→ 𝐒𝐜𝐨𝐫𝐛𝐮𝐬 𝟑 - Sᴜɪs-ᴍᴏɪ, ᴊᴇ ᴛᴇ ғᴜɪs ; ғᴜɪs-ᴍᴏɪ...
/!\ 𝐏𝐞𝐭𝐢𝐭 𝐚𝐯𝐞𝐫𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐜𝐢𝐞𝐳 𝐥𝐚 𝐥𝐞𝐜𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐭 𝐎𝐒 : 𝘊𝘦 𝘵𝘦𝘹𝘵𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘶𝘯 𝘭𝘢𝘯𝘨𝘢𝘨𝘦 𝘷𝘶𝘭𝘨𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘢̀ 𝘤𝘦𝘳𝘵𝘢𝘪𝘯𝘴 𝘦𝘯𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵𝘴 𝘦𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘪𝘯𝘴𝘶𝘭𝘵𝘦𝘴. 𝘑'𝘦𝘴𝘴𝘢𝘪𝘦 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘥𝘦́𝘮𝘰𝘯𝘵𝘳𝘦𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘳𝘦́𝘢𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘦𝘵 𝘭𝘪𝘣𝘳𝘦 𝘢̀ 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘦 𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘪𝘳𝘦 𝘴𝘪 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘯'𝘢𝘪𝘮𝘦𝘻 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘪𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘦𝘯𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘨𝘳𝘰𝘴𝘴𝘪𝘦̀𝘳𝘦𝘵𝘦́𝘴.
Sι voᥙs ᥒ'ᥲvᥱz ρᥲs ᥣᥙ ᥣ'Eᥒfᥲᥒt Mᥲᥙdιt, ᥲᥣᥣᥱz vιtᥱ rᥲttrᥲρᥱr votrᥱ rᥱtᥲrd ! Cᥱ ᥒ'ᥱst ρᥲs moᥒ ᥣιvrᥱ ρrᥱ́fᥱ́rᥱ́, mᥲιs ᥴᥱt OS ᥴoᥒtιᥱᥒt dᥱs « ιᥒformᥲtιoᥒs » sᥙr ᥣ'hιstoιrᥱ. D'ᥙᥒᥱ ρᥲrt : Jᥱ ᥒᥱ voᥙdrᥲιs ρᥲs voᥙs sρoιᥣᥱr, ᥱt, d'ᥲᥙtrᥱ ρᥲrt, ιᥣ ყ ᥲ dᥱs ρᥱrsoᥒᥒᥲgᥱs qᥙᥱ voᥙs rιsqᥙᥱrιᥱz dᥱ ᥒᥱ ρᥲs ᥴoᥒᥒᥲι̂trᥱ. Mᥲιs sι voᥙs ᥣ'ᥲvᥱz ᥣᥙ, ᥣᥱt's go ! ;)
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⸺ Les douze coups de minuit sonnèrent. La magie était rompue.
⸺ Harry ! C'est un conte Moldu que tu racontes là à Lily ? demanda Ginny d'un air curieux en entrant dans la pièce d'un pas vif avant de s'asseoir sur le lit de sa plus jeune enfant.
⸺ Oui, maman, répondit la petite fille. C'est Cendrillon.
Les deux parents sourirent alors que la plus jeune de la fratrie Potter se frottait les yeux en guise de fatigue. J'écoutais l'histoire derrière la porte, la tête posée contre le mur : les douze coups de minuit avaient sonné dans ma vie. La magie avait été rompue, et, contrairement à Cendrillon, je ne pourrai jamais revenir en arrière.
Que s'était-il passé ? Le monde l'avait brisé, et il avait cédé au lieu de lutter, comme j'avais fait. Et j'en avais payé le prix.
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⸻ deux semaines plus tôt.
⸺ Scorpius ! criai-je en m'élançant sur le sol dallé du couloir tortueux.
Un garçon aux cheveux blond platine se retourna, le sac sur l'épaule, le visage soucieux. J'arrivai à sa hauteur et passai mes bras autour de son cou pour l'enlacer.
⸺ Comment vas-tu, Scorp' ?
Il haussa les épaules tandis que nous reprenions notre marche dans l'enceinte de l'école.
⸺ Je pourrais aller mieux.
⸺ Tu vas me dire ce qu'il se passe, alors. Viens, allons discuter.
