Chapitre 44.2 √
Il approche un peu plus sa tête jusqu'à ce que ses lèvres ne soient qu'à quelques centimètres des miennes. Il me taquine, il voit clairement que je suffoque et il aime me voir comme ça. Énervée, je comble la distance jusqu'à ce que mes lèvres se scellent aux siennes.
Nous restons quelques secondes comme cela, sans bouger. La passion finit par l'emporter et je passe ma main dans ses cheveux et tire doucement pour le sentir plus proche de moi. Il entrouvre ses lèvres jusqu'à ce que nos langues se mêlent dans un long baiser langoureux.
Entre deux baisers, il murmure :
- C'est toi qui m'a embrassée, cette fois-ci.
Je tire un peu plus sur ses cheveux, le laissant lâcher un faible gémissement.
- Tais-toi, imbécile.
Il rit tout contre moi et son rire se propage dans tout mon corps. J'aimerais vraiment entendre son rire plus souvent.
Le prince finit par me décaler pour me laisser plus d'espace et nous continuons de nous embrasser comme si notre vie en dépendait. Il finit par quitter malheureusement mes lèvres pour descendre jusqu'à mon cou.
- J'aimerais te dire...
Il remonte jusqu'à mon oreille.
- ...à quel point tu es importante pour moi...
Le bout de ses doigts tirent sur mon t-shirt pour finir par effleurer mon ventre. Je retiens un gémissement.
- ...mais je crois que les mots...
Il rive son regard au mien en ressortant sa main pour prendre doucement mon visage en coupe comme si j'étais fragile, une sorte de poupée en porcelaine qu'il aurait peur de briser.
- ...ne seront jamais assez forts pour exprimer tout l'amour que j'ai pour toi, Sarah.
Sarah. Pas de Solenn. Pas de Calista. Pas d'autre prénom. Juste Sarah. Mon prénom. À moi.
- Je tenais à te le dire, Sarah. Tu es exceptionnelle.
Je vais fondre en larmes s'il continue de me réciter sa déclaration. Pour le faire taire, j'écrase mes lèvres contre les siennes et il finit par se laisser faire, m'attirant un peu plus contre lui. Sa main se glisse dans mes cheveux et ses lèvres se posent dans mon cou pour un énième baiser.
- Tu es à moi et rien qu'à moi.
J'aimerais lui dire que je n'appartiens à personne mais c'est faux. Je crois que je suis réellement amoureuse de lui et que ça ne changera pas. Du moins, je l'espère.
Me rendant compte que nous sommes en train de nous peloter dans un arbre, je pose ma main sur son torse pour stopper ses avances bien trop farouches.
- On devrait descendre, déclaré-je.
- Pour continuer dans ma chambre ? Bonne idée.
Je lève les yeux au ciel.
- J'ai faim, réponds-je simplement.
D'accord, ma phrase n'avait rien à voir mais que vouliez-vous que je lui dise ? Continuons avec plaisir ?
- De moi ? Je suis tout à toi, princesse.
- Arrêtez, imbécile.
- Il me semble que ça fait deux fois que tu m'insultes de la sorte. Tu me le paieras, Sarah.
- Oui, je vous le paierai. En attendant, j'ai d'autres besoins à satisfaire. Hormis vous, rajouté-je en voyant son regard briller de malice.
Il a un sourire en coin et hoche simplement la tête puis, gentleman qu'il est, il me tend la main pour m'aider à descendre.
Descendus sur terre, nous finissons par nous séparer pour partir chaque de notre côté pour diverses raisons.
• • •
La journée du lendemain s'est déroulée plus vite que je ne l'avais prévu. Je me suis levée à plus de treize heures et j'ai évité ainsi les deux autres pimbêches. Ensuite, j'ai traîné à la bibliothèque un peu plus d'une heure et j'ai fini par repartir dans ma chambre pour finir la lecture d'un livre que j'avais choisi.
