chapitre neuf
CHARLES SE BALADE DANS LES RUES LONDONIENNES et a l'impression de se retrouver quelques semaines en arrière, lors de ce week-end où la FIA a organisé ce gala futile. À l'exception qu'en cette fin d'année, ce n'est pas avec Pierre qu'il se trouve, mais avec son groupe d'amis d'enfance qui compte bien lui changer les idées en ces temps difficiles. Comme de bons vieux touristes, ils se perdent dans les rues de la capitale, se photographient à côté du Tower Bridge, de Big Ben, et ils font même une escapade dans la grande roue, London Eye.
Le monégasque n'a pas manqué de se moquer ouvertement d'un de ses amis ayant le vertige tout le long de cette ascension. Ces vacances lui procurent le plus grand bien et se retrouver hors de Monaco, loin de son entraîneur, le rassure énormément. Il ne ressent pas une appréhension avant d'entrer dans une salle de sport, n'a pas en tête ces mots tranchants qui le tétanisent... non, juste lui, et ses amis, profitant de l'hiver londonien.
Le soir-même, les voici au Winter Wonderland, alors que la nuit commence à tomber sur le Royaume-Uni. Ils s'adonnent à des activités touristiques et se laissent tenter par la patinoire, lors de laquelle Charles se jure de ne plus recommencer tant il ne sait rien faire d'autre qu'appuyer sur des pédales de frein ou d'accélérateur avec ses pieds. Plusieurs fois il est tombé et a entraîné bon nombre de ses amis dans ses chutes chaotiques et c'est épuisé qu'il en ressort.
Rendant les patins de location sans aucun regret, il patiente tranquillement en se focalisant sur l'écran de son téléphone.
Pile à cet instant, une notification nouvelle l'intrigue. Willow. Après cette proposition datant de pratiquemment trois semaines, ils n'ont pas communiqué et Charles était quelque peu gêné d'avoir insinué vouloir continuer cette relation qui n'en est pas réellement une. Pourtant, c'est bel et bien la jeune femme qui, ce soir, lui envoie un message.
- tu es à londres en ce moment si je me souviens bien ?
- c'est ça, avec des amis
- je suis à winter wonderland en ce moment-même, si tu veux.
Le cœur du pilote loupe un battement et il se sent idiot de lever la tête de son écran afin de regarder dans toutes les directions, comme si par pur hasard, elle pouvait se tenir devant lui alors que des milliers de personnes sont présentes sur le site de la fête foraine mondialement connue.
- j'y suis aussi !
- tu rigoles ? je suis au bar près de la patinoire actuellement, si vous voulez nous rejoindre
— Tu vas lâcher un peu ton téléphone ? raille gentiment Joris en tapant sur son épaule.
— Oui oui, on va au bar à côté ? demande-t-il innocemment en rangeant son téléphone dans sa poche. Boire du coca, bien sûr. Ou de l'eau, c'est bien l'eau, il déclare en observant le regard sombre de son ami.
Il n'y a que ses sept amis, en plus de Pierre et sa famille qui connaissent ce douloureux passif. Depuis ces événements, chacun fait attention au pilote. Il sait que ce n'est que de la bienveillance, mais parfois, il se sent étouffé, puis de toute manière, ils ne peuvent pas le fliquer bien longtemps. La preuve ; il a recommencé.
Joris, finalement convaincu par cette idée, expose cette proposition aux autres qui acquiescent sans grande difficulté. Charles les conduit dans ce bar à ciel ouvert, scindant la foule en deux à la recherche de la jeune femme sans se faire griller par ses amis. Son comportement plus que douteux commence à les interpeller mais lorsque par pur hasard, il tombe sur la blonde, les doutes s'estompent et le brun feint une surprise totale.
— Willow, qu'est-ce que tu fais ici ?
— Oh Charles ! Je me balade avec Crystal, et toi ?
— Je suis à Londres avec mes amis !