Je pris son poignet et l'entraînai sous un arbre, à l'ombre. Il avait son visage des mauvais jours, les yeux vagues et ternes. Il marchait plus lentement que d'habitude également, semblant vouloir fuir pour ne pas me parler. Je m'assis lourdement dans l'herbe fraîche, alors que les rayons d'habitude brûlants du soleil filtraient doucement entre les feuilles sèches du végétal, réchauffant doucement ma peau. Scorpius m'imita en tenant son sac fermement. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que je remarquai que les jointures de ses doigts étaient blanches, et qu'il serrait les poings très fermement, ce qui m'amena à poser mes paumes sur les siennes pour le faire lâcher sa prise. Ce qu'il finit par faire.
⸺ Scorp', détends-toi. Que se passe-t-il ? Pourquoi cet air orageux ?
Il m'adressa un regard terne, la gorge nouée.
⸺ Rien. C'est juste que...
⸺ Premièrement, il n'y a pas rien, dis-je en voyant qu'il s'interrompait sans continuer. Que se passe-t-il ? Allons, Scorpius, tu peux tout me dire.
⸺ C'est... c'est Polly Chapman et sa bande, ils...
J'entrelaçai mes doigts avec les siens et plongeai mon regard dans le sien. Cette bande d'idiots...
⸺ Qu'ont-ils fait ? Je vais les tuer s'ils t'ont emmerdé, encore une fois ! vociférai-je.
Mon énervement n'avait sans doute pas échappé aux élèves alentours, qui se retournèrent vers nous, intrigués par ce changement de volume sonore si soudain.
⸺ Quoi ? Vous voulez ma photo ? grinçai-je entre mes dents à l'adresse des curieux, qui s'empressèrent de se retourner en marmonnant, alors que je me tournais vers mon principal sujet de préoccupation en cet instant : Que t'ont-ils fait, Scorp' ?
Il serrait les dents et ses yeux commençaient à devenir brillants.
⸺ Ne pleure pas, Scorpius. Que s'est-il passé ? Dis-moi !
Je détestais devoir le voir malheureux.
⸺ Polly, cette garce, elle... enfin, ce n'est pas qu'elle. Tu sais très bien qu'elle, Karl Jenkins, Yann Fredricks et Craig Bowker Jr. sont de gros idiots. Ils nous insultent et nous critiquent dans notre dos, mais, je ne t'apprends rien, pas vrai ? Tout ça pour dire... ils sont tellement lâches qu'ils... ils m'ont coincé lorsque j'étais seul et... et...
Le reste de sa phrase se perdit au milieu de ses sanglots, et je le pris dans mes bras afin de l'y serrer. Sa tête enfouie au creux de mon cou s'agitait alors qu'il pleurait toutes les larmes de son corps.
⸺ Ils... ils m'ont dit... ils m'ont dit des choses horribles... je n'arrive plus à vivre comme ça, à supporter toute cette haine...
⸺ Si tu ne veux pas me dire tout ce qu'ils t'ont dit, ne t'en sens pas obligé. Je ne veux pas te faire de mal, lui chuchotai-je en lui caressant les cheveux sous le regard de quelques curieux auxquels j'adressai un geste très peu poli.
⸺ Si, je... ils m'ont traité de...
Il se dégagea et me fixa d'un air grave.
⸺ Ils m'ont traité de tapette. De sale pédale. D'erreur. De gros dégueulasse. Ils m'ont dit que je ne méritais pas de vivre et que j'avais un problème psychologique. Ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas comment mon père pouvait m'aimer en dépit de ma soi-disant maladie. Que j'étais contre-nature. Ils...
⸺ Waouh, attends, attends, attends, m'exclamai-je en le coupant dans sa tirade effrénée. Ils t'ont vraiment dit tout ça ?
⸺ Ils m'ont dit des choses bien pires...
⸺ Tu les as laissé dire ? Tu n'en as parlé à personne ?
J'étais révolté. Je crois que mon cerveau n'arrivait pas à faire les connexions, sur le moment.
⸺ Non, je... j'avais honte. Ce n'est pas...
⸺ Honte de quoi ? Honte de quoi, putain ? Honte d'être la cible de quatre gros connards ? De quatre gros lâches ? De crétins incapables de remettre en question leurs préjugés et leurs privilèges ? fulminai-je.
⸺ Ils... ils m'ont frappé. Menacé, je crois bien. Je ne pouvais rien faire, sur le moment... quatre contre un, ça ressemble à un cliché, une légende urbaine, hein ?
Scorpius était atterré, encore plus atteint moralement que lors de la mort de sa mère. Quand je vis ses yeux rougis, je me fis une promesse : je le vengerais. Il était intolérable pour moi de laisser passer cela. Surtout Scorpius... surtout le garçon que j'aimais...
⸺ Oh ben tiens, l'erreur est en train de fondre en larmes dans les bras de l'autre idiot ! Non, mais regardez-les, qui croit vraiment qu'ils sont normaux ?