Au final, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et j'étais assez surprise. Mais ce qui m'a un peu dérangée, c'est que je n'ai pas vu le prince une seule fois de la journée et j'avoue qu'il m'a un peu manquée.
Au fond, quand je repense à Aiden, je me dis que je fais une bêtise. Que je devrais le laisser tomber, que ce que je fais est mal et que je suis clairement idiote de tomber si facilement dans les bras du prince.
Et puis, quand je repense au prince, toutes ces pensées négatives s'envolent et je ne peux m'empêcher de sourire comme... comme une fille amoureuse, au final. Je repense à ses beaux yeux, à sa voix grave et à ses paroles et je pars dans un autre monde. Avant je n'étais pas comme ça. Je suis tombée dans le clichée même de la fille que je détestais voir auparavant.
- Princesse, vous allez bien ? Vous semblez rêveuse.
Je reviens à la réalité à l'entente d'une voix qui m'avait manquée. Je me redresse brusquement de mon lit où j'étais assise et m'exclame :
- Ariane !
Mon amie sourit en déposant du linge sur mon tabourt et s'apprête à le ranger dans mon armoire quand j'interviens :
- Laisse-moi faire, tu es une femme enceinte. Je ne le suis pas et je ne veux pas que tu te fatigues pour rien.
Cette fois-ci, Ariane ne bronche pas et s'assoit sur mon lit, sa main posée sur son ventre. Elle a l'air... heureuse. Heureuse et pleine de vie.
- Alors, tu vas bien ? dis-je comme pour prendre des nouvelles. Ça se passe comment avec Wilson ?
- Oui, plutôt bien. Au début, Wilson était sous le choc mais il a fini par être aussi heureux que moi.
- Ah, tant mieux ! Ton bébé se porte bien ?
- Pour le moment, ça va. Après, je ne suis qu'à quatorze semaines de grossesse, il n'y a pas beaucoup de changement.
Je souris en déposant une pile de vêtements sur l'étagère.
- Et vous ? Vous vous sentez bien ? Si ce n'est pas trop indiscret, avez-vous parlé au prince ?
Décidément, elle a raté pas mal de choses. C'est plus fort que moi, je sens mes joues chauffer et je me devine rouge tomate. Ce n'est pas dans mon habitude de rougir mais quand je repense à notre premier vrai baiser, le rouge apparaît tout seul.
- Oh... Il s'est passé quelque chose ?
- Rien de bien méchant. On s'est juste... embrassé hier. Et l'autre jour aussi, d'ailleurs.
- Hier ? répète-t-elle en souriant.
- Oui. Dans un arbre.
Son sourire s'élargit et ses sourcils se haussent.
- Dans un arbre ?
- Et c'est moi qui l'ai embrassé.
- Expliquez-moi ! s'exclame-t-elle en s'excitant.
- Bon, eh bien... On s'était disputé pour je-ne-sais quelle raison et je suis partie bouder dans un arbre. J'ai grimpé à l'arbre du jardin, si vous préférez. Je t'épargne les détails mais on a fini par s'embrasser.
- Intéressant... Vous savez, je crois qu'il vous aime vraiment. Je n'ai jamais vu un homme regarder une femme comme cela. Soyez prudente, Princesse. Ne commettez pas l'irréparable.
Je hoche la tête doucement. Comment voudrait-elle que je commette l'irréparable ? Nous sommes heureux et c'est tant mieux.
- À la base, je n'étais pas venue que pour vous apporter votre linge. Les invités sont arrivés, m'a-t-on dit de vous informer.
Je me lève brusquement, le cœur battant. Ma mère et Neyla ! Elles sont là. Je m'excuse rapidement auprès d'Ariane et traverse ma chambre à grandes enjambées pour ensuite courir dans les couloirs. Si vous voyez une dégénérée courir en baskets-pantalon, c'est bien moi, Sarah Crawford.