Le groupe reste à l'écart de la conversation jusqu'à ce que le monégasque se décale afin de faire les présentations.
— Je vous présente Willow et Crystal, il cherche une excuse à inventer rapidement, des amies de Kika et Pierre que j'ai rencontrées pendant le gala de la FIA il y a trois semaines.
Willow salue tous les amis du monégasque et ne s'attendait pas à ce qu'il y ait autant de monde. Son regard croise celui de sa meilleure amie qui la menace gentiment, l'air de dire que si elle repartait encore avec lui cette nuit, elle serait moins clémente que la dernière fois. Mais goûter au fruit interdit et céder à la tentation est tellement plus intéressant. La jeune femme sort une cigarette de son sac et l'allume immédiatement, commençant une conversation avec les amis du brun comme s'ils se connaissaient depuis des années alors que son unique objectif est de repartir avec lui.
Sa petite comédie est une réussite et parfois, elle songerait à se convertir dans le théâtre ou le cinéma, tant son rôle joué à la perfection l'étonne elle-même. Évidemment que son naturel ton nonchalant et froid lui manque, mais dans ce genre de situation, il faut savoir sortir un magnifique jeu d'acteur. Cela fait une longue année qu'elle joue l'actrice alors, ce n'est pas une tâche bien complexe.
Willow arbore de manière discrète un sourire narquois en sentant le regard brûlant de Charles se poser sur elle. Cette relation qu'ils ont est si peu conventionnelle et ne dépassera pas le stade actuel, pourtant, elle ne peut s'empêcher d'être satisfaite. De savoir qu'on peut l'aimer un minimum, malgré ce qu'elle a fait. La nicotine emplit ses poumons et la jeune femme se met en retrait afin de ne pas déranger ceux qui n'apprécient pas cette odeur nauséabonde.
C'est le moment qu'a choisi le monégasque pour faire son apparition, manquant de sobriété une nouvelle fois. Ses amis semblent ne pas avoir remarqué son état et la blonde se demande si elle est la seule à avoir aperçu ce manque de lucidité dans son regard. Peut-être qu'il sait tout simplement bien cacher son jeu. Willow approche ses lèvres de l'oreille du jeune homme afin de lui murmurer quelques mots. Par dessus son épaule, elle croise le regard médusé de Crystal qui la toise, comprenant qu'une nouvelle fois, elle rentrera seule ce soir.
Charles balbutie des excuses insensées à ses amis avant de s'enfuir avec Willow de cette fête foraine prête à fermer aux visiteurs. Le brun lui suggère d'appeler un taxi, mais la jeune femme refuse pour une raison qui échappe totalement au pilote. Cette escapade nocturne dans les rues londoniennes dure une petite demie heure jusqu'à ce que Willow le prévienne qu'ils sont bientôt arrivés. Sur le trajet, ils ont peu parlé. Simplement échangé des banalités, ne sachant réellement que dire, puisqu'ils ne se connaissent pas.
Seulement leurs corps se connaissent et se côtoient.
Les mains du jeune homme se font extrêmement baladeuses lorsqu'ils pénètrent dans le hall de l'immeuble alors que des baisers fondent sur la peau de sa nuque jadis camouflée par ses cheveux coupés au carré. La blonde frissonne à ce geste et dans l'ascenseur, le même schéma se répète. Des baisers mouillés et insistants, des envies se faisant de plus en plus pressantes jusqu'à ce que les deux amants parviennent au sixième étage, devant l'appartement de la jeune femme.
Une fois à l'intérieur, Charles capture ses lèvres dans un baiser envieux de plus, alors que la blonde ferme la porte à clefs et retire difficilement ses chaussures sans souhaiter rompre ce contact dont elle a tant eu besoin ces dernières semaines. Ce manque d'adrénaline coulant dans ses veines. Le monégasque la porte jusque la chambre et la dépose avec délicatesse. Ses sens en alerte sont transformés par la liqueur ingurgitée en secret durant toute la soirée, et cette volonté de boire plus disparaît instantanément en sentant ses lèvres sur les siennes, comme s'il la magie opérait.