Je relevai la tête, et, alors, tout explosa à l'intérieur de moi. Ma fureur pris le dessus, je ne voyais plus que Polly, et ma raison sombra.
⸺ Va te faire foutre, Chapman ! Va te faire foutre ! Fiche-nous la paix, casse-toi !
Accompagnée de Jenkins et Fredericks, elle s'avança vers moi d'une démarche hautaine.
⸺ Oh, mais c'est qu'il est énervé le pauvre petit bout d'chou. Entends-le, vous n'êtes pas normaux. Sans rire, vous êtes... tu vois, je n'ai même pas de qualificatif en tête tellement vous êtes à part. Je vais être honnête : vous ne méritez même pas de vivre parmi nous.
⸺ Regarde-toi un peu, avant de dire cela ! Laisse-nous vivre et lève les yeux de ton nombril ! Le monde n'est pas façonné à ton image, et les gens sont différents de toi, accepte-le. Et puis, avant de dire des bêtises, qu'est-ce que la normalité ? Entrer dans des normes débiles et étriquées que tu définis comme justes ? Mais le monde ne tourne pas autour de toi, bordel !
Je me levai pour lui faire face, et je dus me retenir de hurler lorsque Scorpius baissa le regard.
⸺ Tu n'es qu'un être immonde, Potter. Tu...
Une exclamation outrée s'éleva. Je regardai ma main, puis le sol : Polly gisait à terre, la joue rouge, la lèvre en sang. Plusieurs élèves s'étaient amassés autour de sa silhouette sonnée. Je n'entendais plus rien, seul un bourdonnement sourd résonnait à mes oreilles. Je fixais ma main tremblante, réalisant trop tard ce que je venais de faire : frapper Polly Chapman.
⸺ Elle saigne ! Sa tête a heurté le sol, putain ! Il faut l'emmener à l'infirmerie ! hurla une voix stridente au milieu de la foule agitée.
Je revins à la réalité, et, durant une fraction de seconde, j'hésitai à me jeter dans le tas afin d'achever Chapman, ou bien à prendre Scorpius par la main pour nous en aller loin de toute cette mascarade.
⸺ Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, qu'elle ait une égratignure ! Elle le mérite, et vous le savez tous aussi bien que moi !
La deuxième solution s'imposa finalement à moi. Tel une bombe, je me dirigeai vers Scorpius et l'aidai à se relever, puis nous partîmes en courant.
⸺ Al... Al, que fais-tu ? Où allons-nous ?
Pour être tout à fait honnête, je n'en savais rien. Mon seul but en cet instant était de mettre le plus de distance possible entre nous, Polly et ses amis, peu importe où nous devrions nous rendre pour cela. Le jeune Malefoy s'efforçait de courir à mon rythme, c'est-à-dire dans une course effrénée et sans répit. Son sac sur son épaule ballottait, et j'entendais régulièrement le bruit des livres cogner ses côtes.
⸺ Al... Putain, Albus ! Arrête de courir comme ça ! Oui, Chapman est une sale idiote écervelée, mais tu agis n'importe comment... Al !
Il s'arrêta et me tira, me forçant à faire de même.
⸺ Scorpius, viens ! On parlera quand on sera dans un endroit plus calme. Allez, dépêche-toi !
Je n'eus même pas le temps de terminer ma phrase que je lui reprenais la main en le tirant. Au prix de nombreuses insistances, nous pûmes entrer dans notre dortoir, le quatrième à gauche du couloir des garçons dans la Noble Maison de Salazar Serpentard. Je refermai la porte, irrité par ce qu'il s'était passé.
⸺ Je hais Polly ! La prochaine fois qu'elle répète ces atrocités, je l'achève !
Je faisais les cent pas dans le dortoir que nous partagions, vociférant comme un beau Diable. Ce n'est qu'après avoir expulsé ma rage que je me rendis compte que Scorpius pleurait.
⸺ Scorp' ! Que se passe-t-il ?
Je m'accroupissais devant lui, qui, la tête dans les mains, pleurait à chaudes larmes.
⸺ Trop de choses se passent, Al. Je ne les supporte plus.
⸺ Mais... Quoi ? Dis-moi, Scorp'. Je croyais que parler, dehors, avait arrangé les choses... C'est... c'est Polly qui te met dans tous tes états ?
Il releva difficilement la tête.
⸺ À ton avis ?
⸺ Mais ce n'est qu'une idiote ! Elle... ne prend pas au sérieux ce qu'elle dit, c'est exactement ce qu'elle veut !
