𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈𝐈














— S  O  U  S   L  E  S   C  A  R  T  E  S —















郷に入っては郷に従え












             LA BIBLIOTHEQUE EST PARTICULIEREMENT silencieuse aujourd’hui. Non pas qu’elle ne l’est pas à l’ordinaire, plutôt que le son des doigts tapant sur des ordinateurs, pages se tournant et bibliothécaires discutant dont je n’avais même pas conscience lorsque je venais en fin d’après-midi se remarquent maintenant par leur absence. Un frisson parcourt mon échine.

             Je n’ai pas remis les pieds dans ce lieu depuis deux jours, le soir où j’ai fait cet étrange cauchemar et me suis réveillée, les bras couverts de débris de verre. La sensation que quelque chose de crucial se soit passé là-bas, mais aussi la crainte de m’y confrontée m’a poussée à fuir cet endroit comme la peste.

             Pourtant, m’y voilà en ce moment-même.

             Un évènement m’a poussée à revenir sur mes pas, à pousser la porte de ces lieux et entamer des recherches. Cette nuit, j’ai fait un rêve.

             Un rêve trop vif dans mon esprit, avec des sensations trop marquées. Un rêve pas comme les autres. Un rêve qui ressemble plutôt à un souvenir. Un rêve qui m’a poursuivie jusqu’au petit matin, mes doigts jouant lascivement avec ma cuillère tandis que je retournais les évènements de cette nuit dans ma tête.

             Je peux presque encore sentir la sensation du sourire de Shanks contre ma main, ses muscles glissant sous ma paume, sa chaleur irradiant ma peau. Mon cœur ne cesse de s’emballer tandis que je revois l’ardeur avec laquelle ses yeux se sont implantés dans les miens, accrochant mon âme et la réchauffant au plus profond d’elle-même. Ma gorge se fait sèche quand sa délicate voix, douce et rieuse, résonne dans mes oreilles au rythme de mes souvenirs.

             Tout dans cette rencontre m’a marquée. Son intensité. Son étrangeté. La façon dont, après mon cauchemar avec l’étrange docteur de la Peste Noire, elle m’a apaisée…

             Alors je ne sais si c’est de la folie pure, si cela est symptomatique d’une profonde peur de refaire ce cauchemar d’il y a deux jours, de trouver une explication qui calmerait mes peurs mais je suis ici aujourd’hui pour une raison spécifique. Là où tout a sûrement déjà commencé, annonciateur d’autres évènements à venir, je veux trouver la clé de ces dits-évènements.

             Voyageur. Tel est le terme employé par Shanks le Roux. Et il m’est étonnamment resté à l’esprit.

             Je veux des réponses.

— Je peux vous aider ? m’interpelle une voix dans mon dos.

             Me retournant, je tombe nez-à-nez avec un visage familier. Je ne connais pas le nom de cette femme mais, lorsque je quitte la bibliothèque, le soir, elle, un blondinet et un bibliothécaire — Dan, je crois — sont souvent en train de discuter ensemble à l’extérieur du bâtiment.

             Montrant le dos à la gigantesque étagère en bois garnie de livres et montant jusqu’au plafond que je fixais, je me concentre sur l’aimable sourire de la nouvelle venue. Je ne crois pas qu’elle travaille ici mais elle se propose si gentiment de m’aider que je n’hésite pas.

— Je cherche un livre qui parlerait qu’un peuple…, j’hésite, ou une ethnie, je ne sais pas trop, à vrai dire… Les Voyageurs.

             A ce dernier mot, je vois nettement les deux yeux en amande de la jeune femme s’illuminer. Son nez en trompette se retrousse quelque peu tandis que le rouge à lèvres bordeaux qu’elle porte et qui ressort superbement bien à côté de sa douce peau ébène s’étire quand elle sourit.

— Je me disais bien que j’avais sentie le parfum de Grand Line sur vous ! s’exclame-t-elle, ses paupières grandes ouvertes et ses lèvres retroussées.

             Je me fige. Quoi ?

— Donc comme ça, vous aussi vous êtes une Voyageuse ? continue la jeune femme d’un ton guilleret, ses braids se secouant sur son crâne à mesure qu’elle bouge avec frénésie. Dan s’en est jamais rendu compte, alors ! Il n’est pas très observateur. Je l’ai toujours dit, de toute façon. Parmi ses collègues, y’en a une qui me donne aussi une vibe de Voyageuse mais vous allez voir qu’il ne va pas s’en rendre compte avant qu’elle ne voyage par inadvertance et qu’il soit obligé de la ramasser à la…

             Médusée, je ne sais trop quoi rétorquer. Bien que je sois venue dans l’objectif d’obtenir des informations sur les Voyageurs, je ne m’attendais pas vraiment à croiser une femme visiblement professionnelle du sujet d’entrée de jeu.

             D’autant plus qu’elle a l’air de penser que je fais partie de ce peuple.

             Je suis tentée de la contredire pendant qu’elle continue son monologue mais la première phrase qu’elle a prononcée suscite mon intérêt, je l’avoue. Comment ça, « sentir le parfum de Grand Line » sur moi ?

