→ 𝐑𝐞𝐦𝐚𝐝𝐨𝐫𝐚 𝐧°𝟐 - Mᴇ́ᴛᴀᴍᴏʀᴘʜᴏɢᴇɴʀᴇ - 𝓤𝓐

Demande de jeannefostergoriot (j'espère que l'OS te plaira !).

Le FanArt de fin appartient à upthehillart sur DeviantArt.

Comme précisé dans le titre du chapitre, ce one-shot est un UA, c'est-à-dire qu'il se déroule dans un Univers Alternatif. L'univers d'Harry Potter, certes, mais les personnages ne seront pas tout à fait fidèles au canon.
Je tiens aussi à préciser que je reprends l'écriture d'OS Harry Potter pour écrire et penser à autre chose que mon roman en attendant de débuter sa réécriture, mais dorénavant, je pense que je posterai des chapitres un peu moins régulièrement sur ce recueil, souhaitant me concentrer sur d'autres projets d'écriture en priorité. Mais je ne l'abandonne clairement pas ahah :)


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Ne m'appelle pas Nymphadora !

Cette exclamation, cet ordre un peu trop brusque, c'était devenu la signature de Tonks. À chaque fois qu'une personne prononçait le prénom qui lui avait été donné à la naissance par ses parents, une curieuse sensation agitait tout son corps. Tonks ne se reconnaissait tout simplement pas dans cette curieuse suite de lettres, pensait que c'était sans queue ni tête, trouvait cela profondément stupide.

Et dans le miroir, son corps lui semblait être celui de quelqu'un d'autre. C'était donc à cause de lui que les gens pensaient que l'âme qui l'habitait était celle d'une femme ? Femme. Encore un mot vide de sens pour l'élève de Poufsouffle. Qu'est-ce que ça voulait dire, au juste ? Lorsque Tonks avait compris, en grandissant, que la société anglaise avait divisé les individus en deux catégories – d'un côté les hommes, de l'autre les femmes – sans se demander s'il n'était pas plus judicieux d'arrêter de vouloir tout catégoriser et faire rentrer les gens dans des cases aussi étouffantes qu'une prison avant même leur naissance, cela avait fait naître une grande colère. Une colère accompagnée d'un milliard de questions et de paradoxes.

Aujourd'hui, c'était un jour spécial, et c'était le cas de le dire : ses camarades de Maison avaient, loin d'être pourvus de discrétion, organisé une grande fête dans leur salle commune pour fêter comme il se devait ses seize ans sur Terre. Et seize ans, c'était quelque chose, après tout : puisque la nationalité inscrite sur ses papiers était écossaise, cela signifiait que c'était aujourd'hui que Tonks obtenait sa majorité. Cette date était un passage, un basculement dans une autre vie : être adulte, n'était-ce pas aussi effrayant qu'excitant ? Même si Poudlard restait sa maison pour deux ans encore, la perspective de vivre avec tant de libertés et de responsabilités effrayait clairement Tonks.

Jetant un dernier coup d'œil à sa tenue flamboyante, l'élève de Poufsouffle fronça les sourcils.

Je n'y avais jamais pensé avant, mais pourquoi ne pas essayer, après tout ? J'ai toujours rejeté avec véhémence Nymphadora, mais pour quelle raison ? Si je n'étais pas la personne que les gens connaissent jusqu'ici mais tout simplement moi, juste un être humain qui n'est rien d'autre que questions, peut-être me sentirais-je plus à ma place ? Peut-être pourrais-je essayer, juste pour ce soir ? Après tout, c'était l'occasion rêvée.

Ce soir-là, Tonks arriva à sa fête d'anniversaire tout sourire. Pour cette soirée, pour essayer, pour s'ajuster, pour voir, « Nymphadora » ne serait jamais mentionné, les « elle » et adjectifs genrés à tout va n'existeraient plus. Pour cette fête, c'était Tonks, juste Tonks, qui utilisait les pronoms ael/ellui – xe/xem dans sa langue maternelle : quelle chance que l'anglais soit une langue plutôt neutre ! –, était un simple être humain, non pas neutre car le neutre lui paraissait dépourvu de vie, pas assez libre, bien trop statique, mais juste une personne pleine de couleurs, fluide, libre.