Je descends les escaliers et aperçois directement la chevelure brune de ma mère et les tresses africaines de mon amie. Je suis tellement heureuse de les revoir ! Certes Neyla, cela ne fait que deux jours mais qu'est-ce qu'elle a pu me manquer !
Je n'ai à peine le temps de serrer ma mère tout contre moi que deux gros bras m'attrapent par la taille pour me porter en l'air pour ensuite me reposer sur place.
- Sarah !
Cette fois-ci, je n'ai le temps que d'apercevoir une masse blonde que des lèvres viennent s'écraser sur les miennes. Hésitante, je reste figée. Imbécile, j'approuve le baiser et le rends à la personne que je reconnais : Aiden. Ce sont bien ses lèvres, sa façon d'embrasser et la chaleur de sa peau que je reconnais.
Mais quelque chose me dérange. J'ai embrassé des lèvres bien plus douces hier. J'ai passé ma main dans des cheveux bien plus épais et le corps d'Aiden est plus musclé que le sien.
Je rouvre les yeux et pose ma main sur le torse d'Aiden pour le repousser mais celui-ci ne semble pas comprendre. Il continue de m'embrasser et ses mains baladeuses se font plus osées.
Et alors qu'un toussotement exagéré intervient, je repousse définitivement Aiden puis relève la tête.
- Qu'est-ce que...
Je tourne ta tête et me fige sur place en apercevant le regard du prince. Un pur regard dénué de sentiments. Comme s'il se refermait, comme s'il refusait de laisser éclater ses émotions et je le comprends.
Je viens d'embrasser Aiden.
Cette phrase sonne en boucle dans ma tête et je me maudis. Qu'est-ce que je me maudis. Qu'est-ce que je me maudis, merde !
Mes yeux restent scotchés à ceux du prince et je l'implore du regard de me pardonner. Je l'implore de me laisser m'expliquer mais il ne semble pas du même avis car il déclare d'une voix dure :
- Je vous laisse fêter vos retrouvailles.
Des ricanements sortent de la bouche des deux vipères et je me tourne vers ma mère, vers Neyla puis vers Aiden qui me sourit comme un idiot. Solenn a croisé les bras et a toujours son petit sourire victorieux aux lèvres.
J'hésite entre rester avec eux ou rattraper le prince et mon cœur finit par pencher.
- Désolée, maman, Neyla. J'ai fait une erreur.
Je les abadonne sur place pour retrouver le prince qui n'a pas été bien loin. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Désolée de l'avoir embrassé ? Désolée d'être stupide ?
- Attendez !
Il continue de marcher et je devine à ses pas qu'il est furieux. Très en colère même.
- Votre Altesse, je... Laissez-moi m'expliquer au moins !
- Il n'y a rien à expliquer.
- Mais si, mais... Nous n'avons jamais mis un nom sur notre relation de toute manière.
Mes propos sont osés et très lâches mais il faut que je m'en sorte. D'une manière ou d'une autre. Il fait volte-face et me pousse brusquement contre le mur.
- Un nom sur notre relation ? Je te demande pardon, Sarah ? Hier à peine, nous nous embrassions ! Hier à peine j'avais mes mains sur toi ! Hier à peine je te déclarais tout ce que je ressentais pour toi ! C'est plutôt toi qui ne me dit rien mais j'ai compris maintenant. J'ai compris que je n'étais rien d'autre pour toi que le prince arrogant et bourgeois. Libre à toi de me penser comme tu le souhaites mais en aucun cas tu n'as le droit de faire ce que tu as fait ! Je crois que j'ai un peu trop rêvé, je crois même que je me suis fait de faux espoirs depuis le début. Va retrouver ton Aiden, tu es libre de t'en aller et de rentrer chez toi à présent.
J'ouvre la bouche pour répliquer mais il ne m'en laisse pas le temps. Il me lâche et repart furibond, la hargne au visage.
Je crois bien que j'ai merdé.
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