→ 𝐎𝐥𝐢𝐯𝐢𝐞𝐫 𝐱 𝐏𝐞𝐫𝐜𝐲 - Lᴀ ᴠɪᴇ ᴇsᴛ ᴘʟᴇɪɴᴇ ᴅᴇ ʜᴀsᴀʀᴅs

Demande de maralabest (j'espère que le one-shot te plaira !).

Avant toute chose, je tiens à signaler que je ne shippe pas forcément ces deux personnages. Leur duo m'a cependant semblé intéressant, aussi ai-je décidé de relever le défi d'écrire un one-shot sur eux. J'espère de tout cœur que ce texte vous plaira, hâte d'avoir vos retours dessus ! :)

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Dix-neuf ans. Cela faisait maintenant dix-neuf ans que la guerre était finie. Cela faisait dix-neuf ans que Voldemort était tombé. Cinq que le dernier des Mangemorts encore en fuite avait été arrêté.

Il s'en était passé, des choses, pendant cet intervalle de temps ! Une multitude, si bien qu'on en perdait le compte. Le temps avait beau filer à une allure folle, la vie de Percy Weasley était restée bien remplie. Quelques jours après la bataille de Poudlard, il avait rompu avec la belle Pénélope Deauclaire. Ce n'était pas le bon moment pour être en couple ; d'abord, le deuil de son frère, puis sa reconstruction personnelle et familiale. Tout cela lui avait pris une énergie immense, et, pendant deux ans, il avait souffert de stress post-traumatique et d'une anxiété grandissante.

Il s'accrochait à un travail acharné, comme il l'avait toujours si bien fait, pour ne pas se laisser submerger. Compartimenter son temps avec précision. Une journée de boulot, puis, tout de suite après, son rendez-vous d'une heure et demie avec son magicothérapeute. Prévoir jusqu'à quarante-cinq minutes de retard. À la fin, filer jusqu'au Terrier pour le repas bihebdomadaire avec ses parents et ses frères et sœurs (occasionnellement Harry et Hermione). Juste à la fin, pas trop tard, rentrer chez lui, prendre ses antidépresseurs, ses somnifères, et dormir. Le week-end, prendre un jour de repos pour aller dégnomer le jardin de sa mère, et se prévoir une soirée toutes les trois semaines pour aller au musée ou au cinéma, pour peu que le film se termine avant minuit et demi.

Puis son état avait fini par s'améliorer. Il avait rencontré une moldue dénommée Audrey. La jeune femme était d'une gentillesse sans bornes, avait de l'esprit et travaillait d'arrache-pied pour obtenir le poste de conférencière qu'elle visait à l'université de sciences humaines de sa ville. Le jeune Weasley s'était rapidement entiché de son rire communicatif et de sa volonté sans faille. Le couple avait eu deux filles, à deux ans d'intervalle, qui avaient aujourd'hui respectivement six ans pour Molly II, et quatre pour Lucy. Les deux enfants étaient une des constantes de sa vie, et, même si ce n'était pas toujours facile de s'occuper de ces boules de nerfs.

Il avait récemment eu une promotion, au Ministère, et il avait accédé au poste de directeur du département des Transports Magiques. Une de ses premières décisions avait été de changer la matière des banquettes du Poudlard Express, afin que les étudiants puissent faire un trajet plus confortable jusqu'à l'école de magie qui allait à tous marquer profondément leur vie. Il avait également augmenté la fréquence des trains qui passaient sur la voie 7 ½ de King's Cross, et ouvert une nouvelle ligne magique qui se dirigeait vers l'Europe occidentale, après plusieurs mois de bataille administrative avec les ministères belge, français et allemand. L'année dernière, il avait commencé la création d'un projet, qui allait voir le jour à l'occasion des vingt ans de la bataille de Poudlard : l'affichage, dans les trains et sur les murs des quais magiques, de photos de grandes figures de la résistance contre les Mangemorts qui avaient trouvé la mort pendant cette tragique nuit de mai mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-huit.

Cela faisait un an et demi qu'il était célibataire. La séparation avec Audrey avait été faite d'un commun accord : ils avaient beau tenir l'un à l'autre et s'aimer inconditionnellement, les sentiments amoureux avaient fini par se muer en amitié. Ils avaient longtemps réfléchi, au cours de longues soirées d'hiver, et Percy avait pris la décision de trouver un nouvel appartement. Au bout de plusieurs mois d'habituation à la solitude, il avait essayé de retrouver l'amour, sans succès. Quelques coups d'un soir qui l'avaient fait repousser ses limites en termes d'interactions sociales, quelques rendez-vous par-ci par-là, mais rien ne durait jamais. Percy se prenait en plein dans la figure le fait qu'il était désormais adulte, et que la vie d'adulte, c'était terne et sans saveur.