Trois semaines qu'ils attendaient sans le savoir de se retrouver, enfin. Sans savoir que leur corps quémandaient ce contact et sans savoir qu'à chaque instant, ils demanderont plus. Un gémissement transperce la barrière des lèvres de la blonde et, dans un ultime effort alors qu'il souhaite retirer son pull, elle demande :
— Est-ce que tu peux éteindre la lumière, s'il te plaît ?
Sans demander son reste et dans le feu de l'action, il ne se pose pas de question et répond à sa demande avec rapidité.
Leur corps en parfaite osmose, ils atteignent alors le septième ciel en symbiose.
□□□
Willow retrouve son air renfrogné. Les douces caresses sur son ventre nu ne suffisent plus à la blonde qui quitte le lit avant d'enfiler son pull laissé au sol, de récupérer une cigarette et d'ouvrir la baie vitrée. La nuit est tombée depuis plusieurs heures, la ville est endormie sauf aux endroits abritant les discothèques prisées des quartiers huppés. Son briquet émet une légère flamme venant allumer sa clope qu'elle s'empresse de glisser entre ses lèvres. Elle inhale la fumée avec soulagement, et observe la vue de son appartement malgré la pénombre constante.
Une silhouette vient s'accouder à l'ouverture de la baie vitrée. Lui ne s'est pas revêtu avant de la rejoindre et il frissonne. Charles observe la nonchalante Willow. Seule la lueur de la lune et la braise émanant de sa cigarette éclairent son doux visage. Les effets de l'ivresse ont disparu de son esprit et les songes néfastes commencent à revenir au galop. Il espère que la jeune femme les fera miraculeusement disparaître, comme si elle en avait quelque chose à faire.
— Tu es flippant.
— Excuse-moi, mais le lit était froid.
— Désolée chéri, je dors mal sans nicotine, elle justifie.
— J'ai cru le remarquer.
La blonde se contente de hausser les épaules, concentrant son regard sur les lueurs de la ville. Willow soupire, pourquoi ses barrières s'abaissent à chaque fois qu'ils s'adressent la parole ?
— Nous ne sommes pas obligés de parler, tu sais.
— Qu'est-ce que nous sommes ? coupe le brun, prenant au dépourvu la jeune femme.
— Deux personnes qui s'appellent quand elles veulent s'envoyer en l'air, déclare-t-elle sans filtre.
— Woaw.
— Je n'ai pas raison ? Souviens-toi que tu es celui qui m'a envoyé un message.
— En même temps, tu as griffonné ton numéro sur un bout de papier, pas moi. J'étais forcément obligé de faire le premier pas.
— Je te l'accorde, un à zéro pour toi. Quand est-ce que tu repars ?
— Dans quatre jours.
— On se revoit le premier janvier ?
— Je ne suis même pas encore parti que tu veux planifier de nouveaux plans ?
— Je suis une femme organisée et prévoyante, que veux-tu.
Elle écrase sa cigarette dans le cendrier et laisse le mégot dans celui-ci, n'ayant pas la force d'aller jusque la poubelle, et quitte la chaise sur laquelle elle s'était affalée. Le torse nu du monégasque barre sa route et rapidement, des lèvres viennent se poser sur les siennes d'une manière plus douce que les fois précédentes. Pourtant, le résultat reste le même ; ils oublient leurs problèmes.
Charles finit par l'attirer dans le lit pour effectuer la même chose qu'il y a quelques heures. Peut-être que ce n'est pas sain comme relation, mais cela convient, pour deux âmes en perdition.
□□□
heyyy j'espère que vous allez bien !
que pensez-vous de l'histoire pour l'instant ? j'aimerais bien avoir vos retours ça m'intéresse vraiment <3
on se retrouve jeudi et bonne semaine à vous !
-alcools
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