⸺ Peut-être, Albus, peut-être. Mais pourquoi as-tu réagi de la sorte, par Merlin ? Tu vas te faire tuer par les professeurs, sa famille, et ses amis vont nous ruiner !
⸺ Peut-être, Scorpius, peut-être, répondis-je d'une voix grave. Il n'empêche que la frapper a été très satisfaisant !
J'avais un petit sourire ironique et suffisant accroché au visage, mais je vis une ombre passer dans les yeux du jeune Malefoy.
⸺ Ne te fous pas de moi, s'il te plaît. Tu prends toujours tout à la légère, j'en ai vraiment, mais alors vraiment assez... Essaie d'être sérieux, pour une fois ! Mais passons, veux-tu ? Je... Je n'en peux plus d'elle ! Le personnel du château ne nous prendra jamais au sérieux si on l'accuse de harcèlement, après ton geste !
⸺ Tu insinues que c'est de ma faute ?
Je n'en croyais pas mes oreilles. J'étais énervé, révolté, à chaud, comme on dit.
⸺ Je ne veux pas me disputer, Al. Pas avec toi. Mais...
Je lui pris les mains et, en me levant, posai mon front contre le sien.
⸺ Pas de mais, Scorp'... Pas de mais... Ce mot est mauvais...
Il ferma les yeux.
⸺ Je me fous de savoir si ce mot est mauvais ou pas. Il est nécessaire.
⸺ Où veux-tu en venir ? le questionnai-je en fronçant les sourcils.
⸺ Polly... Je me demande si elle n'a pas raison.
⸺ Polly est une idiote. Elle a tort sur toute la ligne ! Tu es un garçon merveilleux et je refuse que tu te mettes à croire les paroles de cette vulgaire Harpie !
⸺ Je ne peux pas m'en empêcher. J'ai beaucoup réfléchi, Albus, et j'ai pris une décision.
⸺ Tu es formidable, c'est ça, la seule chose de vraie. Viens-là.
Je le pris dans mes bras et l'y serrai très fort, comme si je voulais qu'il y reste pour l'éternité. Je l'aimais. Je l'aimais tant, putain. J'étais complètement amoureux de lui. On finit par basculer sur le lit, et nous nous allongeâmes côte à côte, lui sur le dos, mois sur le ventre, nos doigts entrelacés.
⸺ Albus, je... écoute-moi, s'il te plaît. Je dois te dire quelque chose.
J'esquissai un sourire. La dernière fois qu'il avait prononcé cette phrase, les mots qui avaient suivi avaient été « je t'aime ». Pourquoi me ferais-je du souci ? J'avais confiance en moi. En lui. En nous, même dans les moments rendus difficiles par le regard des normes.
⸺ Ça a l'air sérieux, dis-moi. Je t'écoute !
Il prit une grande inspiration.
⸺ C'est juste que... Je me demande si c'est une bonne idée de continuer comme ça...
⸺ Comment ?
⸺ Ensemble...
Je me relevai et m'appuyai sur le coude. Tout ce que je pensais semblait s'écrouler autour de moi. La confiance envers autrui existait-elle réellement ? Putain, tout était faux. J'avais faux sur toute la ligne.
⸺ Que veux-tu dire ?
⸺ Tu sais très bien ce que je veux dire, Al, gronda Scorpius en me toisant d'un air pincé. Tu vois très bien où je veux en venir.
Je repris sa main, et je constatai avec soulagement qu'il ne fit rien pour se dégager. Au contraire, il la serra.
⸺ Non, alors tu vas m'expliquer tout cela.
Je voyais très bien où est ce qu'il souhaitait en venir, et cette idée ne me plaisait guère. Mais je voulais l'entendre de sa propre voix, être sûr qu'il voulait vraiment ce qu'il avançait.
⸺ Je préfère qu'on arrête notre relation. Je suis désolé, Al. Je n'en peux plus, de supporter le regard des gens. C'est trop de pression.