Le pragmatique Gryffondor ne croyait en aucun cas au destin. Dans ce cas, peut-être était-ce une coïncidence ? Une belle ironie ?

Dans tous les cas, dans le courant du mois d'août deux-mille-dix-sept, alors qu'il faisait ses courses à la supérette moldue à côté de chez lui, le passé revint vers lui : alors qu'il attendait pour payer ses articles en caisse, il sentait un regard inquisiteur peser sur sa nuque. L'homme derrière lui le fixait, les sourcils froncés, et, même s'il ne le voyait pas directement, il avait une bien étrange sensation. Qui était-il ? Que lui voulait-il ? Percy ne prit pas la peine de se retourner. Il était pressé. En étant membre du Ministère de la Magie, il avait de nombreux ennemis politiques, et il ne souhaitait en aucun cas donner une bonne raison à un inconnu de ternir sa réputation de personnalité publique.

Le jeune homme sortit du magasin, ses sacs de courses sous le bras, à la recherche d'un endroit suffisamment désert pour pouvoir transplaner jusqu'à chez lui. Il eut plus de peine que d'habitude à accomplir cette tâche : il n'avait aucune fichue idée de pourquoi, mais les moldus étaient bien nombreux à courir dans les rues, aujourd'hui. Il pressa le pas, mécontent, mais fut stoppé dans son élan : quelqu'un l'appelait.

— Percy ! Eh, Percy ! Weasley !

Le Gryffondor se retourna : un grand homme brun marchait vers lui d'un pas décidé. Il analysa sa carrure : larges épaules, jambes fuselées, gros bras. Était-ce un sorcier mécontent de son travail ? Lui voulait-il du mal ? La raison aurait voulu que Percy prenne les jambes à son cou – il n'avait jamais été très doué pour se battre, et cet homme lui aurait de toute façon mis une raclée –, mais il resta immobile, attendant que l'autre arrive à sa hauteur. Cela ne prit pas longtemps : l'homme faisait de grands pas. Le cliché du sportif baraqué.

— Percy ! répéta son poursuivant avec un sourire incrédule. Qu'est-ce que tu fais ici ? J'en reviens pas !

Le jeune Weasley leva un sourcil.

— Oh ! Tu ne te rappelles pas de moi ?

Percy ouvrit de gros yeux. Il n'avait décidément aucune idée de l'identité de l'individu qui s'adressait à lui.

— Olivier ! Olivier Dubois ! On était dans la même maison ! J'étais capitaine de l'équipe de Quidditch !

— Olivier ?

Olivier Dubois ? Que faisait-il ici ?

— J'en reviens pas de te voir ici, Percy ! Tu travailles toujours au Ministère ? Oh, et puis ça fait tellement de temps que j'ai pas revu d'anciens camarades de Poudlard, je ne te laisse pas le choix, faut qu'on parle du bon vieux temps. Viens, viens, on va se poser quelque part, on va prendre un verre en terrasse, on va se parler un peu de nos vies !

— C'est que j'ai du travail... grimaça le Gryffondor, mal à l'aise devant l'énergie débordante du sportif.

Les deux jeunes hommes n'avaient jamais vraiment été proches, du temps de leur scolarité. Ils avaient de nombreux cours en commun et avaient eu des dortoirs assez proches à partir de leur cinquième année, mais leurs interactions s'arrêtaient là. Ils ne se connaissaient pas énormément ; l'un était Préfet, Préfet-en-chef, figure d'autorité et symbole de l'assiduité scolaire ; l'autre était joueur, puis capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, apprécié par l'immense majorité des élèves de l'école au vu de son amitié avec les jumeaux Weasley. On ne pouvait pas faire plus différents. Il n'y avait aucune raison que leurs cercles sociaux se croisent ou que leurs vies ne se mettent à graviter en satellite l'une autour de l'autre. Percy ne comprenait donc pas bien la raison qui avait poussé Dubois à l'interpeller et à lui proposer de passer du temps ensemble, mais il devait bien avouer que l'enthousiasme du jeune homme commençait à déteindre sur lui.

— Mais peut-être ce soir, aux alentours de sept heures ? Je peux te donner mon adresse, si tu veux. On se fera une bouffe, quelque chose comme ça.

Ouch. Se faire une bouffe. Essayer d'avoir l'air détendu, de parler comme les sportifs, ça ne lui réussissait décidément pas. Il avait l'impression que c'était quelqu'un d'autre qui avait parlé. Il grimaça, mal à l'aise, mais Olivier ne sembla pas relever la bizzarerie.

— Oui, je veux bien !