Usant de ses pouvoir de métamorphomage, et puisque comme beaucoup de jours, Tonks ne se retrouvait pas dans son identité assignée de femme, ael avait essayé de s'offrir un nouveau reflet : une chemise blanche et un gilet de costume rayé de noir et de doré barraient son torse désormais plat – ael savait bien qu'au fond, son identité ne dépendait pas de son apparence, mais puisque c'était le cas dans l'imaginaire collectif, elle voulait essayer et faire se bousculer les esprits –, un jean noir à trous très large masquait à demi ses Docs, laissant apparaître un collant de résille sur ses longues jambes. Ses cheveux avaient trouvé une nouvelle coupe (courte) et une nouvelle couleur (un mélange de violet, de vert et de bleu flamboyants). Des murmures aussi confus qu'admiratifs parvinrent aux oreilles de Tonks, et l'euphorie lae plongea dans un état second durant toute la fête.

C'était la première fois qu'ael se montrait au jour le jour sous une autre identité que celle qui ne lui correspondait pas. Et qu'ael se sentait libre à ce point.

Mais alors que la soirée prenait fin, Tonks ressentit une rupture, comme si la magie de l'instant se brisait. Les jours suivants, constatant que sa prison lui était jetée au visage par beaucoup de gens, et qu'au détour des années mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix, de nombreux rapports pleins de peur de voir l'ordre établi se faire déconstruire, signés et rédigés par nombre de psychiatres, condamnaient avec force de haine les personnes qu'ils appelaient transsexuelles, Tonks prit peur : ael abandonna l'idée d'être ellui-même au grand jour, à chaque instant. C'était sans doute trop dangereux.

Ael remit son masque de femme, pour converser avec ses amis, puis ses collègues lorsqu'ael effectua quelques petits boulots à la sortie de Poudlard, pour faire ses courses, pour répondre aux « excusez-moi jeune fille, avez-vous l'heure ? » demandés par nombre de personnes inconnues dans la rue. Ael joua son rôle à la perfection, sans vraiment parvenir à goûter à toutes les couleurs et la saveur des jours qui passaient, comme si ael attendait la fin d'une peine qui durerait tant qu'ael se tairait.

Puis, un jour, au détour de rendez-vous et de conversations agitées sur la peur du retour de Voldemort, Tonks décida de rejoindre le groupe de résistants qui se nommait, à en croire son nouvel ami Sirius Black, L'Ordre du Phénix. Drôle d'appellation, songea-t-ael alors qu'ael prenait place autour de la place pour une réunion de bienvenue.

Tous les visages autour d'ellui lui étaient inconnus, à l'exception du vieux Dumbledore, qui l'observait au travers ses minuscules lunettes avec un air intrigué. Pourtant, ce fut lui qui prit la parole en premier, grave, comme à son habitude. Tonks ne se rappelait pas l'avoir un jour vu sans ce fond imperceptible de concentration soucieuse.

— Chers camarades, merci de répondre présent à cette réunion. Nous aurons de nombreux sujets de conversation à aborder, mais avant tout, j'aimerais que nous souhaitions la bienvenue à deux nouveaux membres de l'Ordre : Nymphadora Thonks...

Avant qu'il ne puisse embrayer sur quelque autre information, mué·e par un ras-le-bol le plus total, l'ancien·ne Poufsouffle éleva sa voix :

— Tonks. Juste Tonks, s'il vous plaît.

La brusque interruption fit se tourner toutes les paires d'yeux vers ellui : tout le monde lae dévisageait. Seulement, quelque chose était différent. Ce n'était pas du mépris, de l'incompréhension, un choc devant ce qui pouvait parfois être considéré comme de l'impolitesse. Tout le monde semblait simplement plein de respect, et l'information passa sans plus de questions. Ael n'aurait pas à se justifier, et ce fut le plus grand soulagement de la soirée.

— Excusez-moi, Tonks, bafouilla Dumbledore, visiblement gêné à l'idée d'avoir pu dire quelque parole déplacée. Nous vous appellerons par votre nom de famille. Bienvenue au sein de l'Ordre du Phénix. Nous accueillons également Fleur Delacour. Nous espérons que tout se passera bien dans votre intégration dans ce groupe.

— J'ai cru comprendre que l'Ordre du Phénix actuel était le second, je suis très honorée d'en faire partie, répondit alors l'autre nouvelle, Fleur, avec un accent français très marqué.

— Bien sûr, nous n'allons pas vous mentir en vous racontant que la vie est dépourvue de dangers lorsque l'on fait partie d'un groupe rebelle qui se dresse contre le retour récent de Vous-Savez-Qui, mais nous sommes très heureux de voir que notre cause intéresse aussi des personnes plus jeunes.

Le regard de Tonks accrocha celui de la personne qui avait pris la parole : sa voix était d'une telle sagesse qu'ael crut qu'un coup de poing lui avait traversé l'estomac. Une note d'histoire personnelle lourde et chargée d'un vécu compliqué transparurent, et l'ancien·ne Poufsouffle se garda dans un coin de la tête l'idée de converser avec ce membre.