             A l’ordinaire, je n’aurais pas prêté attention à cette phrase que j’aurais jugé aussi étrange que le reste de son discours. Mais, étant donné mon si mémorable rêve de cette nuit, je ne parviens pas à faire l’impasse là-dessus.

— …et c’est ce jour-là qu’on a découvert que le concombre avec du sucre n’avait absolument pas le goût de pastèque…, poursuit la jeune femme, visiblement peu intéressée par le fait que je ne l’écoute pas.

— Excusez-moi ? je la coupe. De quoi parlez-vous ?

             Aussitôt, ses lèvres s’immobilisent et ses yeux s’écarquillent. Ses muscles se raidissent en même temps et sa langue semble s’engourdir dans son palais. Je reconnais l’expression faciale que je vois soudainement sur ses traits, à un point tel que je peux deviner avec certitude ses exactes pensées.

             Elle se dit qu’elle en a beaucoup trop dit.

— Qu’importe, je l’épargne en voyant son embarras. J’ai trouvé un livre ici, il y a deux jours et un terme évoqué dedans m’a titillée. Celui de « Voyageurs », justement.

             Ouvrant mon sac, je sors l’épais grimoire pour le montrer à la jeune femme. Mais, à peine ai-je le temps de le lui tendre qu’elle vient poser une main sur son cœur et ses yeux s’écarquillent. Un cri étouffé franchit ses lèvres.

             Quelque peu prise au dépourvue par sa réaction, j’arque un sourcil avant de laisser tomber mon sac vide au sol et d’ouvrir les pages. J’aimerai lui montrer la silhouette qui m’intrigue tant, celle des docteurs de la Peste Noire.

             Je ne sais pas pour quelle raison mais elle a aspiré mon attention.

             Feuilletant les pages à toute vitesse, je cherche hâtivement afin de ne pas la faire attendre. Mais elle me coupe d’une voix tremblante dans mes actions :

— Est-ce que c’est… vous ? demande-t-elle.

             Je fronce vivement les sourcils en relevant la tête. « Vous », qui ? Je ne sais pas quoi répondre. Sous mes yeux, le visage rond de mon interlocutrice semble si choqué que je me vois difficilement l’envahir de question.

             Sa bouche s’ouvre et se ferme successivement durant une poignée de secondes tandis que sa main demeure posée sur son cœur. Le coin interne de ses sourcils pointe soudain le ciel lorsqu’elle questionne d’une voix étranglée :

— Les… Les créatures de ce livre… Les Silences… Vous les avez déjà vus ?

             Mon cœur rate un battement.

— Ceux avec les masques de la Peste Noire ? je demande afin d’être sûre de ne pas me tromper et elle acquiesce. Oui ! J’ai fait un cauchemar avec l’un d’entre eux et je cherchais des réponses, à vrai dire !

             Sa réaction est immédiate et me prend de court. Aussitôt ma phrase finie, la jeune femme se jette à mes pieds, un genou à terre et l’autre en angle droit. Puis, saisissant ma main, elle baisse la tête et pose ses lèvres dessus.

             Abasourdie, je n’ose réagir. Je suis prise de court, déésarçonnée. Mais qu’est-ce qu’il se passe, à la fin ? Tout a l’air si…irréel. Je ne comprends plus rien.

Bosuard, qu’est-ce que tu fous ? soupire une voix à quelques mètres de nous.

             Levant les yeux, je surprends un homme à la carrure développée, ses cheveux noirs de jais noués en un chignon dont quelques mèches dépassent, adoucissant un regard ambré. Je le reconnais. Il est l’un des bibliothécaires. Son nom est Dan, si mes souvenirs sont justes, et je le vois parfois avec cette femme et un blondinet.

             Ses iris dorées descendent jusqu’à son amie accroupie puis à ma main qu’elle embrasse et enfin à mon autre bras tenant le livre épais. Aussitôt, ses yeux s’écarquillent et il s’incline profondément et respectueusement.

             Surprise, je regarde son buste complètement basculé en avant et l’écoute déclarer d’une voix solennelle :

— C’est un honneur de recevoir votre visite, Impératrice.

             Je me fige. Quoi ? Impératrice ?

             Je ne sais trop quoi répondre. Tout s’est déroulé en une fraction de secondes. Je suis venue mener des recherches sur le livre que j’ai trouvé et je me retrouve face à deux révérences et un nouveau statut « d’impératrice ».

             Et bien, si j’avais su plus tôt qu’aller à la bibliothèque me mènerai à être vénérer de la sorte par deux inconnus, je n’aurais pas omis de m’y rendre hier.

Relevez-vous, retentit une autre voix. Vous voyez bien qu’elle ne comprend rien à votre cirque.

— Cirque ? répète Dan sans interrompre sa révérence. C’est de notre impératrice que tu parles, Edward !