Et ce fut donc comme ça, par total hasard, que Percy Weasley se retrouva à donner son adresse à Olivier Dubois, vingt-quatre ans après la fin de leur scolarité à Poudlard. Sans plus perdre de temps, il le salua, transplana jusqu'à chez lui, rangea ses courses et tâcha de s'atteler à un dossier important pour l'administration du Ministère ; mais son esprit s'accrochait à cette rencontre, et il eut toutes les difficultés du monde à se mettre à travailler. Aussi, quand, aux alentours de sept heures et quart, le jeune sorcier entendit plusieurs coups frappés à sa porte, il se leva pour aller ouvrir sans même avoir fini sa tâche.

— Re-salut ! s'exclama Dubois, sur le pas de la porte, avant d'entrer sans ménagement. Eh ben, t'as un bel appart', dis-moi ! Oh, heu, tiens, j'ai amené du guacamole, je l'ai fait moi-même.

Et c'était reparti. Une tornade d'énergie. C'était encore pire que Molly et Lucy réunies. Percy invita Olivier à s'asseoir : le repas était en train de réchauffer, ils allaient bientôt pouvoir passer à table.

La soirée ne s'éternisa pas, et si le ministre avait pu ressentir une quelconque gêne à l'idée d'inviter Olivier, elle s'était dissipée bien vite. Le sportif parlait beaucoup, sans toutefois monopoliser la parole, et avait le don pour mettre les gens à l'aise.

Sous sa carrure de joueur de Quidditch entraîné se cachait une vive intelligence et un sens de l'humour aiguisé ; il apprit à Percy qu'après sa sortie de Poudlard, il avait signé pour jouer avec l'équipe de réserve du Club de Flaquemare, et qu'il y était resté deux ans. Il avait ensuite fait partie des Tornades de Tutshill, avait dû s'interrompre pendant un an à cause d'une blessure et avait commenté plusieurs matchs locaux, puis qu'il avait fait partie d'équipes différentes : les Catapultes de Caerphilly, les Flèches d'Appleby, les Canons de Chudley, puis les Vagabonds de Wington. Uniquement des équipes qui faisaient partie de la ligue britannico-irlandaise de Quidditch, la ligue qui rassemblait les treize meilleures équipes locales du Royaume-Uni. Il confia à son ancien camarade qu'il hésitait à briser cette habitude, car deux équipes bien plus renommées lui proposaient des contrats qui payaient mieux : les Assaillants de Stonewall, au Canada, et les Chardonnerets de Fitchburg, aux États-Unis.

Cela convenait bien à Olivier Dubois : bien sûr, plusieurs équipes nationales l'avaient déjà contacté, mais il s'était toujours refusé à y entrer. Cela lui aurait demandé trop de temps, trop d'énergie, trop de stress. Il trouvait son bonheur dans les équipes locales et réussissait largement à en vivre, alors il préférait y rester. Il considérait que c'était plus sage. Si ce qu'il faisait le comblait de bonheur et lui permettait de se nourrir et de jouir d'un minimum de confort matériel, il ne voyait pas pourquoi il aurait dû avoir plus d'ambition.

Percy, pour sa part, lui fit le récit, quelque peu chaotique, de sa vie professionnelle. Ce n'était pas aussi passionnant, bien sûr, il était directeur du Département des Transports Magiques depuis de nombreuses années maintenant, alors il enchaîna sur sa vie personnelle, sans trop entrer dans les détails. Son ex-femme avec qui il était resté ami, leurs deux petites filles pour qui il serait allé décrocher la lune.

— Et toi, alors ? Une vie de famille ?

Olivier poussa un profond et interminable soupir.

— Non. Pas vraiment. Il y a cinq-six ans, j'étais dans une relation assez sérieuse, je voulais trouver des possibilités d'avoir des enfants, lui pas. Au fil du temps, c'est devenu un trop gros sujet de mésentente, alors on a préféré se séparer. Alors, non, pas vraiment. Ça fait deux ans que j'erre sans parvenir à vraiment me poser avec quelqu'un. J'ai quelques rendez-vous par-ci par-là, mais c'est tout.

Il marqua un temps d'arrêt.

— Mais bon, j'ai au moins la chance d'être un homme ; au moins, on ne me presse pas toute la journée en me répétant que je ne serai bientôt plus en âge de me caser et d'enfanter, et qu'il faut impérativement que ce soit fait avant mes trente-cinq ans. Quand je vois ce que certains joueurs disent de notre entraîneuse, qui n'a que vingt-six ans, au passage, je suis soulagé de ne pas avoir à endurer ça.

Il soupira pour marquer la fin de sa tirade et roula des épaules pour se redresser. Percy se rendit compte qu'il n'avait pas cessé de fixer ses yeux pendant toute la durée de ses explications, et il plongea son regard vers son assiette, gêné à l'idée qu'Olivier ait pu le remarquer.