— Merci, Remus, clama Sirius d'une voix forte. À Tonks et Fleur !

Tous les convives levèrent leurs verres. Ce fut la deuxième fois de sa vie que Tonks ne se sentit plus seul·e au milieu d'un monde qui lui échappait. Ael se sentait comme chez ellui, à présent.

Après la réunion, la soirée suivit son cours : ce n'était pas une fête, même pas un apéritif dînatoire, mais Tonks put échanger brièvement avec de nombreux membres de l'Ordre. Fred Weasley avait décidé d'être son guide, et lorsqu'ael lui demanda, épuisé·e de tant d'énergie burlesque, de ralentir son débit de parole, c'eut l'effet de le faire rire. Un drôle de personnage, mais loin d'être méchant. Emmeline Vance était une jeune fille trop timide pour venir converser avec qui que ce soit qu'elle ne connaissait pas, et Hestia Jones semblait soucieuse. Bien sûr, cela ne faisait que quelques semaines que le Seigneur des Ténèbres avait fait son grand-retour, mais le danger était là, rôdant de partout. L'ordre du jour de la réunion avait été le recrutement du fameux Survivant, Harry Potter, et de nombreuses disputes avaient éclaté au fil des discussions. Tonks avait été fasciné·e de voir tous ces individus clamer haut et fort, jusqu'à se mettre en colère, parfois, ce qu'ils pensaient, sans rien lâcher.

Peut-être trouverait-ael une véritable place, ici.

Ael se prit un grand verre d'eau qu'ael engloutit cul sec pour calmer la surexcitation qui pointait le bout de son nez.

— Excuse-moi, Tonks, c'est ça ?

L'intéressé·e se retourna, surpris·e. Son regard tomba une nouvelle fois sur l'homme de tout à l'heure. Remus, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Après tout, que de nouvelles têtes, de nouveaux noms ! Comment s'assurer qu'ael ne se trompait pas ?

— Oui, répondit-ael avec un grand sourire. Tu t'appelles Remus, si je ne me trompe pas ?

— Exactement. Je voulais juste te souhaiter la bienvenue personnellement.

Tonks hocha la tête, ravi·e de la gentillesse de son interlocuteur. Maintenant qu'il ne s'adressait qu'à elle, ce côté grave et digne lui paraissait plus accentué encore. Un mystère à part entière bloqué à l'intérieur d'un corps qui ne traduisait pas vraiment l'entièreté d'une personnalité, d'une identité. Un peu comme ellui. Un miroir que lui tendait la vie ? Une étoile placée sur sa route pour l'autoriser enfin à briller ? Allez savoir.

Un lien puissant émanait de Remus, et Tonks, sans pouvoir résister, se transforma en comète, gravitant autour de cet inconnu, attiré·e par une force aussi forte que la gravitation : la curiosité.

Au fil des jours, les barrières tombèrent, et les deux amis en apprirent de plus en plus l'un sur l'autre : ils se comprenaient mutuellement, ils se soutenaient, et Tonks se sentait véritablement exister. Ael ne mit pas longtemps avant de se rendre compte qu'ael était tombé·e amoureux·euse du charmant lycanthrope. Lorsqu'un soir, au détour d'une conversation, il lui parla de la relation qu'il avait eu avec Sirius au cours de leur adolescence, la jalousie prit place, complètement irrationnelle puisque l'ancien Gryffondor était tout à fait clair sur le fait que le temps les avait trop marqués pour que l'amour puisse revenir ou remplacer l'amitié qui les habitait désormais. Mais c'était sans doute ça, l'amour, songeait Tonks au fur et à mesure que les heures, les jours, les semaines et les mois passaient.

Les deux amis devinrent petit à petit plus que ça, sans mensonges, comme deux aimants.

Tonks était libre.

Libre d'être ellui-même.

Et ael était aimé·e pour ce qu'ael était vraiment.

Ael dansait sans discontinuer sur des poèmes qui apparaissaient dans son esprit aussi vivement qu'une aurore avant de fuir dans la brise. Ael serpentait sur les remous de son identité, la fluidité de son genre, ses changements d'apparence inopinés, l'intensité variante de son amour et de son désir pour son bel amoureux.

Remus avait été la première personne à lae soutenir, lae comprendre, l'accepter comme ael était, à l'aimer inconditionnellement.

C'était le plus beau des cadeaux que la vie lui avait offerts. Si le couple se complétait, le bonheur était quelque chose de partagé, et la confiance qu'ael arrivait maintenant à placer en chaque personne lui faisait voir la vie sous d'autres couleurs, d'autres saveurs, d'autres formes, même.

Oui, Tonks était amoureux·euse.

Oui, Tonks était heureux·euse.


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