quand commences-tu ton nouveau boulot ?

โ€” Dรฉbut juillet, ร  mi-temps. C'est une bonne chose, je crois. ร‡a me permettra de me remettre doucement dans le bain.

Il acquiesce tandis que nos regards se croisent enfin. Je sens qu'il se retient de me demander quelque chose, il triture son verre, s'agite et soupire avant de jeter un ล“il aux alentours. Curieusement, j'ai envie de l'encourager. De consolider ce lien รฉtrange que je veux voir perdurer entre nous.

โ€” Vas-y. Pose-lร , ta question.

โ€” Je me demande juste pourquoi tu as si peur de reprendre le travail. Et pourquoi je lis autant de culpabilitรฉ quand tu mentionnes ton pรจre.

โ€” J'ai encore beaucoup de mal ร  en parler, me ravisรฉ-je finalement, la gorge nouรฉe. Je sais que รงa me ferait du bien, mais revivre ce moment, รงa me terrifie.

โ€” Tu voudrais bien essayer de me raconter ce qui s'est passรฉโ€ฏ? Tu sais, parfois les mots ont juste besoin de sortir, peu importe comment.

โ€” Je... c'est...

Prise de sanglots avant mรชme d'avoir articulรฉ une phrase, j'inspire un grand coup pour ne pas craquer. Je me rappelle l'existence de mon mojito, que Basile n'a pas oubliรฉ sur le comptoir โ€“ contrairement ร  moi, qui l'avait relayรฉ au second plan. Un breuvage que je considรจre soudain au mรชme titre que l'archange Saint-Michel, porteur de courage et de volontรฉ. Les quelques gorgรฉes que je m'autorise sont salvatrices. Si j'รฉtais un peu plus honnรชte, j'avouerais que la faรงon si douce et bienveillante dont mon partenaire m'observe l'est tout autant.

โ€” Je ne suis pas lร  pour te juger, me rassure-t-il en enveloppant ma main de ses doigts agiles et rรฉconfortants.

Son geste est pudique, rรฉservรฉ, sans doute afin d'รฉviter toute mauvaise interprรฉtation, mais j'apprรฉcie grandement.

Parce que je le sais sincรจre.

โ€” Mon pรจre a toujours รฉtรฉ un homme droit. Et honnรชte. Il prรดnait la vรฉritรฉ, qu'elle soit simple ou douloureuse. Mais ce jour-lร ... Ces derniรจres paroles... c'รฉtaient des mensonges.

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