Il se retourna timidement et posa ses lèvres sur les miennes, comme une prière silencieuse que je l'arrête. Mais j'en étais incapable. J'étais détruit. Anéanti. Un vide se formait dans mon cœur et semblait s'étendre. Mais je finis par répondre à son baiser avec une passion bien trop dévorante, voulant le retenir. Je passai ma main dans ses cheveux et l'embrassai encore et encore, je ne voulais plus m'arrêter. C'était la dernière fois. La dernière fois que je pourrais l'embrasser. la dernière fois que je pourrais goûter ses lèvres au goût de fraise. La dernière fois que je pourrais passer tendrement ma main dans sa tignasse parfaite. La dernière fois que je pourrais sentir son souffle contre ma joue. La dernière fois que je pourrais le regarder, regarder ses yeux aux reflets dorés. La dernière fois que nous serons si proches l'un de l'autre. La dernière fois que nous serons nous-mêmes. La dernière fois que nous serons véritablement heureux. La dernière fois de tout. Je ne savais pas si je pourrais me reconstruire un jour. Scorpius valait plus que tout au monde à mes yeux. Je haïssais le monde de l'avoir brisé à un tel point que me vie en avait pâti. Mais j'aimais tellement Scorpius que je ne pouvais même pas lui en vouloir. C'était à cause du monde... ce putain de monde... Je n'avais plus rien à y faire, si je ne pouvais pas partager ma vie avec Scorpius.
Durant notre baiser, je sentis une larme couler sur ma joue. Une larme de Scorpius. Et lorsqu'il se retira, les joues rouges, je le vis pleurer.
⸺ Putain, Al... je t'aime, je t'aime ! Mais je ne peux pas continuer comme ça...
⸺ Mais je t'aime aussi, Scorpius ! Il n'y a donc aucun problème, réponds à la connerie par l'indifférence, et nous pourrons vivre. Reste à mes côtés, Scorp', je t'en prie...
Nous mourrions d'envie, aussi bien l'un que l'autre, de rester ensemble. Mais le regard qu'il m'adressa fit voler mon cœur en éclats.
⸺ Un jour, peut-être. Quand le monde cessera d'être cruel.
⸺ Tu sais aussi bien que moi que cette phrase est un synonyme de « jamais ». Reste, Scorpius ! Je t'aiderai. Je t'aime...
⸺ Tu en as déjà trop fait. Je ne mérite pas tout cela. Je t'aime, Albus. Je t'aime, et, pour ne pas souffrir, il faut arrêter notre relation. C'est comme ça.
⸺ Et tu vas laisser Polly gagner ? C'est exactement ce qu'elle veut ! Tu veux la laisser nous détruire, hein ? Sois fort, Scorp' !
⸺ J'ai été fort trop longtemps. Je n'en suis plus capable, c'est tout. Je voulais juste que tu saches que je t'aime, et que je t'aimerai pour toujours. Mais notre relation n'est plus possible, et je te demande pardon pour mon geste. Mais il est nécessaire.
⸺ Je... je ne peux pas accepter de laisser Chapman gagner... je ne peux pas, c'est tout. C'est tout ! Tu as une dignité, Scorpius ! Elle ne peut pas te l'enlever ! Je ne comprends pas pourquoi tu veux rompre.
Une grimace vint se dessiner sur son faciès trempé de larmes.
⸺ Je supporte une pression énorme au quotidien. Je veux juste m'en délester. C'est parce que je suis avec toi que les gens m'attaquent, et je veux que ça cesse.
⸺ Non. Non...
Je ne savais même plus quoi dire. Il avait tort, sur toute la ligne. Mais... que faire ? Que dire ? Le supplier de rester à mes côtés était ridicule, pathétique, et, surtout, égoïste. Je n'étais qu'un putain d'égoïste ! Et pourtant, malgré mon dégoût pour moi-même en prononçant cette phrase, les mots franchirent la barrière de mes lèvres.
⸺ Je comprends ce que tu penses. Mais... tu sais aussi bien que moi que ce que tu fais est une mauvaise idée. Si tu refuses de l'admettre... je te le démontrerai.
Il m'adressa un regard intense. C'était un mélange de tristesse, de colère et d'impatience, mais il y avait, au plus profond de ses iris, une lueur indescriptible qui me brisa le cœur.
⸺ Suis-moi, je te fuirai. Fuis-moi... je ne dirai rien. Ça vaut bien mieux pour nous deux, Al.
Je voulais me lever et lui hurler dessus. Le secouer. Lui faire ouvrir les yeux. Il était en train de prendre la pire décision de sa vie ! C'était égoïste de penser comme cela, mais le jeune Malefoy savait aussi bien que moi que c'était la vérité.
Il finit par se lever, et je sentis ses mains glisser. Je restai debout, la tête baissée, tandis qu'il sortait du dortoir et refermai la porte.
Il ne sortit pas seulement de notre dortoir, ce jour-là. Scorpius Malefoy sortit de ma vie.
La connerie humaine avait détruit l'amour. Le monde et la société étriquée dans laquelle nous vivions venait de gagner. Elle nous avait détruit.
Les douze coups de minuit avaient sonné dans ma vie. La magie avait été rompue, et, contrairement à Cendrillon, je ne pourrai jamais revenir en arrière.
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