Comme les précédents, cet OS a été corrigé. La première version était écrite au présent, et je l'ai changée pour que le texte soit au passé simple. Cependant, ni ma relecture ni le correcteur orthographique de Word n'étant infaillible, il se peut qu'il y ait parfois des oublis. N'hésitez pas à me les indiquer en commentaires si vous en trouvez. Bonne lecture !

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Cela fait maintenant quatre ans. Quatre ans que cela dure. Quatre ans que je me réveille toutes les nuits en sursaut, puis retrouve le sommeil en posant un regard attendrissant sur le doux visage de mon camarade de chambre devenu mon meilleur ami avec le temps.  Quatre ans que je souffre en silence. Quatre ans que j'essaye de me persuader de quelque chose de faux. Quatre ans que j'essaye de refouler des sentiments qui finissent irrémédiablement par me rattraper et à me faire sombrer dans la plus profonde des tristesses. Quatre ans que je fais semblant d'aimer quelqu'un d'autre, alors que je sais que je me mens à moi-même.

Mais dire la vérité me fait peur. Car un Malefoy n'est pas censé être ce que je suis. Pire, un Malefoy n'est pas sensé aimer quelqu'un de cette famille. La réaction de mon père, Drago Malefoy, me fait peur. La réaction de ma grand-mère, Narcissa Malefoy, me fait peur. La réaction d'Harry Potter me fait peur, lui qui ne voulait même pas qu'Albus et moi soyons amis.

Alors plus qu'amis...

⸺ Hé, Scorp' ! s'écria une voix, me tirant de ma rêverie.

Je tournai la tête et une silhouette me percuta avec force. Je me reculai de quelques pas afin de ne pas tomber, puis je lui rendis son étreinte.

⸺ Alors ? demandai-je avec un grand sourire. Qu'a dit McGonagall ?

⸺ J'ai été nommé commentateur des Matchs de Quidditch ! cria Albus en me prenant les mains, que je m'empresse de retirer. J'essayai de me reprendre :

⸺ C'est... c'est génial !

⸺ Oui, je sens que c'est un bon signe pour le commencement de ma cinquième année !

⸺ On fête ça ce soir ? proposai-je. Maintenant, j'ai cours de Sortilèges et je ne voudrais pas être en retard...

Il me donna une tape dans le dos et s'éloigna en s'écriant :

⸺ À ce soir alors ! Ohhh, quand je vais dire ça à Rose !

Il se retourna, guettant une réaction de ma part à l'annonce du prénom de sa cousine. Aussitôt, gêné de n'avoir pas trop écouté et de m'être replongé dans mes rêveries, je piquai un fard et balbutiai :

⸺ Ah oui, heu... Rose. Ouais, Rose.

Un sourire étrange se peignit sur le visage d'Albus qui se retourna et sortit du couloir. Pourquoi étais-je incapable de lui dire la vérité ? La cinquième année venait de commencer, et je souffrais toujours autant qu'au début, sinon plus.

Je secouai la tête et réajustai la prise de mon sac sur mon épaule, puis je me dirigeai vers mon cours de Sortilèges, me noyant dans mes pensées grisâtres.

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Dernier cours de la journée, Métamorphose.

Le professeur McGonagall débitait son discours de rentrée en cours de manière stressée et la moitié des élèves ne l'écoutaient pas. Pour ma part, je ne prêtais attention qu'à une phrase sur deux, et Albus était allongé sur son bureau en train de dessiner un Retourneur de Temps sur son parchemin. Voulant poser une question à propos des emplois du temps, je levai la main. Albus grogna juste à côté de moi et je laissai mon regard divaguer sur son visage. Il a un air concentré et ses cheveux lui retombaient devant ses beaux yeux verts. Je regardai ses lèvres soyeuses former différents mots au fur et à mesure qu'il écrivait une phrase en Runes Anciennes sur le Retourneur de Temps. Qu'est-ce qu'il est beau...

⸺ Oui, Monsieur Malefoy ? s'interrompit McGonagall d'une voix sèche, me fixant de ses petits yeux perçants.

⸺ Heu... je... heu...

Je relevai la tête, gêné.

⸺ Excusez-moi, je ne me souviens plus de ce que je voulais demander.

La classe éclata de rire et Albus releva le nez de son dessin, un sourire éclatant accroché au visage, deux fossettes éclairant son air joyeux. Il s'approcha de moi et me murmura à l'oreille :

⸺ Alors comme ça je suis si beau et important pour toi que je te fais oublier tes questions ? Ne nie pas, Scorp', je t'ai vu me regarder, termine-t-il avec un grand sourire.