— Et puis, bon, en tant que sportif gay, les gens auront encore moins tendance à me faire ce genre de remarque, ricana-t-il, ironique. Les gens oublient parfois qu'un couple de même genre peut avoir un enfant naturellement. Mais bon, tu me feras remarquer, je m'éloigne du sujet. Tout ça pour dire que, oui, j'aimerais bien avoir des enfants, mais si je ne peux pas, je ne peux pas, hein.

— Tu n'as jamais pensé à l'adoption ?

— Tu rigoles ? En tant que couple gay, c'est déjà une mission quasi-impossible, alors en tant que mec gay et seul ? Mieux vaut espérer que les Rase-cimes de Tarapoto gagnent le prochain championnat !

Percy ne saisit pas exactement la métaphore de Quidditch, mais il crut comprendre que c'était synonyme de « mission impossible ».

— Et toi, alors ? Tu comptes retrouver quelqu'un, avoir d'autres gamins ?

— Je n'en sais rien. Avant de planifier l'avenir que je pourrais avoir avec une personne, je m'attèle déjà à savoir si on peut en avoir un. Inutile de rêver de mariage et d'enfants dès le premier rendez-vous, il faut déjà s'aimer et bien connaître notre partenaire avant d'envisager quoique ce soit, en termes de projets communs.

— Mh. Ça fait sens. Alors, quoi ? Tu recherches l'amour ? questionna Dubois avec un sourire taquin, son verre de bière blonde à la main – il détestait la bière blonde, ça n'avait aucun goût, mais il ne voulait pas paraître trop incommode auprès de son hôte.

Percy haussa les épaules. Il ne savait pas vraiment quoi répondre à ça.

— Je pense que chercher l'amour est bien inutile. S'il doit arriver, il me tombera dessus. Mais le chercher est inutile. Plus on le recherche, plus il fuit. Alors oui et non. J'attends de voir. La vie est pleine de surprises, après tout. Pleine de hasards.

Dubois opina du chef et posa son menton dans sa main en fixant Percy, intrigué.

— Pleine de hasards, tu veux dire, comme le fait que je tombe sur toi à la supérette, cette après-midi ?

Par Merlin ! L'insolent sportif était-il en train de le draguer ? Difficile à dire. La ligne était très fine, et sa réplique dansait dessus, en plein milieu, sur cette zone de flou. Percy leva un sourcil, attendant de voir ce qui allait se passer. L'expression d'Olivier n'avait pas changé d'un pouce.

— Oui, exactement.

Alors, le sourire du jeune Dubois grandit pour se faire intéressé : plus de doute possible, il était bien en train de lui faire du charme. Et Percy ne savait pas pourquoi, mais il sentait la curiosité le démanger. Il sentait venir ce sentiment grisant d'attraction envers une personne, comme il l'avait tant de fois ressenti auparavant, lors de ses coups d'un soir, de ses rendez-vous occasionnels.

Il fut tiré de ses pensées lorsque Olivier repoussa sa chaise pour se lever. Par Morgane, il se dirigeait maintenant vers sa chaise. Par Merlin ! Il venait de s'arrêter juste en face de lui et le fixait maintenant droit dans les yeux. Percy releva ses lèvres dans un sourire en coin.

— Drôle de hasard, n'est-ce pas ?

Olivier eut un léger rire et se pencha vers le jeune homme.

— Ouais, drôle de hasards. La vie est pleine de hasards, hein, le cita-t-il.

— Pleine de hasards, approuva Percy en laissant divaguer ses yeux sur l'entière silhouette du sportif : jambes musclées, taille fine, épaules galbées, bras épais, gueule d'ange, yeux perçants, cheveux en bataille, lèvres roses.

Olivier se pencha un peu plus vers le beau Weasley. Ses fines lunettes lui donnaient un air sérieux qui collait parfaitement avec son accent haut perché. Enfin, il hocha la tête en cherchant dans ses yeux l'autorisation de combler l'espace entre leurs deux bouches : lorsqu'il l'obtint, le beau Dubois ne se fit pas prier. La vie était pleine de hasards, c'était sûr. Il y avait une heure, encore, il n'aurait jamais soupçonné que ce moment puisse arriver. Et pourtant, sur le moment, ça leur avait semblé à tous les deux que c'était la meilleure chose à faire.

Alors non, ils ne savaient pas encore s'ils pourraient se supporter sur le long terme, avoir un avenir, des projets communs. Pour le moment, tout ce que les deux jeunes hommes voulaient, c'était passer la nuit ensemble, à s'embrasser sous l'orage de la brûlante obscurité d'été.


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