             Le dénommé Edward jaillit du rayon garni de livres, un sourire amusé aux lèvres. Ses longs cheveux blond brillant tombent en cascade sur ses épaules développées couvertes d’un tee-shirt blanc. Une barbe de trois jours couvre sa mâchoire carrée et ses yeux noisette sont assez rieurs.

             Il me lance un regard bref avant de s’arrêter à hauteur du noiraud et tapoter l’épaule de celui-ci. Puis, tandis que ce dernier se redresse enfin, il fait de même à la jeune fille qui lâche ma main et recule de quelques pas.

             Encore abasourdie, je regarde le nouveau venue, les sourcils haussés. Le rictus amusé de celui-ci ne m’échappe pas lorsqu’il déclare :

— Seul un empereur ou une impératrice peut voir les Silences.

             Je déglutis péniblement. Il semble très sérieux. Mais je ne saisi rien de ce qu’il raconte.






— Alors il me semble que mes amis ont vu juste et la révérence est de mise, Imperecea.


































— Donc, si nous devons résumer la chose, toi et nous sommes des Voyageurs. La plupart des œuvres de fictions comme les mangas sont en réalité des récits d’évènement étant survenus dans d’autres réalités. Et nous voyageons entre ces réalités.

             Edward a les bras croisés sur sa poitrine tandis que l’un de ses mollets repose sur le genou de l’autre jambe. Se balançant distraitement sur sa chaise, il parle calmement tandis que, à côté d’eux, aussi en face de moi, Bosuard et Dan me fixent.

             J’avoue être assez mal à l’aise face à leurs regards insistants. Mais je me contente de les ignorer, me concentrant sur les paroles du blond.

             Selon lui, les univers que j’ai toujours considérés comme fictifs sont réels et leurs auteurs n’ont pas conscience du fait qu’ils n’inventent rien mais se contentent de retranscrire des choses qu’ils perçoivent inconsciemment. Les seuls connaissant la vérité sont les personnes comme nous. Les Voyageurs. Capables de traverser ces mondes.

             Malgré l’ampleur d’une telle révélation, j’avoue que j’ai du mal à ne pas y croire. Soit, j’en suis abasourdie. Mais cela explique trop de choses incomprises de ma part pour que je fasse semblant de l’ignorer.

             Le terme « voyageur », tout d’abord. Employé d’abord par Shanks dans mon rêve, j’ai retrouvé ce mot dans l’étrange livre de cuir puis dans la bouche de la dénommée Bosuard, aux longues braids blondes et noires. Trop de coïncidences.

             D’autant plus que, dans le livre, dans mon rêve et dans la bouche du blond, tous donnent la même définition de ce terme :

« Un être capable de changer de lieu en un battement de cil. »

             Trop de choses correspondent.

             Et j’avoue que l’idée de pouvoir expliquer ma course-poursuite avec le monstre me rassurerait.

— Alors… Nous sommes capables de…, je ne parviens pas à finir mes phrases, sous le choc.

— Oui, répond simplement Dan.

             Edward prend une inspiration.

— Mais il y a quelque chose dont seule toi est capable car tu es l’imperecea, explique-t-il.

             Je fronce les sourcils afin de l’encourager.

— L’impe… quoi ?

— L’imperecea, explique-t-il, aussi appelée l’Impératrice des Silences.

— Les Silences sont les protecteurs des Voyageurs, poursuit Bosuard en triturant les pages du livre ouvert devant moi sur la table rectangulaire que j’occupais déjà la dernière fois que je suis venue. Entre les univers, il existe un vide que l’on doit traverser et qui se nomme le Silence. Les êtres provenant de ce lieu sont les Silences. Ils veillent sur nous mais seuls les impereceis peuvent les voir.

             Dan éclaircit sa gorge :

— Le livre que tu as trouvé, la légende raconte qu’il apparait aux yeux des futurs impereceo et imperecea. Tout comme les Silences.

— Les Silences…, je demande. Ils ne ressembleraient pas aux docteurs…

— …de la Peste Noire, finit Edward. Si. C’est l’un d’entre eux que tu as vu. Ils sont très intimidants mais de ton côté. Ils périraient pour te protéger.

             Mon souffle se coupe. De mon côté ? Vraiment ? La dernière fois, j’ai bien cru me faire dessus quand cet être m’a poursuivi, tant et si bien que je me suis mise à hurler de terreur sur lui.

             Et, aujourd’hui, j’apprends qu’il me voulait du bien seulement.

             Du moins, c’est ce que ces trois-là prétendent. Mais ils ne m’ont pas l’air bien méchants. Au contraire, juste soulagés.

             Un sourire étire les lèvres de Bosuard et elle tend la main vers la mienne avant de la saisir :

— Si vous saviez combien nous vous avons attendu, Imperecea.

             Elle a l’air sincèrement rassurée. Mais, sous le choc, je ne sais pas trop quoi répondre. Je suis abasourdie. Moi…




             …Impératrice ?

 















郷に入っては郷に従え












2310 mots

navrée mais pas de shanks
pour ce chapitre, il faut
le temps que la trame de
fond prenne place

ne vous inquiétez pas,
il sera de retour très
bientôt

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