Je devins aussitôt cramoisi, et, ne sachant quoi répondre, je pris ma plume et me forçai à écouter les indications ennuyeuses de McGonagall pour prendre des notes.

⸺ Ne te moque pas, ce n'est pas moi qui dois aller en heure de retenue après les cours ! répondis-je avec un grand sourire.

⸺ Oh, j'avais complètement oublié ! Mais il n'empêche que la retenue se passera dans la Forêt Interdite... je vais bien m'amuser !

⸺ Oh, sale veinard ! Pourquoi c'est toujours à toi qu'il arrive les bonnes choses ? rigolai-je en essayant de ne pas croiser son regard.

⸺ Je sais, je sais, me répond-il en éclatant de rire à son tour.

Je ne pus empêcher mon cœur de se mettre à battre trop vite quand j'entendis son rire si joyeux.

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⸺ Salut Scorp' !

Je me retournai et aperçut Albus dans l'encadrement de la porte. Il s'avança de quelques pas dans notre dortoir en regardant autour de lui puis lâcha :

⸺ Waouh ! C'est toi qui as refait la décoration ?

Je rougis légèrement et baissai la tête :

⸺ Oui.

⸺ C'est très beau... affirma le jeune Potter.

Je relevai les yeux et l'aperçut le regard dans le vague, fixant un point situé à quelques centimètres de mon visage. Puis il secoua la tête et vint s'asseoir sur son lit. Je jetai un coup d'œil vague à la décoration : une bannière Serpentard accrochée au fond de la pièce, une banderole passant de l'inscription « Félicitations à notre nouveau commentateur – on est que deux dans ce dortoir à pouvoir voir ça donc c'est ridicule mais ce n'est pas grave » à « Bonne année scolaire » et plusieurs bouteilles de Biéraubeurre calées dans un coin de la pièce. Je haussai les épaules.

⸺ Bah, ça ne change pas tant que ça...

J'allai m'asseoir à ses côtés en prenant une Biéraubeurre. Il enleva le bouchon d'un coup de baguette puis en but une longue gorgée. Entraîné par mon élan, je le pris dans mes bras.

⸺ Félicitations, Al' !

Il me rendit mon étreinte, puis je me dégageai, le visage rouge. J'osai espérer qu'il ne l'avait pas remarqué. Finalement, il me demanda :

⸺ Voudrais-tu manger quelque chose ? J'ai pris des gâteaux à la cuisine...

⸺ Oui ! répondis-je, un peu trop vite.

Il fit apparaître un petit gâteau au chocolat d'un coup de baguette et me le tendit. J'essayai de l'attraper, mais il le tira en arrière.

⸺ Allez, Al !

⸺ Ah, ah, ah, tu ne l'auras pas si facilement ! sourit-il.

⸺ Alors, quoi ?

⸺ Réponds à mes questions – avec sincérité, monsieur j'ai-des-secrets –, et tu l'auras.

Je me rassis en croisant les bras sur ma poitrine. Albus commença :

⸺ J'ai bien vu que tu avais changé depuis le début de la rentrée. Est-ce que tu serais... amoureux, Scorpius ?

⸺ Je... oui, et alors ? répondis-je, décontenancé, sans prendre le temps de réfléchir à mes paroles.

⸺ Mais pas de Rose, comme tu as pu l'être. Je me trompe ?

⸺ En effet. Maintenant, donne-moi ce gâteau, Albus Severus Potter ! insistai-je en ricanant, conscient qu'il essaie de me piéger.

Il le maintint hors de ma portée, juste pour m'énerver.

⸺ Je n'ai pas fini, Scorp'.

Il rapprocha son visage du mien et je déglutis en piquant un fard.

⸺ De qui es-tu amoureux, Scorpius, hein ?

⸺ De... ça ne te regarde pas.

Il sourit et répondit d'une voix lente :

⸺ Ah ? J'aurais pourtant juré que j'étais le premier concerné... je me trompe ?

Je le repoussai violemment. J'aurais pu rire et tout enfouir au fond de moi une fois de plus. Mais ça devenait trop lourd à porter. Bien trop lourd.

⸺ Albus, arrête ! Je crie. Arrête. S'il te plaît.

J'attendis qu'il acquiesce avant de me rasseoir à ses côtés, furieux. Furieux qu'il ait deviné. Furieux car je savais que je risquais de perdre son amitié.

⸺ Que j'arrête quoi ? De dire la vérité ? continua-t-il en m'attrapant le poignet pour que je ne parte pas.

Je fronçai les sourcils et le fusille du regard.

⸺ Tu ne sais pas de quoi tu parles, Al...

Comment avait-il pu deviner ? C'était si flagrant que ça ?

⸺ Oh, si, je sais de quoi je parle, crois-moi, Scorpius...

⸺ Que veux-tu dire ? grommelai-je d'une voix sourde tandis qu'il se rapprochait de moi et qu'il m'attrapait l'autre poignet.

⸺ Tu ne comprends pas ? Je suis... comme toi.

Je grimaçai.

⸺ Ne me mens pas. Et... je ne vois pas de quoi tu parles.

⸺ Oh, si, tu le sais très bien, Scorp', me répondit-il en posant son front contre le mien.

À cet instant précis, je sentis mon cœur s'affoler, et mon visage devint plus cramoisi que jamais. Je ne savais plus quoi dire, je n'arrivais plus à bouger. Albus me regarda et un sourire triomphant s'afficha sur son visage. 

⸺ Tu ne vois toujours pas ? redemanda-t-il avec son sourire éclatant.

Je n'arrivais plus à rien. Ni à bouger, ni à parler, ni même à émettre un son. J'étais comme paralysé. Puis, sans me prévenir, Albus posa ses lèvres contre les miennes. Il m'embrassa timidement puis se recula. J'étais abasourdi. Il ne mentait donc pas. Il reposa son front contre le mien et demanda une nouvelle fois d'une voix rauque :

⸺ Tu vois, maintenant, ce que je veux dire ? Je t'aime, Scorpius.

À ces mots, mon cœur s'affola, et le bonheur me submergea. Je n'avais plus réussi à être heureux depuis le mort de ma mère, et c'est Albus qui me redonnait goût à la vie. Le cours de l'existence n'était-il pas parfois merveilleux ? Le jeune Potter lâcha un de mes poignets et posa sa main contre mon torse. Il ferma les yeux quelques instants pour percevoir les battements bien trop rapides de mon cœur. Qui battait de manière affolée, tout ça à cause de lui.

⸺ Waouh. Je te fais tant d'effet, Scorp' ?

⸺ Je t'aime aussi, Al.

Aussitôt, je rougis, conscient que cette phrase venait de m'échapper.

⸺ Je le savais ! s'écria-t-il. Je savais que tu n'étais pas devenu bizarre pour rien. Quoique... tu as toujours été bizarre !

Il esquiva une tape sur le bras, et je lui souris.

⸺ Al, t'es chiant là. Quoique... tu as toujours été chiant !

Je lui souris, fier de ma répartie. Je n'arrivais pas vraiment à savoir ce qu'il se passait, et je me demandai un instant si tout ça n'était pas qu'une blague, un rêve. Ou bien si Al me fait marcher. Mais alors il se rapprocha de moi, prit mon menton entre ses doigts fins et glacés, et il souffla :

⸺ Idiot, embrasse-moi.

Je ne cherchai pas à savoir le pourquoi du comment et je fis aussitôt ce qu'il me demandait. Ses lèvres étaient si soyeuses... sa langue si douce... comme il embrassait bien ! Je rougis aussitôt et me giflai mentalement pour avoir pensé ça. Il me murmura :

⸺ Scorp', je t'aime. Je t'aime tellement... pourquoi est-ce qu'on ne se l'est pas dit plus tôt, hein ?

Je l'embrassai aussitôt sans répondre. Il posa sa main sur ma joue cuisante, puis on retomba allongés sur le lit. J'allai me blottir dans ses bras et il commença à passer sa main dans mes cheveux.

⸺ T'es mignon quand tu rougis, me murmura-t-il d'une voix douce.

Je penchai ma tête en arrière pour le regarder et je lui souris.

⸺ Tu vois, t'es chiant même dans les meilleurs moments !

Il rit puis replongea son regard vert azur dans le mien, et passa son doigt sur mes lèvres.

⸺ « Dans les meilleurs moments » ? Waouh, mais tu m'aimes tant que ça ? Oh, t'es mignon quand tu rougis, j'adore t'embarrasser, c'est si marrant !

⸺ Aaaah, tu m'énerves ! répliquai-je en comprenant que j'avais une nouvelle fois rougi.

⸺ C'est bien pour cela que tu m'aimes, souligna-t-il, les yeux pétillants.

La soirée se passa sans accroc, on discuta, on rit, on mangea, on but de la Biéraubeurre, et on s'embrassa. J'avais de la chance. Chance d'aimer quelqu'un. Chance qu'il m'aime en retour. Mais j'avais surtout de la chance que cette personne soit Albus Potter.